Beni-Othman, les Beni-Mezghanna, les Beni-Djâd, les Telkata, les Botouïa, les Beni-Aïfaoun et les Beni-Khalil. On rencontre les descendants des Telkata dans les provinces de Bougie et de Tunis. Les Telkata avaient la prééminence sur toutes ces tribus. a Du temps des Aghlebides, ils eurent pour chef Menad, fils de » Mencous, fils de Sanhadj le jeune, c'est-à-dire de Zanag, fils » de Ouasfan, fils de Djebrîl, fils de Zeid, fils de Ouasli, fils de >> Semlil, fils de Djâfer, fils d'El-Yas, fils d'Othman, fils de Segad, fils de Telkat, fils de Kert, fils de Sanhadj l'ancien. »> Voilà comment Ibn-en-Nahoui, l'historien espagnol, expose leur généalogie '. Quelques historiens de Maghreb racontent que Menad, fils de Mencous, gouverna une partie de l'Ifrîkïa et du Maghreb central au nom des Abbacides, et qu'il tint son autorité des Aghlebides. Il eut pour successeur son fils Ziri-Ibn-Menad, qui devint un des plus puissants des princes berbères et qui eut à soutenir une longue guerre contre ses voisins, les Maghraoua, peuple de race zenatienne qui habitait le Maghreb central. Nous parlerons plus tard de cette guerre. Quand les Fatemides furent parvenus à établir leur domination en Ifrîkïa, Ziri passa de leur côté à cause des liens de clientelle qui attachaient sa famille à celle d'Ali-Ibn-AbiTaleb, et, dès-lors, il se montra un de leurs partisans les plus dévoués. S'étant fait appuyer par eux, il obtint l'ascendant sur ses adversaires, les Maghraoua: aussi, cette grande tribu et tous les autres peuples d'origine zenatienne s'éloignèrent à jamais des Fatemides pour embrasser le parti des Oméïades espagnols, dont ils firent reconnaître la souveraineté dans le Maghreb central et dans le Maghreb-el-Acsa. A l'époque où Abou-Yezîd eut presque anéanti la puissance des Fatemides à Cairouan et à El-Mehdia, Zîri attaqua les Kharedjites, partisans du chef rebelle, et, tout en les harcelant, il fit passer des secours aux Fatemides enfermés dans El-Mehdia. 1 On trouvera une autre généalogie de cette famille dans l'Appendice, Il rendit ainsi à cette dynastie un service qu'elle n'oublia pas. Voulant toutefois s'assurer un lieu de retraite en cas de revers, il bâtit la ville d'Achîr sur le flanc d'une montagne située dans le pays des Hosein et appelée encore aujourd'hui la montagne de Titeri. Ayant fortifié cette résidence avec l'autorisation d'ElMansour [le fatemide], il se vit bientôt seigneur d'une des plus grandes villes du Maghreb. L'étendue et la population d'Achîr s'accrurent rapidement, et les pays les plus éloignés y envoyèrent leurs savants et leurs négociants. Quand Ismail-el-Mansour assiégea Abou-Yezid dans le château de Kîana, Zîri lui amena une armée composée de Sanhadja et d'autres peuples berbères. Jusqu'à la prise de cette forteresse, il ne cessa de harceler l'ennemi, et s'étant ainsi acquis l'amitié d'El-Mansour, il rentra en Maghreb, comblé d'honneurs et de riches présents. Outre un diplôme qui le constituait chef des Sanhadja, il obtint de ce prince la permission d'élever des palais, des caravansérails et des bains dans Achîr. Il reçut aussi le commandement de la ville et de la province de Tèhert. Quelque temps après, il autorisa son fils Bologguîn à fonder trois villes, l'une sur le bord de la mer et appelée Djézaïr-Beni-Mezghanna (les iles des enfants de Mezghanna) 2, et l'autre sur la rive orientale du Chélif et appelée Milîana ; la troisième porta le nom des Lemdïa 3, tribu sanhadjienne. Bologguin fut investi par son père du gouvernement de ces trois