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d'une large allée, au milieu d'un rond-point, l'armée a érigé une haute colonne surmontée du buste en marbre du duc d'Orléans, en souvenir de son expédition aux Portes de fer.

En prenant la gauche de la route d'Alger, on trouve des oasis délicieuses. Au bout de la promenade, est un établissement de bains. De là, on descend une longue allée de peupliers, de chaque côté de laquelle sont de vastes jardins potagers. On a ensuite, devant soi, la pépi· nière; il serait superflu ici de citer toutes les plantes rares et les arbustes qui en font l'ornement. C'est l'Europe qui a fourni les plus beaux échantillons d'arbres; mais on peut dire que la terre qui les a reçus les a traités en enfants gâtés; elle en fait des géants en quelques années.

Le territoire de Setif est situé à onze cents mètres audessus du niveau de la mer; cette altitude lui donne un climat qui a beaucoup d'analogie, quant à l'hivernage, avec celui de la partie moyenne de la France, quoique sensiblement plus chaud pendant l'été. Ce climat convient parfaitement aux arbres fruitiers à feuilles caduques, qui donnent sur ce point des fruits abondants et délicieux.

Si nous consultons l'antiquité pour préjuger l'avenir réservé à Setif, nous serons complétement rassurés, nonsculement par le développement que cette ville avait pris sous les Romains, mais encore par le grand nombre de ruines importantes qui sont répandues à une grande distance et dans toutes les directions. L'influence qu'elle a dû exercer à cette époque ne s'est pas effacée; sa position géographique, au point de rencontre des communications de Constantine à Alger, et de Bousaâda, de la Me

djana, du Hodna et de Bougie, et les richesses en céréales de la plaine dans laquelle elle est située, la lui ont main

tenue.

C'est encore à son marché, qui se tient régulièrement à la porte de la ville, l'un des plus considérables de l'Algérie, que les Berbères de la montagne et les Arabes de la plaine, depuis le littoral jusqu'aux Ziban, se donnent rendez-vous pour venir échanger leurs produits. On peut évaluer à huit ou dix mille âmes la population qui s'y rencontre chaque dimanche des mois d'août, septembre et octobre et qui y met en vente, en grande quantité, du blé, de l'orge, des fruits, de l'huile, du savon, du miel, de la cire, des cuirs, des laines, des matières tinctoriales, des caroubes, du sel, des bestiaux, des bêtes de somme et des chevaux.

Ajoutons à ce puissant élément de prospérité les avantages d'un climat dont la salubrité cst proverbiale; des eaux excellentes, on pourrait presque dire célèbres pour nous servir de l'expression arabe, et du voisinage d'une population indigène laborieuse. Nous devons tenir compte, en même temps, des ressources qui sont offertes par la forêt de cèdres du Bou-Taleb, distante, il est vrai, de seize à dix-sept lieues de la place, mais dont le trajet, constamment en plaine, est facile à parcourir pour les voitures, et des mines de plâtre, de plomb ou de fer qui sont en exploitation; dans la montagne du Magris sont de belles carrières de pierre; on y voit encore des monolithes ébauchés par les ouvriers romains.

La création d'un centre de population civile à Setif date du 11 février 1847; un commissariat civil y fut installé en 1851; la constitution de la commune est du

17 juin 1856. Le commissariat civil devint sous-préfecture en 1858. Setif est enfin le siége d'un tribunal de première instance depuis 1860.

Par décret du 26 avril 1853, une concession de vingt mille hectares de terres a été accordée à une compagnie. genevoise en vue de hâter la colonisation européenne autour de Setif. Cette compagnie a créé plusieurs villages, entre autres ceux d'Aïn-Arnat, d'El-Ouricia, de Bouhira, de Mahouan, de Messaoud, d'El-Harmelia et quelques fermes importantes. La population européenne qui exploite ce territoire s'élevait, au 31 décembre dernier, à quatre cent cinq âmes, et les indigènes installés comme locataires ou employés, au chiffre de deux mille sept cents individus environ (1).

En résumé, la colonisation occupe aujourd'hui, autour de Setif, une superficie territoriale d'environ quarantesix mille hectares, sur lesquels s'élèvent encore les villages de Fermatou, Khalfoun, Mesloug, Aïn-Sefia et ElAnasser. Sur la route de Constantine sont ceux de SaintArnaud et de Saint-Donat.

