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Le Zab occidental, dont la capitale est Tolga, appartient aux Aulad-Mohammed et aux Aulad-Sebà-Ibn Yahya. Abou-BekrIbn-Masoud avait d'abord possédé ce pays, mais sa famille étant tombée dans un grand affaiblissement, fut réduite à le vendre. Ce furent Ali-Ibn-Ahmed, chef des Aulad-Mohammed, et Soleiman-Ibn-Ali, chef des Aulad-Sebâ, qui s'en rendirent les acquéreurs Dès lors les Aulad-Mohammed et les Aulad-Sebà se livraient à des hostilités incessantes jusqu'à ce que ceux-ci, ayant obtenu possession des pâturages de cette région, y firent respecter l'autorité de Soleiman et de ses fils.

Le Zab central, dont la capitale est Biskera, échut aux AuladMohammed et devint un de leurs lieux de parcours. Pour cette raison, Yacoub-Ibn-Ali exerçait un grand ascendant sur le gouverneur de cette province, et celui-ci recherchait l'appui du chef arabe toutes les fois qu'il voulait résister aux ordres du gouvernement hafside, ou se rendre indépendant, ou protéger ses campagnes contre les brigandages des Arabes nomades.

Le Zab oriental, dont les métropoles sont Badis et Tennouma, appartient aux Aulad-Nabet, chefs de la tribu de Kerfa; c'est un de leurs terrains de parcours où les Rîah n'entrent jamais, excepté quand le gouverneur du Zab veut se faire payer les impôts arriérés; alors il prend avec lui un corps de nomades rîahides, qui marche avec l'autorisation et sous la conduite de leur chef Yacoub [Ibn-Ali-Ibn-Ahmed].

Toutes les branches de la grande tribu de Riah reconnaissent l'autorité des Douaouida: c'est d'eux qu'elles tiennent leurs terres, et c'est à eux qu'elles s'adressent quand il s'agit d'en obtenir davantage; car elles ne possèdent en propre aucune partie du pays. De toutes ces tribus, les plus puissantes et les plus nombreuses sont les Said, les Moslem et les Akhder. Elles visitent régulierement les pâturages situés au fond du Désert, et quand les Douaouida se livrent à des querelles intestines, elles ne manquent jamais d'y prendre part. En ces occasions, les Said font presque toujours cause commune avec leurs confédérés, les Aulad-Mohammed, pendant que les Moşlem et les Akhder se rangent ordinairement du côté des Aulad-Seba.

Le droit de commander aux Said appartient à une de leurs familles appelée les Aulad -Youçof-Ibn-Zeid. Le chef qui l'exerce actuellement est fils de Meimoun-Ibn-Yacoub - Ibn - Arîf - IbnYacoub-Ibn-Youçof. La famille qui tient chez eux le commandement en second, s'appelle les Aulad-Eïça-Ibn-Rahab-Ibn-Youçof: elle prétend descendre des Aulad-el-Cos, branche des Halim, une des subdivisions des Beni-Soleim; mais ses rapports de voisinage et d'amitié avec les Riah prouvent d'une manière certaine qu'elle appartient à cette dernière tribu.

On rencontre parmi les Aulad-Youçof un mélange d'autres peuplades arabes que l'on désigue par les noms des Mekhadma, des Ghoïouth et des Bohour. Les deux premières descendent de Makhdem, fils de Mochrec-Ibn-el-Athbedj. Les Bohour comptent parmi eux quelques Berbères de la tribu de Zenara et d'autres branches de la tribu de Louata, ainsi qu'une fraction des Nefath, tribu djodamienne. De ceux-ci et des Zenara nous parlerons dans un autre chapitre de cet ouvrage. Disons seulement qu'il se trouve un nombre considérable de Zenara parmi les BeniDjaber de Tedla, et qu'un membre de cette tribu, le nommé Soltan-ez-Zenari, passa en Espagne après l'avènement des Benil'Ahmer [souverains de Grenade], et s'y distingua par sa bravoure dans la guerre sainte. On en rencontre encore beaucoup dans l'Egypte et dans le Saïd (la Haute-Égypte).

Au nombre des confédérés des Aulad-Mohammed, branche des Douaouida, on compte les Riah-Ibn-Souat-Ibn-Amer-Ibn-Sâsâ; tribu qui était venue se fondre dans celle de Riah. S'étant attachée à ce peuple comme confédérée et alliée, elle l'accompagne dans toutes les courses que le besoin de nouveaux pâturages rend nécessaires.

