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mieux. L'Imâm dit alors à Mehdi: «O Mehdi, tu as le Paradis. » Il répondait ainsi à la question qu'ils avaient débattue devant lui à Tahèrt (4).

(1) L'auteur de la Chronique ne nous dit ni à quelle époque la secte des Mo'atazilites se développa dans le Magreb ni quelles tribus leur fournissaient leurs contingents. Assurément ces tribus étaient zenatiennes. Même au temps d'Ibn Khaldoun, malgré les changements considérables que l'invasion arabe du onzième siècle avait produits dans la répartition des populations berbères, les Zenata formaient encore à peu près toute la population des villages situés dans les régions dactylifères du désert, étaient nombreux dans les plaines de l'Ifrikia et dans la montagne de l'Aouras, enfin étaient tellement nombreux dans le Magreb central, que ce pays a reçu le nom de territoire des Zenata. Au neuvième siècle, ils occupaient réellement, et en maîtres, la zone désertique et les hauts plateaux de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc actuels. Un coup d'œil jeté sur la distribution de leurs principaux groupes à cette dernière époque, et sur les tendances de ces groupes, nous permettra peut-être de discerner lequel ou lesquels d'entre eux étaient Mo'atazilites. Ibn Khaldoun (Histoire des Berbers, trad. de Slane, t. II, p. 180, sq.) les divise en Zenata de la première race, et Zenata de la seconde race. Les premiers comprenaient : 1o Les Beni Ifren, dont nous avons déjà parlé, qui avaient embrassé la doctrine des Sofrites et fondé un empire dans le Maroc septentrional. Le fameux Abou Yezid, l'homme à l'âne, qui propagea dans l'Aouras l'hérésie ibadite des Noukkar, et lutta avec tant d'énergie contre les Fatemites, était sorti de cette tribu. Les Merendjisa, tribu branche des Ifren, qui habitait les plaines de l'Ifrikia, se laissèrent entraîner par Abou Yézid. 2' Les Maghraoua, nomades du Magreb central, établis du Chelif à Tlemcen, qui se montrèrent zélés orthodoxes et clients des Ommeïades, luttèrent contre les Fatemites et contre Ziri ibn Menad, émir des Sanhadja, et finirent par fonder une principauté à Féz, au dixième siècle de notre ère, sous le commandement de Zîri ibn Atïa, chef de la famille des Khazer. Un autre de leurs émirs régna dans le même temps à Sidjilmassa, un autre à Trablès. 3o Les Sindjas, les Righa, les Laghouat, les Beni Ouerra qui se tenaient dans le Sud de notre Algérie, à l'exception des Beni Ouerra, établis au Maroc. Parmi eux, les Sindjas étaient établis principalement dans le Zab, le

On rapporte aussi que Mehdi avait demandé la main d'une femme dans le Djebel Nefous. La femme alla trouver un des Mchekh des Nefousa, et le consulta. Il lui

Mechentel, pays situé entre le Zab et la montagne des Rached, et cette même montagne des Rached, nommée aujourd'hui Djebel Amour, à cause des Arabes hilaliens qui l'occupèrent plus tard; les Righa cultivaient les oasis de l'Oued Rir', dans lequel leur nom se retrouve encore; les Laghouat faisaient paître leurs troupeaux dans le désert qui s'étend entre le Zab et la montagne de Rached. Ces populations sent désignées par Ibn Khaldoun comme fortement attachées aux doctrines kharidjites; il note même un certain nombre de Nekkariens chez les Righa. 4° Les Beni Irnîan, qui résidaient dans le Tell marocain. Cette tribu suivit la fortune, et sans doute aussi la doctrine des Maghraoua, puis passa au service des Merinides. 5 Les Oudjedidjen et les Ouaghmert, qui occupaient les uns Mindas, dans le Magheb central, les autres le pays saharien qui s'étend depuis El Mechentel jusqu'à Doucen. Les Oudjedidjen avaient pour voisins les Beni Ifren du côté de l'Occident, les Louata du Sersou du côté du Midi, et les Matmata de l'Ouancherich (Ouarensenis) du côté de l'Orient. Ils n'étaient donc pas loin de la Tahêrt ibadite. Ils soutinrent, au milieu du dixième siècle, cent trente-cinq ans après le règne de l'Imam Abd el Ouahab, et quarante ans environ après que Tahêrt eût été ruinée par les Chiites, une longue lutte avec les Louata du Sersou, à la suite de laquelle ces Louata se réfugièrent dans les montagnes de Yaoud et de Derrag. Ils furent dépossédés à leur tour par les Beni Iloumi et les Beni Ouemannou, Zenata comme eux, et les Beni Ouemannou eux-mêmes furent expulsés par d'autres Zenata, les Beni Abd el Ouad et les Toudjin. Quant aux Ouaghmert ou Ghomert, ils furent zėlės partisans du Nekkarien Abou Yézid, l'homme à l'âne, puis suivirent un devin, Mouça ibn Saleh, célèbre par les oracles qu'il prononçait en langue berbère. Ils furent expulsés par les Arabes hilaliens et se réfugièrent dans les montagnes au Midi de Msila. 6° Les Beni Ouargla, fondateurs de l'oasis qui porte leur nom, et premiers fauteurs d'Abou Yezid. 7° Les Beni Demmer, établis au Sud de la Tripolitaine, et dont nous parlerons plus loin (p. 121, n. 1). 8° Les Beni Ouemannou et les Beni Iloumi, tribus puissantes qu'Ibn Khaldoun nous présente comme ayant occupé, les premiers le Mindas, les seconds le bord occidental

