tagne du pays de Tèhert. Devenus très-puissants vers la fin de la dynastie sanhadjite, ils prirent une part active à la guerre qui éclata entre Hammad-Ibn-Bologguîn et Badîs-Ibn-el-Mansour. A cette époque ils eurent pour chef Azana, émir qui se signala dans plusieurs batailles et rencontres avec les Oudjedîdjen, les Louata et les autres tribus du voisinage. Zîri, fils d'Azana, prit le commandement des Matmata lors de la mort de son père; mais bientôt après, il fut vaincu par les Sanhadja et passa en Espagne. Le vizir El-Mansour-Ibn-Abi-Amer, auprès duquel il se rendit, l'accueillit avec empressement et l'inscrivit sur la liste des émirs berbères qu'il avait admis à son service et dont l'appui lui était si utile. Zîri devint un des officiers les plus distingués de ce corps et parvint à jouir du plus haut crédit auprès de son maître. A la mort d'El-Mansour, ses fils El-Modaffer et Abd-er-Rahman continuèrent à traiter Zîri avec la même faveur qu'auparavant ; ils l'élevèrent en grade et l'admirent dans leur société intime. Lors de la révolte de Mohammed-Ibn-Hicham-Ibn-Abd-el-Djebbar, Zîri et tous les autres émirs et officiers berbères étaient absents; ayant accompagné Abou-Amer [Abd-er-Rahman] dans son expédition contre En-Noman. Ayant alors reconnu l'incapacité de leur chef et la mauvaise tournure que prenaient les affaires, ils passèrent tous du côté de Mohammed-Ibn-Hicham [devenu maintenant khalife sous le titre d'] El-Mehdi, et ils restèrent à son service jusqu'à la grande révolte des Berbères en Espagne. J'ignore l'année de la mort de Zîri. Un autre grand personnage de la tribu des Matmata qui passa en Espagne fut Kehlan-Ibn-Abi-Loua-Ibn-Islasen. Il se rendit auprès d'En-Nacer [premier souverain de la dynastie hammou 1 L'orthographe de ce nom varie dans les mss. 2 Abd-er-Rahman, fils du célèbre vizir El-Mansour, avait décidé le faible khalife Hicham-el-Mowaïed à le nommer son successeur par un acte solennel dont El-Makkari nous a conservé la copie. MohammedIbn-Hicham-Ibn-Abd-el-Djebbar, membre de la famille royale, fut tellement indigné de ce mauvais choix qu'il organisa une conspiration, s'empara de Cordoue et monta sur le trône après avoir fait mourir Abder-Rahman. Cela se passa en 399 (1009). dite]. C'était un homme fort savant dans la généalogie des Berbères. Le plus grand des généalogistes berbères, autant que nous avons pu le savoir, appartenait aussi à cette tribu; nous voulons parler du célèbre Sabec-Ibn-Soleiman-Ibn-Herath-Ibn-MoulatIbn-Dounas. On regarde aussi comme matmatien Abd-Allah-IbnIdris, administrateur des impôts au nom du khalife fatemide, Obeid-Allah-el-Mehdi. Nous pourrions en citer beaucoup d'autres, mais cela nous mènerait trop loin. Voilà les renseignements que nous avons recueillis au sujet des Matmata. Ayaut fait mention du territoire de Mindas, je dois rapporter ici les passages suivants que j'ai trouvé dans l'ouvrage d'un historien berbère : « Cette région fut ainsi nommée d'après Mindas, >> fils de Mefer, fils d'Aurîgh, fils de Kebouri, fils d'El-Mothenna, >> lequel est le même personnage que Hoouar. » Je crois que cet écrivain veut parler ici d'Addas-Ibn-Zahhîk, le même que l'on dit avoir été élevé par Hoouar, et qu'il a mal compris la chose dont il parle. << Mindas eut trois fils: Cheraoua, Kolthoum et >> Toggom. >> Quand la puissance des Matmata se fortifia, » ils eurent pour chef Arhasen-Ibn-Asferasen. Celui-ci chassa >> Mindas de ce territoire et y établit ses propres enfants, les>> quels y restent encore. >> Un débris des Matmata habite aujourd'hui le Quarchenîs1 ; il s'y réfugia à