Les Beni-Hosein-Ibn-Zoghba occupaient le pays qui touche à la partie occidentale du territoire habité par les Beni-Yezîd. A côté d'eux, les Thâleba, branche de la tribu de Makil, possédaient la région qui s'étend depuis la mer jusqu'à Tîteri et à Médéa. Dans la suite, cette contrée fut enlevée aux Thâleba par les Beni-Toudjin, branche de la tribu des Beni-Badin. Comme les Toudjîn avaient pour voisins les Beni-Hosein, tribu aux habitudes nomades, ils les obligeaient à leur fournir, sur réquisition, un contingent en hommes, et à leur payer un tribut en sus des impôts. Plus tard, les Beni-Abd-el-Ouad mirent fin à la domination que les Toudjînides exerçaient autour de Médéa, et ayant alors abreuvé les Hosein d'humiliations, ils les soumirent aux impôts et aux avanies de toute nature: les décimant par l'épée et les accablant de corvées, ils les réduisirent enfin au rang des autres peuplades soumises à l'impôt. Dans la suite, les Beni-Merîn étendirent leur domination sur toutes les populations d'origine zenatienne, comme nous le raconterons plus tard, et ces mêmes Hosein devinrent les sujets les plus obéissants de leur empire. La puissance des Arabes commença à se faire sentir de nouveau quand la mort du sultan Abou-Einan eut permis à AbouHammou-Mouça de rétablir le royaume des Beni-Abd-el-Ouad. La puissance des Zenata fléchit vers la même époque; leur empire éprouva le sort de tous les autres et tomba en décadence; alors les Hosein s'emparèrent de Tîteri, c'est-à-dire, de la montagne d'Achir, et s'y fortifièrent. Ils y étaient déjà établis quand Abou-Zian, cousin du sultan Abou-Hammou [et fils d'Abou-Saîd, sultan] qui régna avant celui-ci, passa chez eux. Il s'était échappé de l'espèce de captivité dans laquelle les Mérinides le retenaient, et après avoir visité Tunis, il annonçait maintenant. l'intention de monter sur le trône que son père avait occupé, et d'enlever le pouvoir à son cousin par les armes. Après plusieurs aventures dont je ferai le récit ailleurs, il s'arrêta chez les Ho Dans le texte arabe, il faut lire Li-Beni-Toudjin, à la place de MinBeni-Toudjin. sein au moment le plus opportun, car ils cherchaient une occasion comme celle-là afin de secouer le joug dont le gouvernement de Tlemcen les avait chargés. Aussi, lui firent-ils l'accueil le plus empressé, et s'étant engagés à le soutenir, ils en écrivirent à leurs frères et aux chefs des autres tribus zoghbiennes, telles que les Beni-Soueid et les Beni-Amer. Ayant obtenu la promesse de leur appui, ils se retranchèrent dans la montagne de Titeri et repoussèrent, à plusieurs reprises, les troupes qu'Abou-Hammou avait envoyées contre eux Alors, ce sultan marcha en personne pour les combattre, mais il eut à essuyer un nouveau revers. Par suite de ce dernier combat les Zoghba recouvrèrent la prépondérance qu'ils avaient tant ambitionnée. Depuis ce temps, ils ont continué à résister avec succès aux prétentions du gouvernement [abd-el-ouadite], et ayant obtenu la concession de cette partie de la province, ils se la sont partagée entre eux. Abou-Zîan passa chez les Riah après avoir fait la paix avec son cousin. Les Hosein ayant acquis par son moyen la puissance qu'ils conservent encore, se firent concéder par le gouvernement tous les territoires dont ils s'étaient emparés aux environs de Médéa et dans le pays des Sanhadja. La tribu des Hosein forme deux grandes branches, les Djondel et les Kharrach. A celle de Djondel appartient la famille de SadIbn-Khonfer-Ibn-Mobarek-Ibn-Fodail-Ibn-Sinan-Ibn-Sebâ-Ibu