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montagne avait appartenu aux Beni-Iloumi, et qu'après la chute de leur puissance, les Hoouara vinrent s'y établir. Ils choisirent d'abord leurs chefs parmi les Beni-Abd-el-Azîz, une de leurs familles; mais dans la suite, les princes de la Calà [-Beni-Hammad] les placèrent sous le commandement d'Ishac, cousin des Abd-el-Azîz. L'autorité passa d'Ishac à ses descendants, et son fils aîné, Mohammed, bâtit la forteresse appelée Calâ-t-Hoouara. Haïoun, frère de ce Mohammed, hérita du pouvoir et le transmit à ses enfants. Quand les Beni-Abd-el-Ouad eurent établi leur domination dans le Maghreb central, la famille de Haïoun s'attacha à leur fortune, et Yacoub, fils de Youçof et petit-fils de Haïoun, reçut du sultan Abou-Tachefin le commandement des Beni-Toudjîn, peuple que ce prince venait de soumettre et rendre tributaire. Yacoub remplit sa tâche avec une grande habileté, ayant réussi à soumettre le pays et à dompter la fierté de cette tribu orgueilleuse. Quand les Mérinides enlevèrent le Maghreb central à la dynastie abd-el-ouadite, leur sultan, Abou-'l-Hacen, fit choix d'Abd-er-Rahman, fils de ce Yacoub, pour commander à la tribu [des Toudjîn]. Plus tard, il confia cette charge à Abder-Rahman-Ibn-Youçof, oncle du précédent, puis à Mohammed, fils d'Abd-er-Rahman. Dans la suite, la prospérité de cette branche des Hoouara s'évanouit, et la population de la montagne diminua rapidement par suite des attaques que les Beni-Abd-elOuad dirigèrent contre eux et de impôts oppressifs dont cette famille les accabla. Les Beni-Ishac perdirent alors toute leur influence, et ils sont restés dans la dégradation jusqu'à nos jours.

HISTOIRE DES AZDADJA, DES MESTAÇA ET DES ADJÎÇA, TRIBUS SORTIES DE LA GRANDE BRANCHE DE BERNÈS.

Les Azdadja, appelés aussi les Ouzdadja, descendent aussi de Bernès. Plusieurs généalogistes berbères les ont cependant comptés au nombre des tribus zenatiennes; on a même avancé que les Azdadja sont zenatiens et les Ouzdadja hoouarides, faisant ainsi d'une seule et même tribu deux peuples distincts.

Les Azdadja, tribu autrefois très-nombreuse, habitaient le Maghreb central, aux environs d'Oran. Ils furent alors redou

tables par leur puissance et se signalèrent plus d'une fois dans les révoltes et guerres qui désolèrent ce pays.

Les Mestaça, peuple qui vit confondu avec eux, sont regardés tantôt comme des Azdadja et tantôt comme une branche collatérale de la même souche; leur ancêtre, Mecettas, ayant été, dit-on, frère d'Ouzdadj.

Parmi les membres de cette tribu qui se firent une certaine réputation, on remarque Chedjra-Ibn-Abd-el-Kerîm-el-Mestaci et Abou- Doleim-Ibn-Khattab. Celui-ci passa de Tlemcen en Espagne, et ses descendants tinrent un rang élevé parmi les légistes de Cordoue.

Les Beni-Mesguen, branche des Azdadja, demeuraient aux environs d'Oran quand Mohammed-Ibn-Abi-Aoun et MohammedIbn-Abdoun, généraux au service des Oméïades espagnols, vinrent se concerter avec eux afin d'obtenir possession de cette ville. Pendant sept ans ces chefs gardèrent leur conquête au nom du sultan oméïade. Obeid-Allah-el-Mehdi, fondateur de la dynastie fatemide, s'empara alors de Tèhert, ville dont il donna le commandement à Doouas-Ibn-Soulat-el-Lehîci de la tribu de Ketama, et sur les instances de celui-ci, les Berbères embrassèrent le parti des Fatemides et allèrent mettre le siége devant Oran. Ce fut en l'an 297 (909-10) que les troupes fatemides se mirent en marche, et, soutenues par les Beni-Mesguen, elles prirent la ville d'assaut et la livrèrent aux flammes. Mohammed-Ibn-Abi-Aoun se mit sous la protection de Doouas qui, ayant ensuite fait rebâtir Oran, y installa le chef auquel il venait donner refuge. Cette ville devint alors plus belle que jamais.

