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bères; il les excita à la guerre sainte, et leur inspira le désir de mourir pour la foi; puis, quand Yezid ben Hatem parut dans les environ de Trablès, il marcha au devant de lui à la tête des Musulmans jusqu'en un lieu nommé Djenbi. Une fraction des Berbers Houara, les Mlila, était allée se joindre à Yezîd pour combattre Abou Hatem. Le chef berber demanda quels étaient ceux des Berbers qui le soutenaient, et ceux qui combattaient pour Yezid. On lui répondit : « Les Mlila seuls sont avec lui. » Il s'écria: « Qu'Allah abaisse les Mlila. » Allah daigna exaucer sa prière, et les Mlila sont tombés au dernier rang parmi les Berbers.

On rapporte qu'avec Yezid ben Hatem était un homme des Nefousa (1) nommé Omar ben Metkoub, le Nefousi.

rent énergiquement « l'homme à l'âne, » Abou Yezid, de concert avec les populations de l'Aouras; mais ils furent rudement châtiés par Ismaïl el Mansour. Au temps d'Ibn Khaldoun, on les trouvait répandus à l'état sporadique, depuis la frontière de l'Egypte jusqu'au Maghreb central. Du côté de Barca, ils étaient encore puissants sous le noin de Mesrata; mais partout ailleurs, aussi bien dans leur ancienne province de Tripoli qu'aux environs de Tebessa où ils étaient nombreux, ils étaient traités en corvéables par les Arabes (Ibn Khaldoun). -Une expédition des Houara contre Yezid ben Hastem est mentionnée par Ibn Khaldoun. Elle aurait été conduite par un chef nommé Yahia Ibn Founas.

(1) Les Nefousa se montrèrent toujours dévoués aux imans ibadites. La dernière bataille ibâdite fut livrée par des Nefousa, comme on le verra plus loin. Aujourd'hui, l'ibadisme subsiste dans le Djebel Nefous, à trois journées Sud de Tripoli, et les Nefousa possèdent peut-être encore plus de livres que les BeniMezâb. Ibn Khaldoun dit : « Les Nefousa descendent de Nefous, fils de Zahhik, fils de Madghis el Abter, aïeul des BerbersBotr. Ils se partageaient en plusieurs branches: les Beni-Zemmor, les Beni-Meskour, les Matouça, toutes dans la Tripolitaine. La montagne qui porte leur nom sert encore de demeure

Quand Yezid ben Hatem et Abou Hatem se rencontrérent, les deux partis s'attaquèrent avec une grande vigueur, et le Nefousi notait les pertes d'Abou Hatem. Ce dernier, voyant que ses compagnons périssaient en grand nombre, leur dit : « Conduisez-moi comme un fiancé à la mort dans le chemin d'Allah; que peu d'entre vous restent près de moi. » Ensuite, il s'avança jusqu'à ce qu'il trouvât la mort. Un grand nombre de ses compagnons moururent comme lui pour la foi en ce jour. (Qu'Allah leur fasse miséricorde.) (1).

On rapporte que le lieu où ils périrent se couvrit ensuite de lumière pendant la nuit, tous les jeudis, et que l'on voyait de loin cette lumière s'étendre, croître et monter en l'air. Quelques-uns de nos compagnons, nos contemporains, ont rapporté qu'en effet, une lumière très large et très brillante, s'étendait en cet endroit ; Yagoub ben Yousef el Yadjerani, surnommé Ibn Abi Mansour, rapporte qu'il passa par là avec ses amis. Ils

à une fraction de ce peuple. Elle s'étend à l'extrémité orientale du Djebel-Demmer, à trois journées au Midi de Trablès, et sur une longueur de sept journées. On y trouve des Nefouça, des Maghraoua et quelques familles sedratiennes. Quelques misérables tribus sont aussi éparpillées dans les provinces de l'Egypte et du Maghreb. » t. I, p. 227.

(1) On a lieu de s'étonner que l'auteur de la Chronique n'ait pas mentionné ici, parmi les partisans d'Abou Hatem, les Ourfadjouma qui avaient été ses adversaires les plus acharnés quelques années auparavant. Ils avaient défendu le gouverneur de Tobna, Omar ibn Hafs, contre les Cofrites d'Abou Corra et les Ibâdites d'Abd er Rahman ben Roustem. Ensuite, ils s'étaient faits franchement Ibâdites, et Ibn Khaldoun dit positivement que sous la conduite d'un certain Abou Zerdjouma, ils luttėrent contre Yezid ben Hatem, et, sous la conduite de Salah ibn Noceir, contre son fils Daoud. Ils furent vaincus au Kef (Sicca Veneria) et dispersés depuis lors.

habitaient alors une montagne voisine, au milieu d'une tribu de Berbers. Yagoub et ses amis, partirent par une nuit obscure. Ils remarquèrent que le champ de bataille était dans un pli de terrain. Or, la lumière était si vive qu'ils distinguaient sur le sol les traces des petits animaux. Quand ils en sortirent, ils rentrèrent dans une ombre épaisse qui tranchait nettement avec la place lumineuse. Ils avaient invoqué Allah au milieu du champ de bataille; et certes, Yacoub ben Youcef était un homme courageux, d'une grande énergie et d'un sang-froid à toute épreuve.

IMAMAT D'ABD ER RAHMAN BEN ROUSTEM
(qu'Allah l'agrée).

