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Les enfants de Gharcen sont: Messala, Calden, Maouéten, Mâad [Inaou, Intacen et Aïan]. Inaou engendra Lehîça, Djemila et Messalta; Intacen fut père d'Oulattaïa, Iddjana, Ghosman et Aufas. Aïan, fils de Gharcen, fut l'aïeul des Melouça, tribu dont une des branches, celle des Beni-Zeldouï, habite actuellement la montagne qui se voit de Constantine 1.

Les Berbères comptent au nombre des tribus ketamiennes les Beni-Istîten, les Hechtïoua, les Messalta et les Beni-Cancîla. IbnHazm regarde les Zouaoua avec toutes leurs branches comme appartenant aussi à la tribu de Ketama, et cette opinion est conforme à la vérité, ainsi que nous l'avons déjà dit 2.

Plusieurs peuplades ketamiennes allèrent se fixer dans le Maghreb-el-Acsa, où elles se trouvent encore, mais le corps de la tribu resta dans son ancien territoire et continua à mener le même genre de vie qu'auparavant. Rien ne se changea dans sa position depuis l'introduction de l'Islamisme jusqu'au temps des Aghlebides. Fort de sa nombreuse population, le peuple ketamien n'eut jamais à souffrir le moindre acte d'oppression de la part de cette dynastie; Ibn-er-Rakîk nous l'assure positivement dans son histoire 3. Plus tard, ils se firent champions des Fatemides, comme nous l'avons déjà raconté dans notre article sur cette famille. Après avoir établi un empire dans l'Occident,

Le texte porte qui domine Constantine.

2 Voyez ci-devant, pag. 255.

3 Abou-Ishac-Ibrahîm-Ibn-el-Cacem-Ibn-er-Rakîk (ou Raguig), chef d'un des bureaux du gouvernement de Cairouan, sous la dynastie des Zirides, composa une histoire de l'Afrique septentrionale, une histoire généalogique des Berbères et un recueil de poésies sur les différentes espèces de vin. Un exemplaire de ce dernier ouvrage se trouve dans la Bibliothèque Nationale. Ibn-er-Rakik vivait encore en l'an 377(987), puisqu'il parle, dans son histoire, d'un fonctionnaire public dont la nomination eut lieu en cette année et avec lequel il eut ensuite l'habitude de parcourir les provinces pour y percevoir les contributions. (Voyez le Baïan, pages 252, 254.) Ceci est le même auteur que Marmol appelle Ibni al-Raquiq et Léon Ibnu-Rachich.

Ici le texte porte en plus et qui est placé à la suite de l'histoire des Abbacides; cherchez et lisez; vous y trouverez tout en détail. Les

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les guerriers ketamiens passèrent en Orient et s'emparèrent d'Alexandrie, de l'Egypte et de la Syrie. Quand ils eurent fondé le Caire, métropole de l'Egypte, leur quatrième khalife, ElMoëzz, partit avec le reste de la nation, organisée en tribus comme elle l'était, et y établit sa demeure. Comme cet empire devint très-puissant, le peuple ketamien finit par s'éteindre dans le luxe et dans la mollesse, mais quelques-unes de ses branches étaient restées dans leurs anciens territoires, le Mont-Auras et les plaines voisines. Les unes conservent encore leurs anciens noms et prénoms, les autres ont changé les leurs ; mais toutes, à l'exception de celles qui se sont retranchées dans leurs montagnes, comme les Beni-Zeldouï, les Zouaoua et les habitants des montagnes de Djîdjel, ont été obligées de se soumettre à l'impôt et de passer au rang de sujets [de l'empire hafside].

Parmi les tribus ketamiennes établies dans les plaines, la plus marquante est celle des Sedouîkich. Ce peuple prend ses chefs dans la famille de Souac. Bien que nous ignorions auquel des ancêtres que nous venons de nommer il faut les rattacher, les historiens s'accordent à les représenter comme ketamiens d'origine.

Nous allons maintenant raconter ce que nous savons des Ketama, à partir de la chute de leur empire 1.