l'époque où les Beni-Toudjin, peuple zenatien, lui enlevèrent le territoire de Mindas. C'est maintenant une peu soumise à l'impôt. -- Les Maghîla sont frères des Matmata, des Lemaïa, des Melzouza, des Douna et des Kechata, bien que ces trois derniers peuples soient regardés comme maghiliens. Ils vivent maintenant dispersés dans différents endroits après avoir formé deux grosses bandes dont l'une habitait le Maghreb central et occupait les campagnes qui s'étendent depuis l'embouchure du Chélif jusqu'à 1 Variantes: Ouancherich, Ouarchticen. Aujourd'hui on écrit le nom de cette montagne de plusieurs manières, mais le surnom d'ElOuancherichi qui a été porté par plusieurs légistes distingués, indique suffisamment que la bonne ortographe est Ouancherich. Ibn-Khaldoun emploie presque toujours cette dernière forme. Mazouna, ville qui existe encore. Ce fut d'un des ports de leur territoire qu'Abd-er-Rahman, surnommé Ed-Dakhel (l'intrus, le nouveau venu), et fondateur de la dynastie oméïade d'Espagne, mit à la voile pour aborder à Almuñecar, en Andalousie. La tribu de Maghîla donna le jour à Abou-Corra-el-Maghîli, prince sofrite qui régna quarante ans, assiégea Tobna et livra plusieurs batailles aux émirs arabes de Cairouan. Il vécut vers le commencement de la dynastie abbacide. On dit, cependant, qu'il appartenait à la tribu d'Ifren, et comme cette opinion me paraît conforme à la vérité, je renvoie le lecteur au chapitre où je donne l'histoire des Beni-Ifren, branche des Zenata. Abou-l'-Hassan, chef qui se révolta en Ifrîkïa dans les premiers temps de l'islamisme, appartenait à la tribu de Maghîla, ainsi qu'Abou-Hatem-Yacoub, fils de Lebîb, fils de Medyen, fils d'Itouweft, fils de Melzouz. Selon les récits de Khaled, fils de Khodach et de Khalifa-Ibn-Kheïat, savants maghiliens, AbouHatem et Abou-Corra prirent les armes en l'an 150 (767-8), et s'emparèrent de Cairouan. Au nombre de leurs chefs les Maghîla comptaient aussi MouçaIbn-Kholeid, Melih-Ibn-Alouan et Hassan-Ibn-Zeroual, le même qui accompagna Abd-er-Rahman l'oméïade en Espagne. Sous le règne de Yala-Ibn-Mohammed-el-Ifreni, les Maghîla eurent pour émir Deloul-Ibn-Hammad, celui qui bâtit Igri 1, ville située à douze milles de la mer et dont on ne trouve plus que les ruines. De nos jours, il ne se rencontre pas une seule tribu maghilienne ni même une seule famille de cette race dans la localité que nous venons d'indiquer. La seconde des deux bandes dans lesquelles les Maghîla se partageaient habitait le Maghreb-el-Acsa. Lors de l'arrivée d'Idris-Ibn-Abd-Allah en Maghreb, elle se réunit aux Auréba et aux Sadina, pour protéger ce prince et pour soutenir sa cause; elle porta aussi les autres tribus berbères à imiter leur exemple. Jusqu'à la chute des Idrîcides, elle leur témoigna un dévouement inaltérable. Dans le territoire qu'elle occupa et qui est situé 1 Variantes: Aikouni, Aikdi, Aifkan, etc. entre Fez, Sofrouï et Miknaça (Mequinez), on trouve encore un reste de ses descendants. Les Mediouna, enfants de Faten et frères des Maghîla et des Matmata, demeuraient tous dans la province de Tlemcen, dont ils occcupaient la partie qui s'étend depuis la montagne appelée encore aujourd'hui Djebel-beni-Rached jusqu'à celle qui s'élève au midi d'Oudjda et qui porte leur nom. Ils parcouraient, en nomades, les plaines et les autres localités de cette région. Du côté du sud-est, ils avaient pour voisins les Beni-Iloumi et les BeniIfren; à l'occident, ils avaient les Miknaça, et entre eux et la mer, les Koumiïa et les Oulhaça. Parmi leurs hommes illustres, on distingue particulièrement