croyants, puritains de l'islamisme, se tinrent à l'écart en déclarant que le droit de choisir le chef de l'état et de la religion appartenait au corps entier des fidèles. Ils prirent bientôt les armes pour faire valoir ce principe; puis, à la suite de plusieurs défaites, ils eurent recours à d'autres moyens pour combattre leurs adversaires. Ces dissidents ou kharedjites, comme on les nomma, enseignaient que tout musulman, hormis ceux de leur secte, était infidèle et méritait la mort; que ses femmes et ses enfants pourraient être légalement réduits en servitude. Ils dénoncèrent aussi la peine de mort contre les croyants qui ne répondraient pas à l'appel pour la guerre sainte, c'est-à-dire, contre les individus de leur propre parti auxquels il manquait, soit le courage, soit le fanatisme. Vaincue en Syrie, en Arabie et en Irac, cette faction se brisa, mais les débris se répandirent jusque dans les provinces les plus éloignées du siége de l'empire. Quelques-uns de ces fuyards passèrent en Afrique où ils trouvèrent les Berbères bien disposés à embrasser leurs doctrines. Ce peuple ne cherchait que des prétextes pour résister à la domination arabe; et si, dans les premiers temps, il ne savait entreprendre une révolte sans se jeter dans l'apostasie, il apprit alors à s'insurger sans cesser d'être musulman. Profitant enfin des guerres qui embrâsèrent toutes les provinces de l'islamisme lors de la lutte des Oméïades et des Abbacides, ils parvinrent encore à vaincre les Arabes et à devenir maîtres chez eux. Pendant quatorze mois les Kharedjites sofrites dominèrent dans Cairouan; les Eibadites, qui formaient une autre nuance de la même secte, y règnèrent ensuite pendant deux ans, et, pour que l'autorité du khalifat fût rétablie en Afrique, il fallut que les cadavres de quarante mille de ces hérétiques restassent sur un seul champ de bataille. Comme la famille d'El-Abbas avait maintenant arraché l'empire aux descendants d'Oméïa qui, eux-mêmes l'avaient enlevé à la postérité de Mahomet, et que ces changements de dynastie eurent pour résultat le démembrement et la ruine de l'autorité arabe, il sera nécessaire d'indiquer ici la filiation de ces trois branches de la tribu de Coreich : De la branche d'El-Abbas, oncle de Mahomet, sortirent les Abbacides; de celle d'Oméïa, fils d'Abd-Chems, provinrent les deux branches des Oméïades; d'El-Hacen et d'El-Hocein sortirent les Alides ou Fatemides, princes dont les partisans furent ordinairement désignés par le nom injurieux de Chiites, c'est-à-dire sectaires. Si la succession au khalifat devait se régler selon les 'maximes du droit d'hérédité, on voit par l'inspection de ce tableau que les Alides seuls pouvaient y prétendre, et que les Omeïades y avaient encore moins de titres que les Abbacides. Pendant un siècle et demi les émirs de l'Afrique avaient été nommés par les khalifes de l'Orient, mais ensuite l'autorité devint l'héritage des Aghlebides, famille dont l'aïeul, El-Aghleb, avait rendu de grands services aux Abbacides, d'abord en Khoraçan, et plus tard en Afrique. Son fils Ibrahîm reçut de Harouner-Rechîd le gouvernement de cette province et transmit l'autorité à ses enfants. Onze princes aghlebides régnèrent successivement à Cairouan, pendant plus d'un siècle. Ils avaient dompté les Berbères, courbé l'audace des généraux arabes, toujours disposés à repousser leur autorité; ils avaient même conquis la Sicile, quand leur dynastie fut renversée par un ennemi dont ils avaient à peine soupçonné l'existence. Les Berbères de la tribu de Ketama reconnurent pour khalife un prince fatemide, expulsèrent de l'Afrique Ziadet-Allah, l'aghlebide, et enlevèrent ce pays à l'autorité des khalifes de l'Orient. Voici la liste des émirs arabes et des aghlebides: J.