places, qui sont encore aujourd'hui les villes les plus importantes du Maghreb central. Ziri ne suspendit jamais ses hostilités contre les Maghraoua, et il montra toujours une fidélité inaltérable à la cause des Fatemides. Djouher-el-Kateb ayant fait une expédition dans le Maghreb-el-Acsa, par l'ordre d'El-Moëzz-li-Dîn-Illah-Mådd, amena Zîri avec lui, d'après la recommandation de son souve 1 Voy. l'Appendice, no 1. ? Maintenant Alger. Les Beni-Mezghanna habitent, de nos jours, l'aghalic des Beni-Djâd, à onze lieues S. E. d'Alger. Voy. la carte dressée par MM. Carette et Warnier. Le mot lemdani s'em 3 Maintenant Médéa, en arabo El-Media. ploie encore avec la signification de natif de Médéa. rain, et eut souvent occasion de louer les grands services rendus par ce chef. Quand Yala-Ibn-Mohammed-el-Ifréni perdit la vie, le Zenata soupçonnèrent Ziri d'y avoir contribué. Pendant le siége de Fez, où Ahmed-Ibn-Bekr-el-Djodami résista très-longtemps au général Djouher, Zîri déploya une grande bravoure, et, dans une attaque nocturne, emporta la ville par escalade. La guerre entre Zîri et les Maghraoua devint enfin si acharnée que ceux-ci formèrent une alliance avec El-Hakem-el-Mostancer [souverain oméïade de l'Espagne] et firent proclamer l'autorité de ce prince dans le Maghreb central. Mohammed, fils d'El-Kheir et petit-fils de Mohammed-Ibn-Khazer, prit une part si active à cette démonstration qu'El-Moëzz jugea nécessaire de lui opposer les troupes sanhadjiennes. Il donna en même temps à leur commandant, Zîri, le gouvernement du Maghreb et l'autorisation de s'approprier tous les pays qu'il parviendrait à soumettre. Zîri réunit aussitôt les forces de son territoire et se mit en marche. Son avant-garde poussa en avant, sous la conduite de Bologguîn, afin d'attaquer à l'improviste les troupes zénatiennes qu'Ibn-elKheir était en train de rassembler. Le chef maghraouien n'avait pas encore complété ses dispositions, quand les Sanhadja fondirent sur lui. Il s'ensuivit un des conflits les plus acharnés qu'on eût jamais vus; la ligne de l'armée zénato-maghraouienne fut enfoncée, et Mohammed-Ibn-el-Kheir, se trouvant dans l'impossibilité d'échapper et jugeant la mort inévitable, passa dans un endroit écarté et mit fin à ses jours en se jetant sur son épée. Les Zenata prirent la fuite, et pendant le reste de la journée les Sanhadja continuèrent à les poursuivre et les tailler en pièces. Plusieurs siècles après, on voyait encore les ossements des morts répandus sur le champ de bataille. L'on rapporte que plus d'une dixaine de leurs principaux émirs y perdirent la vie. El-Moëzz reçut les têtes de ces chefs et ressentit la joie la plus vive à l'aspect de ce cadeau que Zîri lui avait envoyé. Quant à El-Hakemel-Mostancer, il éprouva un chagrin profond du coup terrible qui avait ainsi ébranlé son autorité. Ziri et les Sanhadja parvinrent alors à dompter les peuples nomades du Maghreb; il s'acquit ainsi une grande supériorité sur Djâfer-Ibn-Ali1, seigneur d'El-Mecîla et du Zab, et son rival en rang à la cour du khalife. El-Moëzz ayant alors pris la résolution de transporter au Caire le siége de son gouvernement, invita Djâfer à quitter El-Mecîla et à venir prendre le commandement de l'Ifrîkïa. Cet émir, redoutant les intrigues qui s'ourdissaient contre lui depuis quelque temps, hésita d'obéir, et ayant appris qu'un des affranchis d'El-Moëzz était en route pour le chercher, il céda à la crainte et s'enfuit d'El-Mecîla. Arrivé au milieu des Maghraoua, il les rallia autour de