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Ibrahim, frère et successeur du précédent, se révolta à Basra

et fut défait et tué par les troupes d'El-Mansour. Mohammed, fils d'El-Cacem, fils d'Ali, fils d'Ali, fils d'Omar,

frère de Zeid, fils d'Ali, leva l'étendard de la révolte à Talecan, fut vaincu et fait prisonnier par les tronpes du khalife El-Motacem.

Le Zendji, descendant d'Eïça, fils de Zeid, se souleva à Basra. Idris, frère de Mohammed-Ibn-Abd-Allah et descendant d'ElHacen, petit-fils de Mahomet, s'empara du Maghreb-elAcsa et y fonda une dynastie.

El-Hacen-Ibn-Zeid, descendant du même El-Hacen, fonda un royaume dans le Taberistan.

El-Atrouch, autre descendant d'Ali, s'établit dans le Deilem. Comme Zeid, fils d'Ali et fondateur de cette secte, avait fini par admettre la validité de l'imamat des deux cheikhs, Abou-Bekr et Omar, plusieurs de ses partisans répudièrent son autorité et obtinrent, pour cette raison, le sobriquet de Rafedites (récusants). Dans la suite on appliqua cette dénomination à toutes les sectes chîïtes. Zeid reconnaissait bien le mérite supérieur d'Ali, mais il persista néanmoins dans son opinion au sujet des deux cheikhs, «< car, disait-il, on doit accepter le préféré quand même il s'en trouverait un préférable. »

Les Keiçanïa enseignaient que l'imamat passa des enfants de Fatema à un autre fils d'Ali, nommé Mohammed-Ibn-el-Hanefia, parce qu'il avait pour mère une femme de la tribu de Hanifa. Keiçan était client d'Ibn-el-Hanefïa. Une branche des Keiçanïa eut pour principe fondamental que l'imamat fut transmis par Ibn-el-Hanefïa à son fils, Abou-Hachem, lequel délégua son autorité à Mohammed, fils d'Ali, fils d'Abd-Allah, fils d'El-Abbas, oncle de Mahomet. De Mohammed l'imamat passa à son fils, Ibrahim, surnommé pour cette raison, l'imam, et celui-ci légua ses pouvoirs à son frère Abd-Allah-es-Saffah, fondateur de la dynastie des Abbacides. On voit ici la raison qui décida IbnKhaldoun à compter les Abbacides au nombre des Chrïtes. Comme El-Abbas était petit-fils de Hachem, on donna à cette fraction de secte le nom de Hachemites.

Les Imamia (imamiens) formaient deux sectes les Ithnaacheria et les Ismailia. Les Ithna-acheria, ou Duodécemains, comptent jusqu'à douze imams et s'arrêtent sur le dernier qu'ils prétendent être toujours vivant, mais invisible. On les appelle aussi Quakefia ou Mouwakkefin, c'est-à-dire les gens qui s'arrétent ou qui arrétent. Voici la liste de leurs imams :

4° Ali, fils d'Abou-Taleb, 2. El-Hacen, fils d'Ali,

3o El-Hocein, fils d'Ali,

4° Ali-Zein-el-Abedîn, fils d'El-Hocein,

5o Mohammed-el-Baker, fils de Zein-el-Abedîn,

6° Djâfer-es-Sadek, fils d'El-Baker,

7° Mouça-el-Kadem, fils de Djâfer,

8° Ali-er-Rida, fils de Mouça,

9° Mohammed-et-Téki, fils d'Er-Rida, 10° Ali-el-Hadi, fils d'Et-Téki,

11° Hacen el-Askeri, fils d'El-Hadi,

12° Mohammed-el-Mehdi, l'attendu (el-Montader), fils d'El

Askeri.

Ce douzième imam n'avait que douze ans quand il entra dans un souterrain et n'en sortit plus. Selon les duodécemains, secte dont les doctrines prédominent encore en Perse, il reparaîtra lors de la fin des temps, pour remplir la terre de sa justice. Cet imam est le Mehdi ou dirigé que Mahomet a prédit et dont l'arrivée est toujours attendue.