répondit: « Mehdi adore et craint Allah sans cesse, et n'a d'autre souci que celui de la vie future. Mehdi est un saint homme. Il a fait un labourage dans une des terres

du Chelif inférieur. Assurément, ces territoires ne leur appartenaient pas complètement au neuvième siècle, car ils prirent la place, d'après Ibn Khaldoun lui-même, des Oudjedidjen, qui eux-mêmes avaient supplanté les Louata du Sersou. Les Beni Ouemannou avaient projeté, dans le Midi, au-delà de l'Erg, une colonie dans le territoire du Touat, et, à dix journées au Sud de Tlemcen, ils avaient bâti les ksours de Tigourarin. La fraction à laquelle on doit principalement ces cultures sahariennes se nomme les Beni Yaleddės.

Les Zenata de la seconde race comprenaient les descendants de Ouacîn Ibn Isliten, qui se subdivisaient en Beni Merin et Beni Badin, lesquels, à leur tour, se subdivisaient en Beni Abd el Ouad, Beni Toudjîn, Beni Zerdal et Beni Mozab. Ces Zenata de la seconde race étaient des nomades essentiellement désertiques, bien qu'on ait signalé à Ibn Khaldoun une fraction des Beni Abd el Ouad comme ayant occupé l'Aouras depuis les temps les plus reculés. Les Beni Merin se vantaient d'avoir fondé le village berbère de Ghadamès, et les Beni Mozab ont été les premiers fondateurs de bourgades dans la Chebka qui porte leur nom. Ils n'entrèrent en relation suivie avec le Tell que quand leurs frères, les Beni Oumannou et les Beni Iloumi, Zenata de la première race, se furent établis dans le Magreb central; ils y furent alors appelés pour prendre part à des . querelles intestines. L'invasion Hilalienne les refoula du Zab; ils demeurèrent cependant encore quelque temps maîtres, les Beni Merin, du Sahara qui s'étend de Tigourarine à Debdou, et les Beni Ouacin, du Sahara compris entre Debdou et le Mozab. Ensuite, les Beni Abd el Ouad furent appelés par les Almohades à remplacer les Beni Iloumi et les Beni Ouemannou, et fondèrent leur empire de Tlemcen; les Beni Merin gouvernèrent le Magreb et l'Espagne, etc.; mais ces événe ments nous entraînent jusqu'au douzième siècle, et nous devons revenir au commencement du neuvième. De ce résumé rapide de près d'un volume d'Ibn Khaldoun, il ressort d'abord que nous n'avons pas à chercher de Mo'atazilites chez les Zenata de la première race en dehors des Oudjedtdjen, et peutêtre des Beni Ouemannou et des Beni Iloumi; car tous les autres nous sont spécialement désignés par Ibn Khaldoun comme

qu'il possède, et au-dessus de ce champ labouré sont plusieurs digues qui se sont démolies, à tel point qu'elles ne pourraient être remises en état que par une tribu entière. Certes, si tu l'épouses, je pense qu'il ne réparera sa