HISTOIRE DES SEDOUÎKICH ET DE QUELQUES AUTRES PEUPLES KETAMIENS QUI HABITENT ENCORE L'ANCIEN TERRITOIRE DE LA TRIBU.

Depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours la tribu de Sedoufkich a toujours conservé le même nom. Elle habite les plaines de cette partie du territoire des Ketama qui est située entre Constantine et Bougie. Parmi ses nombreuses ramifications on compte les Silin, les Tarsoun, les Torghîan, les Moulit,. les Cascha, les Lemaï, les Gaïaza, les Beni-Zâlan, les El-Bouéira, les

chapitres auquel notre auteur renvoie le lecteur forment un des appendices du second tome de cette traduction; ils ne font pas partie de l'Histoire des Berbères.

Dans l'Histoire des Fatemides (voyez l'appendice, n° 11 du tome п), l'auteur raconte celle des Ketama.

Beni-Merouan, les Ouarmekcen, les Segdal et les Beni-Eïad. On trouve aussi dans le même pays des fractions des Lemaïa, des Meklata et des Righa. Toutes ces peuplades forment un corps très-puissant, tant par leur nombre que par leurs richesses. Elles reconnaissent l'autorité d'une famille de la tribu de Sedouîkich appelée les Aulad-Souac. Les tribus [d'origine différente qui demeurent avec elles] sont réduites au rang de simples sujets et leur paient des impôts.

Les Sedoufkich se servent de chevaux pour monture; ils vi→ vent sous la tente et parcourent le pays avec des troupeaux composés de chameaux et de bœufs. A l'instar des tribus arabes jouissant d'une certaine puissance, ils sont tantôt en paix, tantôt en guerre avec les empires voisins. Ils ne veulent pas être regardés comme ketamiens; ils désavouent même tous les rapports de parenté qui les attachent à cette race, croyant par là éviter l'opprobre dont la tribu des Ketama se voit couverte depuis quatre cents ans à cause de son attachement aux doctrines hérétiques des Chîites et de son hostilité aux gouvernements qui succédèrent aux Fatemides. Aussi, se donnent-ils quelquefois pour une branche des Soleim, tribu arabe descendue de Moder; mais cette prétention n'est nullement fondée, car ils sont bien certainement des ketamiens. Les historiens de la tribu des Sanhadja nous l'assurent positivement, et la localité de l'Ifrikïa qu'habitent les Sedoufkich en est encore une preuve.

Les généalogistes et les historiens de la tribu des Sedouîkich rapportent que les Souac, leur famille principale, habitaient autrefois les Calâa des Beni-bou-Khadra, châteaux situés dans la province de Constantine, et que de là ils étendirent des ramifications dans toute cette contrée. Les Souac se partagent en deux branches: les Aulad-Alaoua-Ibn-Souac et les Aulad-Youçof-IbnHammou-Ibn-Souac. Nous avons entendu dire à nos précepteurs que pendant la domination des Almohades [hafsides], les AuladAlaoua commandaient à toute la tribu des Sedouîkich; Ali, fils d'Aloua, gouverna d'abord; son fils Talha lui succéda, et celuici fut remplacé par son frère Yahya-Ibn-Ali. Mendil, frère et successeur de Yahya, fut privé du commandement et remplacé par

son neveu Tazîr, fils de Talha. En l'an 720 (4320), après l'inauguration du sultan Abou-Yahya [-Abou-Bekr] à Constantine, Tazir quitta son service pour celui d'Ibn-el-Khalouf [gouverneur] de Bougie. Cette démarche amena sa destitution et la nomination de son oncle Mendil au commandement de la tribu. Les AuladAlaoua furent ensuite remplacés par les Aulad-Youçof. Cette branche de la famille montra un grand dévouement à la cause d'Abou-Yahya; aussi, quand ce monarque eut soumis la ville de Bougie et fait mourir Ibn-el-Khalouf, elle profita de ses avantages pour forcer les Alaoua à quitter le territoire de la tribu. La famille proscrite passa chez les Eïad, peuple formé d'un mélange de tribus hilaliennes, et s'étant mise sous leur protection, elle se fixa à côté d'eux et choisit pour demeure la montagne qui domine la ville d'El-Mecîla.

