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timent secret de l'immortalité; l'immortalité, le plus saint des désirs, la plus précieuse des espérances, qui pendant la vie donne des transports à l'ame généreuse, et rassure à la mort l'ame juste. Et que peut craindre l'homme vertueux quand il va rejoindre le premier être ? N'a-t-il pas rempli le poste qui lui était assigné dans la nature? Il a été fidèle aux lois qu'il a reçues; il n'a point défiguré son ame aux yeux de celui qui l'a faite. Peut-être a-t-il ajouté quelque chose à l'ordre moral de l'univers. L'heure sonne. Le temps a cessé pour lui. Il va demander à Dieu la récompense du juste. C'est un fils qui a voyagé, et qui retourne vers son père. Qu'est-ce qu'un trône dans ce moment? Un grain de sable un peu plus élevé sur la terre. Alors ces vains objets disparaissent. Mais il en est de plus touchans, et qui ont le droit d'intéresser jusque dans les bras de la mort. Ce sont ceux qui pendant une vie courte et agitée ont été les appuis de notre faiblesse : ce sont les ames sur qui la nôtre se reposait avec attendrissemeut, et qui, partageant avec nous nos plaisirs et nos peines, nous fesaient éprouver les charmes si doux de la sensibilité. C'est en les quittant que I'ame se déchire. C'est alors que l'on meurt; car qu'est-ce que mourir, sinon se séparer pour toujours de ceux qu'on aime?

Thomas.

De la Vertu.

Le mot de vertu vient de force, la force est la base de toute vertu. L'homme vertueux est celui qui sait vaincre ses affections. La vertu n'appartient qu'à un être faible par sa nature et fort par sa volonté ; c'est en cela que consiste le mérite de l'homme juste.

L'exercice des plus sublimes vertus élève et nourrit le génie.

Les ames d'une certaine trempe transforment, pour ainsi dire, les autres en elles-mêmes: elles ont une sphère d'activité dans laquelle rien ne leur résiste; on ne peut les connaître sans les vouloir imiter, et de leur sublime élévation elles attirent à elles tout ce qui les environne.

Il n'est pas si facile qu'on pense de renoncer à la vertu. Elle tourmente long-temps ceux qui l'abandonnent, et ses charmes qui font les délices des ames pures, font le premier supplice du méchant, qui les aime encore et n'en saurait plus jouir.

L'exercice des vertus sociales porte au fond des cœurs l'amour de l'humanité; c'est en fesant le bien qu'on devient bon.

La vertu est si nécessaire à nos cœurs, que quand on a une fois abandonné la véritable, on s'en fait une à sa mode, et l'on y tient plus fortement, peut-être parce qu'elle est de notre choix.

Si les sacrifices à la vertu coûtent souvent à faire, il est toujours doux de les avoir faits, et l'on n'a jamais vu personne se repentir d'une bonne action.

Une ame, une fois corrompue, l'est pour toujours, et ne revient plus au bien d'elle-même; à moins que quelque révolution subite, quelque brusque changement de fortune et de situation ne change tout-à-coup

ses rapports, et par un violent ébranlement ne l'aide à retrouver une bonne assiette. Toutes ses habitudes étant rompues et toutes ses passions modifiées, dans ce bouleversement général, on reprend quelquefois son caractère primitif, et l'on devient comme un nouvel être sorti récemment des mains de la nature. Alors le souvenir de sa première bassesse, peut servir de préservatif contre une rechute. Hier on était abject et faible, aujourd'hui l'on est fort et magnanime. En se contemplant de si près dans deux états si différens, on en sent mieux le prix de celui où l'on est remonté : et l'on en devient plus attentif à s'y soutenir.

La jouissance de la vertu est toute intérieure, et ne s'aperçoit que par celui qui la sent: mais tous les avantages du vice frappent les yeux d'autrui, et il n'y a que celui qui les a qui sache ce qu'ils lui coûtent. C'est peut-être là la clef des faux jugemens des hommes sur les avantages du vice et sur ceux de la vertu.

Il n'y a que des ames de feu qui sachent combattre et vaincre. Tous les grands efforts, toutes les actions sublimes sont leur ouvrage; la froide raison n'a jamais rien fait d'illustre, et l'on ne triomphe des passions qu'en les opposant l'une à l'autre. Quand celle de la vertu vient à s'élever, elle domine seule, et tient tout en équilibre: voilà comme se forme le vrai sage, qui n'est pas plus qu'un autre à l'abri des passions, mais qui seul sait les vaincre par elles-mêmes, comme un pilote fait route par les mauvais vents.

La vertu est un état de guerre, et pour y vivre, on a toujours quelque combat à rendre contre soi.

Si la vie est courte pour le plaisir, qu'elle est longue pour la vertu! il faut être incessamment sur ses gardes. L'instant de jouir passe et ne revient plus; celui de mal-faire passe et revient sans cesse: on s'oublie un moment, et l'on ést perdu.

La fausse honte et la crainte du blâme inspirent plus de mauvaises que de bonnes, mais la vertu ne sait rougir que de ce qui est

actions

mal.

