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XIX

Société d'archéologie du département de Seine-et-Marne,

à Melun.

Comité d'archéologie américaine, à Paris.

Société de statistique de Marseille.

Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, à Nice.

كتاب العدواني

KITAB EL ADOUANI

OU

LE SAHARA

de Constantine et de Tunis

PAR

L. FÉRAUD

Interprète de l'armée d'Afrique

Tout ce qui touche l'Algérie et, en même temps, tout ce qui vise à nous faire connaitre le passé de ce pays, excite notre intérêt et commande notre attention. Mais on sait, déjà, combien l'étude de ce passé est entravée par le manque de documents authentiques. A ce sujet, nous n'avons pas hésité à dire, dans une précédente notice, que la période de la domination turque devait être

considérée comme une époque de barbarie intellectuelle se faisant surtout remarquer par la rareté des productions littéraires. Il ne pouvait en être autrement sous des maîtres la plupart ignorants, d'une cupidité insatiable et d'un despotisme sans frein, qui, pendant près de trois siècles, exploitèrent l'Algérie par tous les moyens imaginables plutôt qu'ils ne l'administrèrent. Au milieu de cette désorganisation sociale, la race indigène, sans cesse froissée et trompée, passa par tant de péripéties, qu'elle se ressentit vivement des influences au sein desquelles elle vivait.

Sur la pente des décadences, la chute est inévitablement rapide; aussi, comme l'a très judicieusement exposé un écrivain musulman, bon juge en pareille matière, le peuple imita naturellement l'exemple de ses gouvernants les Turcs et, quand il vit leur ignorance, il suivit la même voie, repoussa loin de lui la science et laissa les oulema dans l'oubli. » Les dominateurs imprimèrent leur cachet de cupidité, de sensualisme et de dégradation morale sur la multitude, et ce régime avilissant fut surtout funeste à la littérature, car les faits importants dignes de prendre place dans les chroniques du pays, n'étant presque plus enregistrées, s'effaçaient d'une génération à l'autre, sans qu'il en restât aucune trace pour la postérité. Quelques noms, à peine, survivaient un demi siècle au plus; aujourd'hui on n'en tire autre chose que des notions confuses et même contradictoires. Les seuls souvenirs qui soient demeurés dans la mémoire du vulgaire, consistent en des traditions mêlées de traits merveilleux, en un amas de fables puériles et ridicules, dont le récit n'est propre qu'à sé

duire la crédulité de gens aussi naïfs que le sont généralement les indigènes : c'est la dernière occupation des peuples déchus et désœuvrés. Comme il n'y a rien de si partial que l'imagination, ces traditions nous autorisent à élever des doutes sur leur exactitude, par cela même qu'elles ont perdu tout l'intérêt qu'elles pouvaient avoir avant d'être dénaturées et transformées, suivant le caprice du narrateur. Néanmoins, nous avons du y recourir assez souvent faute d'autres renseignements, en ayant le soin de les contrôler autant que possible les unes par les autres, afin de les harmoniser au point de vue chronologique.

Ce serait cependant se tromper sur cette époque, que de croire à l'absence totale de documents écrits; et nous ne devons pas perdre l'espoir de nous procurer, tôt ou tard, des ouvrages très rares, il est vrai, mais qui nous fourniront sans doute des données historiques précieuses et autrement fidèles que les traditions orales sur lesquelles on ne peut s'appuyer qn'avec une très grande circonspection et après mûr examen. La découverte du Kitab el Adouani est une preuve de l'opinion que j'avance en ce moment, et si les renseignements que je reçois sont exacts, je crois être sur les traces d'autres livres non moins curieux que celui-ci, et que je me hâterai de livrer aussi à la publicité dès qu'ils me seront communiqués.

En effet, malgré l'état d'abandon où se trouvaient les lettres sous le gouvernement qui nous a précédé en Algérie, quelques familles, bien que courbées sous l'oppression flétrissante des Turcs, et végétant dans un état infime, se transmirent de père en fils le goût des sciences littéraires et des œuvres de l'esprit. Divers établissements

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