A cette époque Tlemcen eut pour émirs une famille de princes idricides descendus d'Ahmed, fils de Mohammed, fils de Soleiman, frère d'Idris l'ancien ; et on y reconnaissait la souveraineté des Oméïades. Sous le règne d'Abou-'l-Cacem, fils d'Obeid-Allah-el-Mehdi, le commandement de Tèhert fut exercé par AbouMalek-Yaghmoracen-Ibn-Abi-Chahma1. Les Berbères se révol

A la place d'Abou-Malek, au nominatif, les manuscrits et le texte imprimé portent Aba-Malek, à l'accusatif.

tèrent contre cet officier et le bloquèrent dans sa ville à l'époque où Ibn-Abi-'l-Afïa passa dans le Maghreb central afin d'y faire reconnaître l'autorité des Oméïades. Parmi les chefs qui se rallièrent en cette occasion à la cause des khalifes espagnols on remarqua Mohammed-Ibn-Abi-Aoun 1, seigneur d'Oran. Abou-'lCacem ayant alors envoyé son client, Meiçour, en Maghreb, à la tête d'une armée, Ibn-Abi-Aoun fit sa soumission à cet officier et obtint sa confirmation dans le commandement de la ville; mais après le départ du vainqueur, il embrassa de nouveau la cause des Oméïades. Peu de temps après, survint la révolte d'AbouYezid. Tous les peuples berbères se soulevèrent alors contre les Fatemides, et les Zenata, qui étaient devenus très-puissants, se rallièrent au parti des Oméïades. Yala-Ibn-Mohammed-el-Ifreni [chef zenatien], qui avait été nommé gouverneur du Maghreb par En-Nacer, le souverain oméïade, fit savoir à ce prince que la soumission d'Ibn-Abi-Aoun n'était qu'apparente et que la haine des Azdadja pour les Zenata, haine entretenue par le proche voisinage des deux peuples, les empêchait d'être fidèles à l'empire oméïade. Par suite de ces représentations il obtint la permission de leur faire la guerre. Les Azdadja, cernés dans la montagne de Guedéra, en l'an 343 (954-5), furent écrasés et dispersés par Yala qui, aussitôt après cet exploit, mit le siége devant Oran et l'emporta d'assaut. La ville fut incendiée par son ordre; une grande partie des Azdadja fut massacrée et les personnages les plus considérables de cette tribu émigrèrent en Espagne. Khazroun-Ibn-Mohammed, un de ces chefs, devint officier supérieur des troupes entretenues par le vizir El-Mansour-Ibn-Abi-Amer. Il servit ensuite sous El-Modaffer, fils d'El-Mansour, et, lors de la guerre des Oméïades contre Zîri-Ibn-Atïa, il accompagna le général Ouadeh en Maghreb. Ayant alors relevé la ville d'Oran qui n'était qu'un monceau de ruines, il s'y fixa avec sa famille et ses enfants qu'il envoya chercher à Ifgan où ils habitaient alors. Depuis cette époque les Azdadja sont demeurés dans l'avilissement

1 Dans les manuscrits, ce nom est quelquefois écrit Mohammed-IbnAoun, ce qui paraît être une erreur de copiste.

et la misère, ayant été réduits par leur faiblesse au rang de peuplade tributaire.

Les Adjîça [ou Adjdjîça], autre branche de la grande famille berbère de Bernès, remontent leur origine à Adjîça-Ibn-Bernès. Le mot adjica signifie ventre; la forme berbère en est Addis, mais les Arabes l'ont altérée en substituant le dj au d. Ce peuple se distingua parmi les autres Berbères par son nombre et sa puissance. Il demeurait dans le voisinage des Sanhadja, et encore aujourd'hui sa postérité se trouve aux environs de Tedellis et dans les montagnes qui dominent El-Mecîla.