Plusieurs de nos Compagnons ont rapporté qu'Abd er Rahman ben Roustem gouverna en Tahèrt l'an 160 (1); d'autres affirment que ce fut au commencement de l'an

(1) « Après la mort d'Abou el Khottab, Abd er Rahman ben Roustem se hâta d'évacuer Cairouan et d'emmener ses fils et les gens de sa maison chez les Berbers Ibadites du Magreb central. Arrivé au milieu de ses anciens amis et confédérés, les Lemaïa, il les rallia autour de lui, et, s'en étant fait proclamer Khalife, il résolut de fonder une ville qui lui servirait de siège de gouvernement. Les Lemaïa, branche de la famille de Faten Ibn Temzit, étaient de fervents Ibadites: ils furent imités par leurs voisins, les Louata et les Houara établis dans Seressou au Sud-Est de Mindas, les Zouagha, tribu qui demeurait à l'Occident de ceux-ci, les Matmata, les Miknaça et les Zenata, établis au Nord-Est de cette localité. On bâtit par son ordre la ville de Tehèrt sur le flanc du Djebel Guezoul, montagne qui forme la limite du plateau de Mindas. Au pied de cette nouvelle capitale coulait le Minas, rivière qui a ses sources du côté du Midi, et qui se jette dans le Chelif après avoir passé auprès d'El Batha. Tehèrt, dont Abd er Rhaman posa les fondements en l'an 144 (761-2), s'agrandit beaucoup pendant son règne. » Ibn Khaldoun, t. 1.

née 162; et Allah seul sait laquelle de ces deux dates est la véritable; d'ailleurs elles sont voisines. Dès le commencement de son imamat, l'assemblée des Musulmans convint de choisir un lieu pour bâtir une ville qui fût le boulevard de l'Islamisme. Ils envoyèrent donc deux députés en divers pays, et ces députés revinrent en désignant Tahèrt. Alors, les notables des Musulmans convinrent avec les habitants de Tahert l'ancienne que ces derniers auraient une part des revenus de la nouvelle ville. Le terrain concédé était en friche, couvert de broussailles, rempli de bêtes féroces, de lions et autres animaux; mais les Compagnons de l'OEuvre donnèrent à ces premiers habitants un délai de trois jours pour sortir et leur livrer le pays (1).

On rapporte qu'on vit une bête fauve s'enfuir, emportant ses petits dans sa gueule. Ce fait les excita grandement à cultiver et à bâtir en cet endroit. Ils s'empressèrent d'y mettre le feu, et tous les arbres furent consumés; mais les racines et les parties inférieures subsistaient. Ils allèrent chercher des laitues, les arrachèrent, et les enfouirent sous ces arbres. Quand la nuit fut venue, les sangliers vinrent au pied des arbres, et fouillèrent jusqu'à ce qu'ils en atteignissent l'extrémité, attirés qu'ils étaient par l'odeur des laitues, et le lendemain, toutes les racines étaient arrachées à la surface du sol. Ensuite les Compagnons de l'OEuvre allèrent en un lieu qu'ils rendirent propre à la prière, et, désirant bâtir une mosquée, délibérèrent sur quatre endroits également convenables. Ils ti

(1) On rencontre une tradition analogue dans tous les livres arabes qui traitent de la conquête du Magreb, à propos de la fondation de Kirouan, par Sidi-Okhab...

rèrent au sort. Le sort tomba précisément sur le lieu qu'ils avaient destiné à leurs prières. C'est là qu'ils bâtirent la mosquée, grandiose, magnifique, composée d'un grand nombre de bâtiments. Enfin, les plus considérables de l'assemblée des Musulmans trouvèrent dans leurs âmes la force et la volonté de constituer l'Imamat. Ils considérèrent les tribus, et ils trouvèrent dans chacune un ou deux hommes dignes du commandement. Ils délibérérent. Un d'entre eux fit valoir qu'Abd er Rahman ben Roustem avait déjà été proposé pour l'Imamat avant Abou el Khottab; mais il avait refusé et s'était fait excuser; certes, il n'ambitionnait pas le pouvoir. On devait aussi considérer qu'il n'avait pas de tribu sur laquelle il put s'appuyer pour introduire quelque modification dans le gouvernement. Si donc on voulait lui confier les affaires des Musulmans, on pouvait le faire sans tarder. Cet avis l'emporta. Il fut entendu qn'on nommerait Abd er Rahman ben Roustem et qu'on lui prêterait serment à condition qu'il gouvernât par le livre d'Allah, la Sounna du Prophète (que le salut soit sur lui), et les exemples de ses prédécesseurs, guides et directeurs de la foi. Abd er Rahman accepta, et gouverna toujours avec tant de justice que personne ne s'éleva ni contre ses jugements ni contre ses décisions, et qu'aucune scission ne se produisit sous son règne. Les Ibadites étaient alors tous d'accord ensem-' ble, et personne ne songeait à la révolte.

On rapporte qu'alors le Ouali des Ibadites de l'Oman se nommait El Ouarets, et qu'Abou Obeïda était encore vivant. Il mourut pendant l'Imamat d'Abd el Ouahab ben Roustem. La renommée d'Abd er Rahman fut portée à Bosra par des gens de la doctrine, et les Musulmans de Bosra lui envoyèrent trois charges de présents précieux.

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