Les Aulad-Seba ont pour confédérés les Moslem et les Akhder. Nous avons déjà dit que Moslem était fils d'Ocaïl-Ibn-Mirdas-IbnRîah. Ce Mirdas était frère de Haouaz-Ibn-Riah. Quelques-uns d'entre les Moslem prétendent que leur ancêtre tirait son origine d'Ez-Zobeir-Ibn-el-Auwam. Cette opinion est fausse, et les

Er-Zobeir-Ibn-el-Auwam, membre de la tribu de Coreich, fut un

personnes qui la repoussent déclarent que Moslem descendait d'ez-Zobeir de la tribu de Mehaïa, laquelle, comme nous l'avons déjà dit, est une branche de celle des Eïad. Les Moslem reconnaissent pour chefs les Aulad-Djemâa, famille dont l'aïeul, Djemâa, était fils de Salem-Ibn-Hammad-Ibn-Moslem. Le commandement est maintenant exercé chez eux, soit par les Chokr-Ibn-HamedIbn-Keslan-Ibn-Ghaïth-Ibn-Rahhal-Ibn-Djemâa, soit par les Zorara-Ibn-Mouça-Ibn-Kitran-Ibn-Djemâa.

Les Akhder (ou Khodr) se donnent pour aïeul Khodr-Ibn-Amer. Cet Amer ne saurait être Amer-Ibn-Sâsà, dont les généalogistes nous ont fait connaître les noms de tous les fils [et qui n'a pas eu un fils nommé Khodr]. Je le suppose donc être un descendant de Riah, ou bien l'Amer, fils de Yezîd-Ibn-Mirdas, dont le lecteur a déjà rencontré le nom dans la filiation des familles rîahides. On pourrait aussi admettre que ces Khodr sont la même tribu dont l'auteur du Kitab-el-Aghani1 désigne l'ancêtre sous le nom de Malek-Ibn-Tarif-Ibn-Malek-Ibn-Hafça-Ibn-Caïs-Ibn-Ghailan : « On » leur a donné, dit-il, le nom de Khodr (verts), parce qu'ils >> avaient le teint très-foncé; on sait que les Arabes [du Désert]

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Le Kitab-el-Aghani (livre des chansons) est un ouvrage très-volumineux dans lequel l'auteur, Abou- 'l-Feredj-el-Ispahani, raconte, àpropos des chansons les plus à la mode, l'histoire de presque tous les poètes arabes qui vécurent avant Mahommet et dans les premiers temps de l'islamisme. Le Journal Asiatique de 4835 et 1838, renferme une notice de cet ouvrage par M. Quatremère. « Ce livre, dit Ibn-Khaldoun, » est vraiment le livre des Arabes, et le recueil de leurs anciens monu>ments de littérature: on y trouve leur langue, leurs aventures, leurs » journées célèbres, leur ancienne religion nationale, la vie de leur » prophète, les monuments et les poésies de leurs khalifes et leurs rois, >> leurs chansons, enfin tout ce qui les concerne; dans aucun autre » ouvrage on ne trouve un tableau aussi complet des Arabes. » ( De Sacy; Anthologie grammaticale arabe, p. 430) Abou-'l-Feredj mourut en 356 (967 de J.-C.). (Voyez sa vie dans ma traduction anglaise d'IbnKhallikan, vol. 1, pp. 249 et suiv.) — M. le professeur Kosegarten a entrepris une édition du Kitab-el-Aghani, en arabe et en latin.

>> appellent vert tout ce qui est noir 1. » Le même auteur fournit le renseignement suivant: « Malek avait le teint excessivement >> foncé, et tous ses enfants lui ressemblaient par la couleur. »>

Le commandement des Khodr appartient aux descendants de Thamer - Ibn - Ali-Ibn-Temmam - Ibn - Ammar - Ibn-Khodr-IbnAmer-bn-Riah; et dans cette famille c'est la branche d'AmerIbn-Saleh-Ibn-Amer-Ibn-Atïa-Ibn-Thamer qui l'exerce à présent. La tribu des Khodr renferme aussi une famille sortie de ZaïdaIbn-Temmam-Ibn-Ammar.

