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SET COMME BON DIEU, DIEU DES HYKSÔS.

Nous possédons pour y puiser les sources historiques les plus authentiques, que l'on puisse consulter. Ce sont les monuments de dâtes contemporaines, conservés jusqu'à nos jours. Afin de procéder avec ordre dans nos 1echerches, nous commencerons à examiner les papyrus, divisé en papyrus historiques. sacrés et littéraires. En désignant les différents papyrus par les noms de leur propriétaires ou de ceux qui les ont découvert, nous parlons du papyrus Sallier, d'Orbiney, de Harris etc. Le premier que nous ayons à consulter c'est le papyrus Sallier I. ' Nous avons déjà remarqué ailleurs qu'il est d'une grande valeur historique, nous ajoutons ici qu'il est indispensable pour l'étude de l'histoire du culte Égyptien. Nous y lisons que le chef des Pasteurs rendit un hommage tout particulier à Sutech et qu'un temple magnifique et solidement bâti fut érigé en son honneur. Peu de temps après eut lieu l'expulsion de ce peuple par Ahmès. Nous examinerons si l'ordre dans lequel se succèdent ces différents évènements, peut jeter quelque lumière sur les causes du

mépris général, qui plus tard fut le partage de cette divinité. Raskénen qui règnait avant Ahmès, se servit probablement du culte rendu à Sutech, comme prétexte pour chasser ce peuple.

Le papyrus qui nous occupe présente une lacune, c'est à dire il y manque un fragment. Les évènements s'y succèdent dans l'ordre suivant: Les Pasteurs, Apépi, Sutech, Raskénen et se terminent par le seul hommage rendu à Sutech et la fondation d'un temple en son honneur. La supposition que Raskénen puisa dans cette question religieuse le prétexte pour faire la guerre aux Pasteurs, repose sur le fait qu'Apépi rendit honneur exclusivement à Sutech, comme seigneur d'Avaris, au détriment de tous les autres dieux, parceque les qualités qu'on lui attribuait jadis, étaient tout à fait changées par les influences Asiatiques. Lorsque les Hyksôs furent entièrement opprimés, on donnait à Set transformé en Sutech, le dieu que l'on regardait généralement comme la cause et le protecteur du grand mal, savoir la domination étrangère, le nom de dieu malin. Toutefois il fut gardé en honneur pendant longtemps et un autre papyrus nous cite encore qu'il reçut un hommage non partagé. Cette fois ce fut le grand Ramses II qui le lui rendit et le papyrus Sallier III qui nous l'apprend est outre cela remarquable, parce que nous possédons une inscription hiéroglyphique, martelée dans le temple d'Ibsamboul, qui contient le même récit dans les mêmes termes. Ces deux monuments se complètent l'un l'autre et nous en possédons à présent le texte achevé avec la traduction. M. de Rougé nous donna la version française du papyrus et c'est à M. Chabas que nous devons

la traduction de l'inscription d'Ibsamboul. C'est le récit d'une expédition dirigée contre les mêmes tribus conquérantes qui, bien que chassées, menacérent de nouveau les frontières de l'Égypte, on y lit: „Le roi entouré d'une garde nombreuse était assis dans sa tente, dressée au sud de Kates (Kadesch) quand deux espions ennemis se présentaient devant lui avec l'intention de l'induire en erreur d'une manière ou d'une autre. Ils prétendaient que les Chets ou Hita's avaient voulu faire une alliance avec eux, parce qu'ils appartenaient à une tribu guerrière qui avait l'habitude de servir les différentes parties belligérantes. Ils avaient réfusé de servir les Chets et étaient venus pour informer le roi de la position des armées. Mais c'était un piége qu'ils tendirent au roi, car à peine Ramses s'était-il rapproché de Kates, qu'il aperçoit un nouvel espion, duquel il apprend à force de coups de baton, des informations tout à fait opposées. L'armée était déjà parti en avant et le roi était resté en arrière avec quelques gardes seulement, quand tout à coup les Chets en quittant leurs cachettes paraissent et se jettent sur ceux qui étaient restés près du roi. Le roi voyant ses gardes plier sous le choc, fut contre l'ennemi comme une panthère; il se révêtit de ses parures de combat et saisit sa lance. Il était semblable au dieu Baal à son heure terrible. Voilà qu'il monte à cheval et prend son élan. Il était seul de sa personne. Il pénètre dans la troupe de l'abject Chet, à immoler à massacrer semblable au dieu Sutech le très vaillant. Sa majesté fut au milieu d'eux à faire tomber eux en cadavres un sur un dans l'eau de l'Oronte."

