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famille et une colonie d'Israélites qu'il tenait sous sa protection, et qui aurait peuplé plus tard les villes de BouSâda et de Msila.

Les Oulad-Sedira seraient de la même souche que les Oulad-Derradj, et seraient venus se mettre au service des Oulad-Madi comme cultivateurs.

Les Oulad-Sidi-Sliman seraient, suivant les uns, originaires des Oulad-Derradj, suivant les autres, des Zouï, tribu de marabouts de la subdivision de Batna. D'après ces derniers, le marabout Sidi-Sliman-el-Ouzzani serait jadis venu du sud, entraînant à sa suite un grand nombre de gens qui se seraient fixés sur l'Oued-Msila.

Quant aux deux autres fractions, les Oulad-Ali-benKhaled et les Oulad-bou-lahia, elles sont considérées, avec les Oulad-Mâtoug, comme le noyau autour duquel s'est formé la tribu.

Les Oulad-Madi passent en général pour nobles (djouad) et, de fait, ils ont toujours exercé dans le pays une suprématie dont il faut voir l'origine dans leur nature guerrière et leur réputation d'intrépidité et d'excellents cavaliers. De là, l'habitude de partager les Oulad-Madi en deux castes : les nobles et les merabtin ou cheurfa (Oulad-Sidi-Hamla).

Les Oulad-Abd-el-Hak appelés Oulad-bou-Ras, fournirent les chefs du sof de l'Oued-Msila. La famille des BouDiaf, avons-nous dit, est issue de cette fraction.

La famille qui se mit à la tête du sof de l'Oued-Chellal est, suivant les indigènes, étrangère à la tribu. BouAziz, qui en était le chef, était originaire des Oulad-SidiOtman des Zouï (Oulad-Derradj); son principal chef était

Brahim-ben-Abd-Allah, le révolté de 1864 dont nous aurons à nous occuper plus loin (1).

Bou-Sada (2).

Un certain Bel-Ouacha, homme de grande tente de la tribu des Bedarna, descendants des Soleïm de la deuxième. invasion arabe, occupait depuis longtemps les immenses terrains qui s'étendent du Ilodna méridional jusqu'aux montagnes des Oulad-Naïl, lorsque, vers le quatrième siècle de l'hégire, un cherif nommé Sliman-ben-Rabiah, originaire du Maroc, vint camper au pied du Djebel-Msåda, à Aïoun-Defla.

Peu de temps après, il fut rejoint par un taleb vénérable qui avait fait de savantes études dans les zaouïa de Fez Si-Tamer, ainsi s'appelait ce lettré, s'arrêta près des pierres taillées, vestiges d'anciennes constructions nazaréennes. Le Marocain, séduit par l'abondance de la rivière et la limpidité de la fontaine, chassa les chacals qui demeuraient dans les roseaux, et aidé par les gens de Si-Sliman, il pétrit des briques, se construisit une maison, puis s'adonna à la contemplation et à l'étude des livres.

Quelques nomades des Oulad-Naïl et des Oulad-Mâdi visitèrent ce saint homme, dont la réputation de science et de justice ne tarda pas à s'étendre jusqu'à Msila et audelå. Des jeunes gens, avides de profiter du savoir de

(1) Renseignement fourni par le commandant Aublin.

(1) Nous avons trouvé une partie des documents sur Bou-Sâda dans les notices de notre regretté ami Aucapitaine. Je les ai complétés par de nouveaux renseignements que j'ai recueillis_sur place.

Si-Tamer, se réunirent autour de lui, et leurs habitations formèrent le noyau d'une ville. Les terrains furent achetés aux Bedarna, qui cédèrent tous leurs droits moyennant quarante-cinq chameaux et quarante-cinq chamelles.

Au moment où l'on terminait la mosquée, Si-Sliman et Si-Tamer devisaient ensemble sur le nom à donner à la cité naissante; ils étaient encore indécis, lorsqu'une négresse vint à passer et appela sa chienne.... Sâda! Såda !... (heureuse!... heureuse!...) Ce mot leur parut d'un bon augure; et, d'un commun accord, ils l'appelérent Bou-Sada, le lieu du bonheur.

