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,,Typhon, dit Plutarque, s'appelle aussi Set." Cependant nous connaissons ce nom comme celui que l'on donna en Phénicie au dieu malin. D'où ce nom vient-il donc à Plutarque? C'était la nouvelle dénomination donnée à Set, après l'anéantissement de son culte et même de son image. C'est dans les traditions seules que le souvenir de ce dieu fut conservé.

Les tribus Phéniciennes étant immigrées en Égypte et cet évènement fut la cause que Set reçut le nom de leur dieu particulier. Le Typhon est originaire de la Phénicie et il faut que nous examinions d'abord quelle place il occupait dans ce pays pour rechercher ensuite quelle fut sa signification en Égypte.

Il est évident que le nom Phénicien Ziphon d'après la prononciation Araménienne doit être lu comme Typhon. Dans l'ancien testament ce nom est donné à certains serpents ou vipères, contre lesquels les conjurations étaient impuissantes. D'après ces reptiles, la rivière d'Oronte etait appelée Typhon et c'est aussi sous cette forme de serpent, que le dieu malin des Phéniciens est réprésenté sur tout lorsqu'il fut opposé à Baal, (Bel, El, Ilos ou Melech.)

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Bel eut, comme l'origine de tout ce qui est, un bon et un mauvais côté. Tous les deux étaient réprésentés par le serpent. Quand on l'adorait comme divinité du bien, on rendit honneur au serpent comme à la nature spirituelle par excellence, on vit en lui la puissance spirituelle

parce que de tous les animaux il est en état de faire des mouvements rapides sans pattes, et de se rendre partout; il a la vie très longue, se rajeunit de temps en temps, tandis que ses forces se renouvellent et quand il est arrivé au terme de son existence il se dissout en lui même. Son nom, comme tel est Sur-mubel, serpent de Bel, d'où vient le nom de Bel, Surmubélos.

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Mais quand Bel se montre de son côté mauvais comme la puissance qui est hostile au bien, il est envisagé comme la force qui anéantit tout. Tantôt il est la mer salée, l'élément stérile, tantôt le dieu qui apporte le froid. Il préside à la saison des pluies. Comme planète il se trouve parmi les constellations d'hiver et habite le Capricorne et le Verseau; il fut ainsi l'astre du froid. De cette manière nous trouvons attribuées ces bonnes et mauvaises qualités, aux deux différents côtés de Bel. Et comme nous trouvons pour le bon côté de ce personnage seulement le nom de Bel, de même nous trouvons souvent le mauvais côté indiqué par ce même nom, de sorte que les deux côtés du même individu se présentent comme deux formes dans lesquelles ce dieu se manifeste. Ceci parait être aussi le motif que le Saturne des Phéniciens, adoré en Égypte, y fut à la longue considéré uniquement pour son mauvais côté par les véritables prêtres Égyptiens. Il faut remarquer aussi que la manière de rendre honneur à Melech ou Baal, était tout à fait contraire au culte ordinaire en Égypte.

Le Typhon à été transporté aussi en Grèce par les colonistes Phéniciens, il y apparait de la même manière que nous le voyons en Phénicie; ceci est prouvé suffisamment par sa généalogie.

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Hercule, qui était comme nous savons, le champion qui combattit le mal, soumet toutes ces puissances. Orthrys c'est le chien, qu'il rencontre le premier à son arrivée dans les régions inférieures et qu'il tue; ensuite il triomphe du second ennemi Cerberus aux trois têtes, qu'il conduit sur la terre; le troisième monstre c'est l'Hydra aux têtes toujours renaissantes; le lion de Nemea est dompté par lui après un combat prolongé; le dragon des Hespérides, le paradis des Grecs, est soumis à son tour comme l'aigle qui ronge au foie de Prométhée. Toutes ces puissances sont les enfants de Typhon, mais à la fin il faut que le père de tous les maux succombe, vaincu par la puissance de l'esprit bienfaisant.*

Il y a aussi une conformité remarquable entre les mythes Grècques et Phéniciennes. Thaaut, le Hermès ou Mercure Phénicien aide Ilos ou Saturne pour vaincre Typhon; de même l'on trouve cité chez les Grecs un combat de Zeus contre Typhon dans lequel Hermès prête secours. C'est ainsi que nous trouvons les éléments religieux de la Phénicie transplantés sur le sol de la Grèce.

