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à son frère Isliten-Ibn-Habbous. Hamid [ou Homeid], fils et successeur d'Isliten, abandonna le parti des Fatemides, et ayant fait proclamer en Afrique la souveraineté d'Abd-er-Rahman-en-Nacer [le prince oméïade qui régnait en Espagne], il réunit ses troupes à celles des Beni-Khazer, émirs djéraouiens' qui avaient aussi reconnu l'autorité des Oméïades. Plus tard, il passa en Espagne où il remplit plusieurs charges importantes sous En Nacer et sous El-Hakem, fils d'En-Nacer. Il commanda même à Tlemcen au nom de cette dynastie.

Après sa mort, son fils Isel-Ibn-Hamîd 2 lui succéda et jouit, ainsi que ses parents, Fiaten-Ibn-Isliten et Ali-Ibn-Messala, de toute la bienveillance des Oméïades. El-Modaffer, fils du vizir Abou-Amer [El-Mansour], étant passé en Maghreb, donna à Isel-Ibn-Hamîd le gouvernement de Sidjilmessa, fait dont nous parlerons ailleurs.

Plus tard, le commandement des Miknaça établis dans le Maghreb se partagea entre plusieurs membres de la famille AbouIzzoul. La désunion se mit ainsi dans la tribu : les Miknaça des environs de Sidjilmessa reconnurent pour chefs les fils de Ouaçoul-Ibn-Maslan-Ibn-Abi-Izzoul, pendant que ceux qui habitaient les environs de Tèza, de Teçoul, du Molouïa et de Melîla placerent à leur tête les fils d'Abou-'l-Afia-Ibn-Abi-Tacel-Ibn-edDahhak-Ibn-Abi-Izzoul. Chacune de ces deux familles parvint à fonder un état musulman et à se mettre ainsi au nombre des puissances souveraines, comme nous allons l'exposer.

HISTOIRE DES BENI-OUAÇOUL, DYNASTIE MIKNACIENNE QUI RÉGNA SUR LA VILLE ET LA PROVINCE DE SIDJILMESSA.

Dans les premiers temps de la domination islamique, les Miknaça qui habitaient le territoire de Sidjilmessa professaient la religion des Kharedjites-sofrites, doctrine qu'ils avaient apprise

1 Il faut lire maghraouiens.

* Ibn-Haucal, dans sa description de l'Afrique septentrionale, parle de ce chef dont il écrit le nom Izel.

de certains Arabes qui, s'étant réfugiés dans le Maghreb ', devinrent leurs directeurs spirituels et temporels. Les néophytes berbères se précipitèrent alors sur les contrées voisines et secondèrent Meicera dans la révolte qui bouleversa le Maghreb. Une quarantaine de leurs chefs qui venaient d'embrasser le sofrisme, s'accordèrent à répudier l'autorité du khalife légitime, se placèrent aux ordres d'Eïça-Ibn-Yezîd-el-Asoued, personnage trèsconsidéré parmi les Kharedjites, et fondèrent la ville de Sidjilmessa, vers l'an 140 (757-8). Le père d'Eïça avait été converti à l'Islamisme par les Arabes 2. Tous les Miknaça de cette contrée s'empressèrent d'adopter les croyances de leurs chefs.

La conduite de l'émir Eïça causa enfin un tel mécontentement, qu'en l'an 155 (772), son peuple le lia bras et jambes et le laissa exposé sur la cime d'une montagne jusqu'à ce qu'il mourut. Alors les Miknaça se rallièrent autour de leur chef naturel, Abou'l-Cacem-Semgou-Ibn-Ouacoul-Ibn-Maslan-Ibn-Abi-Izzoul. Le père de Semgou était fort savant dans la loi, ayant fait le voyage de Médine où il rencontra plusieurs Tabés 3, et où il étudia sous Ikrima, l'affranchi d'Abou-'l-Abbas. Arîb-Ibn-Homeid & parle de lui dans son histoire. Semgou possédait de nombreux troupeaux. Ce fut lui qui, le premier, prèta le serment de fidélité à

1 Voyez ci-devant, page 203, note.

Le texte porte Moula-'l-Arab (client des Arabes). vant, p. 238, note 1.

3 Voyez note, p. 202.

Voyez page 203, note 2.

