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eut pour chef Djermoun-Ibn-Eiça, personnage appartenant à la famille des Beni-Corra, s'il faut en croire un auteur qui a com-posé une histoire des Almohades. Pendant longtemps les tribus de Sofyan et de Kholt se livrèrent à des hostilités mutuelles, et comme les Kholt s'étaient attachés à la cause d'El-Mamoun et de ses fils, les Sofyan prêtèrent leur appui à Yahya-Ibn-en-Nacer qui disputait à ce prince le khalifat de Maroc. Er-Rechid [fils d'El-Mamoun] ayant fait mettre à mort Masoud-Ibn-Hamidan, chef des Kholt (événement dont nous parlerons plus-tard), ceux-ci prirent le parti de Yahya-Ibn-en-Nacer, et les Sofyan passèrent aussitôt du côté d'Er-Rechîd. En l'an 638 (4 240-1), quelque temps après l'apparition des Mérinides dans le Maghreb, et pendant leur guerre avec les Almohades, Djermoun abandonna ErRechid, et alla se joindre à Mohammed-Ibn-Abd-el-Hack, émir des Beni-Merin. Ce fut un sentiment de honte qui le porta à cette démarche : s'étant enivré une nuit avec Er-Rechîd, il se mit à danser sur la pressante sollicitation de ce prince. Revenu de son ivresse, il en eut un tel regret, qu'il s'enfuit de la cour et alla joindre Mohammed-Ibn-Abd-el-Hack. Ceci se passa en l'an 638, et l'année suivante, il mourut. Kanoun, son fils et successeur, jouissait d'une haute faveur auprès d'Es-Said [fils d'El-Mamoun et successeur d'Er Rechid]; mais, en l'an 643 (4245-6), quand ce prince marcha contre les Mérinides, il l'abandonna et alla s'emparer d'Azemmor. Cette défection mit Es-Saîd dans l'impossibilité de donner suite à son expédition, et il y renonça pour tourner ses armes contre le chef rebelle. Kanoun s'enfuit devant lui, mais [ayant ensuite fait sa soumission] il l'accompagna à Temzezdekt et y mourut un jour avant lui. Il tomba sous les coups des Kholt, dans un conflit qui s'était élevé entre eux et les Sofyan. La mêlée eut lieu dans le camp mème d'Es-Said, et lui coûta la vie. Yacoub-Ibn-Djermoun succéda à son frère Kanoun, dont il tua le fils Mohammed. En l'an 649, (1254-2), il accompagna El-Morteda [le successeur d'Es-Saîd] dans son expédition à Aman-Imelloulin. [Quand on se trouva en face de l'ennemi] Yacoub se retira, et les troupes almohades s'enfuirent en désordre devant les Mérinides. Ce revers obligea El

Morteda à rentrer dans sa capitale, et quelque temps après, il pardonna à Yacoub sa défection. En l'an 659 (1264), Yacoub fut tué par Masoud et Ali, fils de Kanoun, qui voulurent ainsi tirer vengeance de la mort de leur frère. Les meurtriers se réfugièrent auprès de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack, sultan des Beni-Merin, et alors El-Morteda nomma Abd-er-Rahman, fils de Yacoub, au commandement de la tribu. L'ayant ensuite reconnu incapable de remplir les devoirs de cette charge, il le remplaça par ObeidAllah, fils de Djermoun, qu'il déposa bientôt après pour le même motif. Masoud, fils de Kanoun, reçut alors le commandement des Sofyan, et Abd-er-Rahman passa aux Mérinides. A la suite de ces changements, El-Morteda fit arrêter Yacoub-Ibn-Caïtoun, chef de la tribu de Djaber, et le remplaça par Yacoub-Ibn-Kanoun, de la tribu de Sofyan. En l'an 659 (1261), Abd-er-RahmanIbn-Yacoub retourna auprès d'El-Morteda, qui le fit mettre en prison et conserva Masoud-Ibn-Kanoun dans le commandement. Masoud eut deux neveux, Hattouch et Eïça, fils de Yacoub-IbnDjermoun, et il se plaisait à les mettre en évidence. Ayant abandonné le parti de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack [dont il venait de reconnaître l'autorité], il passa dans le pays de Heskoura. Le feu de la guerre ss ralluma alors, et Hattouch ayant été nommé au commandement des Sofyan qui venait de vaquer, le conserva jusqu'à sa mort. Il mourut en l'an 669 (1270-4), et eut pour successeur, son frère Eïça. Masoud mourut dans le Heskoura, en 680 (1281-2), et son fils Mansour passa dans le Sekcîouï où il resta jusqu'au règne de Yougof-Ibn-Yacoub. A cette époque, il rentra dans le devoir et fit sa soumission. Ce fut en l'an 706 (4306-7), pendant que ce sultan assiégeait Tlemcen, que Mansour se rendit auprès de lui. Depuis le moment où ce chef rentra en grâce jusqu'au temps actuel, la famille Djermoun a conservé le commandement des Sofyan. Sous le règne d'Abou-Einan, je fis la rencontre du chef qui les gouvernait alors: c'était Yacoub, fils d'Ali, fils de Mansour, fils d'Eïça, fils de Yacoub, fils de Djermoun, fils d'Eïça.