Pour examiner comment ce Typhon est regardé par les Égyptiens, nous ne pouvons consulter jusqu'à présent une meilleure source que Plutarque et quelques monuments qui se trouvent en Égypte. Nous le consultons avec d'autant plus de confiance, parceque les monuments autant qu'ils soient accessibles, confirment toujours ses assertions. Le livre des morts et les calendriers renferment comme

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nous l'avons vu, les mythes d'Isis et d'Osiris en rendant ce que Plutarque nous communique. Selon celui-ci le surnom de Typhon signifie Set, celui qui triomphe par la violence. Il est la personnification de tout ce qui est pervers dans le monde moral, de tout ce qui est nuisible dans la nature. Quand le soleil jette ses rayons perpendiculairement sur la terre, la faute en est imputée à Typhon, qui dessèche la terre afin qu'elle ne produise pas de fruits, c'est lui qui dans l'atmosphère est la puissance qui rend stérile, opposé à Osiris le dieu humectant et fertilisant, dont le réprésentant est le Nil. Typhon, c'est la mer salée et stérile qui tache d'engloutir le Nil; c'est à cause de cela que quelques prêtres s'abstiennent de mettre du sel dans leurs mets, parce que c'est la salive pernicieuse de Typhon. Lorsque le vent désséchant', qui dure soixantedouze jours, souffle dans la vallée du Nil, c'est encore Typhon accompagné des 72 démons, ses aides, qui livrent le combat. à Osiris. " L'hiver froid et l'ombre noire de la terre qui intercepte la lumière de la lune, sont des embuscades du traître Typhon. Tel il est représenté comme la puissance nuisible dans la nature et tel nous le voyons

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aussi dans le monde moral. Il est l'ennemi de la déesse Isis. Isis qui protège les arts et les sciences est contrariée toujours par Typhon l'ignorant et plein d'erreurs. Il détruit la sainte doctrine que la déesse à composée et transmise à ceux qui aiment à apprendre les choses divines. 12 Il est le menteur, le faux délateur d'Osiris qui avait besoin pour cela d'être déclaré innocent par Hermès ou Thoth. Non seulement sur le terrain religieux mais aussi dans la domaine politique il est représenté comme tel. Il est l'ennemi au midi et au nord. Le roi Aso, qui règne

sur l'Éthiopie, lui envoit soixante douze satellites pour l'aider à conquérir le royaume d'Osiris, 13 et l'ennemi vaincu au nord est représenté comme Typhon obligé de fuir et qui pendant sa fuite donne naissance à ses fils Hiérosolyme et Judée. 1 C'est ainsi qu'il est représenté comme la puissance hostile au bien et cause destructive.

Plutarque l'esquisse en quelques traits en disant : ,,Typhon, c'est la puissance qui ravit à l'âme la raison, de sorte qu'elle est livrée à toutes les influences; c'est le principe révoltant et ignorant; dans le corps, c'est la cause des maladies; dans l'atmosphère, c'est le temps irrégulier et sombre, le décroissement du soleil et de la lune. 15

Ce Typhon avec ses plusieurs prénoms, nous le trouvons souvent sur les monuments comme dieu malin, tandis que la figure de Set a disparu tout à fait, mais il n'y porte pas ce nom Phénicien; ces monuments confirment ce que Plutarque nous en communique.

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Au premier chapitre du livre des morts on trouve raconté le combat entre Typhon et Horus et dans le 17" les âmes sont livrés aux compagnons de Set, pour subir la peine du feu, tandis que dans le 25me verset se trouve le combat avec Horus, au sujet du cadavre d'Osiris. Ici on a donné à Set le nom de Smu, que l'on trouve aussi chez Plutarque.

Dans un papyrus magique d'une époque postérieure, il est appelé le dieu qui habite le vide, le terrible, l'invisible, le puissant, le dévastateur et le destructeur, qui ébranle tout et qui est invicible lui même.

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On y lit: ",,Je t'invoque, toi, terrible, invisible, toutpuissant, dieu des dieux, toi qui détruis et qui rends

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