Voyez ci-de

L'auteur de l'histoire du Maghreb intitulée El-Baïan-el-Moghrib, etc, cite assez souvent l'abrégement des annales de Taberi par Arîb-IbnHamid, ou Homeid. Dans un manuscrit du Silat, dictionnaire biographique d'Ibn-Bachkoual, on lit qu'Arîb-Ibn- Mohammed, historien, natif d'Espagne, mourut en 490 de l'hégire (1097). Comme ce manuscrit est rempli de fautes de copiste, je suis très-porté à croire que pour Mohammed il faut lire Hamid: dans l'écriture maghrebine ces deux noms peuvent se confondre très-facilement. Qnoi qu'il en soit, les passages cités dans le Baïan et dans l'histoire des Berbères prouvent, ainsi que M. Dozy l'a déjà fait observer, qu'Arîb n'est rien moins qu'un simple abréviateur; il fournit beaucoup de renseignements qu'on chercherait inutilement dans le grand ouvrage de Taberi.

Eïca-Ibn-Yezid et entraîna, par cet exemple, toute sa tribu. Après la mort d'Eïça, les Miknaça firent choix de Semgou pour le remplacer. Ce chef exerça le commandement pendant douze ans et mourut subitement en l'an 167 (783-4), sans avoir quitté le pouvoir. Il professait la doctrine des Eibadites-sofrites. Sous son administration la prière publique se faisait au nom des khalifes abbacides, El-Mansour et El-Mehdi.

Son fils El-Yas, surnommé le visir, fut élu gouverneur par le peuple; mais, en l'an 174 (790-4), il fut déposé et remplacé par son frère Abou-Mansour-Eliçà, fils d'Abou-'l-Cacem. Cet émir professait aussi les croyances religieuses des Eibadites-sofrites. Il régna fort longtemps, et dans la trente-quatrième année de son administration, il entoura de murs la ville de Sidjilmessa.

Ce fut sous les auspices d'Eliçà que l'autorité de la dynastie ouaçoulienne prit de la consistence et que la construction de Sidjilmessa fut entièrement achevée. Apres avoir fait élever dans cette ville des palais et des édifices publics, il y fixa son séjour vers la fin du second siècle de l'hégire. Ce prince soumit les oasis du Désert [au midi de Sidjilmessa], et préleva le quint sur les produits des mines du Derâ. Il maria son fils Midrar à Eroua, fille d'Abd-er-Rahman-Ibn-Rostem, seigneur de Tèhert, et mourut en l'an 208 (823-4).

Midrar, surnommé El-Montaçer, lui succéda et jouit d'un long règne. Il eut deux fils qui portaient chacun le surnom de Meimoun (fortuné): l'un, nommé Abd-er-Rahman à ce que l'on rapporte, eut pour mère Eroua, fille d'Ibn-Rostem; la mère de l'autre s'appelait Eltéki 1. Ces princes cherchèrent à dominer leur père, et ayant pris les armes, ils se disputèrent le pouvoir pendant trois ans. Comme Midrar affectionna davantage le fils d'Eroua, il l'aida à vaincre son adversaire et à le chasser de Sidjilmessa, mais il se vit bientôt enlever le trône par celui qu'il avait favorisé. La conduite tyrannique du nouveau souverain

1 Dans les manuscrits, ce nom est ponctué de diverses manières ; aussi peut-on le lire El-Baki, Baghi, Yefi, etc. Un manuscrit d'El-Bekri que j'ai sous les yeux porte Thakia.

