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Ils revinrent sur leurs pas, et Mohammed ben Felah (qu'Allah l'agrée) arriva jusqu'à Tahert. Quand la dissension éclata entre son frère et lbn 'Arfa, Mohammed (qu'Allah l'agrée) se tint à l'écart des deux partis et ne fut ni avec son frère ni avec ses adversaires. Après l'imâmat de son frère. Abou Beker, Mohammed fut nommé Imâm à son tour.

IMAMAT DE MOHAMMED BEN FELAH (qu'Allah l'agrée).

Les Musulmans s'étant réunis en assemblée nommėrent Mohammed ben Felah leur imâm personnel. Il n'y eût point de scission pendant son gouvernement. Sa justice et sa libéralité étaient sans égales, et les Nefousa ne le comparaient qu'à son aïeul 'Abd er Rahman ben Roustem (qu'Allah les agrée). On eut pris la porte de sa maison pour la porte d'une mosquée; on veillait aux environs, les uns priant, les autres lisant le Koran, les autres s'instrui

ner ici la liste, même réduite, pour piquer au moins la curiosité des chercheurs: De l'art de la divination au moyen des astres, par El Teriki; Id. par Mouhi ed Din ben 'Arbi; Récit d'un rêve que el Tsâlebi a fait en 271; Explication des songes, sans nom d'auteur; Traité de Magie, sans nom d'auteur ; De l'écriture sur le sable, par El Trablessii; De l'art d'expliquer les songes, par Ibn Serin; Id., par El Quelfi; Id., par El Qadessi; Le Quintuple, vide en son centre, formules pour conjurer les génies et en obtenir de l'or, sans nom d'auteur; Trois livres sur l'art d'écrire les charmes, les talismans, et sur l'art de prédire l'avenir au moyen de l'écriture sur le sable, attribués par les Mahométans au prophète Daniel; De la Science des tableaux cabalistiques, sans nom d'auteur; Traité des Etres surnaturels, par El Charaoui; Science des Talismans, d'après l'ancien système des Berbers et des loniens, avec figures, sans nom d'auteur; Explication des songes ou délectation du chercheur dans la connaissance des temps par le calcul, par Abou Djabir El Khaçani.

sant dans les sciences divines et profanes. Il gouverna quarante années, irréprochable dans ses mœurs et craignant Allah plus que personne de son temps. Il parvint à une grande vieillesse. Il avait composé de nombreux ouvrages clairs et victorieux pour répondre aux dissidents. On leur attribua, dit-on, une valeur de dix-neuf dinars; mais Allah seul le sait.

GOUVERNEMENT DE YOUSEF BEN MOHAMMED BEN FELAH

(qu'Allah les agrée).

Après la mort de Mohammed, le gouvernement fut confié à son fils Yousef, et son imâmat dura quatorze ans. Il n'éprouva ni difficultés, ni résistances, et ses sujets ne se révoltérent jamais contre lui. Eliâs Abou Mansour était alors son lieutenant unique dans le Djebel Nefousa, et le Qâdi d'Abou Mansour était 'Amrous ben Felah el Nefousi (qu'Allah l'agrée). 'Amrous était fort savant et avait écrit beaucoup de livres sur les Principes et sur la Jurisprudence; et la mort l'empêcha d'exécuter un travail considérable dans lequel il distinguait les questions d'intelligence, les questions de tradition, les questions de conseil (4). C'était un esprit fin, sagace, prompt à la ri poste.

يبرز بين مسايل النظر وسائل السنة ورأى المسلمين (1)

Je traduis mot pour mot Msail en Neder par questions d'intelligence. Les Musulmans appellent ainsi tous les sujets d'étude ou de curiosité en dehors de la religion, tels que la rhétorique, la grammaire, la logique. Ils se servent aussi dans ce cas du mot Jie el M'aqoul, l'intelligible. Je traduis pareillement Msaïl es Souna par question de tradition. Ce sont toutes les questions qui peuvent être résolues au moyen

On raconte qu'une fois un homme en amena un autre devant lui, l'accusant de quelque délit, et quand 'Amrous demanda au défendeur ce qu'il avait à dire, ce dernier resta sans réponse. 'Amrous le foula au pieds; il est vrai qu'il portait des pantoufles; mais Abou Mansour Eliâs qui était présent, lui dit : « 'Amrous, tu as été bien vif envers cet homme. » 'Amrous ferma la main et dit à Abou Mansour: «< Combien de doigts ?» « Cinq » répondit Abou Mansour. « Je ne me presse pas autant que toi, répliqua 'Amrous, car tu n'as pas compté les doigts un par un du premier au dernier. Certes, je suis prêt à te rendre ton cachet, si tu ne me laisses pas libre sur trois points : libre de tuer quiconque attaque la religion des Musulmans, libre de tuer quiconque s'oppose à l'accomplissement de la justice, libre de tuer quiconque dévoile quelque secret honteux chez les Musulmans. »

Abou Mansour déployait beaucoup de zèle pour la Doctrine, et ses enfants le continuèrent dans le gouvernement du Djebel Nefousa. Les jours de combat, il s'avançait seul contre l'ennemi au-devant des siens, comme un taureau. Il montait une mule, et jamais les flèches ne l'atteignirent, ni lui ni sa mule. Il fut toujours pur de tout reproche devant Allah.

