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delle abd-el-ouadite, située sur la montagne vis-à-vis d'Oudjda, et dans laquelle Yaghmoracen s'élait défendu contre Es-Saîd qui, comme on le sait, mourut pendant le siége. On approvisionna la place et on y établit une garnison de cavalerie, d'infanterie et de contingents des tribus [voisines), afin d'intercepter les communications avec Bougie.

Le sultan (Abou-Yahya-Abou-Bekr) conçut de graves inquiétudes en voyant occuper cette position et ordonna à ses généraux, à ses gouverneurs de province, à ses affranchis et à ses serviteurs de conduire leurs troupes au secours de MohammedIbn-Séïd-en-Nas, commandant de Bougie, et de mettre en ruine Ja nouvelle ville, dussent-ils y périr tous. En conséquence de cet ordre, Daser-el-Kebir se mit en marche de Constantine, AbdAllah-el-Akel partit du pays des Hoquara, Daser-es. Sinan sortit de Bône, et ils arrivèrent à Bougie en l'an 727 (1327). Mouça-IbnAli fut averti de leur approche et appela à son secours les détachements abd-el-ouadites qui se trouvaient dans les contrées derrière sa position. Les troupes venues an secours de Bougie sortirent sous le drapeau d'Ibn-Sérd-en-Nas et marchèrent contre le campà Tiklat, mais elles furent trahies par la fortune et durent reprendre le chemin de la ville, après avoir perdu beaucoup de monde. Dafer - el-Kebir fut tué dans cette bataille. Comme Ibn-Séïd-en-Nas s'était concerté secrètement avec Mouça-IbnAli-[-el-Kordi] à l'effet de se ménager réciproquement aux dépens des intérêts de leurs maîtres, il se méfia de ses auxiliaires et leur ferma les portes de la ville; aussi ces troupes partirent le lendemain pour leurs provinces respectives.

Le sultan donna alors le commandement de Constantine à Abou-'l-Cacem-Ibn-Abd-el-Aziz. Cet officier fut rappelé au bout de quelques jours pour assister Mohammed-el-Mizouar-Ibn-Abdel-Aziz dans les fonctions de chambellan. En effet, celui-ci n'avait pas les talents nécessaires pour remplir une pareille charge. L'affranchi Dafer-es-Sinan fut nommé chambellan de l'émir Abou-Abd-Allah, fils du sultan et gouverneur de Constantine.

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Les manuscrits portent Eiça à la place d'Ali.

T. I.

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Dafer garda cette place jusqu'à ce que l'édifice de sa fortune fût renversé.

MORT DU CAAMBELLAN EL-MIZOUAR. IL EST REMPLACÉ PAR IBN

shiD-EN-NAS. MORT D'IBN-XL-CALOUN.

Les antécédents d'[Abou-Ahd-Allah-Mohammed-Ibn-Abd-elAziz-el-Kordi] ', surnommé El-Mizouar, me sont peu connus ; tout ce que j'en sais se réduit aux faits suivants : il avait pour aïeul un de ces chefs kurds qui vinrent en Maghreb, après avoir été chassés de Chehrozour 2, leur lieu natal, lors de la prise de Baghdad, en l'an 656 (1258). Quelques-uns d'entre eux se fixèrent à Tunis; d'autres s'établirent à Maroc sous la protection du sultan El-Morteda, d'autres encore se rendirent au milieu des tribus mérinides, et le reste alla demeurer chez les BeniAbd-el-Ouad, ainsi qu'on peut le voir dans l'histoire de ce dernier peuple. Parmi ceux qui restèrent à Tunis, se trouva l'ancêtre du sujet de cette notice. Mohammed-Ibn-Abd-el-Aziz fut élevé à la cour de l'émir Abou-Zékéria second, seigneur de Bougie et de Constantine. Ayant été le compagnon d'enfance des fils de ce prince, il grandit sous un haut patronage, et se rendit, plus tard, à Tunis dans la suite de l'émir Abou-Yahya-AbouBekr, fils d'Abou-Zékérïa. A cette époque, il faisait partie de la société intime du prince et commandait le corps des domestiques appelé la Dakhla (gens de l'intérieur). Ce fut pour cette raison qu'il porta le titre d'El-Mizouar (l'introducteur). Sa haute intelligence, la dignité de ses manières et sa piété profonde lui avaient assuré une grande considération à la cour. Dénoncé par lui, en l'an 721, le chambellan Ibn-el-Caloun prit la fuite et alla

