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suya une défaite. Ibn-Homochk, beau-père d'Ibn-Merdeních, se laissa enlever Carmona par le cîd Abou-Yacoub, gouverneur de Séville.

A la suite de cette conquête, le cîd Abou-Yacoub partit pour Maroc avec le cîd Abou-Said, gouverneur de Grenade, afin de visiter le khalife (Abd-el-Moumen). Ibn-Homochk profita de leur absence pour établir des intelligences dans Grenade, se rendre maître de cette ville par une surprise nocturne et refouler la garnison almobade dans la citadelle.

Abd-el-Moumen partit encore de Maroc afin de délivrer cette place importante, et, parvenu à Salé, il fit prendre les devants au cîd Abou-Said. Celui-ci traversa le Détroit, opéra sa jonction avec Abd-Allah-Ibn-Abi-Hafs-Ibn-Ali, gouverneur de Séville, et marcha sur Grenade. Repoussé par Ibn-Homochk, qui était sorti à sa rencontre, il opéra sa retraite sur Malaga et obtint d'Abdel-Moumen un renfort de troupes almohades sous les ordres du cid Abou-Yacoub. Les deux frères prirent alors la route de Grenade, où Ibn-Merdeních venait d'amener un corps de troupes chrétiennes au secours d'Ibn-Homochk. Les Almohades attaquèrent l'armée ennemie dans la plaine de Grenade et lui firent éprouver une telle défaite qu'Ibn-Merdeních rentra au plus vite dans ses états, pendant qu'Ibn-Homochk courut s'enfermer dans Jaen pour soutenir un siége. Après cette victoire, les deux cids se rendirent à Cordoue et ils continuèrent à y faire leur séjour jusqu'en l'an 558 (1163). Le cid Abou-Yacoub fut alors rappelé à Maroc pour se faire reconnaitre comme successeur du trône à la place de son frère (Abou-Abd-Allah]-Mohammed'. Bientôt après, il partit de cette capitale à la suite de son père, le khalife, qui s'était proposé d'aller encore faire la guerre sainte. Ce fut la dernière expédition d'Abd-el-Moumen; arrivé à Salé, dans le mois de djomada second (mai-juin 1463), il rendit le dernier

Selon l'auteur du Cartas , le soltan avait reconnu que ce prince était incapable de gouverner; El-Marrekchi dit qu'il fut privé de la succession à cause de son amour pour le vice, de l'extravagance de sa conduite et de sa lâcheté.

soupir. Son corps fut porté à Tinmelel et enterré auprès du tombeau du Mehdi. AVÉNEMENT DU KHALIFE [ABOU-YACOUB-)YOUÇOP, FILS D'ABD-BL

MOUMEN.

Aussitôt qu'Abd-el-Moumen eut cessé de vivre, le cid: AbouHafs fit reconnaitre la souveraineté de son frère, Abou-Yacoub [Youçof], fils du monarque défunt, et administra au peuple le serment de fidélité. L'inauguration du nouveau khalife s'accomplit avec l'assentiment des Almohades et l'approbation spéciale du cheikh Abou-Hafs. Tous reprirent alors la route de Maroc. Le cîd Abou-Hafs se chargea des fonctions de vizir, office qu'il avait rempli depuis la chute d'Abd-es-Selam-el-Koumis. C'était en l'an 555 (1160) qu'il avait été rappelé de l'Ifrikïa pour servir de vizir à son père, Abd-el-Moumen, et, jusqu'à la mort de ce monarque , il avait toujours eu Abou-'l-Ola-Ibn-Djamê pour coadjuteur.

La mort d'Abd-el-Moumen fut suivie de celle de ses fils, le cid Abou-'l-Hacen, seigneur de Fez, et le cîd Abou-Mohammed [Abd-Allah], seigneur de Bougie. Celui-ci venait de quitter le siége de son gouvernement pour se rendre à la capitale, lorsqu'il mourut en chemin.

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1 En l'an 657, Abd-el-Moumen fit construire une flotte considérable : le port de Mamoura fournit 120 pavires; Tanger, 60; Badis et les autres ports du Rif, 400; Oran et Bonein, 100, et l'Espagne, 80.

