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O le plus illustre et le plus noble, je me suis fatigué pour toi ;

Et celui qui vient à toi est le plus vieux d'une famille éprouvée par la famine.

Et sa mère descend de Dib ben Hadjer.

Il est blanc, ses vêtements et son corps sont déchirés. (Avec mon chameau) j'ai traversé une terre profondément découpée;

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Il m'a emporté avec vitesse et fait descendre dans de creux ravins;

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Jusqu'à ce que je sois venu vers le plus cher des voyageurs et des sédentaires. >>

Quand il eut terminé, Setih leva la tête, et dit : « Abd el Mesih; allant sur un chameau; est venu vers Setih; et il est sur le point de mourir. » Puis il lui dit : » Le roi des Beni Sassan t'a envoyé, à cause du tremblement du château et de l'extinction des feux et du songe de Moubidan qui vit des chameaux difficiles entraîner des chevaux arabes jusqu'à ce qu'ils se dispersassent dans le Tigre et la région voisine. » Abd el Mesih lui dit : « Que signifie cela?» Setih répondit : « Quand la récitation du Koran se sera répandue, quand l'homme au bâton aura été envoyé, quand l'Oued Smaoua aura disparu, ainsi que le lac de Saoua, la Syrie ne sera plus la Syrie pour Setih. Il y aura des rois et des reines en nombre égal à celui des grillages et ce qui doit arriver arrive. » Abou el Djahêt dit dans son livre que Setih mourut alors en ce lieu et que Abd el Mesih revint vers Kesra; sur la route il composa les vers suivants :

Fais diligence; car ta mission est importante.

jour.

Ne crains pas d'aller pendant la nuit et pendant le

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frères,

Si la royauté des Beni Sassan vient à disparaître,
C'est que ce siècle change et tous changent comme

Parmi eux ont paru le grand roi Bohoran et ses

Et les deux Hormuz, et Sabour et Sabour.

Ils étaient parvenus à un tel rang

Que le lion redouté craignait leur puissance.

Les hommes sont enfants d'une même famille, et celui qu'ils savent

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Devenu pauvre, ils le méprisent et le repoussent.

Le bien et le mal sont appareillés par siècle,

- Et le bien est suivi et le mal évité. »

Quand Abd el Mesih parut devant Kesra, il lui fit part des réponses ds Setih. Le roi dit alors : « Jusqu'à ce que nous comptions quatorze rois, il y aura de grandes choses.» Or ils en comptaient déjà neuf, et le dernier d'entre eux était contemporain de la mission du Prophète (qu'Allah lui accorde le salut). C'est ce que rapporte Abou Qotiba dans son livre, et Allah sait comment cela se termina; nous, nous espérons que ce sont ceux-là qui arrivèrent dans le Maghreb à Tahèrt, comptèrent parmi nos imans, atteignirent un haut degré de puissance, et conservèrent cette puissance plus de cent cinquante ans, comme le témoignent plusieurs auteurs (1).

(1) Cette phrase qui ne semble obscure que parce qu'elle est une traduction exacte du texte, signifie que la suite des imans Ibadites, persans d'origine, est regardée comme une descendance de Kesra, roi de Perse, et que cette glorieuse origine est confirmée par une des plus illustres prédications de l'Islam. Il n'est pas surprenant de voir invoquer ce genre de preuve dans une chronique musulmane.

Nous avons appris que l'envoyé d'Allah (qu'Allah lui accorde le salut), quand le verset suivant descendit sur lui (1) : « O vous qui croyez, il s'en trouve parmi vous qui renient leur religion: certes, Allah suscitera d'autres hommes qu'il aimera et qui l'aimeront. Humbles envers les croyants et fiers envers les infidèles, ils combattront pour la foi et ne craindront pas le blâme, Allah accorde sa faveur à qui lui plaît. Il est immense et savant,» désigna Selma le Persan qui était assis devant lui. Le Prophète ajouta : « Peut-être ils sont de la famillle de cet homme. >>

Il est mentionné dans le livre que le Prophète d'Allah (que sur lui soit le salut), dit : « Certes Allah possède un trésor qui n'est ni d'or ni d'argent, et ce trésor est dans le dos des enfants des Persans. >> (2)

