Images de page
PDF
ePub

voyages commerciales étant perdue, on les rattachait aux noms des principales divinités ou de celles dont le culte était gardé le plus en honneur. Ainsi Bel ou El, le Kronos ou Saturne Phénicien, entreprit ces voyages dans le but de se rendre maître du monde. Astarté, sa soeur, la plus puissante déesse, le suivit dans ses pérégrinations. De cette manière l'histoire a été conservée dans la mythologie, reste donc à démontrer que les Phéniciens ont été réellement en Égypte et y ont laissé des traces de leur séjour.

Tous les voyageurs Grecs s'accordent d'avoir rencontré dans le Delta un culte particulier connu sous le nom de Culte de la Vénus étrangère. Hérodote entre autres, nous en raconte ceci:,,Les prêtres Égyptiens prétendent qu'un certain homme originaire de Memphis, qui s'appelait Protée, était arrivé à la puissance suprême et l'on peut voir encore de nos jours un petit et élégant édifice érigé en l'honneur de ce même Protée, au sud du temple d'Hépheste (Ptah). Des Phéniciens de Tyr habitent dans le voisinage et cet emplacement est appèlé le camp des Tyriens. Dans l'intérieur de cet édifice de Protée se trouve un autel désigné sous le nom d'autel de la Vénus étrangère. Les autels dédiés à l'autre Vénus ne s'appellent pas ainsi." Il parait donc que les anciens savaient qu'à Memphis le culte de la Vénus étrangère, l'Astarté des Phéniciens, était gardé en honneur. Voyons s'il y a des monuments qui confirment cette assertion. Nous possédons un papyrus du temps de Rhamses IX (environ 1200 ans avant notre ère); c'est aux soins de M. Chabas que nous devons la connaissance de ce monument intéressant. Il contient des formules magiques pour

conjurer des malheurs. Nous y lisons ces mots :,,Fermez les bouches..... comme est scellé le fil du glaive d'Anata et d'Astarté, les déesses grandes qui conçoivent non enfantent, elles sont scèllées par les dieux." Anata et Astarté étaient par conséquent deux déesses importantes considerées par l'auteur comme des esprits malins dont il fallait conjurer le courroux. Il est remarquable que le nom d'Astarté s'écrit de la même manière comme nous le trouvons dans l'ancien testament. Nous le rencontrons encore bien des fois ailleurs, mais écrit tout autrement. Anata est aussi une divinité des Tyriens et si généralement connue en Égypte que nous en possédons non seulement une figure portant casque et lance, mais nous trouvons le cheval et le chien de Rhamsès II (le grand Sésostris des anciens) qui partout où ils portèrent leur pas répandirent la mort et la désolation, portant le surnom d'Anata.

11

10

Le papyrus en question rappèle une époque où le culte d'Astarté était déja généralement répandu. Reste à savoir à présent le temps où l'on a commencé à bâtir le premier temple en son honneur, pour fixer l'époque de l'établissement des premières colonies. Hérodote, que nous consultons encore, nous présente Phéron 12 comme le successeur de Sésostris. Après Phéron règnait selon lui un homme qui s'appèlait Protée. Dans le cas que Sésostris soit identique avec Rhamsés II, Séthos II serait le Protée d'Hérodote, mais comme nous l'avons indiqué déjà, l'arrivée des Phéniciens en Égypte date d'une époque plus ancienne. Du milieu des Phéniciens qui habitaient Memphis, sortirent des messagers qui transmirent leur culte aux Grecs. Les prêtresses qui plus tard établirent

l'oracle de Dodone 18 y étaient transportées par des navires Phéniciens. Des mythes antiques nous informent,,que les prêtres Égyptiens racontent, que les Phéniciens ont enlevé deux femmes de Thèbes qui étaient prêtresses de Zeus (Amun). Ils les vendirent l'une en Lybie, l'autre en Grèce, et les prêtres avaient fait des recherches après elles, sans cependant les trouver. Seulement il leur fut rapporté qu'elles avaient créé des oracles. Les prêtresses de Dodone au contraire prétendent que deux pigeons noirs s'étaient envolés de Thèbes en Égypte, que l'un s'était arreté en Lybie et l'autre avait pris son vol pour Dodone aù se perchant sur un hêtre et se servant de la voix humaine, il avait crié qu'un oracle dédié à Zeus (Jupiter) serait créé dans le lieu même. L'autre pigeon avait parlé de la même façon en Lybie, ordonnant l'établissement aussi d'un oracle pour Zeus (Amun).

