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per, et vint se retrancher dans les ruines de Setif avec sa famille, le goum des Oulad-Zaïd et une centaine de chevaux qu'il avait enrôlés.

Au printemps, il sortit de Setif, battit les Amer, com mandés par Bou-Chenak, en plusieurs circonstances, et les força à reconnaître son autorité. Il marcha ensuite contre le cheïkh Msaoud des Rir'a-Guebala, son ennemi de longue date et qui était alors retiré aux Eulma. C'est dans cette expédition, qu'il fut tué près de Guidjal. Ben-Henni mort, Msaoud, avec les Eulma et les Oulad-Abd-en-Nour, tomba sur sa famille; elle s'enfuit à Ras-el-Oued, chez Ahmed-Cherif-ben-Cheïkh-Saad; réclamée bientôt par Msaoud, elle demanda un refuge à El-Hadj-Mohammedben-Abd-es-Selam, khalifa de la Medjana pour le compte de l'émir Abd-el-Kader.

Dès que les Français furent installés à Setif, les OuladIllès vinrent à eux.

BENI-AÏDEL.

Quand nous arrivâmes dans le pays, les Beni-Aïdel et les Illoula-ou-Sammer étaient gouvernés par une famille de marabouts à qui sa réputation de sainteté avait acquis, depuis longtemps, une autorité absolue sur ces populations indépendantes, et que les Turcs n'avaient même. jamais tenté de soumettre.

Sidi-Moussa-ou-Ali, le chef de cette famille, cherif de la descendance des Idrissites, fit pendant sa vie plusieurs choses extraordinaires qui commencèrent à attirer sur Jui l'attention publique. Mohammed-ou-Ali, son fils, est le premier de sa famille qui habita Chellata; il y fonda une zaouïa qui acquit bientôt une célébrité immense dans

toute l'Algérie. C'est aussi lui qui régularisa les dons en nature que lui apportaient ses compatriotes. Si-Mohammed-Saïd, le marabout actuel de Chellata, fut confié par son père mourant à Si-ben-Semati des Beni-lala, son allié par mariage. Ben-Semati se consacra tout entier à l'éducation de son élève, qui, de son côté, se montra digne de sa haute position. Nous aurons plus loin à signaler les services importants que le jeune marabout Si-Mohammed-Saïd-ben-Ali-Cherif a rendus à la France.

BENI-IALA.

La famille influente des Beni-Iala est de noblesse religieuse. Si-Embarek-ben-Semati, son premier représentant, s'établit à un endroit situé sur la route de Setif à Bordj; il y fonda une zaouïa et y mourut. Son tombeau, qui existe encore, s'appelle, à cause de lui, Koubba de Sidi-Embarek. Ses enfants allèrent s'installer d'abord à Zamora, puis à Harbil, chez les Beni-lala, où la famille. habite toujours. Cette famille, lors de notre arrivée, jouissait d'une influence considérable, qu'elle mit à notre disposition pour l'organisation du pays.

SAHEL-GUebli.

Toutes les tribus qui composent aujourd'hui le kaïdat du Sahel-Guebli n'étaient soumises, avant notre arrivée, à aucun gouvernement. Quelques-unes d'entre elles seulement, telles que les Oulad-Khelef et les Beni-Adjeb, obéissaient à peu près à un homme influent, descendant d'une famille de marabouts et du nom de Lakhdar-belOuari. Toutes les autres se gouvernaient à leur guise. Nous venons de dire qu'au milieu de cette anarchie, une