Ben Dab nous apprend aussi que 'Omar ben el Khottâb allait une fois de compagnie avec El Moghira ben Cha’aba, El Moghira était borgne. 'Omar (qu'Allah lui fasse miséricorde) lui dit : « El Moghira, est-ce qu'autrefois tu as vu quelque chose avec ton œil? » — « Assurément, Emir des Croyants,» répondit El Moghira. » 'Omar lui dit « Ensuite tu es devenu borgne ? » - El Moghira répondit « Ensuite je suis devenu borgne. << Certes, dit 'Omar, l'Islam deviendra borgne comme tu es devenu borgne toi-même, puis il sera complètement aveugle, à tel point, qu'il ne distinguera plus ce qui lui est bon de ce qui lui est contraire. Puis, après cent soixante ans, Allah lui rendra l'ouïe et la vue au moyen d'une troupe semblable à une troupe de rois aux âmes limpides, aux

(1) Koran. Ch. V. verset 59.

(2) Cette citation est extraite des Hadits.

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actions saintes. » El Moghira demanda : « De quel côté viendront-ils, Emir des Croyants, du côté de Hidjâz, ou du côté de l'Iraq, ou du côté de la Syrie? » 'Omar le quitta sans répondre. Or, le Persan (1) gouverna (le Maghreb) au commencement de la cent-soixantième année, dans la ville de Tahert. Quelques-uns de nos Compagnons disent que ce fut au commencement de la cent soixante deuxième.

Zeïd ben Eslem rapporte que le Prophète (que le salut soit sur lui) eut un songe qu'il raconta à ses amis, leur disant « J'ai vu des moutons noirs mélés à des moutons blancs, cela signifie que les Gentils entreront dans l'Islam et confondront leur sang et leur fortune avec la vôtre. » Ils en furent surpris et ils dirent; « Les Gentils! ô envoyé d'Allah. » Il répondit : « En vérité, j'en fais le serment, si la religion était suspendue aux étoiles, les bommes qui l'en feraient descendre seraient des Gentils, et les plus favorisés d'entre eux seront les Persans. » Il est aussi rapporté dans un autre passage que le Prophète (que le salut soit sur lui) dit : « Si la science était suspendue aux étoiles, les hommes qui l'en feraient descendre seraient les Persans. » Enfin des commentateurs du Koran, expliquant la parole de Dieu : « Vous serez appelés vers un peuple doué d'une grande puissance; vous le combattrez, ou il deviendra musulman (2), » disent, les uns, que ce peuple signifie les Benou Hunifa les autres qu'il désigne les Persans.

(1) Ce Persan est Abd er Rahman ben Roustem, second imam ibabite du Maghreb.

(2) Koran. Ch. XLVIII, 16.

SIGNES D'ÉLECTION DES BERBERS (1) PARMI LES GENTILS.

Nous avons appris qu'un jour, un Berber se présenta devant Aïcha, mère des croyants (qu'Allah l'agrée). Elle était assise et entourée des principaux des Mouhadjîrîn et des Ançar. 'Aïcha se leva de son coussin, et l'offrit au Berber, faveur qu'elle n'accordait pas à son entourage. Les Mouhadjiroun et les Ançar se retirérent irrités. Le Berber consulta 'Aïcha sur un point de religion, puis se retira. Alors 'Aïcha fit revenir ses fidèles l'un après l'autre de leurs maisons. Quand ils furent réunis, elle leur dit : « Vous m'avez quittée avec colère, pourquoi cela?» Un d'eux répondit : « Nous étions irrités contre vous à cause de ce Berber. Nous le méprisons, lui et son peuple, et vous lui avez fait plus d'honneur qu'à nous et à vous-même. »> 'Aïcha dit alors : « Je lui ai fait honneur plus qu'à vous et à moi-même, à cause des paroles prononcées sur eux par l'envoyé d'Allah (que sur lui soit le salut). Connaissez-vous un tel le Berber?»>«< Assurément. » — « Or, j'étais un jour assise avec l'Envoyé d'Allah, quand ce Berber vint à nous, le visage pâle et les yeux caves. L'Envoyé d'Allah le considéra et lui dit : « que t'est-il arrivé? Es-tu malade? Tu m'as quitté hier le teint animé des couleurs de la santé, et maintenant tu as l'air de sortir du tombeau. >> « O Envoyé d'Allah, dit le Berber, j'ai passé la nuit

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(1) Cette tradition été évidemment fabriquée après coup, comme la précédente. Elle a dû servir plus d'une fois aux marabouts africains qui prêchaient la révolte contre les gouverneurs arabes. Aujourd'hui, nous la trouvons toujours vivante chez les Mozabites ou Ibadites. Les Mozabites prétendent représeuter ce qui reste de Berbers purs en Algérie.

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