"A la place des noms que nous avons mis entre parcothèses, les manuscrits et le texte imprimé portent Mohammed-Ibn-el-Caloun , leçon inadmissible.

? On trouvera dans le chapitre du troisième volume qui contient la notice de Mouça-Ibo-Ali, des renseignements sur les Kurds qui passérept en Afrique après la chute du khalifat de Baghdad.

trouver Ibn-Abi-Amran. Nommé chambellan, en remplacement du transfuge, El-Mizouar, qui n'était qu'un guerrier plein d'audace et de courage, se fit aider dans ses nouvelles fonctions par le secrétaire Abou-'l-Cacem-Ibn-Abd-el-Aziz, n'ayant pas les connaissances requises pour remplir une telle position. Il resta en place jusqu'à sa mort, événement qui eut lieu dans le mois de Châbao 727 (juin-juil. 1327).

Le sultan avait offeri la place de chambellan à mon grand-père, Mohammed-Ibn-Khaldoun, sans pouvoir le décider à l'accepter. Bien

que le prince l'eût invité à revenir sur sa détermination, mon parent persista dans son refus; car , depuis plusieurs années, il s'était adonné à la dévotion et n'aspirait qu'à jouir d'une vie tranquille, loin des grandeurs. Il conseilla toutefois au sallan de choisir Mohammed Ibn-Abi-'l-Hocein-Ibn--Séïd-en-Nas, gouverneur de Bougie, en lui faisant observer que les ancêtres de ce personnage avaient été longtemps au service de ceux du souverain ; qu'il possédait une nombreuse clientèle et qu'il avait toujours déployé une grande énergie dans les affaires dont on l'avait chargé. Je tiens ces renseignements de feu mon père.

Un de mes amis, Mohammed-Ibn-Mansour-Ibn-Mozni, m'a fourni sur le même sujet les détails suivants : « Le jour même de la mort » d'El-Mizouar, me dit-il, j'allai prévenir votre grand-père que » le sultan l'attendait au camp de Bédja. On l'introduisit dans la » tente royale où il resta quelque temps, et, à sa sortie, il apprit » que la nouvelle de sa nomination s'était répandue parmi les » courtisans. Il démentit ce bruit el, le même jour, la place de » chambellan fut confiée provisoirement au secrélaire Abou-'l>> Cacem-Ibn-Abd-el-Aziz. Le sultan fit alors chercher le fils du » chambellan de son père, et, dans le mois de Moharrem 728 » (nov.-déc. 1327), Mohammed, fils d'Abou-'l-Hocein-Ibn-Séïd»> en-Nas, arriva à la cour et reçut sa nomination. » A cette faveur sut ajoutée celle d'un diplôme confirmatif de l'acte en vertu duquel il exerçait déjà le gouvernement de Bougie et les fonctions de chambellan auprès du prince royal établi dans cette ville. Ibn-Séïd-en-Nas se fit remplacer à Bougie par Mohammed

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Ibn-Ferhoun, une de ses créatures, et par son secrétaire Abou'l-Cacem-Ibn-el-Merid 1.

Sur ces entrefaites, les troupes zenatiennes continuèrent à parcourir le territoire de Bougie et à resserrer la ville au moyen de forts qu'elles élevèrent sur les hauteurs voisines. Presqu'aussitôt après l'arrivée d'Ibn-Séïd-en - Nas, l'ancien chambellan, Ibn-el-Caloun, se présenta à la cour, ayant obtenu sa grâce par suite des démarches que son hôle, Ali-Ibn-Ahmed, chef des Douaouida , venait de faire en sa faveur. Il espérait même obtenir sa réintégration dans la place de chambellan. Reprenons l'histoire de ce personnage.