Parmi les nomades de la tribu de Riah on rencontre une branche des Anéza, famille dont l'aïeul, Anéza, était fils d'Aced-IbnRebià -Ibn-Nizar.

La portion de la tribu de Riah qu'El-Mansour avait établie dans la province d'El-Hebet continua à habiter cette localité après le départ de son chef, Masoud-Ibn-Zemam, et même jusqu'à la chute des Almohades. Du temps d'El-Mamoun elle obéissait à Othman-Ibn-Nacer, chef que ce monarque fit mettre à mort en l'an 630 (1232-3).

A l'époque où les Beni-Merîn envahirent les campagnes du Maghreb, les Almohades exigèrent de ces Riah un contingent d'hommes pour la défense de l'empire. Les Beni-Asker-Ibn-Mohammed, branche de la grande famille mérinide, passèrent alors du côté des Almohades, après avoir eu une querelle avec leurs frères, les Beni-Hammama-Ibn-Mohammed, ancêtres de la dynastie mérinide. Cette défection amena un conflit entre les deux partis, et Abd-el-Hack-Ibn - Mahîou-Ibn-Abi-Bekr - Ibn-Hammama y perdit la vie ainsi que son tils Idris. Comme les Rîah s'étaient immiscés dans cette querelle, ils s'exposèrent à la vengeance des Mérinides, et à plusienrs reprises, ils eurent à en subir des attaques qui leur coûtaient beaucoup de monde, tant tués que prisonniers. Le dernier des sultans mérinides qui tourna ses armes contre les Rîah fut Abou-Thabet, petit-fils de Youçof-IbnYacoub il tomba sur eux, l'an 707 (1307-8), et leur ayant fait

«La garde d'élite de Mahomet s'appelait El-Khadra, c'est-à-dire la noire, parce qu'elle était couverte de fer. » — (Sirat-er-Reçoul.)

éprouver de grandes pertes, il les força à se réfugier sur les sommets des collines qui s'élèvent au milieu du marais formé par les eaux de la mer dans la province d'Azghar. Réduits enfin à un petit nombre, ils descendirent au rang des tribus soumises aux impôts, et finirent par s'éteindre tout-à-fait. Tel est le sort qui attend chaque peuple à son tour.

HISTOIRE DE SÉADA, RÉFORMATEUR DES MOEURS, QUI S'ÉLEVA

PARMI LES RIAH.

Séada appartenait aux Rahman, famille de la tribu des Moslem, branche de celle de Rîah. Sa mère, Hodeiba, femme d'une piété traordinaire, se livrait aux pratiques de la dévotion la plus exaltée, et lui inspira, dès son enfance, les mêmes sentiments dont elle était animée. Dans sa jeunesse, Séada visita le Maghreb, et rencontra à Teza le chef des saints docteurs de l'époque, Abou-Ishac-et-Teçouli. Ayant étudié la jurisprudence sous cet habile maître, il rentra dans le Zab, pays occupé par les Rîah, et se fixa à Tolga. Rempli d'une parfaite connaissance de la loi, et poussé par un zèle ardent, il entreprit de corriger la conduite peu régulière de ses parents, compagnons et amis. La réputation qu'il s'acquit dans l'accomplissement de cette tâche, lui gagna un grand nombre de partisans, tant au sein de sa propre tribu que parmi les peuplades voisines. Plusieurs personnages de haut rang se mirent au nombre de ses disciples et s'obligèrent à marcher dans la voie qu'il leur avait tracée.

Parmi ses prosélytes les plus notables il compta plusieurs cheiks douaouidiens tels qu'Abou-Yahya-Ibn-Ahmed-Ibn-Omar, chef des Beni-Mohammed-Ibn-Masoud, Atïà-Ibn-Soleiman-IbnSebâ, chef des Aulad-Sebâ-Ibn-Yahya, Eïça-Ibn-Yahya-Ibn-Idrîs, chef des Aulad-Idris, branche des Açaker, et Hacen-Ibn-Selama, chef des Aulad-Talha-Ibn-Yahya-Ibn-Doreid-Ibn-Masoud. Il fut soutenu aussi par Hadjrès--Ibn-Ali de la famille de Yezîd-IbnZoghba, et par quelques grands personnages de la tribu d'Attaf, branche de celle de Zoghba. Plusieurs dépendants de ces chefs et tous les gens pauvres de leurs tribus s'empressèrent de seconder les vues du réformateur.

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