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Ce qui explique cette diversité d'opinions contradictoires, c'est que les monuments que l'on possédait alors ne font aucune allusion au fait important de l'invasion et de la domination étrangère; mais depuis on a découvert d'autres monuments qui répandent assez de jour sur ce sujet pour résoudre cette question. Voyons d'abord quels sont les noms de ces princes; en confrontant les listes des rois nous trouvons pour la quinzième dynastie :

Josèphe. dyn XV. Josèph. Arm. XV. Africanus. XV. Sothis. XXI.

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Eus. Arm. XVII. Eus. sync. Schol. Platonis. XVII.

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L'examen des différentes listes donne à peu près le même résultat, seulement la place qu'occupe dans la série d'Africain le nom d'Aphobis, doit nous étonner. M. Lepsius dit à ce sujet :,,Josèphe est le plus ancien auteur qui a donné des extraits de Manethoos et Africain différe de lui en deux endroits. Il place le nom d'Aphobis en bas de

la liste d'où suit la seconde différence, qui consiste dans l'irrégularité des années. Dans les années qui marquent le règne de Pachnan, on trouve la preuve qu' Aphobis a occupé autrefois chez Africain une autre place et bien celle qui est la quatrième en dessous de Salatis." "

Dans le grand papyrus de Turin, qui contient les listes des rois, on cherchait vainement les noms que nous avons cité et l'on se perdait en conjectures pour expliquer cette omission.

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Depuis quelque temps cela s'est éclairci. Devéria " trouvé parmi les restes du papyrus royal un petit fragment, le no. 112, sur lequel se trouvent les noms Annub.. Ap et... Ap, le reste de ces noms est illisible.

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Toutefois la trouvaille était importante, surtout lorsqu'on avait découvert que la traduction Arménienne de Josèphe donnait aussi la lection Anon pour Bnon. Il est donc plus que probable que la liste de Manethoos soit historique. Nous lisons ainsi pour la quinzième dynastie les noms suivants: Salatis, Annub ou Beon, Apachnas, Apophis, Annas et Assis. Ce n'est pas seulement la question des noms qui a été mise dans un jour plus clair, l'origine aussi des étrangers à gagné en certitude.

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Selon Manethoos c'étaient des gens obscurs, de simples pasteurs, qui venaient de l'orient, soit de la Palestine, soit de l'Arabie. Africain les considère comme des Phéniciens. 10 Plus loin les investigations ne purent étre poussées, faute de preuves recueillies dans des monuments de pierre ou de papyrus. Plus tard ces monuments indispensables sont trouvés. Le papyrus Sallier I est le principal monument historique. Les efforts de M. de Rougé et de M. Brugsch ont été couronnés de résultats

brillants qui ont jeté une nouvelle lumière sur ce temps si obscur. Voici la traduction de ce monument:,,Il arriva que l'Égypte tomba dans le pouvoir des rebelles et personne n'était roi dans ce temps là. Voila! le roi Raskénen n'était que régent suprême de la haute Égypte. Les revoltés séjournaient en Héliopolis et leur chef Apepi (Apophis) dans la ville Ha-uar (Avaris). Tout le pays se montrait devant lui avec des présents, il se mettait entièrement à son service et lui fournissait les meilleurs produits du pays.'

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Apophis règnait ainsi sur la basse Égypte, pendant que le pouvoir sur la haute Égypte se trouvait dans les mains de Raskénen. L'auteur du papyrus appèle les étrangers des rebelles, qui tenaient dans leur pouvoir tout le pays de la Delta sous le 4 roi de la 15 dynastie de Manethoos. Outre ce papyrus, il y a encore un monument qui confirme ce témoignage en la donnant encore de l'extension. Sur le tombeau d'Ahmès se trouve une inscription ", dont M. de Rougé a donné une traduction partielle. Nous y lisons selon lui: „Le supérieur des nautoniers Ahmès, dit lorsque j'ai fait mes transformations dans la place d'Élytheia, était mon père commandant du navire du roi des hautes et basses régions, Raskénen le justifié." Plus loin nous lisons qu'il y eut lieu un combat dans les eaux de Petetka ou de Tetku près d'Ha-uar (Avaris) 13. Dans ce combat Ahmès excellait par sa vaillance et pour le récompenser de sa bravoure, il reçut un collier d'or du roi. Mais la guerre n'était pas terminée encore, car quelques lignes plus loin nous lisons qu'un second combat est livré, dans lequel le courage d'Ahmès reçut de nouvelles louanges et après un troisième, nous le voyons qui