Mouça-Ibn-Komam-Ibn-Ali-Ibn-Djondel. Le droit de commander cette branche appartient à Ali et à Séïdhom, fils de KhalifaIbn-Sad, mais les Aulad-Khachà-Ibn-Djondel l'avaient exercé avant eux. Les Khacha ont maintenant pour chef Ali-Ibn-SalehIbn-Debbab-Ibn-Mobarek-Ibn-Mahya-Ibn-Mohelhel-Ibn-Chokr Ibn-Amer-Ibn-Mohammed-Ibn-Khachà. Les Kharrach, seconde branche des Hosein, se composent de trois grandes familles : les Aulad-Masoud-Ibn-Modaffer-Ibn-Mohammed-el-Kamel-Ibn-Kharrach, qui obéissent aux fils de Rehab-Ibn-Eïça-ben-bou-Bekr-Ibn-Zemam-Ibn-Masoud; les AuladFeredj-Ibn-Modaffer, commandés par les fils de Khalifa-Ibn-Othman-Ibn-Mouça-Ibn-Feredj, et les Aulad-Tarîf-Ibn-Måbed-IbnKharrach. Cette dernière famille, que l'on appelle aussi El-Méà beda [les Måbeds], a pour chefs deux descendants d'Arîf-IbnTarif, savoir: Zian-Ibn-Bedr-Ibn-Masoud-Ibn-Moarref-Ibn-Arîf et Misbah-Ibn-Abd-Allah-Ibn--Kethîr-Ibn-Arif. Quelques personnes ont regardé les Aulad-Modaffer comme appartenant à la tribu de Soleim; selon leur opinion, Modaffer, fils de Mohammedel-Kamel, quitta les Beni-Soleim pour aller s'établir parmi les Kharrach. Dieu sait si cela est vrai. Les Beni-Malek, descendants de Malek-Ibn-Zoghba, formèrent aussi trois grandes familles : celle de Soueid-Ibn-Ammar-IbnMalek, celle d'Attaf-Ibn Roumi-Ibn-el-Hareth-Ibn-Malek, et celle des Dïalem, dont l'aïeul, Dilem, était fils de Hacen-Ibn-IbrahîmIbn-Roumi. Les Soueid avaient été confédérés des Beni-Badîn avant que ceux-ci eussent fondé des dynasties, et comme ils s'étaient attachés plus particulièrement aux Beni-Abd-el-Ouad, ils recevaient d'eux certaines gratifications payables par les villes de Cîrat, ElBatha et Hoouara. Quand les Beni-Badin s'emparèrent des plateaux et villes du Maghreb central, les Beni-Toudjîn en obtinrent pour leur part cette portion du bord méridional du Tell qui s'étend depuis CalâSaîda, du côté de l'occident, jusqu'à Médéa, du côté de l'orient. Ils possédèrent ainsi la Calâ-t-Ibn-Selama, Mindas, le Ouancherîch, Ouzîna et les pays intermédiaires; de sorte qu'ils se trouvèrent voisins des Beni-Malek, tant dans le Désert que dans le Tell. Quand les Beni Abd-el-Ouad obtinrent possession de Tlemcen et s'y établirent, ainsi que dans les pays voisins, les Soueid, d'entre toutes les tribus zoghbiennes, étaient leurs confédérés les plus dévoués. Parmi les Soueid, on distingue plusieurs branches remarquables, telles que les Flita, les Chebaba, les Modjaher et les Djoutha, familles dont les aïeux étaient tous fils de Soueid. Les Hassasna (ou Hassan), branche des Chebaba, descendent de Hassan-Ibn-Chebaba. Les Ghofeir, les Chafâï et les Malef ont pour aïeul Selima-Ibn-Modjaher; les Bou-Kamel, les Bou-Rahma et les Hamdan remontent à Mocadder-Ibn-Modjaher. Quelques uns de leurs généalogistes prétendent cependant, que Mocadder n'était pas l'aïeul de ces trois tribus et que ce furent les Bou-Kamel qui donnèrent cours à cette erreur. Avant et pendant le règne de Yaghmoracen, les Soueid eurent pour chefs les Aulad-Eïça-Ibn-Abd-el-Caoui-Ibn-Hamdan. Eïça eut trois fils: Mehdi, Atïa et Terad, mais le commandement fut spécialement réservé à Mehdi. De Mehdi l'autorité passa à son fils Youçof et puis à Omar-Ibn-Mehdi, frère de Youçof. Yaghmoracen concéda à Youçof-Ibn-Mehdi les villes d'El-Batha et de Cirat, mais il accorda la plaine d'El-Batha à Anter-Ibn-TeradIbn-Eïça. Ces chefs se firent payer tribut par les habitants des localités que nous venous de nommer, sans encourir la désapprobation de Yaghmoracen. Il