-C. A. H. ÉMIRS DE L'AFRIQUE. 665-645? Moaouïa-Ibn-Hodeidj. 50? Ocba-Ibn-Nafè, 1re fois 55 Abou-'l-Mohadjer. 670 675 681-262 Ocba, 2° fois. 682-363 Koceila, chef berbère. 686-7 67 Zoheir-Ibn-Caïs. 688-9 69? Hassan-Ibn-en-Noman. 745-6 97 Mohammed-Ibn-Yezîd, re fois. 728-9 110 Obeida-Ibn-Abd-er-Rahman. 146 Obeid-Allah-Ibn-el-Habhab. 734 745 127 Abd-er-Rahman-Ibn-Habib. 754-5137 El-Yas-Ibn-Habib. 755-6138 Habib-Ibn-Abd-er-Rahman. 140 Acem, émir berbère sofrite. 440 Ibn-Abi-'l-Djâd, berbère sofrile. 758-9444 Abou-'l-Khattab-Abd-el-Ala, berbère eibadite. 144 Mohammed-Ibn-el-Achâth. 448 Eïça[-Ibn-Youçof]-Ibn-Mouça. 757 758 761 765 765 766 J.-C. 800 812 817 838 841 856 863 864 875 902 903 909 184 Ibrahim-Ibn-el-Aghleb. 196 Abou-'l-Abbas-Abd-Allah, fils d'Ibrahim. 226 Mohammed, fils d'Abou-Eical. 242 Ahmed, fils de Mohammed. 249 Ziadet-Allah II, fils de Mohammed. 250 Abou-'l-Gharanic-Mohammed, fils d'Ahmed. 289 Abd-Allah, fils d'Ibrahim. 290 Zîadet-Allah III, fils d'Abd-Allah. 296 Il abdique. Pour l'histoire des événements qui se passèrent sous l'administration de ces émirs, on consultera, dans cet ouvrage, les chapitres suivants : Tome I, Les appendices, nos 1 et 1, Les Berbères sous la domination arabe, Les Aureba, les Hoouara. Tome III, Les Djeraoua, Les Beni-Ifren. Pour les origines berbères, on lira : Tome I, Chapitre sur les origines berbères, Chapitre sur leur caractère national. Tome III, Origines zenatiennes. En l'an 755, après la chute des Oméïades, un membre de cette famille, descendant du khalife Merouan-Ibn-el-Hakem, échappa au massacre qui enveloppa la plupart de ses parents et gagna l'Andalousie où il fit revivre, avec plus d'éclat que précédemment, la dynastie fondée par ses aïeux. Ce fut de lui que sortirent les khalifes oméïades ou merouanides de l'Espagne. Trente-trois ans plus tard, un arrière petit-fils d'El-Hacen, fils d'Ali et de Fatema, se réfugia en Afrique pour éviter la mort lui destinait le khalife abbacide, El-Mehdi. Accueilli avec em que pressement par les Berbères de la province de Tanger, il fixa son séjour dans Oulili (Volubilis) et fonda la dynastie idricide. Le royaume de ses successeurs eut Fez pour capitale et embrassa toutes les provinces qui forment l'empire actuel du Maroc ; mais il se morcela bientôt entre plusieurs membres de la famille royale. Attaqués alternativement par les Zîrides et les Omeïades. d'Espagne, ces petits princes perdirent leurs états, et le dernier qui restait devint le prisonnier du khalife de Cordoue. J -C. A. H. LES IDRICIDES. 788-9 172 Idrîs I, fils d'Abd-Allah, à Oulîli. 791-2175 Régence pendant la minorité de son fils. 804 488 Idris II, fils du précédent. 807-8192 Fondation de Fez. 827-9 242 (243) Mohammed, fils d'Idris II. 836 221 Ali, fils de Mohammed. 848-9 234 Yahya, fils de Mohammed. Yahya, fils de Yahya. Ali, fils d'Omar, fils d'Idris II. Yahya, fils d'El-Cacem, fils d'Idris II. 904-5 292 Yahya, fils d'Idris, fils d'Omar, fils d'Idrîs II. 921-2 309 Il est détrôné et remplacé par Rihan-el-Ketami. 922-3340 (313) selon Ibn-Khaldoun et l'auteur du Baian, ElHacen-el-Haddjam, fils de Mohammed, fils d'ElCacem, fils d'Idrîs II. 924-5 342 Sa mort. 925-6 343 Mouça-Ibn-Abi-'l-Afia s'empare de Fez. Kennoun, fils de Mohammed, fils d'El-Cacem, fils d'Idris II, règne à Hadjer-en-Nesr. 948-9 337 Sa mort. Abou-'l-Aïch-Ahmed, fils de Kennoun 954-5 343 Sa mort. 958-9 347 El-Hacen, fils de Kennoun, à Basra. 974-5 364 11 abdique. 983-4 373 Il ressaisit le pouvoir. 985-6 375 Sa mort et fin de la dynastie. 375 Sur l'histoire des Idricides le lecteur doit consulter: Tome II, Appendice, Hist. des Idricides, |