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passé, le fer à cheval plein cintre, brisé ou déformé, figurent comme au 1x siècle. L'arc à lobes a, comme précédemment, un rôle surtout décoratif ; mais celui-ci affecte des formes variées que nous ne connaissions pas encore. J'ai déjà signalé le rebord des niches, où les lobes circulaires alternent avec des groupes de lobes en arc brisé, silhouette engendrée par l'entrelacs des festons circonscrits (Fig. 72). Souvent à Sfax comme à la Qal'a

un angle droit s'interpose entre les lobes arrondis. Des arcs recti-curvilignes analogues sont courants dans l'art fâtimite

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d'Egypte. Il faut aussi signaler, au départ du feston inférieur, un amortissement convexe, que remplit un enroulement. Nous retrouverons, dans l'art du Maghreb, le « motif serpentiforme »>, qui paraît en être dérivé (v. infra, fig. 199).

Enfin le x siècle semble bien avoir connu l'arc brisé non outrepassé, cet arc que la Sicile normande transmit peut-être à l'Europe chrétienne.

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1 Cet arc était-il connu au Ixe siècle en Ifriqya? Une grande plaque de marbre gravé à gauche du mihräb de Kairouan présente un arc semblable avec des inscriptions qui semblent bien d'époque aghlabite (fig. 36 E).

musulmane que le 1x siècle nous a laissées, celles dont nous devons nous occuper ici sont cylindriques. A part les énormes fûts de marbre rouge qui gisent encore sur le sol de Cabra-Mançoûriya, elles sont généralement d'un diamètre plus petit que les colonnes antiques. Des bagues ornaient parfois le haut des fûts de marbre blanc. Meublées d'inscriptions ou d'entrelacs en très bas relief, elles constituent des motifs d'une rare élégance. Quelquefois un petit panneau carré du même genre s'étale vers le centre de la colonne. Plusieurs d'entre eux portent la date d'exécution 2. Très analogues à ces fûts gravés, ornées des mêmes décors et de facture identique sont les stèles funéraires en forme

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de colonne terminée par une sorte de dôme octogonal. Les cimetières de Kairouan en contiennent de très belles.

Outre les colonnes taillées dans le marbre, on emploie aussi les petites colonnes décoratives modelées dans le plâtre; elles trouvent leur place à l'angle des pieds droits; elles accostent l'ouverture des mihrâbs, flanquent les renfoncements des salles, ornent le coin des murs. Le vieux quartier de Monastir en compte qui peuvent dater de cette époque. On sait que ces colonnes d'angle existaient déjà au Caire, à la Mosquée d'Ibn Toûloûn, et qu'on les retrouve à la mosquée fâtimite d'El-Hâkim (990-1003).

1 Ibn Jobair (Voyages, éd. Wright, p. 235, 1. 20), signale à la Mosquée de Mossoul des colonnes dont le fût est entouré de cinq bracelets (khalkhal) sculptés dans la masse même du marbre. »

2 L'habitude de sculpter des inscriptions sur les colonnes, existait déjà à l'époque aghlabite. Cf. supra, p. 28. Voir aussi Tijani, tr. Rousseau, ap. J. Asiatique, 1852, II, p. 104.

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Les chapiteaux. Dans la Grande Mosquée de Kairouan ont été remployés postérieurement à la construction quelques chapiteaux très simples, en forme de vase, dont les prototypes égyptiens nous sont connus. On les voit à la Mosquée d'El-Hâkim et plus anciennement à la Mosquée d'Ibn Toûloûn où ils sont une réplique probable de modèles mésopotamiens (fig. 81). Outre ces formes d'importation, l'époque fâtimite et çanhàjienne a possédé des chapi

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teaux qui lui sont propres et que l'on peut supposer créés dans le pays. Un petit chapiteau de marbre mesurant 122/1 de haut a été trouvé sur les ruines de Cabra-Mançoûriya (Fig. 82, A). Il est de facture sommaire et semble épannelé en vue d'une exécution plus poussée. La partie inférieure, cylindrique et unie, se sectionne pour engendrer quatre feuilles lisses qui se recourbent en crochets aux quatre angles. Au milieu de chaque face et en haut, une sorte de tasseau triangulaire occupe l'intervalle des feuilles.

Quelque schématique que soit ce morceau de sculp

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ture, il n'en est pas moins précieux. Le fait qu'il a été trouvé sur le site de Cabra le localise dans le temps et nous permet d'assigner, par comparaison, une date à une série de chapiteaux plus grands et plus soignés. Ceux-ci sont disséminés dans Kairouan même. On sait que Çabra n'a cessé, depuis sa ruine, d'être dépouillée de ses matériaux au profit de Kairouan, qui continuait d'exister. Des bandeaux à inscriptions, des colonnes çanhâjiennes à bagues, des chapiteaux analogues à celui que je viens de décrire ont été remployés dans la Grande Mosquée ou aux portes de la ville.

A Bâb Jedid notamment, on en remarque deux, dont un, plus soigné que le petit chapiteau de Çabra, est comme lui dépourvu

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B, Chapiteau et Fig. 82. A, Petit chapiteau trouvé sur le site de Çabra. colonne à bague de Cabra remployés à la Grande Mosquée de Kairouan.

de détails intérieurs. La plupart (Fig. 82, B) ont leurs feuilles meublées de sillons rappelant parfois les nervures et les œillets de l'acanthe, plus souvent étrangers à cet élément végétal et tout à

fait dans l'esprit de l'arabesque florale contemporaine. Ce décor linéaire en creux n'est pas sans analogie avec le décor de Samarra et le décor toûloûnite, que la sculpture çanhâjienne rappelle parfois. Cependant, il ne semble pas nécessaire de rechercher les modèles de nos chapiteaux sur les bords du Nil ou de l'Euphrate. Leur ordonnance semble bien dériver de celle des petits chapiteaux aghlabites qui figurent dans la coupole de Kairouan. Sur chaque face se retrouvent les deux palmes soudées par le bas et la forme allongée qui monte dans l'intervalle. Cette forme du x1° siècle paraît être proprement ifrîqyenne. La Qal'a des Beni Hammad nous offre, outre plusieurs chapiteaux se rattachant d'une manière plus ou moins nette au corinthien ou au composite, un prolongement de notre série kairouanaise. C'est un chapiteau dont on a pu reconstituer la forme grâce à l'empreinte qu'il avait laissée dans l'enduit, au bas du minaret. Les crosses d'angle y sont remplacées par des volutes complètes. Le tasseau d'amortissement paraît avoir affecté la forme d'une foliole droite.

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Fig. 83. Qal'a des
Beni Hammâd.
Minaret.

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Fig. 84. Qal'a des Beni Ham

Postérieurs de quelque vingt ans, les chapiteaux tunisiens du temps des Benî Khorâssân semblent dérivés des modèles kairouanais (Fig. 85). La porte principale de la Mosquée Zaytouna date de cette époque. Des chapiteaux surmontant les colonnes qui la flanquent présentent les palmes reliées par le bas et s'écartant en V, ainsi que le tasseau médian en coin. De petites palmes enroulées comme les caulicoles du corinthien surmontent les grandes feuilles d'angle. On trouverait à Tunis, dans le quartier voisin de la Qaçba, plusieurs

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