La tribu de Sofyan était établie à demeure fixe: elle occupait les bords de la province de Temsna, du côté d'Anfa; les Kholt

leur ayant enlevé la possession des vastes plaines de cette contrée. De toutes leurs familles il n'y a que les Hareth et les Kelabïa qui ont continué à parcourir, avec leurs troupeaux, le territoire du Sous et le désert qui en dépend; ils fréquentent les plaines du pays des Hèha, branche des Masmouda, et grâce à ce genre de vie, ils conservent encore leur force et leur bravoure. Les Aulad-Motà, branche de la famille des Hareth, exercerent le commandement sur ces nomades. Pendant longtemps, ils répandirent la dévastation dans les campagnes de Maroc, et en l'an 776 (1374-5), lorsque l'émir Abd-er-Rhaman, fils de BouIfelloucen-Ali et petit-fils du sultan Abou-Ali, se trouva en possession du pouvoir, comme sultan de Maroc, ils s'attachèrent à lui et obtinrent une haute place dans sa faveur. Plusieurs fois même il les faisait venir avec leurs cavaliers et leurs fantassins pour les passer en revue selon l'ancien usage. 'Leur chef se nommait Mansour-Ibn-Yaïch, et il appartenait à la famille des Motà. Plus tard le sultan fit arrêter tous les membres de cette famille et les envoya, les uns en prison, les autres à la mort; de sorte que leur puissance s'est anéantie et leur malheur est cité comme un exemple des vicissitudes de la fortune.

Au nombre des tribus dont se compose celle de Djochem, on compte les Kholt, mais c'est un fait bien établi qu'ils appartiennent à la tribu d'El-Montafic-Ibn-Amer-Ibn-Ocaïl-Ibn-Kåb-IbnRebia-Ibn-Amer. Toutes les familles sorties d'Ocaïl-Ibn-Kâb se firent partisans des Carmats dans le Bahrein. Lors de l'affaiblissement de cette secte, la tribu de Soleim s'empara du Bahrein au nom des Fatemides, et plus tard, les Beni-Abi-'l-Hocein, branche de la tribu de Taghleb, leur enleverent cette province au nom des Abbacides. Alors les Beni-Soleim émigrèrent en Afrique avec les Beni-'l-Montafic, les mêmes que l'on appelle les Kholt. Les autres tribus descendues d'Ocaïl, restèrent en Bahrein, et une d'elles, les Beni-Amer-Ibn-Auf-Ibn-Malek-Ibn-Auf-Ibn-Amer-Ibn-Ocaïl, tribu-sœur des Kholt, vainquit les Taghlebites. Il est vrai qu'en Maghreb on considère les Kholt comme sorties de la même souche que les Djochem; mais cette opinion ne peut trouver croyance que chez des gens dépourvus d'instruction.

Déportés en Maghreb par El-Mansour, ils se fixèrent dans les plaines de Temsna et s'y distinguèrent par le nombre et la bravoure de leurs guerriers. A cette époque, ils eurent pour chef HilalIbn-Hamidan-Ibn-Mocaddem-Ibn-Mohammed-Ibn-Hobeira-IbnAouadj; le reste de cette généalogie m'est inconnu.

Lors de l'avènement d'El-Adel, fils d'El-Mansour, ils se révoltèrent contre lui et défirent ses armées; puis, en l'an 625 (1228), Hilal envoya ses hommages à El-Mamoun et le reconnut pour souverain.