L'Oued-ben-Ouas changea son nom contre celui de la ville nouvelle.

L'occupation romaine dans le territoire qui avoisine Bou-Sâda semble avoir été purement militaire. Il reste, cependant, sur l'Oued-Chellal, des vestiges de barrages importants qui montrent que des établissements agricoles existaient sur ce point. L'ouest du Hodna différait donc en cela de la partie orientale, dans laquelle les Romains avaient poussé la colonisation à un degré trèsavancé.

Des constructions d'un autre âge, auxquelles, par ordre chronologique, nous aurions dû donner le premier rang, se voient aussi en grande quantité. Ce sont ces tombeaux, dits celtiques par les uns, mégallytiques par les autres, dont la véritable origine semble être encore un mystère.

Chez les Madid, au nord du Hodna, existe une vaste nécropole de cette époque, déjà décrite;. mais j'ai pu constater que, dans les montagnes voisines de Bou-Sâda,

les monuments de cette époque reculée s'y rencontrent aussi en abondance. Ceux des environs de Khermam sont remarquables par leur nombre et la régularité de leur construction. Ce sont de vastes cercles en pierres plates superposées, formant muraille jusqu'à une certaine hauteur du sol, et surmontés d'autres pierres entassées en pyramides, ce qui leur donne l'aspect de réductions du Tombeau de la Chrétienne, près d'Alger, ou du Madracen, sur la route de Batna. J'ai fouillé l'un de ces tombeaux rapidement, et n'y ai trouvé que des fragments d'osse

ments.

Quand on parcourt cette région, il semble, tout d'abord, que les montagnes que l'on côtoie, de formation géologique extrêmement curieuse, sont elles-mêmes d'immenses tombeaux. Leur aspect est bizarre; ce sont des couches horizontales ou inclinées, formant des étages successifs de bancs de pierres d'une teinte légèrement rougeâtre, et dont le sommet se termine en pointe comme le couvercle d'une soupière ou d'un moule à pâté. Ces montagnes, qui proviennent évidemment d'un soulèvement volcanique qu'un géologue pourrait étudier et expliquer mieux que moi, se succèdent en offrant des gorges intermédiaires; on dirait une série de coulisses d'un théâtre. La forme de ces montagnes semble avoir servi de type pour la construction des tombeaux du premier âge. D'autres sont aplaties à leur sommet, tandis que la base se dessine par des lignes extrêmement bizarres, entre autres, le Djebel-Salat, auquel les Européens ont donné le nom de Billard du colonel Pein.

Au-dessus de notre caravanserail de Khermam, sont les ruines d'une vaste enceinte carrée contenant une infinité

de compartiments ayant servi de chambres; cette construction est en pierres plates ajustées de la même manière que celles des tombeaux. A quelques lieues plus loin, å Touala et à Djedida, on voit aussi deux autres enceintes. carrées de la même époque. Seraient-elles contemporaines des tombeaux ? Dans tous les cas, les indigènes m'ont affirmé que, d'après la tradition, les unes et les autres avaient été construits par les Beni-Sefaou, population païenne des temps les plus reculés. Un taleb du pays m'a même dit que ceux qui avaient élevé ces diverses constructions avaient dû, d'après la tradition locale, abandonner leurs pénates et les tombeaux de leurs pères, à cause de la quantité de moustiques qui se seraient abattus sur leur pays. Ils auraient émigré dans le Sud, vers les régions occupées depuis par les R'amra et les gens des Ziban.

Quant aux grands cercles de pierres entassées en clapier, que nous appellerons des cromlechs, on en rencontre, à peu près partout, sur le versant des montagnes. Évidemment, ce sont là les traces d'une population considérable qui a jadis occupé le pays.

Le cercle de Bou-Sada a trois kaïdats comprenant plusieurs tribus; ce sont :

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