La même appée, il fit inviter secrètement sa tribu, les Koumia, d'envoyer leurs guerriers à Maroc. Ils y arrivèreot au nombre de quarante mille, dit l'auteur du Cartas (doot les chiffres sont presque toujours exagérés), et foredt placés à la suite des Tinmelel dans l'organisation politique des Almohades. Ces troupes forméreot, dès lors, la garde persoppelle d'Abd-el-Moumen, qui ne se fait plus aux Masmouda depuis qu'il venait d'échapper à une tentative d'assassinat. Ce corps d'armée arriva sous prétexte de faire one simple visite au sultan, parent de tous les membres de la tribu de Koumïa. (Cartas.)

9 Voy. sur l'emploi et la signification du mot cid, la p. 89 de ce vol.

3 En l'an 555, Abd-el-Moumen, se trouvant à Tlemcen, fit arrêter son vizir favori et compatriote, Abd-es-Selam-el-Koumi. Selon ElMerrakchi, on étrangla le prisonnier; mais l'auteur du Carlas dit qu'on lui fit boire du lait empoisonné.

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En l'an 560(1464-5), le cîd Abou-Said fut rappelé de Grenade par Abou-Yacoub, et débarqua à Ceuta où il fut honorablement accueilli par le cîd Abou-Hafs. Quelque temps après son arrivée, il reçut du khalife l'ordre de repasser en Espagne avec une armée almohade et d'y mener le cîd Abou-Hafs, vu que les tentatives d'Ibn-Merdenich contre la ville de Cordoue exigeaient une prompte repression. Ayant traversé le Détroit avec un corps de troupes arabes, fournies par les tribus de Zoghba, de Riab et d'Athbedj, Abou-Said se mesura, dans la plaine de Murcie, avec le chef espagnol et les bandes chrétiennes dont celui-ci avait obtenu l'appui. La bataille se termina par la défaite d'Ibn-Merdenich qui courut s'enfermer dans Murcie. Les Almohades investirent cette ville, en soumirent les campagnes voisines et parvinrent à éteindre le feu de la guerre qu'Ibn-Merdenîch avait entretenu jusqu'alors. En 661, les deux frères, Abou-Hafs et Abou-Said, reprirent la route de Maroc.

Le khalife donna ensuite le gouvernement de Bougie à son frère, le cîd Abou-Zékérïa, et celui de Séville à Abou-AbdAllah-Ibn-Ibrahîm, cheikh qu'il remplaça plus tard par un autre de ses frères, le cîd Abou-Ibrahîm, et qu'il laissa auprès de ce prince en qualité de vizir; au cîd Abou-Ishac, il confia le gouvernement de Cordoue, et, au cîd Abou-Said, celui de Grenade.

Le gouvernement almohade dirigea alors son attention vers la forme qu'il fallait donner à l'alama, ou paraphe, que le khalife devait tracer de sa propre main sur les écrits officiels, et l'on fit choix des mots El-hamdo lillahi ouuhdahou (louange au Dieu unique). Cette formule, que l'imam El-Mehdi avait inscrit sur quelques proclamations émanées de lui, continua à servir d'alama aux Almohades jusqu'à la fin de leur empire.

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RÉVOLTE DES GHOMARA.

En l'an 562 (1166-7), l'émir Abou-Yacoub-Youçof entreprit une expédition dans les montagnes des Ghomara où Seba-IbnMonaghfad, membre de cette tribu, se maintenait en pleine

révolte avec l'appui de ses voisins, les Sanhadja. Il y avait déjà envoyé le cheikh Abou-Hafs à la tête d'une armée almohade; mais, ayant reconnu que l'insurrection devenait de plus en plus menaçante, il se décida à y marcher en personne. Arrivé au

у milieu des insurgés, il éteignit la rébellion dans leur sang et celui de leur chef; puis, il ordonna à son frère, le cid Abou-Aliel-Hacen, de prendre le commandement de Ceuta et du pays des Ghomara.

L'année suivante, les Almohades se rassemblèrent pour repouveler à leur sultan le serment de fidélité, et ils le saluèrent du titre d'Emir-el-Moumenin ( Commandant des croyants). Abou-Yacoub fit alors un appel aux Arabes de l'Ifrîkra pour les engager à combattre [les infidèles), et, à cette occasion, il leur adressa un poème et une épitre qui sont encore très-admirés. On sait que ces nomades répondirent à son invitation et

à lui envoyèrent de nombreux contingents.