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prend part à la prise de Ha-uar. 15 Ce-ci se passait dans la troisième année du règne d'Ahmès, premier roi de la dix-huitième dynastie. 16 L'inscription conclut par annoncer que sa majesté finit par exterminér 17 les pasteurs ou Ména. A présent nous sommes en état de faire les conclusions suivantes.

En comparant les deux monuments avec le fragment de Manethoos, nous voyons que les rebelles ou les pasteurs ont possédé pendant quelque temps l'Égypte et que leur capitale fut Avaris. Raskénen le roi de la haute Égypte, leur fit la guerre, mais ce fut son successeur Ahmès ou Amosis qui réussit à les expulser dans la troisième année de son règne. Le récit de Manethoos qui raconte que ce fut Thutmosis qui exécutait cette expulsion, n'ôte rien à la véridicité des monuments, mais cela prouve simplement que Manethoos était mal informé, ce qui peut s'expliquer peut-être par le fait que Thutmosis est souvent cité comme expulsateur et vainqueur des tribus orientales de l'Asie. Il se peut aussi que les étrangers ne fussent pas tout a fait vaincus ou chassés par Amosis, mais seulement subjugués.

Plus loin nous reviendrons sur ce châpitre et nous dirons à présent deux mots concernant l'origine des étrangers. Presque toujours les peuples Asiatiques sont désignés sur les monuments comme les habitants du pays de Heth ou Chet et plus tard on attachait à ce nom un certain mépris.

Il y a quantité de monuments qui font mention du peuple Chet, qui y est représenté comme des esclaves enchainés qui présentent le type Asiatique très prononcé ; nez courbé, arcade zygomatique proéminente et barbe

touffue, ce qui les distingue au premier abord de l'Égyptien parfaitement rasé.

Les Israélites trouvèrent les Chittim en Canaän lors de leur arrivée dans ce pays 18 et les Philistins étaient connus

de très bonne heure comme les fils de Chet 19. Ceux-ci

habitaient près de la frontière de l'Égypte, ce qui sans doute donna lieu à quelques rapports entre ces deux peuples depuis un temps immémorial, de sorte qu'il n'est pas étonnant de trouver désignés sous ce même nom plusieurs tribus différentes, qui entrèrent successivement

Égypte, soit avec des intentions paisibles, soit pour des motifs hostiles. Les Hyksôs, selon toute apparence, furent un mélange de peuplades Palestino-Phéniciens, qui ont été pendant quelque temps les maîtres de l'Égypte. Les relations qui existaient entre ces deux tribus, prouvent évidemment que les Palestiniens en firent partie.

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Égypte.

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Il est très remarquable que nous lisons que Hébron fut bâti sept années avant Zoan en Hébron fut appelé autrefois Kirjath-Arba (ville d'Arba). Selon Josué Arba fut l'homme gigantesque parmi les Énacites. 21 Il y eut donc quelque rapport entre Zoan et Arba, qui peut fixer les différentes époques de la fondation de ces deux villes. Zoan est identique à Avaris, comme il à été prouvé depuis peu. On a beaucoup discuté sur l'emplacement juste de cette ville et c'est aux fouilles nouvellement pratiquées dans le petit village de San, nommé Tanis par les Grecs, que nous devons la certitude que cet endroit et Avaris sont parfaitement identiques. Déjà Champollion considérait Avaris identique à Tanis après qu'il eût déchifré les hiéroglyphes d'Avaris écrites comme Tan 2 et M. de Rougé nous a démontré tout récemment que. Zoan est la

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