L'homme de bien porte avec plaisir le doux fardeau d'une vie utile à ses semblables: il sent ce que la vaine sagesse des méchans n'a jamais pu croire; qu'il est un bonheur réservé dès ce monde aux seuls amis de la vertu.

Il vaut mieux déroger à la noblesse qu'à la vertu, et la femme d'un charbonnier est plus respectable que la maîtresse d'un prince.

On a dit "qu'il n'y avait point de héros pour son valet de chambre:" cela peut être; mais l'homme juste a l'estime de son valet, ce qui montre assez que l'héroïsme n'a qu'une vaine apparence, et qu'il n'y a rien de solide que la vertu.

Charme inconcevable de la beauté qui ne périt point! Ce ne sont point les vicieux au faîte des honneurs, dans le sein des plaisirs, qui font envie; ce sont les vertueux infortunés, et l'on sent au fond de son cœur a félicité réelle que couvraient leurs maux apparens. Ce sentiment est commun à tous les hommes, et souvent même en dépit d'eux. Ce diviu modèle que chacun de nous porte avec lui, nous enchante malgré que nous en ayons; sitôt que la passion nous permet de le voir; nous

timent secret de l'immortalité; l'immortalité, le plus saint des désirs, la plus précieuse des espérances, qui pendant la vie donne des transports à l'ame généreuse, et rassure à la mort l'ame juste. Et que peut craindre l'homme vertueux quand il va rejoindre le premier être? N'a-t-il pas rempli le poste qui lui était assigné dans la nature? Il a été fidèle aux lois qu'il a reçues; il n'a point défiguré son ame aux yeux de celui qui l'a faite. Peut-être a-t-il ajouté quelque chose à l'ordre moral de l'univers. L'heure sonne. Le temps a cessé pour lui, Il va demander à Dieu la récompense du juste. C'est un fils qui a voyagé, et qui retourne vers son père. Qu'est-ce qu'un trône dans ce moment? Un grain de sable un peu plus élevé sur la terre. Alors ces vains objets disparaissent. Mais il en est de plus touchans, et qui ont le droit d'intéresser jusque dans les bras de la mort. Ce sont ceux qui pendant une vie courte et agitée ont été les appuis de notre faiblesse: ce sont les ames sur qui la nôtre se reposait avec attendrissement, et qui, partageant avec nous nos plaisirs et nos peines, nous fesaient éprouver les charmes si doux de la sensibilité. C'est en les quittant que I'ame se déchire. C'est alors que l'on meurt; car qu'est-ce que mourir, sinon se séparer pour toujours de ceux qu'on aime?

Thomas.

De la Vertu.

Le mot de vertu vient de force, la force est la base de toute vertu. L'homme vertueux est celui qui sait vaincre ses affections. La vertu n'appartient qu'à un être faible par sa nature et fort par sa volonté ; c'est en cela que consiste le mérite de l'homme juste.

L'exercice des plus sublimes vertus élève et nourrit le génie. Les ames d'une certaine trempe transforment, pour ainsi dire, les autres en elles-mêmes: elles ont une sphère d'activité dans laquelle rien ne leur résiste; on ne peut les connaître sans les vouloir imiter, et de leur sublime élévation elles attirent à elles tout ce qui les environne.

Il n'est pas si facile qu'on pense de renoncer à la vertu. Elle tourmente long-temps ceux qui l'abandonnent, et ses charmes qui font les délices des ames pures, font le premier supplice du méchant, qui les aime encore et n'en saurait plus jouir.

L'exercice des vertus sociales porte au fond des cœurs l'amour de l'humanité; c'est en fesant le bien qu'on devient bon.

La vertu est si nécessaire à nos cœurs, que quand on a une fois abandonné la véritable, on s'en fait une à sa mode, et l'on y tient plus fortement, peut-être parce qu'elle est de notre choix.

Si les sacrifices à la vertu coûtent souvent à faire, il est toujours doux de les avoir faits, et l'on n'a jamais vu personne se repentir d'une bonne action.

Une ame, une fois corrompue, l'est pour toujours, et ne revient plus au bien d'elle-même; à moins que quelque révolution subite, quelque brusque changement de fortune et de situation ne change tout-à-coup

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ses rapports, et par un violent ébranlement ne l'aide à retrouver une bonne assiette. Toutes ses habitudes étant rompues et toutes ses passions modifiées, dans ce bouleversement général, on reprend quelquefois son caractère primitif, et l'on devient comme un nouvel être sorti récemment Alors le souvenir de sa première bassesse, des mains de la nature. peut servir de préservatif contre une rechute. Hier on était abject et faible, aujourd'hui l'on est fort et magnanime. En se contemplant de si près dans deux états si différens, on en sent mieux le prix de celui où l'on est remonté : et l'on en devient plus attentif à s'y soutenir.

La jouissance de la vertu est toute intérieure, et ne s'aperçoit que par celui qui la sent: mais tous les avantages du vice frappent les yeux d'autrui, et il n'y a que celui qui les a qui sache ce qu'ils lui coûtent. C'est peut-être là la clef des faux jugemens des hommes sur les avantages du vice et sur ceux de la vertu.

