et alla rejoindre les rebelles. Comme Badis ne pouvait s'occuper d'eux à cause de sa guerre avec Felfoul et avec Yanès, affranchi qu'El-Hakem [le fatemide, souverain de l'Egypte) avait nommé au gouvernement de Tripoli, les révoltés profitèrent de son enabarras pour donner carrière à leur perversité : ils portèrent le ravage dans tout le pays et formèrent même une alliance avec Felfoul. Abou-'l-Behar les quitta vers cette époque et se réconcilia avec Badis. En l'an 391 (1001), ils eurent, avec Hammad, une rencontre qui amena la défaite de leurs partisans et coûta la vie à Makcen et à ses deux fils". Zaoui se jeta dans le Chenpouan, montagne située dans la partie maritime du gouvernement de Miliana, et, de là, il passa en Espagne avec ses fils, ses neveux et ses gens. El-Mansour-İbn-Abi-Amer, régent de l'empire oméïade et tuteur du khalifat, accueillit les réfugiés avec empressement et les attacba à sa personne pour en faire les soutiens de son pouvoir, les instruments au moyen desquels il compta établir sa domination sur l'empire et enlever au khalife toute son autorité. A cet effet, il les enrôla dans le corps de Zenatiens et d'autres Berbères qu'il avait pris à son service et avec lequel il venait de remplacer, en Espagne, la milice du sultan ainsi que les troupes oméïades et les contingents des tribus Arabes. La puissance de ces Sanhadjiens augmenta à un tel degré qu'ils devinrent le principal appui d'El-Mansour et de ses fils et successeurs, El-Modaffer et En-Nacer. Lors de la chute de cette famille, Zaoui prit une part très-active à la guerre qui éclata entre les musulmans espagnols et les troupes berbères ?. Soutenu par les Sanhadja, par le corps entier des Zenata et par les autres Berbères, Zaoui s'acharna sur la ville de Cordoue jusqu'à ce qu'il parvînt à y établir l'autorité d'El-Mostaïn-Soleiman, fils d'El-Hakem et petit-fils de Soleiman-Ibn-en-Nacer. Ils avaient proclamé ce prince khalife et lui avaient juré fidélité, ainsi que • Il aut lire ouebnaihi dans le texte arabe. Voy.ci-devant, p. 17. • Voy. la continuation de l'Art de vérifier les dates, t. 1, p. 126 et swiv. assigna pour demeure un de ses plus beaux palais ; il lui accorda ; même le premier rang à la cour et la préséance sur tous les autres descendants de Ziri. A l'approche de Zaoui, il envoya audevant de lui toutes les princesses de la famille royale, et l'on raconte qu'il se trouvait parmi elles mille individus tellement rapprochés de Zaoui par les liens du sang qu'il n'aurait pas pu en prendre une pour femme. Ce fut alors qu'il enterra la tête de son père dans le tombeau qui en renfermait le corps. En quittant ses états espagnols, il y avait laissé son fils en qualité de lieutenant. Ce prince se rendit tellement impopulaire que les habitants de Grenade se révoltèrent contre lui, et faisant alors venir son cousin Habbous, fils de Makcen-Ibn-Ziri, qui habitait un château aux environs de la ville, ils fondèrent une nouvelle dynastie en lui prétant le serment de fidélité. Habbous devint un des plus puissants d'entre les petits souverains qui s'étaient partagé l'Espagne. Il mourut en 429 (4037-8). Badis, fils et successeur de Habbous, prit, en montant sur le trône, le titre d'El-Modaffer (le victorieux); mais tant qu'il exerça l'autorité suprême, il reconnut la souveraineté des Hammoudites. Les princes de cette famille venaient d'abandonner Cordoue et de se fixer à Malaga où ils régnaient sous le titre d'émirs. L'année même de l'avènement de Badis, le chef amerite qui gouvernait Almeria ", marcha contre lui ; mais, dans une bataille qui se livra aux environs de Grenade, il essuya une défaite et perdit la vie. Après cette victoire, Badis jouit d'un long règne et vit son amitié et son appui recherchés avec un extrême empressement par les autres rois des états espagnols. En l'an 431 (1039–40), il réunit ses troupes à celles d'IbnBacanna, général au service d'Idris-Ibn-Hammoud, seigneur de + Il s'agit de Zoheir l'esclavon. Voy. History of the Mohammedan dynasties in Spain de M. de Gayangos, vol. II, pp. 248, 257, 506. Cet ouvrage offre une foule de renseigoements sur l'histoire politique, biographique et lilléraire de l'Espagne musulmane. L'histoire des rois d'Almeria, qui se trouve daos la continuation de l’Art de vérifier les dates, ayant été empruolée à l'ouvrage de Conde, renferme de graves erreurs. chacun un apapage pour son entretien. Les Beni-'n-Namci, une des premières familles de Tanger, se donnent pour descendants de ces princes. Voila comment disparurent les empires fondés en Ifrikïa et en Espagne par les Sanhadja de la branche de Telkata. NOTICE DES MOLETTREMÎN, PEUPLE QUI FORMA LA SECONDE RACE DES SANHADJA. HISTOIRE DE LEUR DOMINATION EN MAGHREB. Les Moletthemîn", peuple de race sanhadjienne, habitaient la région stérile qui s'étend au midi du Désert sablonneux. De temps immémorial, - depuis bien des siècles avant l'islamisme, - ils avaient continué à parcourir cette région où ils trouvaient tout ce qui suffisait à leurs besoins. Se tenant ainsi éloignés du Tell et du pays cultivé, ils en remplaçaient les produits par le lait et la chair de leurs chameaux; évitant les contrées civilisées, ils s'étaient habitués à l'isolement, et, aussi braves que farouches, ils n'avaient jamais plié sous le joug d'une domination étrangère. Ils occupèrent les lieux voisins du rîf 2 de l'Abyssinie et la région qui sépare le pays des Berbères de celui des Noirs. Ils se voilaient la figure avec le litham, objet d'habillement qui les distinguait des autres nations 3. S'étant multipliés dans ces vastes plaines, ils formèrent plusieurs tribus telles que les Guedala, les Lemtouna, les Messoufa, les Outzila, les Targa 5, les Zegaoua et les Lamla. 5 + Ce mot signifie les porteurs du litham ou voile. Voy, ci-après, Qote 3. : Pour la signification du mot rif, voy. l'index géograpbique dans le tomei. 8 Le litham ou voile est une espèce de bandeau qui sert à couvrir la figure au point de n'en rien laisser paraître excepté les yeux. Dans les voyages du capitaine Lyon et daos ceux du major Deobam et du capitaine Clappertou, on peul en voir le dessein el la description. • Ailleurs, ce nom est ponctué de manière à se faire proponcer Outriga. s Le pluriel du mot Targa est Touareg, pon d'un peuple qui vit encore dans le Désert et qui porte le litham. |