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contenant les casernes, un hôpital et tous les autres établissements militaires.

Quoique réunis et agglomérés dans un seul lieu, les habitants de l'oasis de Biskra, connus collectivement sous le nom de Biskris, n'en ont pas moins conservé les traditions de la famille, et continuent à s'appeler du nom de la tribu que portaient leurs pères, comme les Douaouda, les Koreïch, les Abid, les Sidi-Barkat, les Sidi-Malek, les Beni-Souid, les Djamâ, les Saffri et beaucoup d'autres. Enfin, le séjour prolongé d'une garnison turque a peuplé quelques quartiers de Koulouglis. Mais la plus grande partie de la population est de race arabe.

Les vasis situées autour de Biskra sont :

Korra, à 1 kilomètre au sud;

El-Alia, à 1 kilomètre à l'est, sur la rive gauche de la rivière ;

Beni-Mora, à 1 kilomètre au sud-est du fort Saint-Germain. Cette petite oasis a été affectée au service des pépinières. Un jardin d'essai, dirigé par M. Bechu, y a été fondé pour façonner les Arabes à nos modes de culture et pour faire des expériences en plantations de tout genre;

Feliach, à 2 kilomètre à l'est de Biskra;

Sidi-Okba, à 20 kilomètres au sud-est de Biskra. La grande quantité d'eau dont dispose cette oasis lui permet d'étendre au loin ses cultures. C'est à cette cause que l'on attribue la qualité des dattes de Sidi-Okba, qui sont les plus estimées des Ziban. Il y a là aussi une certaine quantité d'orangers qui donnent d'excellents produits.

La mosquée de cette oasis possède le tombeau de Sidi

Okba-ben-Nafa, le conquérant de l'Afrique septentrionnale, tué à Tahouda par le chef berbère Koceïla

Biskra jouait déjà un rôle considérable à l'époque de la domination romaine, et portait alors le nom de AdPiscinam, station et poste militaires dont on retrouve encore les vestiges. Sous les différentes dynasties arabes ou berbères qui se succédèrent en Afrique, elle eut la même importance. Les familles influentes qui la gouvernèrent, telles que les Beni-Rouman (problablement descendants d'anciens seigneurs romains convertis à l'islamisme), les Beni-Sindi, les Mozni, et autres que nous fait connaître Ibn-Khaldoun, lui donnèrent une prospérité proverbiale. Après avoir longtemps appartenu aux étals des souverains tunisiens, elle passa au pouvoir des Turcs, maîtres de Constantine. A partir de cette époque, Biskra,, jadis si peuplée, dont les édifices étaient si nombreux, le commerce si actif, tomba en décadence.

Voici ce que raconte à ce sujet le pélerin El-Aïachi :

« Je n'ai vu nulle part, dans l'est ou dans l'ouest, aucune ville plus belle que Biskra, plus digne d'éloges et où il y ait plus de commerce et d'industrie. Cependant elle a déchu par le mauvais gouvernement des Turcs et par les hostilités des Arabes du dehors. Quand les uns. l'avaient pressurée par des incursions passagères, après leur départ, venaient des Bédouins, qui, à leur tour, exerçaient leurs rapines, apportant tout leur tribut de malfaisance envers cette malheureuse ville. Cet état de choses dura jusqu'à ce que les Turcs bàtirent un château-fort à la source de la rivière qui fournit l'eau à la ville, ce qui les rendit complètement maîtres du pays. Alors ils foulèrent et maltraitèrent les habitants tout à

leur aise, leur augmentant le kharadj (impôt), dont les gens de Biskra ne purent plus esquiver le payement, comme cela leur arrivait parfois auparavant, tenus qu'ils étaient par la nécessité d'avoir l'eau dont les Turcs s'étaient rendus maîtres, eau qui est la vie de Biskra et de ceux qui y demeurent. Puis, en dehors, les Arabes commettaient toute sorte de désordres et de violences envers les citadins, tandis que les Turcs faisaient la même chose au dedans. Sous l'empire de cette complication de maux, la population commença à diminuer, les habitations tombèrent en ruines, et sans le grand commerce qui s'y fait et l'industrie dont ce lieu est le centre, ce qui est cause que les gens tiennent à y rester, Biskra eût été complétement abandonné (1). »

El-Aïachi écrivait ce qui précède en l'an 1649 de notre

ère.