Cette démarche du chef arabe assura au khalife El-Mamoun l'adhésion des Almohades. Les Kholt lui prétèrent leur appui aussitôt qu'il débarqua en Maghreb; mais leurs rivaux, les Sofyan, embrassèrent le parti de Yahya-Ibn-en-Nacer. Hilal suivit fidèlement la fortune d'El-Mamoun, et quand ce sultan mourut, lors de la campagne de Ceuta, il s'empressa de reconnaître pour khalife son fils Er-Rechid. Ayant alors accompagné ce prince à Maroc, il défit la tribu de Sofyan, et la dépouilia complètement.

Après la mort de Hilal, son frère, Masoud, succéda au commandement des Kholt. Ce chef se laissa entraîner dans une révolte contre Er-Rechid par les instances d'Omar-Ibn-Aucarît, chef de la tribu almohade des Heskoura, lequel s'était mis en état de rebellion. Er-Rechid s'y prit alors avec tant d'adresse, qu'en l'an 632 (1234–5), il attira Masoud à Maroc et le fit mourir avec plusieurs autres membres de la même famille.

Yahya, fils de Hilal, ayant succédé à son oncle Masoud dans le 'commandement des Kholt, passa, avec sa tribu, du côté de Yahya-Ibn-en-Nacer. Soutenus par Omar-In-Aucarît, ils mirent le siége devant Maroc et obligèrent Er-Rechîd à se retirer à Sidjilmessa. Ils occupèrent alors la ville de Maroc, et s'y livrèrent. à toutes sortes de désordres, mais en l'an 633, ils se laissèrent enlever cette capitale par Er-Rechîd.

A la suite de ces événements, Ibn-Aucarît passa en Espagne, portant avec lui une déclaration par laquelle les Kholt s'engageaient à reconnaître pour souverain Ibn-Houd [qui était alors maître de l'Andalousie]. On parvint bientôt à découvrir que cette démarche d'Ibn-Aucarît n'était qu'un prétexte, et qu'il n'avait

point eu d'autre but que d'échapper au danger dont il se voyait menacé dans son pays.

Les Kholt abandonnèrent alors Yahya-Ibn-en-Nacer et l'ayant forcé à se retirer chez les Arabes makiliens, ils offrirent leur soumission à Er-Rechîd. En l'an 635 (1237-8), ce prince fit arrêter Ali et Ouchah, tous les deux fils de Hilal, et les emprisonna dans la forteresse d'Azemmor. Plus-tard, il leur rendit la liberté, et ayant tendu un piége aux principaux chefs des Kholt, il'les attira auprès de lui et les fit mettre à mort, ainsi qu'Omar-IbnAucarit, transfuge que le gouvernement de Séville venait de lui livrer.

Quand le khalife Es-Said entreprit son expédition contre les Beni-Abd-el-Ouad, les Kholt en firent partie, et par leurs conflits avec les Sofyan, ils entraînèrent la défaite et la mort de ce souverain. El-Morteda [successeur d'Es-Saîd] ne cessa d'épier une occasion favorable pour les châtier, et en l'an 652 (1254-5), il réussit à mettre la main sur leurs principaux chefs et à les faire mourir. Aouadj, le fils de Hilal, passa alors du côté des Mérinides, et El-Morteda donna le commandement des Kholt à Ali-ben-bouAli, membre d'une famille très-considérée chez eux. En l'an 654, Aouadj rentra dans sa tribu, et ayant eu un conflit avec Ali-ben-bou-Ali, il y mourut en combattant. En 660 (1261-2), lors de la défaite d'El-Morteda à Omm-er-Ridjlein, Ali-ben-bouAli passa aux Mérinidés et entraîna dans sa défection toute la tribu sous ses ordres.

Dans les premiers temps de la dynastie mérinide, le commandement des Kholt fut exercé par Mohelhel-Ibn-Yahya-Ibn-Mocaddem. Le souverain mérinide Yacoub - Ibn - Abd-el-Hack épousa la fille de ce chef et en eut un enfant qui régua, plus tard, sous le nom d'Abou-Saîd. Mohelhel mourut en 695 (1295-6), et eut pour successeur, dans le commandement de la tribu, son fils Atïa.

Atïa, fils de Mohelhel, gouverna les Kholt pendant le règne d'Abou-Said et pendant celui d'Abou-'l-Hacen, fils d'Abou-Saîd; il reçut même de ce dernier une mission auprès d'El-Mélek-enNacer, sultan d'Égypte. A la mort d'Atïa, son fils Eïça lui

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