famille de marabouts jouissait d'une certaine influence; il importe d'en dire quelques mots qui se rattacheront à l'histoire du pays. Lakhdar-bel-Ouari, originaire des environs de Miliana, vient s'établir dans cette région du Sahel et y acquit une certaine autorité. Peu de temps. avant la prise d'Alger, Ahmed-Bey dirigea contre Lakhdar une expédition qui ne réussit pas au gré de ses désirs. Rentré à Constantine, le bey, conformément aux principes de sa politique ordinaire, mit à profit l'ambition de certains membres de la famille des Abid. Il fit venir à lui Amar-ben-Abid, cousin de Lakhdar, et lui promit le titre de khalifa du Sahel, s'il lui apportait la tête de ce dernier. Amar attira son cousin dans un guet-apens, l'assassina et porta sa tête au bey. Celui-ci tint sa promesse et l'investit à la place de sa victime. Lakhdar laissait, en mourant, trois enfants encore jeunes: Saïd, Mançour et Lakhdar. Ils s'enfuirent dans le commandement de leur parent, le kaïd Ou-Rabah du cercle de Bougie, chez lequel ils vécurent une dizaine d'années. Nous reverrons plus loin ces jeunes gens venir offrir leurs services au gouver nement français.

Conquête française.

Nous avons déjà parlé des causes qui, en 1838, après une première sortie de nos troupes, firent comprendre au gouvernement français la nécessité d'occuper la position de Setif. Mais rien n'avait été disposé pour s'établir sur ce point, où la prudence conseillait de ne pas s'arrêter longtemps au cœur de l'hiver. Quelques avantages étaient, néanmoins, obtenus; une grande reconnaissance était opérée; notre khalifa de la Medjana avait reçu un appui moral qui avait déjà suffi pour appeler, auprès du général Galbois, les principaux chefs arabes des tribus circonvoisines, et, bien que nos soldats retournassent vers Constantine, comme ils avaient appris le chemin de l'ouest, on s'attendait à les voir bientôt revenir.

Un demi-bataillon, resté à Djemila, s'y était retranché dans les ruines.

Les Kabiles tentèrent, dans la nuit du 15 au 16 décembre, une attaque fort vive qui fut vigoureusement repoussée ces mêmes assaillants, grossis par des renforts accourus de la montagne, vinrent attendre au passage de Mons le corps expéditionnaire qui revenait de Setif.

Lorsque la colonne se fut engagée dans ce défilé, long sentier en pente, dominé par des hauteurs, où l'on ne pouvait marcher que par un, les Kabiles attaquèrent vivement l'arrière-garde et la suivirent jusqu'à Mila. De là,

ils retournèrent sur leurs pas pour aller attaquer de nouveau la garnison de Djemila.

Pour ne pas paraître reculer devant les ennemis jusqu'à son point de départ, le général Galbois, en regagnant Constantine, avait laissé à Djemila le 3e bataillon d'Afrique avec deux obusiers de montagne, quelques tentes et quelques vivres, sous les ordres du commandant Chadeysson, avec mission de créer sur ce point un poste permanent destiné à devenir l'anneau intermédiaire entre Mila et Setif.

« Les Kabiles, dit le duc d'Orléans, certains que, dans la mauvaise saison, ce camp, encore à l'état de simple bivac, serait impossible à ravitailler sans forces très-considérables, conçurent l'espoir d'enlever ou de détruire les six cents Français qui n'avaient pas eu le temps de s'y retrancher. Trois mille hommes vinrent, le 18 décembre, occuper toutes les positions qui dominent circulairement, à quatre cents mètres, le mamelon déprimé formant le centre de l'entonnoir au fond duquel est situé Djemila. Ils n'attaquèrent point avec leur fureur ordinaire, se croyant certains de réduire la garnison par d'autres moyens plus efficaces quoique plus lents. Ils établirent la plus grande partie de leurs forces sur la crète d'un ravin, au fond duquel coule la seule eau que fournisse le pays; puis, ayant gardé des réserves prêtes à se porter sur les points où la garnison pourrait tenter des sorties, une chaîne circulaire de tirailleurs entretint, de jour et de nuit, une fusillade continue sur le camp français, dont pas un seul point n'était défilé de leurs balles. Le commandant Chadeysson fit coucher ses hommes derrière les parapets ébauchés, qu'ils relevèrent en

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