cavaliers. Son successeur, Abd-er-Rahman-Ibn-el-Hacen-Ibn-Yedder, transmit, l'autorité à son frère Ali-Ibn-el-Hacen. Avant de mourir, il eut à soutenir une guerre contre les mêmes Arabes dont sa famille s'était procuré l'appui, et en 705 (1305-6)et les années suivantes, il essuya plusieurs échecs 1. Parvenu enfin, en l'an 708, à faire tomber leurs chefs dans un piége, ils les fit tous mourir à Taroudant. Les Mérinides eurent plusieurs fois à combattre les Makil de la province de Sous. Dans une de ces affaires, Yacoub-Ibn-Abdel-Hack soutint, avec un corps mérinide, les Chebanat qui faisaient la guerre aux Beni-Hassan; et un nombre considérable de ceux-ci y perdit la vie. Quelque temps après, Youçof-Ibn-Yacoub, sultan mérinide, bloqua les Beni-Hassan dans Tamskrout et les força à payer une contribution de 18,000 chameaux. En l'an 686 (1287), il marcha encore contre eux et leur tua beaucoup de monde, et lorsque la tribu abd-el-ouadite des Beni-Gommi se fut réfugiée chez eux, il les fit attaquer à plusieurs reprises parce que leurs protégés s'étaient révoltés contre son autorité. Nous parlerons encore de ces événements dans l'histoire du sultan Youçof-Ibn-Yacoub. Quand les Zenata mérinides eurent consolidé leur domination dans le Maghreb, Abou-Ali, fils du sultan Abou-Saîd, détacha Sidjilmessa du royaume de son père pour en faire un gouvernement à part. A la suite de cette transaction qui termina une guerre civile, les Arabes nomades de la province de Sous, tels que les Chebanat et les Beni-Hassan, se réunirent autour d'Abou-Ali et le poussèrent à faire la conquête des bourgades de ce pays. Cédant à leurs instances, il quitta le Derâ, traversa la frontière de ses états et emporta Ifri d'assaut. Ali-Ibn-el-Hacen prit la fuite et chercha un asile dans les montagnes de Neguîça, auprès des Sanaga, et ne rentra dans son pays que plus tard. Le sultan Abou-'l-Hacen étant parvenu à vaincre son frère [Abou-Ali]et à soumettre le Maghreb entier, prêta l'oreille aux sug 1 Dans l'errata qui accompagne le tome n du texte arabe, on trouve indiqué comme variante la date 750; mais la bonne leçon est celle du texte, c'est-à-dire 705. gestions de ces mêmes Arabes et résolut de faire une tentative contre les bourgades de Sous. Hassoun-Ibn-Ibrahim-Ibn-Eïça de la tribu d'Irnian, auquel il confia un corps de troupes pour cet objet, marcha avec les Arabes vers ces cosour et s'en empara. Ayant ensuite prélevé la dìme dans la province de Sous, il concéda à ses alliés des ictá situés dans ce pays, et les chargea du recouvrement des impôts à venir, moyennant le partage. Cet arrangement réussit parfaitement pendant quelque temps, mais les revers éprouvés par le sultan Abou-'l-Hacen vinrent tout bouleverser et le Sous reprit son ancien état. Encore aujourd'hui, cette province est en dehors de l'action du gouvernement [mérinide]; les Arabes s'en approprient les revenus, et se sont partagés les populations imposables. Cette classe y est complétement tributaire, puisqu'elle se compose de Masmouda et de Sanhadja, peuples soumis aux impôts depuis longtemps. Les branches nomades de ces mêmes [tribus berbères] subissent également la domination des Arabes et doivent prendre part à leurs éxpéditions militaires : aussi les Guezoula marchent avec les Beni-Hassan, pendant que les Chebanat se font accompagner par les Zegguen et les Lakhs, branches de la tribu de Lamta. Le droit de commander aux Doui-Hassan appartient à la fa- ́ mille d'Abou-'l-Khalil - Ibn- Amer-Ibn-Ghofair-Ibn-Hacen-IbnMouça-Ibn-Hamed-Ibn-Said - Ibn-Hassan - Ibn - Mokhtar. Leur chef actuel s'appelle Makhlouf-Ibn - Abi - Bekr-Ibn - SoleimanIbn-Hacen-Ibn-Zian-Ibn-Abi-'l-Khalil. Quant aux Chebanat, j'ignore à quelle de leurs tribus ils reconnaissent le droit de commandement. Ils sont toujours en guerre avec les Beni-Hassan, et, la plupart du temps, ils ont les Rocaitat pour confédérés. Les Chebanat sont plus proches voisins du pays habité par les Masmouda et des montagnes de Deren que ne le sont les Doui-Hassan, dont le territoire est situé plus en avant dans le Désert. Du temps d'Ali-Ibn-Yedder, sultan de Sous, les Chebanat Dans les manuscrits ce paragraphe est inscrit en marge. Son authenticité ne paraît pas hors de soupçon. eurent pour chef Hariz-Ibn-Ali-Ibn-Amer-Ibn Ali-Ibn-Chebana. Les chefs des Guezoula invoquèrent le secours de cette tribu contre les habitants du Sous, et, secondés par elle, ils vainquirent leurs ennemis. Ce fut alors que les Chebanat se fixèrent dans ce pays. Quand ils l'eurent subjugué en entier, les Doui-Hassan allèrent s'emparer de Noul. Ceux-ci avaient demeuré anparavant dans le pays qui s'étend depuis Ras-el-Aïn et Garet jusqu'au Zidour. Plus tard, ils firent la guerre à Ali-Ibn-Yedder et le tuerent dans une bataille. Garet est maintenant habité par les BeniOura. Le mot oura signifie voisinage en langue berbère. 