Images de page
PDF
ePub

bitait la plaine qui sépare Taïf du mont Ghazouan, et, la tribu de Nomaïr-Ibn-Amer demeurait avec celle de Hilal. On compte dans la même catégorie la tribu de Djochem qui habitait le Nedjd.

Lors de la promulgation de l'Islamisme, toutes ces tribus passèrent en Mésopotamie : les Nomaïr prirent possession de Harran et de la contrée voisine; les Hilal se fixèrent en Syrie et continuèrent à y demeurer jusqu'au moment où ils émigrèrent dans le Maghreb ; événement dont nous aurons bientôt l'occasion de parler. Toutefois, une fraction de la tribu de Hilal resta dans lá montagne où se trouve le château de Sarkhad 3 et qui porte encore le nom de Montagne des Beni-Hilal. Elle s'y adonna principalement à la culture de la terre. La tribu de Kilab-Ibn-Rebiâ s'empara du territoire et de la ville d'Alep, comme nous venons de le dire. Quatre branches de la tribu de Kâb-Ibn-Rebiâ entrèrent en Syrie, savoir: Ocaïl, Cochaïr, el-Harîch et Djâda. Trois d'entre elles s'éteignirent dans les temps islamiques; IbnHazm, en parlant de celle d'Ocaïl, la quatrième, dit qu'elle égalait en nombre toutes les tribus moderites prises ensemble. Les BeniMocalled, une famille de cette tribu, prirent possession de Mosul, ville où la famille de Hamdan et celle de Taghleb avaient déjà régné. Elle demeura maîtresse de Mosul et de ses environs, ainsi que d'Alep, jusqu'à l'époque où elle perdit sa puissance et reprit la vie nomade. Alors elle s'empara de plusieurs territoires situés de tous côtés, se faisant l'héritière des Arabes bédouins, les anciens propriétaires. C'est de la tribu d'Ocaïl que la famille d'El-Montafic tire son origine. Amer, le père d'El-Montafic, était

situées entre la Mer-Rouge et la chaîne de montagnes et hauts plateaux qui s'étendent depuis le Yémen jusqu'à Yenbô.

La ville de Taïf est située à trois journées est de la Mecque. La petite plaine sablonneuse dans laquelle elle s'éleve est entourée par une chaîne de collines nommée Ghazouan.

L'auteur aurait dû écrire: jusqu'au moment où ils commencèrent l'émigration qui les conduisit dans le Maghreb.

3 Sarkhad, ville du Hauran, territoire de la province de Damas, est située à dix journées de Baghdad (Aboulfeda.)

fils d'Ocaïl. Ses descendants habitent le pays de Teima, dans le Nedjd. Encore aujourd'hui la tribu d'El-Montafic occupe la portion du territoire de Basra que forment les marais boisés situés entre cette ville et Koufa et que l'on appelle les Bas-fonds ( ElBataih)1.

Les Montafic sont gouvernés par la famille d'El-Mârouf. On trouve dans le Maghreb quelques tribus sorties de celle d'El-Montafic et qui entrèrent dans ce pays avec la tribu de Hilal-Ibn-Amer. Elles occupent cette partie du Maghreb-el-Acsa qui est située entre les villes de Fez et de Maroc. On les appelle El-Kholt, nom, dit El-Djordjani qui est commun à tous les descendants d'ElMontafic. A côté des Beni-'l-Montafic, au midi de Basra, se trouve une tribu sœur de celle-ci; on la nomme Beni-Amer. Son aïeul, Amer, était fils d'Auf, fils de Malek, fils d'Auf, fils d'Amer, père d'El-Montafic. Les Beni-Amer enlevèrent les provinces de Bahrein et d'Oman à Abou-l'-Hocein-el-Asghar, de la tribu de Taghleb. Ces localités avaient appartenu aux tribus d'El-Azd, Temîm et Abd-Caïs, avant de devenir l'héritage des Beni-Amer. Nous apprenons d'Ibn-Saîd que cette même tribu enleva la province de Yémama aux Beni-Kilab, et qu'en l'an 650 (1252-3) elle reconnaissait pour chefs les Beni-Asfour [famille sortie de la même souche qu'elle-même]. Parmi les descendants d'Ocaïl on remarqua les Beni-Khafadja, dont l'aïeul Khafadja était fils d'Amr et petit-fils d'Ocaïl. Les Beni-Khafadja allèrent s'emparer des plaines de l'Izac et s'y établirent. Dans les nombreuses guerres qu'ils eurent à soutenir, ils parvinrent à se faire une certaine renommée. De nos jours, cette tribu habite les pays situés entre le Tigre et l'Euphrate, et se distingue autant par sa puissance que par son nombre. Une autre branche de la tribu