arrivait même quelquefois à ce prince, quand il allait faire la guerre, d'installer Omar-IbnMehdi à Tlemcen comme son lieutenant et comme gouverneur de toute la partie orientale de ses états. Pendant ce temps, les Soueid nomades avaient cessé de fréquenter le Désert; il n'y resta qu'un très-petit nombre d'entre eux, appartenant, les uns, aux Djoutha, les autres aux Flita, aux Malef, aux Ghofeir, aux Chafàï, etc.. Les Makil subjuguè– rent ensuite ces peuplades et exigèrent d'elles un tribut annuel consistant en chameaux dont ils eurent soin de choisir les jeunes femelles. Le chef makilien qui touchait cet impôt se nommait, selon les uns, Abou-'r-Rich-Ibn-Nehar-Ibn-Othman-IbnObeid-Allah, et selon les autres, Ali-ben- Othman, frère de ce Nehar. Quelques personnes ont cependant rapporté que AmerIbn-Hamîd imposa cette taxe à son peuple en faveur des Makil; voulant ainsi les récompenser du secours qu'ils lui avaient fourni contre ses ennemis. L'usage de payer tribut aux Makil cessa au bout de quelque temps. Plusieurs personnages de haut rang parmi les Zoghba avaient fait des démarches pour en obtenir une diminution et ils finirent par maltraiter les Makiliens au lieu de leur donner ce qu'ils demandaient. Malgré l'autorité des manuscrits, il faut lire li-dhd, à la place de li-ahdihim. Ayant indiqué l'origine de cet impôt d'après les renseignements de Youçouf-Ibn-Ali-Ibn-Ghanem, chef makilien qui les tenait lui-même des anciens de sa tribu, je vais maintenant raconter de quelle manière il fut aboli. Les Makil étaient convenus entre eux que chacune de leurs tribus le recueillirait à son tour et le garderait pour elle. Quand les Obeid-Allah durent venir le percevoir, Thouaba-Ibn-Djoutha rassembla son peuple et l'engagea à repousser leurs prétentions. Il en résulta un conflit à la suite duquel les Zoghba chassèrent leurs adversaires dans la partie orientale du pays. Se plaçant alors de manière à leur couper toute communication avec les autres tribus makiliennes, ils leur livrèrent plusieurs combats dans lesquels ils perdirent eux-mêmes leurs chefs Ibn-Djoutha et Ibn-Mermah. La tribu d'Obeid-Allah adressa alors aux autres tribus makiliennes un poème dans lequel on remarque les vers suivants : Enfants de Makil! si vous nous refusez des secours contre l'ennemi, sachez, au moins, ce qui nous est arrivé : Nous avons tué Ibn-Djoutha; Ibn-Mermah, le brave, reste prosterné dans la poussière ! Voilà de nos exploits ! Les Makil vinrent au secours de leurs frères et forcèrent les Zoghba à prendre la fuite. Les Obeid-Allah effectuèrent leur jonction avec leurs parents, les Beni-Mansour et les Doui-Hassan, mais, depuis ce temps, les Zoghba sont restés libres de cet impôt. Plus tard, un conflit ayant éclaté entre Yaghmoracen et les Soueid, ceux-ci perdirent leur chef Omer-Ibn-Mehdi et abandonnèrent les plateaux et les pâturages du royaume abd-el-ouadite pour rentrer dans la partie du Désert qui touche au territoire habité par les Toudjin. Ils formèrent alors une confédération avec ce peuple et le soutinrent dans ses guerres contre les BeniAbd-el-Ouad. Plusieurs de leurs familles, devenues trop faibles peur se livrer davantage à la vie nomade, s'établirent, vers cette époque, dans les campagnes d'el-Batha et de Cirat : les Chebaba, les Modjacher, les Flita, les Ghofeir, les Chafàï, les Malef, les Bou-Rahma et les Bou-Kamel prirent alors des habitations fixes; Bakhis-Ibn-Ammar, tribu sœur de celle de Soueid, s'installa dans la campagne d'Oran, et s'étant soumis à la nécessité de |