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un coup de lance dans le dos. Le réformateur tomba sur les mains et la figure, et ne se releva plus.

A la nouvelle de ce forfait, la famille d'Abou-'l- Leil cria vengeance contre les meurtriers, de sorte que la division se mit parmi les Kaoub, tribu qui, jusqu'alors, était toujours restée unie. Rafê, fils du réformateur, succéda à l'autorité de son père et poursuivit avec ardeur le même but que lui; mais en l'an 706 (1306-7) il succomba au milieu de sa carrière, ayant été tué par un chef appartenant à la tribu des Hisn.

Les Beni-Abi-'l-Leil cherchaient encore à venger la mort de Cacem-Ibn-Mera, quand Hamza et Moulahem, les fils d'OmarIbn-Abi-'l - Leil, parvinrent au commandement de toutes les branches des Kaoub. Alors, un certain jour, pendant que les Mohelhel se trouvaient à une assemblée tenue par ces deux chefs, dans l'intérieur du Désert, les Beni-Abi-'l-Leil se jetèrent sur eux et les tuèrent tous. Le seul d'entre les enfants de Mohelhel qui n'avait pas assisté à cette réunion fut Taleb, et son absence lui sauva la vie.

Dès ce moment une guerre des plus acharnées a régné entre les deux familles; toutes les branches de la tribu de Soleim ont pris part à leur querelle et se sont rangées, les unes du côté des Beni-Abi-'l-Leil, et les autres, du côté des Beni-Mohelhel. Pendant ce temps les rapports des deux partis avec le gouvernement hafside n'ont produit qu'une suite de révoltes et de soumissions.

Le commandement des Beni-Mohelhel appartient aujourd'hui à Mohammed, fils de Taleb-Ibn-Mohelhel, et à son frère Yahya.

La tribu de Hisn est une branche de celle d'Allac; son aïeul, Hisn, étant frère de Yahya-Ibn-Allac. De même que les Allac, les Hisn se partagent en deux branches, dont l'une s'appelle les Beni-Ali et l'autre les Hakîm. Quelques-uns disent que Hakîm n'était pas fils de Hisn, mais, qu'ayant été élevé dans la famille de ce chef, il vint à être regardé comme tel.

Les Hakîm se subdivisent en plusieurs familles : les Beni-Tarif, appelés aussi les Oulad-Djaber, les Cheraêba, les Nâîr, les Djouîn, descendants de Micdam-Ibn-Tarîf, les Ziad-Ibn-Tarîf et les Ouaïl-Ibn-Hakim, issus de Troud fils de Hakim. Quelques

personnes considèrent les Trîd [ou Troud] comme membres, non pas de la grande tribu de Soleim, mais de celle de Sinbès, branche des Hilal-Ibn-Amer; elles ajoutent que ce fut à une famille tridienne qu'appartenait Zeid-el-Addjadj, capitaine hilalien très-célèbre. Mais la vérité est que les Trid, ainsi que les Adouan, ont pour ancêtre Fehm - Ibn-Amr - Ibn - Caïs -IbnGhaïlan; du moins, on les compte parmi les descendants de Fehm.

Les Troud, avaient été d'abord confédérés des Delladj, mais dans la suite, ils les quittèrent pour s'allier avec les Molâeb.

Les Al-Hocein, les Noual, les Mâcad et les Djomeiat descendent aussi de Hakim, mais j'en ignore la filiation.

:

Les Beni-Nomeir, autre branche des Hakim, fournissent deux ramifications les Molàeb et les Ahmed. Ceux-ci se composent des Beni-Mohammed et des El-Batîn. Au nombre des Molâeb on compte les Heikel-Ibn-Molâeb, appelés aussi les Aulad-Zemam, les Forïat, les Aulad-Meiyas et les Aulad-Caïd. Ces derniers forment trois familles : les Sarh, les Medafeâ et les Aulad-YacoubIbn-Abd-Allah-Ibn-Chokr-Ibn-Harcous-Ibn-Caïd.

Le droit de commander à toutes les familles hakîmiennes appartient aux Aulad-Yacoub.