BVBNEMENTS DE L'ESPAGNE.

Le khalife Abou-Yacoub ayant raffermi son autorité en Afrique, tourna ses regards vers l'Espagne dont la situation lui paraissait exiger la reprise de la guerre sainte. L'ennemi maudit avait surpris successivement les villes de Truxillo, Evora, la forteresse de Chebrina, celle de Djelmanïa' située vis-à-vis de Badajoz et, ensuite, la ville de Badajoz elle-même. Cette nouvelle alarmante décida le khalife à y envoyer l'élite de l'armée almohade, sous les ordres du cheikh Abou-Hafs. En l'an 664 (1168-9), ce général marcha pour délivrer Badajoz. Arrivé à Séville, il apprit que la garnison almohade de Badajoz, ayant été secourue par (Ferdinand II,] fils d'Alphonse (VIII), venait de vaincre et faire prisonnier Ibn-er-Renk (Don Alphonse Henriquez], celui qui la tenait assiégée ?, et qu'Ibn-Djeranda (Giralde]

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· Le château de Chebrida est inconnu; celui de Djelmania a disparu.

: Eo l'an 1868, le roi de Portugal s'empara de Badajos et se brouilla avec Don Ferdinand, roi de Léon, qui marcha contre lui parce que cette le galicien, s'était enfui dans sa forteresse ". Le cheikh AbouHafs se dirigea ensuite vers Cordoue et reçut la soumission d'Ibrahim-Ibn-Homochk qui, se voyant engagé dans une guerre avec son ancien allié, Ibn-Merdenich, et attaqué par lui dans Jaen, envoya son adhésion à la cause des Almohades.

Le khalife ayant reçu d'Abou-Hafs une dépêche renfermant cette pouvelle et l'exposé des ravages que les chrétiens avaient commis dans l'Espagne musulmane, fit partir pour ce pays une armée almohade sous la conduite de son frère et vizir [le cid] Abou-Hafs. Ce prince quitta Maroc, l'an 565 (1469-70), accompagné de son frère, le cîd Abou-Said, et, arrivé à Séville, il envoya celui-ci à Badajoz. Abou-Said conclut alors une trève avec le roi chrétien et, à son retour, il partit pour Murcie avec son frère et Ibn-Homochk, afin d'y assiéger Ibn-Merdeních. Le cid Abou-Hafs occupa Lorca dont les habitants s'étaient soulevés en faveur des Almohades; il réduisit ensuite la ville de Baza et reçut la soumission d'un neveu d'Ibn-Merdenîch qui commandait dans Almeria. Cette défection porta une grave atteinte à la puissance de ce dernier .

place élait située dans une région dont la conquête le regardait. Ne se croyant pas en sûreté, il voulut s'éloigner, mais il se cassa la jambe en sortant de la porte de la ville et tomba prisonnier entre les mains des Léopgais. Le roi Don Ferdinand laissa dans Badajos le gouverneur musulman, après lui avoir fait prêter foi et hommage. (Ferreras)Ibo-Khaldoun, n'ayant pas une idée cette de ces événements, les raconte de celle étrange façon : « Il apprit que les Almohades, dans Badajos, avaient mis en déroute Ibo-er-Renk qui les avaient assiégés, avec l'appui d'Ibn-Adfouach, .et qu'lbo-er-Renk était resté prisonnier entre leurs mains.)

4 Giralde, chef d'une troupe de brigands, voulant oblenir sa grâce du roi Don Alphonse par quelque action d'éclat, réussit, en l'an 1466, à surprendre la ville d'Evora qui appartenait alors aux musulmans. Le roi pardonna à cet aventurier et à ses compagnons leurs fautes passées et les récompensa même du service qu'ils venaient de lui rendre. (Ferreras.)

Selon Ibn-Saheb-es-Salat, auteur cité par M. de Gayaogos, le neveu d'Ibn-Merdenîch se nommait Mobammed-Ibo-Abd-Allah. Son oncle lui avait donné sa fille en mariage avec le gouvernement d'Almeria ; mais, quand il apprit comment cette ville avait élé livrée aux

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