envers les habitants de la ville et les membres de sa propre tribu amena sa déposition on le déporta dans le Derà et Midrar fut rétabli sur le trône. L'affection que Midrar continua à ressentir pour ce fils ingrat lui inspira l'idée de le faire rentrer au pouvoir, mais le peuple déjoua ce projet en déposant leur souverain et rappelant Meimoun, fils d'Eltéki. Ce prince portait le surnom d'El-Emîr 1. En l'an 253 (867), à la suite de ces événements, Midrar mourut et termina ainsi un règne de quarante cinq ans. Meimoun, son fils et successeur, mourut en 263 (876-7). Son fils Mohammed, partisan dévoué de la doctrine eibadite, lui succéda et mourut en 270 (883-4). Elîçâ, fils d'El-Montaçer [Midrar], le remplaça. Ce fut sous le règne d'Eliçà qu'Obeid-Allah, le fatemide, accompagné de son fils, Abou-'l-Cacem, arriva à Sidjilmessa. Eliçà ayant été prévenu d'avance par El-Motaded [le khalife abbacide], eut quelques soupçons du véritable caractère des deux voyageurs, et comme il était tout dévoué à la cour de Baghdad, il les fit incarcérer. Abou-Abd-Allah le chîite, qui venait d'occuper Raccada et renverser la dynastie Aghlebide, se mit en marche afin de délivrer les prisonniers. Eliçà sortit à la tête des Miknaça pour le repousser; mais il essuya une défaite, et perdit la vie après qu'Abou-Abd-Allah eut emporté d'assaut la ville de Sidjilmessa. Ceci se passa en l'an 296 (908-9). Le vainqueur se fit aussitôt amener Obeid-Allah et son fils afin de leur prêter le serment de fidélité. Obeid-Allah ayant ainsi recouvré la liberté, prit le titre d'El-Mehdi (le bien dirigé), et repartit pour l'Ifrîkïa après avoir confié le gouvernement de la ville conquise à Ibrahim-Ibn-Ghaleb-el-Mezati, personnage éminent de la tribu de Ketama.

Deux années plus tard, le peuple de Sidjilmessa se souleva contre son gouverneur Ibrahîm, et l'ayant tué ainsi que les autres fonctionnaires ketamiens, il proclama la souveraineté d'ElFeth, petit-fils de Midrar. El-Feth, surnommé Ouaçoul, était fils de Meimoun, fils d'Eltéki, et professait la religion eibadite. Il mourut vers la fin du troisième siècle, peu de temps après son

Variante: El-Amin (le sûr. le fidèle).

avènement au trône. Ahmed, son frère et successeur, exerça l'autorité souveraine jusqu'à l'an 309 (921-2), quand Messala-IbnHabbous, général d'Obeid- Allah-el-Mehdi, et commandant de l'armée ketamo-miknacienne, soumit encore le Maghreb. S'étant emparé de Sidjilmessa, il fit prisonnier Ahmed -Ibn-Meimoun et donna le commandement de la ville à un cousin de celui-ci, nommé El-Motezz. Le nouveau gouverneur, qui était fils de Mohammed, fils de Bessader, fils de Midrar, se déclara indépendant bientôt après sa nomination. Il mourut en 324 (933), peu de temps avant la mort d'El-Mehdi. Abou'l-Montacer-Mohammed, fils et successeur d'El-Motezz, mourut au bout de dix [jours] et son fils, El-Montacer-Semgou, fut revêtu de l'autorité souveraine. Comme ce prince était très-jeune, sa grand'mère s'empara des rênes du gouvernement, mais au bout de deux mois, elle se les laissa arracher par Mohammed, fils d'El-Feth et petit-fils de Meimoun.

Pendant ces derniers temps, les Fatemides avaient eu à combattre Ibn-Abi-'l-Afia et à comprimer les mouvements qui eurent lieu à Tehert, et comme l'insurrection d'Abou- Yezid survint ensuite et les empêcha de porter leurs armes dans les provinces éloignées, Mohammed en profita pour se rendre indépendant. Il colora cette démarche en faisant célébrer la prière publique au nom du khalife abbacide. Ayant alors renoncé à la religion des kharedjites, il embrassa la croyance orthodoxe des sonnites et prit le surnom d'Es - Chaker - Lillah (le reconnaissant envers Dieu). Il fit même battre monnaie portant son nom et son titre honorifique. Ces pièces furent appelées dirhems chakeriens, à ce que nous apprend Ibn-Hazm.

Le même auteur nous fournit, au sujet de ce prince, les renseignements suivants : « Il gouverna avec une justice admirable; » mais, quand les Fatemides furent parvenus à comprimer les » révoltes qui avaient occupé jusqu'alors toute leur attention, il » se vit menacer par Djouher-el-Kateb, général de Moëzz-li-Dîn» Illah-Mâdd, qui, en l'an 347 (958-9), marcha contre le Ma>> ghreb à la tête d'une armée composée de Ketamiens, de San» hadjiens et de troupes auxiliaires. Sidjilmessa succomba, et

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