Les Montafic se trouvent encore dans cette localité.

2 Le cadi Abou-'l-Hacen-Ali-el-Djordjani, docteur du rite chaféile, fut profondément versé dans toutes les sciences cultivées chez les Musulmans. Il mourut à Neiçapour, en 366 (967 de J. C.). Entre autres ouvrages, il laissa un traité sur les généalogies, intitulé El-Mouethac (l'authentique). Sa vie se trouve dans Ibn-Khallikan, vol. 11, page 221 de la traduction.

d'Ocaïl est celle d'Abbada-Ibn-Ocaïl. On l'appelle aussi El-Akhaïl parce que Abbada lui-même portait le sobriquet d'El-Akhial '. Cette tribu demeure maintenant en Irac, au milieu des Beni-'lMontafic, et dans cette portion d'El-Bataïh qui est située entre Basra, Koufa et Ouacet. D'après ce que nous avons entendu dire, le chef qui exerce le commandement chez elle est soutenu par de nombreux guerriers: il s'appelle Kian-Ibn-Saleh, mais nous ne savons s'il appartient, par la naissance, à la famille des Mârouf, émirs d'El-Bataïh, ou à celle des Abbada-el-Akhaïl.

Telles sont les notions que nous pouvons fournir relativement aux descendants d'Amer-Ibn-Sâsâ et à la manière dont ils obtinrent possession des territoires occupés précédemment par les Arabes sortis des souches de Kehlan, de Rebià et de Moder. En ce qui touche Kehlan, il ne s'y trouve plus aujourd'hui, à notre connaissance, aucune tribu qui tire son origine de lui. Quant aux descendants de Rebiâ, ils ont traversé les provinces de Fars et de Kirman et font paître maintenant leurs troupeaux entre ce dernier pays et Khoraçan. Un très-petit nombre d'entre eux est resté dans l'Irac et s'est établi à El-Bataïh. Les Beni-Meïah, une de leurs familles, se regardent comme parents des Kerfa. Avec eux habite un mélange de familles sorties des grandes tribus d'Aous et de Khazredj. L'émir actuel de la tribu de Rebiâ s'intitule le Cheikh Ouéli, et celui des Aous et Khazredj porte le nom de Taher-Ibn-Khidr.

Voilà les renseignements qu'après les recherches les plus diligentes, nous sommes parvenus à réunir sur l'état actuel des tri-bus arabes de la troisième catégorie 3 qui habitent l'Orient. Nous allons maintenant indiquer les branches de ces tribus qui sont passées dans le Maghreb. [Avant cette émigration] les Arabes [nomades] ne s'étaient jamais établis en Maghreb, ni antérieurement ni postérieurement à l'Islamisme. La raison en était que la race berbère occupait ce pays et empêchait les autres peuples

Akhial, au pluriel Akhail, signific marqué de tâches de rousseur, 2 Plus loin il sera question de cette famille.

Voyez l'Introduction.

de s'y fixer. Il est vrai qu'Ifricos-Ibn-Saïfi, ce prince de la dynastie des Tobba [rois du Yémen], qui donna son nom à l'Ifrîkïa, y avait conduit une expédition et s'en était rendu maître ; mais, après y avoir laissé les tribus himyerites de Ketama et de Sanhadja, il s'en alla. Ces deux peuples devinrent graduellement Berbères et se confondirent avec cette race, de sorte que l'autorité des Arabes en Ifrîkïa disparut tout-à-fait.