Le cercle de Setif, qui confine aux cercles de Bougie et de Gigelli au nord, à l'est à ceux de Constantine et de Batna, au sud à celui de Batna et à l'ouest à celui de Bordj-bou-Areridj, forme uħ quadrilatère un peu allongé vers le nord-ouest, qui mesure environ trente lieues du nord au sud et à peu près la même longueur de l'est à l'ouest. Cette portion du pays a une constitution physique qui participe de celle de toute l'Algérie.

(1) Les rapports annuels, publiés par les soins de la Compagnie genevoise, renferment des renseignements statistiques très-curieux à consulter.

Le cercle est divisé par trois chaines de montagnes parallèles entre elles et à la mer, en trois gradins successifs dont le troisième, le plus au sud, fait partie de la grande ligne de partage du bassin de la Méditerranée et de ceux de l'intérieur.

Au nord, la grande chaîne des Babor qui se prolonge, à l'est, sous les noms de Tamesguida, Djebel-Afroun, Zareza, Arrès, Zouar'a, Mçid, El-Kantour, point où la chaîne est coupée par la route de Philippeville à Constantine, aux Toumiettes, et se rattache au Djebel-Taïa. A l'ouest, cette même chaîne prend le nom de Takoucht, Takintoucht, montagne des Beni-Mohali, Djebel-Trouna, et va tomber presque à pic, sous le nom de Djebel-Gueldaman, sur l'Oued-Sahel, au confluent de cette rivière avec le Bou-Sellam.

Du Djebel-Trouna, se détache de la chaîne principale un contrefort considérable, qui, se dirigeant du sud au nord, va rejoindre les contreforts du Jurjura en formant, à son point de jonction avec eux, le défilé de Felaï par où s'échappe l'Oued-Sahel pour descendre vers la mer.

Cette grande chaîne, dite des Babor, renferme, dans la partie comprise dans le cercle de Setif, plusieurs pics remarquables, qui sont le Babor et le Tababort, séparés seulement par une gorge étroite et qui s'élèvent, le premier à mille neuf cent soixante-dix mètres, et le deuxième à mille neuf cent soixante-cinq mètres au-dessus du niveau de la mer; Adrar-Amellal (ou bien ou-Mellal) mille neuf cent quatre-vingt-quinze mètres. C'est du pied de ce mont que l'Oued-Aguerioun franchit la chaîne, en passant par une coupure à pic de près de mille mètres de profondeur dite Chabet-el-Akhera (le ravin de l'autre

monde); vient ensuite le Takouclit, qui a mille neuf cent quatre mètres de hauteur; le Takintoucht, mille six cent soixante-quatre mètres.

A l'ouest de ce pic, la chaine s'abaisse sensiblement en traversant les Guifsar et les Beni-Mohali; puis elle se redresse brusquement par le Djebel-Trouna, d'où elle va, en s'abaissant, tomber sur l'Oued-Sahel sous le nom de Djebel-Gueldaman.

Cette chaîne, qui forme véritablement la berge de la Méditerranée, ne donne naissance, sur son versant nord, qu'à des ruisseaux insignifiants. Elle est de la nature la plus sauvage et la plus pauvre, et est habitée par des tribus kabiles misérables, dont le caractère, fier et remuant, se plie difficilement à l'obéissance.

Au sud de cette première chaîne, et à environ sept lieues, s'en trouve une deuxième qui lui est exactement parallèle, mais qui n'a pas le même caractère sauvage; elle prend, à partir de l'est, les noms de Djebel-Medjounès, de Djebel-Magris dont le sommet est à mille sept cent vingt-deux mètres; de Djebel-Anini, de Tafat, de Guergour, de Djebel-Magraoua; elle se prolonge, dans le cercle de Bordj-bou-Areridj, sous le nom de Djebel-bou-. Chian, Djebel-Zamora, Djebel-Djafra, Djebel-Bounda, des Biban, et va se rattacher au massif du Dira, au sud d'Aumale.

A l'est, elle se prolonge sous le nom de Djebel-Sâada, Lekahl, Zouaoui; elle est coupée à Constantine par le Roumel; de là elle passe au nord de Guelma et va mourir, près de La Calle, au cap Roux.

Du Djebel-Anini se détache un contrefort qui court vers le nord et va se relier à la chaîne des Babor par le

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