Le gouverneur de Constantine, Salah-bey, qui régnait au 18e siècle, s'y rendit à plusieurs reprises pour intervenir dans les luttes désastreuses qui éclatèrent entre les deux familles rivales des Oulad-bou-Akkaz et des Ben-Ganâ se disputant la suprématie dans les Ziban. En 1844, eut lieu la première expédition française au Sahara. Le duc d'Aumale, commandant la province de Constantine, entra å Biskra le 4 mars; il en repartit le 17, après avoir installé une petite garnison de tirailleurs indigènes dans l'ancienne kasbah. Le 12 mai, pendant la nuit, Ben-Ahmed-bel-Hadj, ancien khalifa d'Abd-el-Kader, qui s'était fait de nombreux partisans parmi les tirailleurs, pénétra dans la kasbah et massacra tous les Français. Mais le

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18 mai, le duc d'Aumale était de retour à Biskra et en reprenait possession. Depuis cette époque, cette oasis n'a plus cessé d'être en notre pouvoir. Une nouvelle kasbahı et une ville européenne se sont créées; le calme dont jouit le pays a fait progresser son commerce; enfin Biskra, qui est en quelque sorte le port du Sahara, est appelé à un très bel avenir (1).

OUED-RIR'

La route de Biskra à Touggourt, capitale de l'Oued-R'ir', descend des pentes du Dòhr, à 4 kilomètres au sud de Stil; elle longe ensuite le Chott-Melr'ir et se dirige, par Meraïer et Sidi-Khelil, sur Zaouïat-Rihab. A partir de cet endroit, il y a différentes routes qui, presque toutes parallèles les unes aux autres, touchent aux différentes oasis. La plus directe et aussi la plus fréquentée passe par Ourlana, Djama, Tamerna, Sidi-Rached et R'amra; elle suit la plaine, à l'exception d'une petite partie entre Sidi-Khelil et Aïn-Refian, où il faut passer les monticules de DraAbd-el-Aziz sur une longueur de trois lieues. Des dunes de sable se rencontrent encore plus bas, entre Tamerna et Sidi-Rached; mais ces obstacles ne sont même pas assez forts pour faire ralentir le pas à des piétons.

On donne le nom d'Oued-Rir' à l'ensemble des oasis (2) qui s'alongent, à peu près suivant le méridien de Biskra, d'Ourir à Blidet-Amar, la plus méridionale de ce bassin.

(1) Il y a quelques jours à peine, une terrible épidémie à frappé l'oasis de Biskra, et ses habitants ont été décimés par le fléau.

(2) Les villages du Rir', dit Ibn-Khaldoun, sont au nombre d'environ trois cents, alignés sur les bords d'une rivière qui coule d'occident en orient. Les dattiers et les ruisseaux y abondent.

La pente générale du terrain est du sud au nord. Tout l'excédant des eaux d'arrosement se rend dans un basfond qui longe le bord oriental des oasis et va se perdre dans la grande Sebkha-Melr'ir de Temacin, qui est à 65 mètres au-dessus, et celle de la Sebkha près de Mraïer à 22 mètres au-dessous du niveau de la mer; ce qui constitue une différence de 87 mètres seulement sur une longueur de trente lieues. Aussi les eaux séjournent sur cette pente invisible et s'élargissent en marais qui sont une des principales causes des fièvres endémiques de l'Oued-Rir'. Cette maladie, dite el-oukhem, oblige la plupart des habitants de Touggourt à émigrer pendant près de six mois de l'année, et à aller passer dans l'Oued-Souf la saison des fortes chaleurs.

A la hauteur de Tinedla, où les oasis commencent à être plus éloignées les unes des autres, la largeur de ces bas-fonds diminue sensiblement; il ne reste plus qu'un canal d'environ 5 à 10 mètres de large, qui, sous le nom de Oued-el-Kherouf, conduit les eaux des chott du sud dans le Chott-Melr'ir. Son lit est couvert de verdure, et deux bonnes sources, celles de Douï et de Bou-Fegoussa, y attirent souvent les troupeaux des Oulad-Saïah, qui vont paître dans tout le terrain compris entre l'Oued-Rir” et l'Oued-Souf. L'eau de ces sources est très bonne; mais les eaux qui donnent la vie à l'Oued-Rir' sont d'autre nature, ce sont celles des nombreux puits artésiens creusés dans chacun des centres de population que nous citerons plus loin. L'expérience a prouvé que le volume d'eau donné par ces puits diminuait d'année en année, car les sables tendaient sans cesse à les obstruer; les travaux pour les dégager étaient quelquefois bien au-dessus des

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