Djerir-Ibn-Masoud, chef qui les commanda à l'époque où ils prirent part à la révolte d'Abou-Hatem et d'Abou-Corra. Un grand nombre des Mediouna passa en Espagne lors de la première invasion de ce pays, et ils y devinrent très-puissants. Hilal-Ibn-Abzïa, un de leurs émirs, embrassa le parti de Chakïael-Miknaci1 et se révolta à Ste-Marie (Albarracin), contre Abder-Rahman-ed-Dakhel; mais, ayant ensuite fait sa soumission, il obtint de ce prince un brevet qui le constituait chef des Medïouna. Son autorité s'étendait sur les Berbères établis dans l'orient de l'Espagne et dans Ste-Marie. Nabeta-Ibn-Amr, un de ses parents, lui succeda. Lors de la conquête du Maghreb central par les Beni-Toudjîn et les Beni-Rached, tribus zenatiennes, les Mediouna étaient fort réduits en nombre et en puissance; aussi furent-ils expulsés des campagnes de cette contrée par les envahisseurs et forcés à se retirer dans les châteaux qu'ils possédaient à Mont-Teçala et à Mont-Mediouna. L'impôt vint alors les frapper, et l'adversité les poursuivit au point qu'il n'en reste dans ces localités qu'un faible débris, s'occupant exclusivement de travaux agricoles. Il s'en trouve aussi quelques restes au milieu des autres tribus et confondues avec elles. Entre Fez et Sofrouï on rencontre une fraction des Mediouna qui vit dans le voisinage des Maghîla et sous leur protection. 1 Quelques pages plus loin l'auteur parle de Chakïa. Les Koumïa, nommés dans les temps anciens les Satfoura, sont enfants de Faten et frères des Lemaïa et des Matghara. << Ils forment trois branches desquelles dérivent toutes les fa» milles de cette tribu. Ces branches sont les Nedroma, les >> Saghara et les Beni-Iloul. Des Nedroma sortirent les Nefouta, »les Harça, les Ferda, les Hefana et les Ferana; les Beni-lloul » se partagèrent en Mecîfa, en Outîoua, en Hebîcha, en Hîouara >> et en Oualgha; les Saghara formèrent les tribus de Matîla et » Beni-Hɔbacha1. C'est aux Nefouta qu'appartenait le célébre » généalogiste, Hani - Ibn-Masdour--Ibn-Meris-Ibn-Nefout. >> Voilà ce que les livres [des Berbères] donnent pour certain. La tribu des Koumïa habitait le pays maritime du Maghreb central, aux environs d'Archgoul et de Tlemcen. Formidables par leur nombre et leur bravoure, ils devinrent une des plus puissantes d'entre les tribus almohades, tant à cause de leur promptitude à seconder le mouvement des Masmouda en faveur du Mehdi que de leur zèle à propager la doctrine unitairienne qu'enseignait cet imam. Ils eurent surtout l'avantage de former la tribu à laquelle appartenait Abd-el-Moumen, le compagnon et successeur du Mehdi. En effet, Abd-el-Moumen faisait partie des Beni-Abed, famille distinguée de cette tribu. « Il était fils d'Ali, >> fils de Makhlouf, fils de Yala, fils de Merouan, fils de Nasr, » fils d'Ali, fils d'Amer, fils d'El-Amir, fils de Mouça, fils d'Abd» Allah, fils de Yahya, fils d'Ourzaïgh, fils de Satfour.» C'est par cette filiation que les historiens de l'empire almohade le font remonter à Satfour; puis ils ajoutent : « Satfour était fils de Ne» four, fils de Matmat, fils de Houdedj, fils de Caïs, fils de » Ghailan, fils de Moder»; et l'un de ces auteurs assure que cette généalogie fut copiée sur une note de la main d'Abou-MohammedAbd-el-Ouahed-el-Makhlouê, fils de Youçof, fils d'Abd-el-Moumen. A cette occasion nous rappellerons que nous avons déjà rejeté comme fausse la généalogie qui fait descendre les Berbères de Caïs-Ghailan: les noms assignés aux ancêtres d'Abd-el-Moumen montrent que c'est une pure fabrication on n'y trouve que 1 La plupart de ces noms sont altérés. |