Une peuplade appartenant à cette tribu habitait la montagne de Calâ [-Beni-Hammad]. Comme elle avait combattu pour AbouYezîd, ce chef chercha un asile chez eux après sa défaite par El-Mansour [le khalife fatemide], et se fortifia dans la CalàKiana un de leurs châteaux, mais il ne put empêcher son adversaire d'y pénétrer de vive force. Plus tard, Hammad, fils de Bologguîn, choisit dans leur territoire l'emplacement d'une ville où il fixa son séjour. Cette résidence, dont l'étendue et la population prirent de rapides accroissements, devint la capitale des états hammadites et porta une grave atteinte à la puissance des Adjîça, qui furent enfin épuisés et réduits au dernier degré de la faiblesse par les guerres fréquentes qu'ils eurent à soutenir contre les Hammadites. Ils avaient essayé à plusieurs reprises de surprendre la forteresse de leurs ennemis; ils avaient même suscité, parmi les descendants de Hammad, des rivaux aux souverains de cette dynastie; mais ils périrent enfin, moissonés par l'épée. Quelque temps après, la Calà des Beni-Hammad fut mis en ruine. Les territoires que les Adjica possédaient dans la montagne devinrent l'héritage des Eïad, peuple formé d'un mélange d'Arabes hilaliens, et la montagne elle-même prit le nom de Djebel-Eïad. Un grand nombre d'Adjica vivent encore dispersés parmi les autres tribus du Maghreb.

1 Dans les manuscrits ce nom est très-souvent écrit Ketama, leçon tout-à-fait mauvaise.

sion favorable pour en faire avertir ses parents et leurs alliés berbères.

Arrivé aux environs de Tehouda, Ocba se vit attaquer à l'improviste par les Berbères qui le suivaient depuis quelque temps. Ses troupes mirent pied à terre, dégaînèrent leurs épées et en brisèrent les fourreaux [dont ils sentaient bien qu'ils n'auraient plus besoin]; un combat acharné s'ensuivit et Ocba y succomba avec tous les siens; pas un seul n'échappa à la mort. Ils étaient environ trois cents individus, les uns, anciens compagnons de Mahomet, les autres disciples de ceux-ci. Tous trouvèrent le martyre sur un même champ de carnage. Abou-'l-Mohadjer, qu'Ocba avait gardé aux arrêts jusqu'alors et qui ce jour-là déploya la plus grande bravoure, resta parmi les morts. Les tombeaux d'Ocba et de ses compagnons, ces généreux martyrs de la foi, se voient encore dans le Zab, au lieu même où ils perdirent la vie. Le corps d'Ocba repose dans une tombe enduite de plâtre, sur laquelle on a érigé une mosquée. Cet édifice s'appelle la Mosquée d'Ocba, et forme un but de pèlerinage, un lieu saint dont la visite est censée attirer la bénédiction divine 2. J'ose même dire que, de tous les cimetières du monde vers lesquels les hommes dévots dirigent leurs pas, celui-ci est le plus illustre par le nombre et la qualité des martyrs qu'il renferme. Personne depuis lors ne s'est jamais acquis même la moitié des mérites qui distinguèrent chaque individu de ces Compagnons et Tabés. Le petit nombre de prisonniers faits dans cette journée et parmi lesquels se trouvèrent deux compagnons de Mahomet, les nommés YezîdIbn-Khalef-el-Caïci et Mohammed-Ibn-Owaïs-el-Ansari, furent rachetés par Ibn-Mesad, seigneur de Cafsa. Quand la nouvelle de ce désastre parvint à Cairouan, Zoheir-Ibn-Caïs-el-Beloui quitta la ville précipitamment avec les débris de l'armée musul

1 Quelques-uns furent faits prisonniers; notre auteur le dit lui-même un peu plus loin.

2 Ce tombeau se voit encore dans la mosquée de l'oasis de Sidi-Ocba, à quatre lieues de Biskera. Il porte, en caractères coufiques, l'inscription suivante: Hada cabr Ocba-Ibn-Nafé (ceci est le tombeau d'Ocba fils de Nafé).

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