Laissé à Tunis par le sultan [en l'an 721], il embrassa le parti d'Ibn-Abi-Amran; ensuite, il voulut passer en Espagne, mais le retour imprévu du sultan l'empêcha d'exécuter ce dessein. Pour échapper au danger, il s'éloigna avec Ibn-Abi-Amran et assista aux expéditions que ce prince dirigea contre la capitale. Plus tard, il se rendit à Tlencen et, rentré de nouveau en Ifrika avec Ibn-es-Chehid, il y commit des actes de brigandage épouvantables. Quand la fortune se déclara contre Ibn-es-Chehîd, il chercha un asile parmi les Douaouida et fixa son séjour à Tolga, ville du Zab, où il demeura quelque temps sous la protection d'Ali-Ibn-Ahmed, chef de ce peuple. A la fin, il reçut le pardon de ses trahisons, grâce aux démarches de son hôte, dont le frère, Mouça-Ibn-Ahined, le ramena à Tunis. Il espérait même obtenir la place de chambellan, mais Ibn-Séïd-en-Nas y é lait déjà installé. Dans une audience que le sultan lui accorda, il promit de faire oublier le passé par un dévouement désormais inaltérable, et, ayant obtenu sa nomination au gouvernement de Cafsa, il parlit pour cette ville avec Bechîr et Fareh, affranchis d'origine européenne qui étaient au service du sultan. Ibn-Séïd-en-Nas avait déjà expédié aux cheikhs de Cafsa l'ordre d'arrêter l'escorte d'Ibn-el-Caloun; voulant ainsi procurer aux deux affranchis l'occasion de lui Ster la vie. Quand cette troupe fut venu camper à la porte de la ville, Kichli, officier qui en faisait partie

į Variante : Mezid.

el qui appartenait au corps turc à la solde de l'empire, y pénétra. el fut tué dans la rue. Depuis la nomination d'Ibn-el-Caloun à la place de chambellan, Kichli lui avait toujours prêté l'appui de son amitié et de l'influence que lui donnait le commandement du corps turc. La mort de ce chef ayant excité dans la ville une agitation dont le bruit se faisait entendre jusqu'au camp, Ibn-el-Caloun sortit de sa tente tout effrayé, et, dans le même instant, il tomba sous les poignards des deux affranchis

BL-PADL, FILS DU SULTAN ( ABOU-YADYA-ABOU-BEKR), EST NOMMÉ

GOUVERNEUR DE BỒNE.

Lors de son avènement au trône, le sultan donna le gouvernement de Bône à Mesrour, un de ses affranchis européens. Le caractère dur de cet officier et sa passion pour la guerre l'entrainèrent aux actes de violence et d'oppression. S'étant mis en campagne pour attaquer les Oulhaça, il fut tué a dans un combat avec cette tribu qui avait couru aux armes pour

défendre ses troupeaux. Quand le sultan apprit cette nouvelle, il ordonna à son fils, Abou-'l-Ahbas-el-Fadl, d'aller prendre le commandement de Bône, et il lui adjoignit comme chambellan et chef militaire l'affranchi européen, Daser-es-Sinan. Le jeune prince se conduisit de la manière la plus satisfaisante dans le poste que son père lui avait confié. Nous aurons encore à parler de lui.

BATAILLE

MORT DE L'ÉMIR ABOU-FARES, FRÈRE DU SULTAN.

D'ER-RÎAs.

Quand le sultan Abou-Yahya -Abou- Bekr vint s'établir à Tunis, il amena avec lui ses trois frères, Mohammed, (AbouFares-] Abd-el- Aziz et Abd-er-Rahman. Ce dernier mourut (peu

- Malgré l'autorité des manuscrits, il faut insérer les mois oua cotila dans le lexie arabe.

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