Il n'y a que des ames de feu qui sachent combattre et vaincre. Tous les grands efforts, toutes les actions sublimes sont leur ouvrage; la froide raison n'a jamais rien fait d'illustre, et l'on ne triomphe des passions qu'en les opposant l'une à l'autre. Quand celle de la vertu vient à s'élever, elle domine seule, et tient tout en équilibre: voilà comme se forme le vrai sage, qui n'est pas plus qu'un autre à l'abri des passions, mais qui seul sait les vaincre par elles-mêmes, comme un pilote fait route par les mauvais vents.

La vertu est un état de guerre, et pour y vivre, on a toujours quelque

combat à rendre contre soi.

Si la vie est courte pour le plaisir, qu'elle est longue pour la vertu ! il faut être incessamment sur ses gardes. L'instant de jouir passe et ne revient plus; celui de mal-faire passe et revient sans cesse: on s'oublie un moment, et l'on ést perdu.

La fausse honte et la crainte du blâme inspirent plus de mauvaises actions que de bonnes, mais la vertu ne sait rougir que de ce qui est mal.

L'homme de bien porte avec plaisir le doux fardeau d'une vie utile à ses semblables: il sent ce que la vaine sagesse des méchans n'a jamais pu croire; qu'il est un bonheur réservé dès ce monde aux seuls amis de la vertu.

Il vaut mieux déroger à la noblesse qu'à la vertu, et la femme d'un charbonnier est plus respectable que la maîtresse d'un prince.

On a dit "qu'il n'y avait point de héros pour son valet de chambre:" cela peut être; mais l'homme juste a l'estime de son valet, ce qui montre assez que l'héroïsme n'a qu'une vaine apparence, et qu'il n'y a rien de solide que la vertu.

Charme inconcevable de la beauté qui ne périt point! Ce ne sont point les vicieux au faîte des honneurs, dans le sein des plaisirs, qui font envie; ce sont les vertueux infortunés, et l'on sent au fond de son cœur a félicité réelle que couvraient leurs maux apparens. Ce sentiment est commun à tous les hommes, et souvent même en dépit d'eux. Ce diviu modèle que chacun de nous porte avec lui, nous enchante malgré que nous en ayons; sitôt que la passion nous permet de le voir, nous

lui voulons ressembler, et si le plus méchant des hommes pouvait être un autre que lui-même, il voudrait être un bomme de bien.

Les vertus privées sont souvent d'autant plus sublimes, qu'elles n aspirert point à l'approbation d'autrui, mais seulement au bon témoignage de soi-même; et la conscience du juste lui tient lieu des ouanges de l'univers.

La félicité est la fortune du sage, et il n'y en a point sans vertu. J. J. Rousseau.

Du Courage.

Le vrai courage est une des qualités qui supposent le plus de grandeur d'ame. J'en remarque beaucoup de sortes: un courage contre a fortune, qui est philosophie; un courage contre les misères, qui est patience; un courage à la guerre, qui est valeur; un courage dans les entreprises, qui est hardies se; un courage fier et téméraire, qui est audace; un courage contre l'injustice, qui est fermeté; un courage contre le vice, qui est sévérité; un courage de réflexion, de tenpérament, &c.

Il n'est pas ordinaire qu'un même homme assemble tant de qualités. Octave, dans le plan de sa fortune, élevée sur des précipices, bravait des périls éminens; mais la mort présente à la guerre ébranlait son ame. Un nombre innombrable de Romains, qui n'avaient jamais craint la mort dans les batailles, manquaient de cet autre courage, qui soumit la terre à Auguste.

On ne trouve pas seulement plusieurs sortes de courages, mais dans le même courage bien des inégalités. Brutus, qui eut la hardiesse d'attaquer la fortune de César, n'eut pas la force de suivre la sienne; il avait formé le dessein de détruire la tyrannie avec les ressources de son seul courage, et il eut la faiblesse de l'abandonner avec toutes les forces du peuple Romain: faute de cette égalité de force et de sentiment, qui surmonte les obstacles et la lenteur des succès.

Je voudrais pouvoir parcourir ainsi en détail toutes les qualités humaines un travail si long ne peut manquer de m'arrêter. Je terminerai cet écrit par de courtes définitions.

:

Observons néanmoins encore que la petitesse est la source d'un nombre incroyable de vices; de l'inconstance, de la légèreté, la vanité, L'envie, l'avarice, la bassesse, &c. elle rétrécit notre esprit autant que la grandeur d'ame l'élargit; mais elle est malheureusement inséparable de l'humanité, et il n'y a point d'ame si forte, qui en soit tout-à-fait exempte. Je suis mon dessein.

La probité est un attachement à toutes les lois civiles

La droiture est une habitude des sentiers de la vertu.

L'équité peut se définir par l'amour de l'égalité: l'intégrité paraît une équité sans tache, et la justice une équité pratique.

La noblesse est la préférence de l'honneur à l'intérêt : la bassesse, .a préférence de l'intérêt à l'honneur.

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