Depuis lors, les Aulad-Youçof ont continué à gouverner les Sedoutkich. Cette famille forme maintenant quatre branches: les Beni-Mohammed-Ibn-Youçof, les Beni-Mehdi-Ibn-Youçof, les Beni-Ibrahim-Ibn-Youçof, et les Azîzides (el-Azîziin). Ceux-ci descendent de six frères : Mendil, Dafer, Djeri [ou Djora], Cîdel-Molouk, El-Abbas et Eïça, tous fils de Youçof et nés d'une même mère. Cette femme s'appelait Tazîzt1, et pour cette raison on nomma ses fils les Azîzides.

Les Aulad-Mohammed et les Azîzides habitent la province de Bougie; les Aulad-Mehdi et les Aulad-Ibrahîm se tiennent dans celle de Constantine, et jusqu'à ce jour, une ou plusieurs des quatre familles commandent aux Sedouîkich. Vers la fin du règne de notre seigneur, le sultan Abou-Yahya, l'autorité appartenait à Abd-el-Kerîm, fils de Mendil, fils d'Eïça l'azîzide ; mais ensuite elle se partagea entre les quatre familles que nous venons de nommer, de sorte que chacune d'elles resta indépendante des

autres.

Pendant tout ce temps les Alaoua continuèrent à habiter le Djebel-Eïad, mais lors de la conquête de l'Ifrîkïa par les Mérinides, le sultan Abou-Einan, ayant à se plaindre des Aulad-You

Tazizt est la forme berbère du nom propre arabe Aziza.

çof, leur ôta le commandement sous le prétexte de leur attachement aux Hafsides, et plaça à la tête des Sedoufkich le nommé Mohenna, fils de Tazîr, fils de Talha, membre de la famille Alaoua. Le nouveau chef n'avait pas encore affermi son autorité quand il fut tué par les Beni-Youçof. Les Alaoua prirent alors le parti de retourner à la montagne d'Eïad. Leur chef, Adouan, fils d'Abd-el-Azîz, fils de Zerouc, fils d'Ali, fils d'Alaoua, est mort depuis peu de temps et ils ne l'ont pas encore remplacé.

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Plusieurs fractions de la tribu des Sedouîkich obéissent aux Beni-Sekin, une de leurs familles qui sert de lieutenante à celle des Souac. Le territo ire des Beni-Sekîn avoisine celui des Louata du côté du Djebel-Babour et embrasse toute la partie de la province de Bougie qui dépend de cette montagne. Leur chef actuel appartient à la famille Mouça-Ibn-Thaber 1, branche [de celle des Sekin]. J'ai eu occasion de rencontrer Sakhr, (fils de Mouça-Ibn-Thaber), auquel le sultan Abou-Yahya [-Abou-Bekr] * avait confié le commandement de ce peuple et qui s'était distingué par des bons services rendus au gouvernement. Il montra un dévouement tout-à-fait extraordinaire à l'émir Abou-Hafs, fils d'Abou-Yahya, et lui resta fidèle jusqu'à la dernière extrémité. Fait prisonnier par les Mérinides dans le combat qui eut lieu aux environs de Cabes, il fut conduit avec plusieurs autres compagnons d'infortune devant le sultan Abou-'l-Hacen et eut les mains et les pieds coupés alternativement par l'ordre de ce prince. Son fils Abd-Allah lui succéda dans le commandement et s'y distingua par son habileté ainsi que par son dévouement aa sultan de Bougie. Il mourut entre les années 780 (1378) et 790. Son fils Mohammed lui succéda et exerce encore le commandement.

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1 Variante: Thair.

2 Dans le premier volume du texte arabe des Berbères, ce prince est désigné par son surnom Abou-Yahya, et dans le second par son nom Abou-Bekr.

3 Ici les manuscrits et le texte imprimé offrent une bévue de copiste : il faut corriger et lire ainsi el wefd libnihi 'l-Amir Abi-Hafs. Dans l'histoire des Hafsides, on trouvera les passages qui justifient cette correction.

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