orthodoxes ou Kharidjites (Sofrites, Ibadites, Nekkariens). Les Oudjedîdjen étaient voisins de Tahèrt, comme nous venons de le marquer, et particulièrement ennemis des Louata du Sersou, que la tradition nous représente comme de fervents Ibadites. Il est possible que leur hostilité envers ces Louata les ait portés à embrasser les doctrines d'Ata ben Ouacil: cependant, nous considérons leur parenté étroite avec les Ouaghmert, voisins, comme eux, des Louata, et fervents nekkariens, et cette raison nous laisse dans le doute. Quant aux Beni Ouemannou et aux Beni Iloumi, nous ne possédons encore aucun renseignement précis sur leurs croyances religieuses au neuvième siècle, et rien n'empêche de les inscrire comme Mo'atazilites; rien non plus n'y autorise. Il est tout à fait remarquable que les Zenata de la première race aient été presque tous Kharidjites (Sofrites, Ibadites, Nekkariens) ou orthodoxes. Tel n'est pas le cas des Zenata de la seconde race : du moins, un témoignage infiniment précieux, celui de tous les Tolba du Mzab actuel, nous apprend que les Beni Mozab, branche des Beni Badin et premiers habitants de la Chebka, étaient Mo'atazilites, et demeurèrent tels jusqu'à leur conver·sion par le Cheikh ibadite Mohammed Sèh. Nous savons que les Beni Abd el Ouad, frères des Beni Mozab, étaient nekkariens, au moins dans l'Aouras; mais les autres tribus branches des Beni Badin, savoir, les Beni Toudjîn et les Beni Zerdal, pouvaient partager l'hérésie mo'atazilite des Beni Mozab, avec lesquels ils confondaient souvent leurs tentes. Nous crovons donc pouvoir affirmer que les adversaires de l'Imam 'Abd el Ouahâb furent pripalement des Beni Badin, nomades sahariens, toujours désireux d'envahir le Tell sous quelque prétexte, et nous ne sommes pas éloignés d'admettre que ies villages mo'atazilites, peu éloignés de Tahèrt, dans lesquels Eïoub allait souper, appartenaient, soit à des Beni Ouemanou, soit à des Beni Iloumi, soit encore à des Oudjedidjen. Quant à expliquer comment et à quelle époque les doctrines mo'atazilites s'étaient propagées chez les Beni Badin, ce point historique reste dans l'obscurité.

digue qu'avec de la terre que tu porteras sur ta tête. » La femme s'en retourna, et épousa Mehdi. Plus tard, comme le Cheikh qu'elle avait consulte faisait une visite pastorale dans son pays, il s'informa d'elle et apprit qu'elle n'était plus là: il se fit indiquer où elle était, et il la trouva en effet qui portait de la terre sur sa tète pour réparer la digue de Mehdi. Il lui rappela sa prédiction.

SIÉGE DE LA VILLE DE TRABLÈS, PAR L'IMAM
(qu'Allah l'agrée).

Plusieurs de nos compagnons ont rapporté que l'Imam Abd el Ouahâb (qu'Allah l'agrée), forma le dessein d'aller en pélerinage, et se mit en route. Il arriva dans la montagne de Demmer (1) avec sa femme, el y séjourna. Il

(1) Ibn Khaldonn (Hist. des Berb. t. 1, p. 280, trad. de Slane), dans le chapitre qu'il consacre aux Hooura, dit : « Au midi de Tripoli et de Cabès, est une chaîne de montagnes qui s'étend de l'Ouest à l'Est, et dont l'extrémité occidentale s'appelle Djebel Demmer. Elle est habitée par des peuplades louatiennes. De l'autre côté, vers l'Est, on trouve des Nefouça. Le Djebel Demmer a sept journées de longueur. A son extrémité orientale est le Djebel Nefouça, à trois journées au Midi de Tripoli, et sur une longueur de sept journées. » Cette montagne de Demmer doit son nom aux Beni Demmer, une des trois tribus constitutives des Zouagha, lesquels étaient proches parents des Zenata (ibid. p. 258). Ces Beni Demmer se subdivisaient, suivant le savant généalogiste Ibn Hazm, en sept ramifications, savoir : Gharzoul, Tofourt, Ourtantin, Berzal, Isdourin, Saghmar, Itouweft; mais les trois premières sont celles que l'on désigne par le titre d'Enfants de Demmer. Abou Mohammed bou Ighni el Berzali, l'eibadite, a personnage d'une grande piété et très savant dans les généalogies berbères,» aurait déclaré au même Ibn Hazm, que les Beni Berzal avaient professé la doctrine eibadite (ibid. t. III, p. 187). Ces Beni Demmer étaient déjà dispersés au quatorzième siècle.

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