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faire reconnaître son autorité. Les Berbères résistèrent à ses tentatives, et les Aghlebides essayèrent de le faire arrêter, preuve évidente de la noblesse de son origine. Parvenu à Tlemcen, il s'en rendit maître et soumit à ses ordres les Zenata et toutes les tribus berbères de cette localité.

Son fils Mohammed-Ibn-Soleiman lui succéda, et les enfants de celui-ci se partagèrent les provinces du Maghreb central après sa mort. Le gouvernement de Tlemcen échoua alors à Ahmed, fils de Mohammed, et passa ensuite à Mohammed, fils de celui-ci. El-Cacem, fils de Mohammed, succéda au pouvoir. Je crois que c'est à ce Cacem que les Beni-Abd-el-Ouad veulent faire remonter leur origine et non pas à El-Cacem, fils d'Idris. Eïça, fils de Mohammed, reçut en partage Archgoul et s'attacha aux Fatemides. Son frère Idrîs obtint la possession de Djeraoua et eut pour successeur son fils Aboa-'l-Aïch-Eïça lequel transmit l'autorité à son fils El-Hacen-Ibn-Abi-'l-Aïch. Ibrahîm, fils de celui-ci, succéda au pouvoir et, après lui, régnèrent successivement ses fils Yahya, Ibrahîm et Idrîs. Ce dernier, obtint la possession d'Archgoul, et, à l'instar de son frère Yahya, il s'attacha au parti d'Abd-er-Rahman-en-Nacer [le khalife oméïade d'Espagne]. Par cette conduite, il s'attira le mécontentement des Fatemides et, en 323 (935), il fut arrêté par leur général, Meiçour. Ibn-Abi-'l-Afïa, ayant abandonné le parti des Fatemides pour se rallier aux Oméïades, assiégea ElHacen-Ibn-Abi-'l-Aïch dans la ville de Djeraoua et la lui enleva. El-Hacen se rendit alors auprès de son cousin, Idrîs, fils d'lbrahim, seigneur d'Archgoul. El-Bouri, fils de Mouça-Ibn-Abi-'lAfia, vint alors prendre Archgoul et en envoya les habitants à En-Nacer, lequel les établit à Cordoue. Ténès échut à Ibrahîm, fils de Mohammed, et passa ensuite sous la domination de Mohammed, fils de ce même Ibrahîm. Mohammed eut pour successeur son fils Yahya et, ensuite, Ali, fils de Yahya. Ali fut vaincu, en l'an 342 (953-4), par Zîri-Ibn-Menad et se réfugia auprès d'El-Kheir-Ibn-Mohammed-Ibn-Khazer [le maghraouien]. El-Kheir fit passer en Espagne Hamza et Yahya, fils d'Ali, et En-Nacer les accueillit très-honorablement. Plus tard, Yahya re

vint en Afrique dans le dessein de reprendre Ténès, mais cette tentative demeura sans succès. L'Ibrahîm, fils de Mohammed, dont nous venons de parler, eut encore d'autres descendants, savoir, Ahmed, fils d'Eïça, fils d'Ibrahim, seigneur de SoucIbrahim, et Mohammed, fils de Soleiman, fils d'Ibrahim, un des chefs du Maghreb central.

Parmi les descendants de Mohammed, fils de Soleiman, on signale Itowich, fils de Hanatech (?), fils d'El-Hacen, fils de Mohammed, fils de Soleiman, et Hammoud, fils d'Ali, fils de Mohammed, fils de Soleiman.

Ibn-Hazm dit que les membres de la famille Idris étaient extrêmement nombreux en Maghreb et qu'ils avaient fondé plusieurs royaumes; mais, ajoute-t-il, toute leur puissance a disparu et il ne reste plus un seul de ces chefs. Le même écrivain fait observer que Hamza, celui dont le lieu de la province de Bougie appelé Souc-Hamza porte le nom, appartenait [non pas à la famille des Idricides, mais] à la tribu [arabe] des Soleim. Djouher [le général d'El-Moëzz] transporta les enfants de Hamza [l'Idricide] à Cairouan, mais plusieurs membres de cette famille continuèrent à vivre dispersés dans les montagnes et parmi les Berbères du Maghreb.