Il est évident que la base dans les deux récits est la même; nul doute que les Phéniciens ont transporté en Grèce les premiers messagers de leur culte, sortant de l'Égypte. Nous trouvons cité ailleurs Io14 partant d'Argos dans un navire Phénicien, entreprendre le voyage au Nil et Homère chantant leurs exploits maritimes, fait dire par Ulysse :

,

Mais lorsque pour moi fut venu la huitième année roulante

Un Phénicien me joignit, homme plein d'astuce et de fraude,
Qui commit chaque jour plus d'un crime, vraiment un fléau pour le

peuple,

Me persuadant de le suivre, de m'en aller en Phénicie
Son pays, sa maison, ses trésors me faisant des promesses bril-

lantes, 15

16
16

Plus tard nous trouvons les Phéniciens, ayant établis des relations de commerce régulières avec l'Égypte et d'autres pays. Hérodote cite les rapports commerciaux d'Argos avec l'Égypte et Strabon ceux qui c'étaient formés entre la Phénicie et la vallée du Nil. La route que suivaient les caravanes s'étendait le long de Raphia, Rhinokura, Ostracène jusqu'au mont Casius et était de cinq journées. 17 Près du mont Casius se trouvait un excellent entrepôt et le chemin se croisait ici avec ceux qui se dirigeaient en Nabathée et en Arabie. 18 La ville bâtie au pied du mont Casius était selon toute apparence, un des plus anciens établissements coloniales des Phéniciens en Égypte et la mythe de Sanchuniaton confirme tout à fait ces récits historiques.

A partir du mont Casius la route conduisait à Memphis Pélusium etc. Il parait que la frontière 19 de la Palestine a été entre Migdol et Baal-Zéphon 20 et que l'on entrait Égypte tout près de Migdol. Ces deux villes aux noms Phéniciens sont considérées par Ezéchiel et Jérémie, comme ayant fait partie de l'Égypte.

en

21

Migdol signifie Tour; Baal-Zéphon ou Baal-Typhon est le nom d'une divinité phénicienne dont nous parlerons plus tard. 22 Outre ces deux places nous trouvons encore cité comme étant d'origine phénicienne le lieu Liébris "", nom qui signifierait camp ou quartier des Hébreux.

23

Tous ces établissements dérivaient des colonies des côtes de la Palestine, tandis que ceux qui se trouvaient le long de la côte Africaine étaient la continuation des colonies Égyptiennes.

Nous trouvons cité en premier lieu Dor, Jopé et Askalon, comme villes maritimes de la Phénicie. 24 Nous lisons

au sujet de Dor,,non loin de Cesarée se trouvait Dor, petit bourg habité par des Phéniciens." Ceux-ci étant arrivés pour la pêche de la pourpre, avaient commencé à se bâtir des cabanes et lorsque cette pêche devint abondante et lucrative, ils fendirent les rochers et batirent un port convenable avec les pierres. Sur cette même côte on trouve encore une autre ville du même nom que l'on appelle aussi Raphat-Dor. Celle-ci appartint au royaume d'Israël a une période plus récente. La principale ville de commerce était Jopé, ville Phénicienne située sur les frontières de la Phénicie et de la Palestine 26, qui fut un entrepôt commercial du royaume des Israélites.

23

27

En descendant toujours la côte on arrivait à Askalon que l'on appèlait une ville de Tyriens. Celle-ci et la ville de Gaza étaient designés ensemble par le nom de : port de Majuma. 28

De cette manière, toujours longeant la côte, les Phéniciens atteignèrent l'Égypte; nous savons qu'ils y établirent des colonies, mais ce-ci ne nous est rapporté que par des historiens étrangers. Tâchons de découvrir aussi les preuves de leur arrivée en Égypte même, mais citons d'abord quelques monuments Phéniciens trouvés dans la basse Égypte.

Gésénius dans son travail sur les monuments Phéniciens

en fait mention. 29 En premier lieu i cite un basrelief portant une inscription Phénicienne et représentant une offrande à Osiris par une prêtresse. La traduction de Gésénius est celle ci:,,Bénie soit Thèbes, fille de Téchépus, prêtre d'Osiris! Jamais elle n'a offensé cruellement qui que ce soit, jamais elle n'a colomnié. O! immaculée devant la face d'Osiris, soyez bénie par Osiris.

« PrécédentContinuer »