lui, et profitant des bonnes dispositions que ces peuples lui témoignèrent ainsi que de leur ancien attachement pour les Oméïades, il proclama de nouveau la souveraineté d'El-Hakem-el-Mostancer. Zîri sentit la nécessité de comprimer cette révolte avant que les insurgés eussent le temps de raffermir leur puissance. Il se hâta donc de marcher contre eux et de leur livrer bataille. A la suite d'un combat sanglant, l'armée sanhadjienne fut mise en déroute; le cheval de Zîri s'abattit sous lui, et la retraite des vaincus laissa voir les corps de leur chef et de ses gardes étendus au milieu d'un champ de carnage. La tête de Zîri fut portée à Cordoue par une députation d'émirs maghraouiens, qui avaient pour mission de renouveler à El-Hakem-el-Mostancer le serment de fidélité et de lui demander l'appui de ses armes. Yahya-IbnAli, le frère de Djâfer, conduisit cette députation. Zîri perdit la vie en l'an 360, après avoir gouverné pendant vingt-six ans. Quand la nouvelle de ce désastre parvint à Achîr, Bologguîn se mit aussitôt en campagne et remporta sur les Zenata une victoire éclatante. Par cet exploit il vengea non-seulement la mort de son père et de ses parents, mais il mérita les éloges d'ElMoëzz et obtint sa nomination au gouvernement d'Achîr, de Tèhert et de toutes les provinces du Maghreb qui avaient composé les états de son prédécesseur. Il reçut, de plus, le gouvernement d'El-Mecîla, du Zab et des autres provinces qui avaient appartenu à Djâfer-Ibn-Ali. L'accroissement de sa puissance et l'éten Voy. l'histoire de ce chef dans l'Appendice, no III. En-Noweiri ajoute : dans le mois de Ramadan (juillet 971), due que ses états venaient de prendre, lui permirent d'écraser les Mezata, les Hoouara, les Nefza et les autres Berbères qui habitaient des maisons construites de broussailles. Il pénétra au fond du Maghreb pour châtier les Zenata, et, cette entreprise accomplie, il revint, l'an 361, à la cour du sultan, qui l'avait invité à venir se charger du gouvernement de l'Ifrîkïa. Les honneurs dont El-Moëzz le combla en cette occasion, excitèrent au plus haut degré la jalousie des Ketama. Ce monarque partit alors pour le Caire, après avoir constitué Bologguîn son lieutenant en Ifrîkïa. Tel fut le commencement de la dynastie Zîride. HISTOIRE DES ZÎRIDES, LIEUTENANTS DES FATEMIDES EN IFRÎKÏA. Quand El-Moëzz se disposa à partir pour l'Orient, il tourna son attention vers les états qu'il allait quitter, et chercha parmi les grands officiers de l'empire, un homme fidèle et capable, partisan devoué de la secte chîite, auquel il pourrait confier le gouvernement du Maghreb et de l'Ifrikïa. Son choix tomba sur Bologgufn, fils de Zîri-Ibn-Menad. Ce chef, dont la famille s'était attaché, depuis longtemps, au service des Fatemides, venait de châtier les Zenata, ennemis déclarés de cette dynastie, et tout en vengeant la mort de son père, il avait défendu la cause des Chtites et soutenu leur empire'. Règne de Bologguin, fils de Ziri. — El-Moëzz ayant rappelé Bologguîn qui était alors dans le fond du Maghreb, lui confia l'administration de ce pays ainsi que de l'Ifrîkïa. Il laissa toutefois le gouvernement de la Sicile entre les mains de la famille Abou-'l-Hacen-el-Kelbi, et maintint Abd-Allah-Ibn-Yakhlof-elKetami dans celui de Tripoli. A cette occasion il changea le nom de Bologguin en celui de Youçof, et, lui ayant accordé le surnom 4 Pour l'histoire d'El-Moëzz et de ses prédécesseurs, voy. l'Appendice n' It. On doit aussi consulter la vie d'El-Moëzz par M. Quatremère. |