Lors de la promulgation de l'Islamisme, le progrès de cette religion mit les Arabes en état de vaincre les autres nations. Leurs armées pénétrèrent dans le Maghreb et prirent toutes les villes de ce pays. Ils eurent alors beaucoup à souffrir dans leurs guerres contre les Berbères, qui, comme nous l'avons rapporté ailleurs, sur l'autorité d'Ibn-Abi-Yezîd1, apostasièrent jusqu'à douze fois avant que la vraie religion eût pris racine chez eux. Aussi, les Arabes ne s'y établirent point comme habitans de tentes et comme tribus nomades : le besoin d'assurer leur domination dans ce pays les ayant obligés à se tenir dans les villes.

Ainsi, comme nous venons de le dire, les Arabes n'avaient pas habité les plaines du Maghreb; ce ne fut qu'au milieu du cinquième siècle qu'ils vinrent y faire leur demeure et se disperser par tribus, pour aller camper dans toutes les parties de cette vaste région.

Nous allons maintenant exposer en détail les causes de cette migration.

LES TRIBUS DE HILAL ET DE SOLEIM, ARABES DE LA QUATRIÈME RACE, ENTRENT EN AFRIQUE. SUITES DE CET ÉVÉNEment.

Depuis l'avènement de la dynastie abbacide, les tribus formant les deux grandes familles moderites de Hilal et de Soleim avaient continué à vivre en nomades et à parcourir avec leurs troupeaux, les déserts du Hidjaz qui touchent à la province du

1 Abou-Mohammed-Aïoub, fils de l'Abou-Yezîd qui fit une guerre si acharnée à la dynastie des Fatemides, était très-versé dans la connaissance des généalogies berbères. Il demeura pendant quelque temps à la cour de Cordoue, auprès du célèbre ministre El-Mansour. L'histoire d'Abou-Yezid se trouve dans cet ouvrage.

Nedjd. Les Soleim fréquentaient les environs de Médine, et les Hilal se tenaient sur le Ghazouan, montagne près de Taïf. Quelquefois, cependant, ils allaient prendre leurs quartiers d'été aux frontières de l'Irac et de la Syrie, d'où ils faisaient des incursions dans les cantons voisins pour y dévaliser les voyageurs et piller les caravanes. Les Soleim se permettaient même d'attaquer les pèlerins de la Mecque aux jours où l'on remplissait les grands devoirs de la religion, et de les dépouiller sur le territoire de Médine pendant qu'ils visitaient le tombeau du Prophète. Les khalifes de Baghdad ne cessaient d'expédier des troupes pour punir ces méfaits et protéger les pèlerins contre de pareils outrages.

Plus tard, les Beni-Soleim et un grand nombre des tribus descendues de Rebiâ-Ibn-Amer allèrent se joindre aux Carmats, lors de la première apparition de ces sectaires, et ils les servirent en qualité de milices, dans les provinces de Bahrein et d'Oman.

Quand les princes Fatemides, descendants d'Obeid-Allahel-Mehdi, eurent subjugué l'Egypte et la Syrie, El-Aziz, un des souverains de cette dynastie, enleva aux Carmats les villes dont ils s'étaient emparées dans ce dernier pays, et les ayant refoulés jusqu'à la province de Bahrein, il transporta dans le Saïd (la Haute-Egypte) leurs partisans, les Arabes des tribus de Hilal et de Soleim. Bien que la présence de ces nomades dût nuire à la prospérité de cette région, il prit le parti de les y établir, en les installant sur le bord oriental du Nil.

[Nous allons maintenant raconter les faits qui décidèrent le gouvernement égyptien à faire passer ces tribus dans l'Afrique septentrionale.] En l'an 408, El-Moëzz devint souve rain des Sanhadja de Cairouan; ayant reçu son investiture

1 Ici, notre auteur désigne les Fatemides par le terme chii (sectaire). Le plus souvent il les nomme Obeidites, et bien qu'il les déclare descendants de Fatema, fille de Mahomet, il ne leur donne qu'assez rarement le titre de Fatemides. Comme cette dernière dénomination est cependant la plus usitée, je l'emploie dans cette traduction à la place de Chiites et d'Obeidites.

« PrécédentContinuer »