Les Hakîm occupent la région située entre Souça et El-Edjem. Leurs nomades s'attachent, en qualité de confédérés, aux Kaoub, suivant tantôt les Aulad-Abi-'l-Leil et tantôt les Aulad-Mohelhel, rivaux de ceux-ci. La tribu entière reconnaissait pour chefs les descendants de Yacoub-Ibn-el-Cos, et parmi ses cheikhs elle comptait Yacoub-Ibn-Abd-es-Selam-Ibn-Yacoub. Celui-ci se révolta, sous le règne d'El-Lihyani, et étant allé trouver le sultan Abou-Yahya, souverain de Bougie, de Constantine et de la frontière occidentale de l'Ifrîkïa, il rentra avec lui dans le royaume de Tunis. Quand ce prince eut pris possession de la capitale, il donna à Yacoub le commandement de la tribu, et lui accorda la préséance sur les autres chefs arabes. Ces honneurs excitèrent la jalousie des Kaoub, et Hamza [chef de

1 Variante: Fernat.

cette famille] le fit assassiner dans un conseil de tribu par un individu nommé Mohammed-Ibn-Hamed-Ibn-Yezid, membre d'une des familles connues sous le nom des Achach . Yacoub eut pour successeur son cousin Mohammed-Ibn-Meskin-Ibn-AmerIbn-Yacoub-Ibn-el-Cos, et celui-ci eut tantôt pour lieutenant, et tantôt pour rival, l'un ou l'autre de ses nombreux parents. Soheim-Ibn-Soleiman-Ibn-Yacoub, un de ses coadjuteurs, assista à la bataille de Tarifa avec le sultan Abou l'Hacen et s'y distingua par sa bravoure. La famille d'Abd-es-Selam produisit Abou'lHaul et Abou'l-Cacem, tous deux fils de Yacoub-Ibn-Abd-es-Selam. Le premier demeura fidèle au sultan Abou'l'Hacen que les Beni-Soleim venaient d'accabler à Cairouan, et il parvint, avec le concours des Mohelhel, à le faire sortir de cette ville et à le conduire à Souça. Un autre membre de la même famille était Bou-Zeid-Ibn-Omar-Ibn-Yacoub lequel eut un fils qui porta le nom de Khalifa.

Pendant le règne du sultan Abou-Yahya, Mohammed-IbnMeskîn continua à gouverner les Hakîm et à servir ce prince avec une fidélité à toute épreuve. Après sa mort, le commandement passa à son neveu, Khalifa-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Meskin, l'un des cheikhs que le sultan Abou-'l-Hacen avait fait arrêter à Tunis, quelque temps avant l'affaire de Cairouan. Ce monarque était encore bloqué dans cette dernière ville quand il accorda la liberté à son prisonnier, dont il se concilia l'amitié par cet acte de clémence bien entendue.

A la suite du désastre de Cairouan, les Arabes étendirent leur domination partout, et comme la famille Meskin s'était mise en possession de Souça, le sultan concéda cette ville à Khalifa. A la mort de ce chef, le commandement des Hakîm passa entre les mains de son cousin, Amer-Ibn-Mohammed-Ibn-Meskîn. En l'an 755 (1354), Amer fut assassiné dans le Djerîd par un kaoubien nommé Mohammed-Ibn-Tebînȧ-Ibn-Hamed, qui croyait venger ainsi la mort [de son père], tué par Yacoub-Ibn-Abd-es-Selam. Dès lors la désunion se mit dans la tribu, et le commandement

1 Voyez ci-devant, page 143,

en est maintenant partagé entre deux chefs dont l'un s'appelle Abou-Sânouna-Ahmed-Ibn-Mohammed-Ibn-Abd-Allah-Ibn-Mes

kin, et l'autre Abd-Allah-Ibn-Mohammed-Ibn-Yacoub-Ibn-Abdes-Selam-Ibn-Yacoub. Celui-ci est neveu d'Abou-'l-Haul, de même que son rival est neveu de Khalifa.

Le sultan Abou-'l- Abbas, s'étant rendu maître de Tunis, enleva la ville de Souça à la famille de Yacoub et s'attira ainsi l'inimitié d'Ahmed [-Abou-Sânouna]. Ce chef fit aussitôt une alliance avec Soula-Ibn-Khaled-Ibn-Hamza, de la famille d'Abou-'l-Leil, et s'étant précipité avec lui dans la révolte, il commit les excès les plus graves. De nos jours ils se tiennent dans le Désert, ayant été obligés de fuir le territoire de l'empire.

Quant à l'autre chef hakîmien, Abd-Allah-Ibn-Mohammed, surnommé Er-Rouwaï, il s'attacha au parti du sultan et lui procura l'appui des Aulad-Mohelhel. Il exerce, jusqu'à ce jour, une grande influence sur les populations placées sous ses ordres.