Les Ismailia ou Ismailiens reconnaissent les six premiers imams de la liste précédente. Leur septième imam est Ismail, fils de Djâfer-es-Sadek; il fut désigné par son père comme successeur à l'imamat, mais il mourut avant lui. Leur huitième imam, Mohammed le caché (El-Mektoum), fils d'Ismail, fut le premier de leurs imams cachés, personnages qui ne se montraient jamais et qui se bornaient à transmettre leurs ordres au monde par la bouche de daïs, c'est-à-dire inviteurs. Cette classe d'hommes étaient les émissaires, agents politiques et missionnaires de l'imam. Djâfer-el-Mosaddec, fils du précédent, fut leur

second imam caché; Mohammed-el-Habib, fils de Djâfer, en fut le troisième et dernier. Obeid-Allah-el-Mehdi, fils d'El-Habib, et leur onzième imam, se manifesta en Afrique, où il fonda la dynastie fatemide. El-Hacen-Ibn-Sabbah, un autre imam des Ismailiens. fonda, en Irac, la dynastie des Assassins (Hachichïa).

La doctrine de l'imam caché (mektoum, baten) procura aux Ismailiens le nom de Batenia (Baténiens). On les appelait aussi Molheda (impies), parce que leurs doctrines secrètes conduisaient à l'athéisme par l'infidélité.

L'incarnation de Dieu dans la personne de l'imam, la métempsychose, ou transmigration de l'âme de l'imam dans le corps de son successeur, les autres opinions, plus ou mois extravagantes, au sujet de l'excellence de ce personnage, ont mérité à plusieurs de ces sectes le nom de Gholat (extravagantes).

Dans l'Exposé de la religion des Druzes, par M. de Sacy, ou trouvera une longue notice sur les chîïtes et sur leurs doctrines secrètes. L'histoire des douze imams de la secte des Duodécemains est racontée par M. Reinaud dans ses Monuments urabes persans el turcs, tom. I, page 329 et suiv.

§ Ier. CROYANCES DES DUODECEMAINS 1.

Cette secte enseignait que l'imamat passa de Djâfer-es-Sadec à son fils Mouça-el-Kadem. Les révoltes suscitées par les daïs du nouvel imam obligèrent [le khalife] Haroun-er-Rechîd à le faire conduire de Médine à Baghdad pour y rester prisonnier, sous la garde de [Sindi-] Ibn-Chahek 2. Mouça mourut en l'an 183 (799-800), empoisonné, dit-on, par des dattes que lui offrit Yahya-Ibn-Khaled [le barmekide, vizir d'Er-Rechîd]. Après lui, disent les partisans de cette famille, l'imamat dévolut à son fils,

Les chapitres qui suivent sont tirés de la partie inédite de l'Histoire universelle d'Ibn-Khaldoun.

Cet officier était prévôt de la maréchaussée (saheb-es-chorta) á Baghdad. (Ibn-Khallikan, t. 1, p. 318 de ma traduction.)

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Ali-er-Rida (l'agréé); un des membres les plus respectés de la famille de Hachem [grand-père de Mahomet]. Er-Rida vivait dans l'intimité El-Mamoun, et en l'an 201 (816-7), il fut désigné par ce khalife comme héritier du trône, afin de mettre un terme aux révoltes que les daïs du parti chîïte excitaient de tout côté. El-Mamoun était alors en Khoraçan, d'où il ne rentra en Irac qu'après la mort de son frère El-Amin. Les partisans des Abbacides se recrièrent contre la nomination d'Er-Rida, et proclamèrent à Baghdad, le khalifat d'Ibrahim-Ibn-el-Mehdi, oncle d'El-Mamoun. Celui-ci partit alors pour l'Irac, accompagné d'Ali-er-Rida, mais avant d'y arriver, il perdit son protégé : Ali mourut en chemin, l'an 203 (848-9), et fut enterré à Tous 2. Quelques personnes disent qu'il fut empoisonné par El-Mamoun.

