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chrétiens, il est probable que ceux-ci auraient jugé tout différemment de beaucoup de choses et qu'ils se seraient trouvés plus proche de la vérité. Mais parfois on va plus loin en arrière encore, en considérant la génération primitive, comme ayant possédé la suprême révélation, tandis que les descendants doivent se contenter de modifications erronées. Toutefois, cette opinion n'a pas même un fond vraisemblable; la critique historique met tout à fait en défaut la source que l'on allègue en sa faveur. D'ailleurs, serait il trop hasardé d'admettre qu'un individu, qui n'a laissé à ses descendants aucune preuve de ses connaissances religieuses, ne saurait avoir connu l'Être Suprême, ou du moins n'a pas été le dépositaire de la suprême révélation.

Le monothéisme, dont on croit retrouver les vestiges plus ou moins marqués chez plusieurs peuples, a été le fondament des religions de tous et ce n'était pas la race sémitique seule qui le possédait exclusivement, comme M. Renan a voulu le démontrer. Nous en retrouvons les traces chez les Grècs et les Ariens, mais leur monothéisme s'est converti en polytheïsme et cette transformation s'explique aisément. Les rapports de différente nature. qui s'établirent peu à peu entre les peuples, donnaient lieu souvent à des changements remarquables, tant religieux que politiques. Imposées par les vainqueurs ou introduites par le commerce, et acceptées soit par contrainte morale, soit par des considérations politiques, les divinités étrangères acquirent insensiblement droit de domicile et finirent par se confondre avec les dieux nationaux. Plus tard nous les retrouvons ensemble rangés dans les différents systèmes.

L'expression du sentiment religieux a suivi la marche suivante. Au commencement, nous voyons l'homme rendre hommage à la matière inanimée; peu à peu ce culte primitif et grossier se voit remplacé par un autre qui révère la matière vivante; celui-ci disparait à son tour pour faire place au culte qui a pour objet un esprit invisible à qui l'on rend hommage par moyen d'offrandes matérielles lequel enfin se transforme dans la religion qui adore en esprit, un Dieu esprit.

Il arrive parfois que dans l'homme religieux, comme dans la forme que revêt son expression religieuse, un certain vide annonce l'absence de la puissance divine; on se figure alors la divinité comme fixée dans certains lieux ou les prètres seuls ont la faculté de l'approcher. Telle fut la conception des Israélites à l'époque ou Moria était le lieu de l'adoration. Une autre fois, le sentiment de se trouver partout en présence de l'Être divin, se fait jour et alors l'on croit entrevoir dans tout ce qu'on observe que la divinité est proche. Tels, les Grècs se réprésentaient leurs dieux et leur déesses. Dans le murmure des ruisseaux, ils croyaient entendre la douce voix des Naïades et dans le souffle des Zefirs, les soupirs des Dryades, qui folâtrent dans la forêt. Ainsi dans le soleil levant ils aperçurent la déesse de l'aurore.

Wo jetzt nur wie uns're Weisen sagen
Seelenlos ein Feüerball sich dreht,
Lenkte damals Seinen goldnen Wagen

Helios, in stiller Majestät,

Diese Höhen, füllten Oreaden
Eine Dryas lebt' in jenem Baum
Aus den Urnen lieblicher Najaden
Sprang der ströme Silberschaum.

Toutefois ce panthéisme poëtique dut passer comme le Déisme des Israélites. L'homme qui traverse les vicissitudes nombreuses de la vie ne trouve la tranquillité d'âme, que lorsqu'il peut adorer une providence divine, invisible, dont il voit les oeuvres sublimes répandus partout dans l'univers, dans lesquels elle lui montre les conceptions merveilleuses et grandioses de son esprit tout-puissant. Lorsqu'on se représente ainsi l'Être divin, l'ideé qu'il est le père jaillit dans notre esprit en même temps que la créature se reconnait son enfant.

Ces réflexions préliminaires expliqueront suffisamment, je l'espère, le choix du sujet que je me propose d'étudier dans les pages suivantes. J'ai intitulé cette étude: La religion des Pré-Israélites, recherches sur le Dieu Seth. Je tacherai de répandre quelque lumière sur la religion du peuple d'Israël, avant qu'il sortit de l'Egypte pour commencer son séjour dans le désert. Inutile de réléver ici que les différentes opinions qui existent, concernant cette matière, sont loin d'être en parfaite harmonie. Ceux qui admettent avant tout une révélation surnaturelle toute spéciale et consultent la conception qu'ils se sont formés de l'inspiration, plutôt que de scruter la valeur des canons de l'ancien testament, cherchent ordinairement dans la Génèse, ce qui se trouve seulement en Jérémie. Il est évident qu'en agissant ainsi, les documents historiques doivent perdre beaucoup de leur intéret, mais sans doute

un tel chemin ne conduit pas et n'a jamais conduit à la vérité. Je tâcherai donc de recueillir les vestiges des opinions antiques, éparses dans les vieux documents qui sont arrivés jusqu'à nous, et nous marcherons vers le but que nous comptons atteindre en prenant pour point de départ le fait historique que le peuple d'Israël, è une époque bien reculée de son histoire, a été en contact avec les populations qui habitaient alors la Phénicie, l'Arabie, la Palestine et l'Égypte. Nous examinerons ce que l'on connait de ces différentes nations qui vécurent vers le temps ou les Israélites arrivèrent en Égypte.

sur ce

L'Égypte est le pays des monuments par excellence. Nous possédons des inscriptions de dates contemporaines qui remontent à la plus haute antiquité et qui, taillées dans la pierre des rochers ou tracées dans des documents impérissables, se sont conservées jusqu'à nos jours. Cela nous permet d'interroger les anciens Égyptiens qu'ils savent nous communiquer de l'arrivée des Hébreux dans leur pays, nous leur demandons s'ils confirment ou nient la tradition Mosaïque ou s'ils répandent sur elle plus de jour en comblant les lacunes qu'elle nous présente. S'il arrive que nous trouvons conservée l'histoire du séjour des tribus étrangères parmi eux, nous serons en état de comparer les témoignages acquis avec la tradition hébraïque et les résultats seront concluants.

Notre travail se divise en deux parties; la première traitera l'histoire primitive des peuples avec lesquels Israël à été en contact en Égypte dans les temps les plus reculés et les souvenirs que les différentes nations ont conservés de ce fait historique.

Dans la seconde partie nous rechercherons qu'elle a été

la religion des tribus étrangères en Égypte et les traces qu'elles ont laissées chez les Hébreux.

Puisse cet essai contribuer à faire mieux connaître l'histoire du peuple d'Israël et attacher un chaînon de plus à la grande chaîne qui réunit les phases diverses de l'histoire de l'humanité, qui est la révélation suprême de la providence divine.

Plus nous y découvrirons l'ordre et la sagesse, plus notre foi en le gouvernement de Dieu deviendra ferme, elle seule est en état d'établir la réconciliation entre le créateur et la créature.

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