Ainsi le suprème dégré imaginable de vaillance fut

,,une vaillance comme celle de Sutech" ceci prouve donc que ce Dieu fut gardé en honneur, encore après l'expulsion des Hyksôs.

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Dans un acte public, le papyrus 360 du musée de Leyde, écrit du temps de Ramses II Meiamun, nous trouvons Sutech rangé parmi les dieux supérieurs dans le palais de ce prince. Les dieux mentionnés se suivent ainsi: Harmachis, (Phre-Hor-Sjoeti, nom du grand Sphynx de Giseh) Amun, Phtah, Phre, Sutech le grand guerrier. Dans le papyrus Amastasi II dont nous avons la copie dans le papyrus Anastasi IV, nous lisions déjà que le palais ou le Bekhen de Ramses était environné de temples;,,son occident est à la demeure d'Ammon son sud à la demeure de Sutech, Astarté est à son orient, Ouaté à son nord etc."

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Dans un autre papyrus nous trouvons cité l'hommage rendu à Set du temps de Menephtah, le successeur de Ramses, et outre cela nous rencontrons plusieurs fois le signe de Set dans les cartouches royaux, entre autres dans le nom de Séti-Menephtah. Ces différents monuments d'auteurs contemporains prouvent évidemment que les noms de Set et de Sutech jouissaient d'une grande considération sous le règne de la dixneuvième dynastie.

Nous consulterons maintenant les papyrus sacrés pour voir si nous y pourrons découvrir des vestiges qui ont rapport à un culte rendu à ce dieu. Ces papyrus sacrés se divisent encore en deux catégories pour le motif suivant: M. Lepsius 7 a trouvé à Turin une collection de fragments d'un contenu sacré, qu'il a publié. Outre ceux-ci il en existent encore d'autres de la même espèce, connus sous les noms de rituels funéraires, livres des morts ou

papyrus funéraires, puis encore d'autres contenant des hymnes à plusieurs dieux, des conjurations etc. Nous appellerons la première cathégorie les rituels et la seconde les papyrus sacrés.

En commencant avec les rituels funéraires nous suivrons l'édition de M. Lepsius. M. de Rougé par les explica. tions qu'il donna de quelques fragments, nous rendit un service important. En examinant sa traduction du chapitre 17 nous nous apercevons, que malgré que plusieurs personnes se soient occupés à la composition de ce chapitre, l'empreinte d'une manière d'envisager plus ancienne y est conservé. Nous lisons dans le verset 35:

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Horus te purifie Set te renouvelle tour à tour" et M. de Rougé pour expliquer ce passage cite un monument sur lequel Set et Horus répandent sur le roi les signes de la purification et de la vie éternelle.

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De même dans les papyrus sacrés, dont un très remarquable, sinon unique exemplaire, se trouve au Musée de Leyde, un hommage est rendu à Set comme au Seigneur des cieux. Dans un hymne en son honneur il est appelé: „le seigneur du ciel et de la terre, à qui l'on adresse des louanges et des prières, le bon dieu, lui qui veille toujours." Quoique ce monument attend encore son explication, nous voyons par ce qui précède que Set reçut les honneurs des divinités suprêmes de l'Égypte et les monuments cités sont autant de témoignages qui le prouvent évidemment. Nous montrerons encore le dieu Set devant lequel les rois se prosternent et que nous trouvons sur les monuments qui ont resisté jusqu'ici à la puissance destructive des siècles, où nous le voyons encore révêtu de toute sa gloire. Passons en revue dabord les statuettes.

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