Yagoub ben Abi Yagoub (qu'Allah lui fasse miséricorde) à rapporté que Abou Mansour se mit à la poursuite du fils de Khelef, vers la fin du gouvernement des

du Koran et des compilations religieuses qui en dérivent. Cet ordre de connaissances est nommé d'un seul mot Jtil!, el Menqoul, l'extrait, parcequ'en effet il est extrait du livre sacré. Les questions de conseil, « Msaïl raï el Mouslimin », sont l'ensemble des arrêts et décisions prises par l'assemblée des Musulmans. On les nomme aussi ¿Y), el Idjem’a.

Rostemides. Ce dernier s'enfuit chez les Zouagha, les réunit autour de lui et les décida à le défendre. Ils étaient en effet de la secte de son père, et ils y persistèrent avec énergie, jusqu'à ce qu'ils l'abandonnassent dans des circonstances que nous exposerons plus tard, s'il plaît à Allah. Abou Mansour et les Nefousa qui l'acompagnaient arrivèrent dans les environs de Trablès; ils y trouvèrent les Zouagha rassemblés en grand nombre, campés autour de la tente de Khelef et prêts à combattre pour lui. Alors un des Anciens les plus âgés des Beni Iahrasen, nommé Abou Mselma, leur dit : « O Zouagha, voulez-vous accepter une des trois propositions suivantes : la première, d'abandonner les environs de Trablės, de vous retirer à Djerba, de vous y fortifier, et d'y garder votre ami; la seconde, d'envoyer une députation à l'Imâm, à Tabèrt, et de lui demander qu'il vous donne le fils de Khelef pour gouverneur, en vous affranchissant de votre dépendance vis-à-vis des Nefousa; la troisième, de me confier le fils de Khelef; je le conduirai chez les Nefousa, et je vous garantis formellement qu'il ne lui sera fait aucun mal. » Quand il eut fini de parler, un homme des Zouagha s'écria « Ce Iahraseni ne cherche qu'à tendre quelque piége aux Khelfia. >> « Que dis-tu? » dit Abou Mselma. Mais un autre intervint, et dit : « Tu n'as rien entendu, Abou Mselma, rien. » Il répondit : « Je n'ai rien entendu.» Puis il appuya ses mains contre terre et se leva.

Les Zouagha se préparèrent à combattre Abou Mansour. Le combat eut lieu en effet, et fut extrêmement violent. Ils furent vaincus, et se débandèrent. Or, toute la campagne de Trablès était alors couverte de petits arbres, que les cultivateurs plantaient partout à leur gré; pour

empêcher les bêtes sauvages et les animaux domestiques de nuire à ces plantations, on avait relié les arbres les uns aux autres par des cordes de toute grosseur. Les fuyards vinrent donner contre ces cordes, et comme ils ne pouvaient passer ni par dessus ni par dessous, Abou Mansour en tua un très grand nombre. Il revint ensuite dans le Djebel Nefousa. Ce qui restait des Zouagha se retira à Djerba (1), et le fils de Khelef se mit sous la protec

(1) Ce passage de la Chronique vient heureusement compléter ce qu'Ibn Khaldoun nous apprend de l'île de Djerba. Suivant lui (Hist. des Berb. t. 1, p. 245), cette île devrait son nom aux Djerba, fraction des Lemaïa. Comme les Lemaïa sont les fondateurs de Tahèrt, et n'ont pas cessé, pendant le moyenâge d'être de fervents Ibâdites, l'île de Djerba peut être considérée, dès le neuvième siècle de notre ère, comme un des forts de l'îbâdisme, à la façon de Tahèrt et du Djebel Nefous. Au reste, voici ce qu'en dit le même Ibn Khaldoun, dans son troisième volume (ibid. III, p. 63): « L'île de Djerba est située près de Cabės, et à l'est de cette ville. Elle a soixante mille de lon gueur, de l'Est à l'Ouest; sa largeur, du côté de l'Occident, est de vingt milles, et du côté de l'Orient, quinze. Elle est à soixante milles au Sud des îles Kerkinna. Le figuier, le dattier, l'olivier et la vigne y viennent très bien. Elle est renommée pour ses pommes et pour ses étoffes de laine. On y fabrique des toiles rayées qui servent à envelopper le corps, et des toiles unies pour les habits. Comme ces objets sont fort recherchés, il s'en exporte beaucoup. Les habitants appartiennent à la race berbère et font partie de la tribu des Ketama. En effet, il s'y trouve, encore aujourd'hui, des Sedoutkich et des Sadghian, peuples d'origine ketamienne. On y rencontre aussi des Nefza, des Hooura, et quelques fractions d'autres tribus berbères. Dans les temps anciens, les Djerbiens professaient le kharedjisme, et même de nos jours, on y trouve deux branches de cette secte hérétique. L'une, qui est ouahbite, occupe la moitié occidentale de l'île, et a pour chefs les Beni Semoumen; l'autre est nekkarite, et habite la moitié orientale. La seule famille marquante est celle des Semoumen, son autorité étant reconnue également par les deux partis.

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