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NOTICE DES BENI-THABET, TRIBU KETAMIENNE QUI HABITE LA

MONTAGNE EN FACE DE CONSTANTINE 1.

Une fraction de la tribu de Ketama habite la montagne située entre Collo et Constantine. Cette peuplade s'appelle les BeniThabet du nom de la famille qui la gouverne. L'on dit que ce Thabet était fils de 3 fils d'Abou-Bekr, fils de Telîlan, et que ce fut leur aïeul Abou-Bekr qui, sous la dynastie des Almohades, décida les habitants de la montagne à payer l'impôt, chose qu'ils n'avaient jamais faite auparavant. Lors de la chute de la dynastie sanhadjite [zîride] et la conquête de l'Ifrîkïa par les Almohades les Almohades, Abou - Bekr se rendit à Maroc pour offrir ses hommages au khalife, et voulant s'assurer un bon accueil, il prit l'engagement de lui faire payer un tribut par les habitants de la montagne. Thabet laissa trois fils: Hacen, Soltan et Ibrahîm, qui y exercèrent tous le commandement. Quand le sultan Abou-Yahya fut parvenu au trône, Hacen remplit auprès de lui les fonctions de grand chambellan [premier ministre] pendant l'absence d'Ibn-Ghamr qui s'était rendu dans la province de Tripoli. Ceci eut lieu en l'an 711 (1311), ainsi que nous l'exposerons ailleurs. Après la prise de Bougie par le sultan et la mort d'Ibn-Khalouf, le chambellan Ibn-Ghamr arriva de Tunis pour reprendre les fonctions de son office, et ayant trouvé HacenIbn-Thabet dans le Ferdjioua, où il s'était rendu avec un corps de troupes pour recueillir l'impôt, il aposta des assassins qui lui ôtèrent la vie. Ali [-Ibn-Hacen] fut l'avant-dernier de cette famille qui commanda dans la montagne, et il y était encore quand les Mérinides s'emparèrent de l'Ifrîkïa. Son fils et successeur, Abd-er-Rahman, se rendit à Fez pour offrir ses hommages au sultan Abou-Einan. Notre seigneur, le sultan Abou-'l-Abbas, ayant rétabli l'empire des Hafsides, renversa le gouvernement

1 Le texte porte, comme auparavant, pag. 292, qui domine Constantine.

A la lettre sont habitants de la montagne qui domine El-Coll, entre cette ville et Cosantina.

3 Il y a ici un blanc dans les manuscrits

aristocratique des Beni-Thabet, les obligea à servir dans ses armées et désigna quelques-uns de ses propres officiers pour administrer la population de la montagne. Cette localité s'appelle le Djebel-Metouaâ; les impôts s'y perçoivent très-facilement à cause de la proximité des troupes qui forment la garnison de Constantine.

Une autre fraction de la tribu de Kelama habite les collines qui entourent Tedellis et forme une partie des populations soumises à l'impôt. La montagne qui s'élève au midi de celle des Beni-Iznacen dans le Maghreb-el-Acsa, est occupée par une branche des Beni-Istîten, tribu ketamienne. Une autre peuplade issue de la même souche, se tient dans cette partie de la province d'El-Hebet qui avoisine le Casr-Ibn-Abd-el-Kerîm; d'autres encore habitent au milieu du peuple sanhadjien de la province de Maroc.

De nos jours l'appellation de ketamien est employée chez toutes les tribus pour désigner un homme avili. La raison en est que pendant les quatre siècles qui se sont écoulés depuis la chute de l'empire ketamien, les dynasties suivantes se sont plu à leur reprocher l'attachement qu'ils avaient montré aux doctrines hérétiques et aux croyances infidèles; il en résulta que la plupart des peuples ketamiens renoncèrent à ce surnom à cause de l'idée de dégradation qu'il comportait, et se donnèrent pour membres de quelque autre tribu.

NOTE [SUPPLÉMENTAIRE

SUR LES ZOUAOUA, BRANCHE DE LA TRIBU

DE KETAMA.

Les Zouaoua, grande tribu berbère, habitent, comme on le sait, les montagnes et les collines escarpées qui s'étendent depuis les alentours de Bougie jusqu'à Tedellis. Ils se partagent en plusieurs branches et occupent un territoire qui avoisine celui des Ketama. La véritable origine des Zouaoua n'est connue que d'un petit nombre de personnes : la plupart des généalogistes berbères les font descendre de Semgan-Ibn-Yahya-Ibn-Daris, les représentant ainsi comme frères des Zouagha; mais les généalogistes les plus exacts, tels qu'Ibn-Hazm, les comptent au nombre des

peuples ketamiens. Cette opinion est plus conforme à la vérité que la précédente et la localité occupée par les Zouaoua en est la preuve; car, autrement, on ne saurait expliquer pourquoi ils se trouvent établis sur le territoire des Ketama, bien loin de Tripoli et du Maghreb-el-Acsa, provinces où les Zouagha font leur demeure. L'erreur que l'on a commise en ne leur reconnaissant pas une origine ketamienne provient, sans aucun doute, de la ressemblance qui existe entre leur nom et celui des Zouaza, frères des Zouagha: quelque lecteur ayant pris le second du mot Zouaza pour un ou, aura dit que les Zouaoua et les Zouagha sont frères. Cette faute d'orthographe n'ayant pas été relevée, on aura fini par regarder Semgan comme père des Zouaoua et des Zouagha. Dans notre notice sur ces derniers, nous avons parlé des Zouaoua et fait l'énumération de leurs tribus.

FIN DU TOME PREMIER.

APPENDICE.

I.

TRADITIONS ANCIENNES RELATIVES A L'ÉTABLISSEMENT DES MUSULMANS EN L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE 4.

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Quand les Berbères étaient dans la Palestine, ils eurent pour roi Djalout (Goliath), lequel fut tué par Dawoud (David). Ils émigrèrent alors vers l'Occident (El-Maghreb) et vinrent jusqu'à Loubïa (La Libye) et Merakïa (la Marmarique), deux provinces de l'Égypte occidentale, situées dans la région à laquelle l'eau du Nil n'atteint pas, et qui n'est arrosée que par les pluies. Arrivés là, les Berbères se dispersèrent : les Zenata et les Maghîla marchèrent vers le Maghreb et se fixèrent dans les montagnes de ce pays; les Louata allèrent habiter le territoire d'Antabolos (la Pentapole de la Cyrénaïque), qui est le même endroit que Barca. Ils se répandirent dans cette partie du Maghreb jusqu'à ce qu'ils parvinssent à Sous. Les Houara s'établirent à Lebida (Leptis Magna) et les Nefouça se fixèrent auprès de la ville de Sabra (Sabratha). A cause de cela, les Roum (Grecs) qui s'y trouvaient évacuèrent le pays, mais les Afaric (Africains) y restèrent. Ceux-ci étaient devenus serviteurs des Grecs par suite d'un traité de paix; telle étant leur manière d'agir avec quiconque subjuguait leur pays.

1 Ces traditions sont les plus anciennes que les Arabes possèdent au sujet des premières invasions de l'Afrique septentrionale par les musulmans. Elles sont tirées d'une histoire de la conquête de l'Egypte, composée dans la première moitié du troisième siècle par Abd-erRahman-Ibn-Abd-el-Hakem. La Bibliothèque Nationale possède deux exemplaires de cet ouvrage, numérotés 655 et 785. Ce dernier est le plus ancien et le plus correct. (Voyez ma lettre à M. Hase, Journal asiatique de 1844.)

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