V.

Extraits du grand ouvrage historique d'Ibn-el-Athir, intitulé KAMEL ET-TEWARIKH.

§ Ier.

LE MEHDI DES ALMOHADES A TINMELEL.

Le Mehdi établit sa demeure à Tinmelel et bâtit, en dehors de la ville, une mosquée dans laquelle il se rendait tous les jours, avec le peuple, pour célébrer la prière. Craignant les mauvaises dispositions des habitants, il ordonna à ses partisans d'acheter des armes et de les tuer tous pendant qu'ils seraient à prier dans la mosquée. S'étant ainsi débarrassé de ses adversaires, il entra dans Tînmelel, massacra beaucoup de monde, réduisit les femmes en esclavage et livra la ville au pillage. Douze mille personnes y perdirent la vie. Ayant alors partagé entre ses compagnons les terres et les maisons des morts, il entoura Tinmelel d'une muraille et bâtit un château fort sur la cîme d'un haut rocher. La montagne de Tînmelel était presque inabordable et renfermait beaucoup de champs cultivés, d'arbres et d'eaux courantes.

Le Mehdi remarqua que la plupart des enfants de Tînmelel avaient le teint rose et les yeux bleus, tandis que leurs pères étaient ordinairement très-basanés. Cela tenait à ce qu'une troupe de mamlouks [esclaves] chrétiens, ayant presque tous le teint très-clair, pénétrait, chaque année, dans la montagne afin d'y percevoir le tribut du sultan, émir des musulmans, et à ce

qu'ils s'installaient alors dans les maisons des habitants, après en avoir expulsé les maîtres. Le Mehdi ayant demandé aux pères pourquoi leurs enfants étaient blonds tandis qu'eux-mêmes étaient bruns, ils lui racontèrent la conduite des mamlouks, et, comme il leur reprocha leur lâcheté en souffrant une pareille indignité, ils lui firent cette réponse : « Comment pouvons-nous >> l'éviter; nous ne sommes pas les plus forts. >> Il leur dit : <«La prochaine fois que ces gens viendront ici, laissez-les s'ins>> taller chez vous, et, alors, que chacun de vous tue son hôte. » Vous n'avez rien à craindre des conséquences, car votre mon»tagne est imprenable. » Ils suivirent ce conseil et massacrèrent les mamlouks; puis, craignant la vengeance de l'Emir des musulmans, ils se retranchèrent dans leur montagne, à la grande satisfaction du Mehdi, et soutinrent un long blocus contre les troupes almoravides. La disette devint enfin si grande que les compagnons du Mehdi n'eurent plus de pain et durent se contenter, chaque jour, d'un plat de bouillie que leur maître faisait apprêter et dont chaque individu prenait autant qu'il pouvait saisir, en une seule fois, avec la main. Comme les principaux habitants finirent par vouloir un raccomodement avec l'Emir des musulmans, le Mehdi dut prendre des mesures contre eux, et, en l'an 519 (1125-6), il eut recours aux services d'un de ses affidés, Abou-Abd-Allah-el-Ouancherichi, personnage dont il faisait grand cas. Cet individu avait étudié secrètement le Coran et la jurisprudence sous la direction de son maître; mais, en public, il eut l'air d'un ignorant, et, pour mieux tromper son monde, il avait pris les dehors d'un idiot, la bouche ruisselante de bave. Ibn-Toumert s'étant concerté avec lui, se rendit un jour à la mosquée, avant l'aurore, afin d'y faire la prière, et, ayant remarqué auprès du mihrab un homme bien habillé et parfumé, il lui demanda qui il était. L'autre répondit: <«< Abou-Abd-Allah-el-Ouancherîchi. » Quand la prière fut terminée, Ibn-Toumert fit signe aux assistants d'approcher et leur dit « Voici un homme qui prétend être Abou-Abd-Allah du >> mont Ouancherîch; voyez si c'est bien lui. » Comme le jour commençait à se montrer, ils purent facilement reconnaître que

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