D'Er-Rida l'imamat passa à son fils Mohammed. El-Mamoun lui témoigna beaucoup de considération et lui donna sa fille en mariage, l'an 305. Mohammed mourut en 220 (835), et fut enterré dans le cimetière des Coreich [près de Baghdad]. Selon les Duodécemains, il eut pour successeur son fils Ali, surnommé El-Hadi (le directeur) et El-Djouad (le noble). Celui-ci mourut en 254 (868) et fut enterré à Koum [en Perse]. Ibn-Said (voyez tome I, p. 9, n. 4) dit que le khalife El-Motezz le fit empoisonner.

L'imamat passa d'Ali à son fils El-Hacen, auquel on donna le surnom d'El-Askeri parce qu'il naquit à El-Asker, ville qui porte aussi le nom de Serr-man-raa (Samarra). Lors de la mort de son père, il y fut retenu prisonnier, et il y mourut en 260 (873-4). Son corps fut déposé dans le mausolée qui renfermait celui de son père. Sa femme, qu'il laissa enceinte, donna le jour

Ibn-Khaldoun aurait dû écrire: uprès le détrónement d'Ibrahim, fils d'El-Mehdi, ce qui eut lieu en l'an 203 (848). Ce fut en 196 (811-2) qu'El-Amîn fut tué, à Baghdad, après avoir usurpé le trône.

Tous était alors la capitale de la province de Khoraçan. Le Mechhed, ou tombeau, de l'imam Er-Rida en est éloigné de deux lieues, Les Chiites regardent ce temple comme plus vénérable que celui de la Mecque. (Voy. Monuments arabes, persans et turcs, par M. Reinaud, t. 1, p. 373.)

à un fils que l'on nomma Mohammed et que l'on retint prisonnier. Selon les rapports [des chiïtes], il entra, avec sa mère, dans la citerne (serdab) de la maison paternelle et ne reparut plus. Les chiïtes le regardent comme successeur de son père dans l'imamat, et ils lui donnent le titres d'El-Mehdi (le dirigé) et d'El-Hoddja (l'argument, la preuve). Ils croient qu'il vit encore et s'at-tendent à le voir reparaître un jour. Comme il était le douzième successeur d'Ali, ses partisans ont reçu le titre de Duodécemains. On en trouve à Médine, à El-Karkh [faubourg de Baghdad], à Es-Cham (Damas), à El-Hilla, et en Irac. La citerne dans laquelle il disparut est à El-Hilla, et nous avons entendu dire qu'encore aujourd'hui, les gens de cette secte y amènent chaque soir une monture toute caparaçonnée, et, qu'après la prière, ils prononcent à basse voix, les paroles suivantes : « Sors, ô imam, et >> viens à nous! Les hommes sont dans l'attente; tous les êtres >> demeurent interdits; F'injustice remplit le monde; la vérité en >> a disparu. Sors et viens à nous ! Nous reconnaissons la grande >> miséricorde de Dieu dans le souvenir qu'il nous a laissé de » toi1. » Ils répètent cette invocation jusqu'au moment où les étoiles commencent à paraître; puis, ils se retirent pour recommencer le lendemain. Egarés par l'esprit de secte, ils ont la folie d'attendre le retour au monde d'une personne morte depuis des siècles.

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Les Ismaïliens comptent pour imam, après Djâfer-es-Sadec, son fils Ismail. Abou-Djâfer-el-Mansour [le khalife abbacide] l'ayant fait chercher, reçut du gouverneur de Médine une attestation portant qu'il avait cessé de vivre. Bien qu'Ismail mourut avant son père, ses partisans prétendent que l'imamat dévolut à

L'on assure qu'encore aujourd'hui on tient un beau cheval toujours sellé et bridé dans les écuries du roi de Perse, afin que l'imam attendu ait une monture toute prète quand il fera sa seconde apparition.

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