Abou-Sanouna est rentré, depuis, au service du sultan, et il partage, maintenant, avec Abd-Allah-Ibn-Mohammed, le commandement des Hakîm.

Les Beni-Ali, tribu-sœur de celle de Hakim, se composent de plusieurs familles, savoir: les Aulad-Merâi, les Aulad-Soura, (toutes deux descendues d'Aun-Ibn-Ahmed-Ibn-Ali-Ibn-Hisn), les Aulad-Nemi, les Bedrana, les Aulad-Omm-Ahmed, les Hadra, les Redjlan, appelés aussi les Macâd, les Djomeiat, les Homr, les Meçanïa, les Al-Hocein et les Hedjri. L'on dit cependant que les Hedjri n'appartiennent pas à la tribu de Soleim mais à celle de Kinda, et qu'ayant fait alliance avec les Soleimides, ils s'attribuèrent la même origine que ce peuple.

Le droit de commander aux Beni-Ali est exercé par la famille Soura. Le chef actuel se nomme Abou-'l-Leil-Ibn-Ahmed-IbnSalem-Ibn-Ocba-Ibn-Chibl-Ibn-Soura-Ibn-Merâi-Ibn-Hacen-IbnAun. Le commandement en second appartient à la famille Merâi [El-Merâïa], parente de celle de Soura. Les Meràïa sont fils de Merâi-Ibn-Hacen-Ibn-Auu. Les Beni-Ali occupent le pays situé entre El-Edjem et El-Mobarka, localité des environs de Cabes. La portion de cette tribu qui s'adonne à la vie nomade s'est con

fédérée avec les Kaoub, et suit quelquefois les Aulad-Abi-'lLeil, mais en général elle accompagne les Aulad-Mohelhel.

Quant aux Debbab, autre branche de la tribu des Soleim, nous avons déjà indiqué les différentes opinions au sujet de leur origine et mentionné que leur aïeul Debbab était fils de Rebiâ, frère de Zoghb-el-Asgher et fils de Zoghb-el-Akber. Le mot Zoghb se prononce actuellement avec un o, mais Abou-Mohammed-el-Tidjani nous apprend, dans son voyage, qu'El-Adjedabi et Er-Rochati le prononçaient Zighb.

Les Debbab occupent le pays qui s'étend depuis Cabes à Tripoli et de là jusqu'à Barca. Ils formèrent plusieurs tribus dont une, les Aulad-Ahmed-Ibn-Debbab, se tient à l'occident de Cabes et stationne auprès des sources que visitent les caravanes. Elle est voisine de la tribu de Hisn et des sources du pays des Zoghb 2.

Les Beni-Yezîd, autre branche de la tribu de Debbab, occupent les mêmes localités que les Aulad-Ahmed. « Yezîd, dit Tedjani, » n'est pas le nom de leur ancêtre; c'est le terme par lequel on » désignait la formule de serment usité chez ce peuple, et qui exprimait le souhait d'un accroissement (d'enfants et de ri» chesses) 3. » Cette tribu se subdivise en plusieurs familles,

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savoir :

5

Les Sohba, enfants de Sohb-Ibn-Djaber-Ibn-Faïd Ibn-RafèIbn-Debbab;

1 Er-Rochati, Abou-Mohammed-Abd-Allah, natif d'Orihuela en Espagne, composa un ouvrage sur la généalogie des compagnons de Mahomet. Il fut tué à la prise d'Alméria par les chrétiens, en l'an 542 (4447), (Ibn-Khallikan, vol. 11, page 70)

Le texte arabe de ce paragraphe est sans doute altéré, aussi la traduction en est purement conjecturale. Peut-être faut-il lire : oua mouaLenhom gharbi Cabes ila Oïoun-Rahhal oua hom modjaweroun li-Hisn oua min Oïoun-Rahhal belad Zoghb, c'est-à-dire: le territoire qu'ils habitent s'étend à l'ouest de Cabes jusqu'à Cïoun-Rahhal (puits des voyageurs); ils sont voisins des Hisn, et le pays des Zoghb fait partie d'Oïoun-Rabbal.

3 La traduction de la fin de ce passage est conjecturale.

Le texte porte en quatre familles, bien que l'auteur lui-même nous en nomme sept.

5 Variante: Caïd.

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