1 LISTE DE LEURS TRIBUS. EXPOSITION DE LEUR ORIGine et de leUR GÉNÉALOGIE. HISTOIRE DES BENI-SOLEIM-IBN-MANSOUR. Les Beni-Soleim, peuple très-nombreux, formaient une des plus grandes d'entre les tribus descendues de Moder. Ils habitaient [la partie de l'Arabie appelée] le Nedjd. Leur aïeul Soleim était fils de Mansour-Ibn-Ikrima-Ibn Khaçafa-Ibn-Caïs. Partagée déjà en plusieurs branches dans les temps anté-islamiques, cette tribu reconnaissait pour chefs les descendants d'Es-Cherîd-IbnRiah-Ibn-Thâleba-Ibn-Oçaïa-Ibn-Khafaf-Ibn-Imr-il-Caïs-IbnBohtha-Ibn-Soleim. Amr, fils d'Es-Cherid et chef de toutes les tribus modérites, laissa deux fils, Sakhr et Moaouïa dont le premier est [bien connu comme] le frère d'El-Khança. Cette femme épousa El-Abbas-Ibn-Mirdas, un des compagnons du Prophète, et elle assista avec son mari à la bataille d'El-Cadicïa 2. Le texte arabe des meilleurs manuscrits porte djouar; dans les autres on lit houar, mot qui ne diffère du précédent que par l'absence d'un point diacritique, et dont aucune des nombreuses significations ne se rend en berbère par oura. Je me suis assuré que ce mot, ainsi que plusieurs autres appartenant aux dialectes berbères de l'Afrique occidentale, est totalement inconnu aux habitants de la Cabilie algérienne. 2 Dans l'Essai de M. C. de Perceval on trouvera l'histoire de cette bataille et des personnages dont Ibn-Khaldoun fait mention ici. M. de Sacy, dans son commentaire sur les Séances de Hariri, fait mention d'El-Khança, femme dont le véritable nom était Tomadir. Il y rapporte quelques fragments des élégies qu'elle composa sur la mort de son frère. Au nombre des tribus soleimides on comptait les Oçaïa, les Riel et les Dekouan, peuplades contre lesquelles le Prophète de Dieu lança des imprécations parce qu'elles avaient assassiné quelques-uns de ses partisans. A la suite de cette malédiction les trois tribus perverses tombèrent dans une déconsidération et un oubli complets. Du temps des Abbacides les Soleim se faisaient remarquer par leur esprit de brigandage et d'insubordination; de sorte qu'un khalife de cette dynastie enjoignit à son fils de ne jamais épouser une femme de cette tribu. Comme ils poussaient leurs incursions jusqu'au territoire de Médine, le gouvernement de Baghdad envoya des troupes contre eux et les fit poursuivre et châtier, même au milieu de leurs déserts. Lors des troubles suscités par les Carmats, les Soleim et les Beni-Ocaïl-Ibn-Kåb formèrent une alliance avec Abou-Taher-el- Djennabi et ses fils, chefs de cette secte hérétique et émirs de la province de Baltrein 1. Après la chute de la puissance carmatienne, les Beni-Soleim s'emparèrent de Bahrein, et, à l'imitation de leurs anciens alliés, ils proclamèrent leur adhésion aux doctrines chîites. Sous la dynastie des Bouides, les Beni-'l'-Asfer-Ibn-Taghleb occupèrent cette province au nom des Abbacides et en expulsèrent les Soleim. Les membres de la tribu proscrite se rendirent dans la Haute-Égypte, d'où El-Mostancer les fit transporter en Ifrîkïa par son vizir ElYazouri, en les chargeant d'aller combattre El-Moëzz-Ibn-Badis, émir qui venait de répudier la domination fatemide, ainsi que nous l'avons dit plus haut 2. Ils traverserent alors le Nil avec les tribus hilaliennes et se fixèrent, pendant un temps, à Barca et aux environs de Tripoli. De là iis passèrent en Ifrîkïa, province où l'on trouve, encore aujourd'hui, quatre grandes branches de cette tribu, savoir les Zoghb3, les Debbab, les Héïb et les Auf. 1 Voyez sur Abou-Taher l'introduction à l'Histoire des Druzes, de M. de Sacy, et le Dictionnaire biographique d'Ibn-Khallikan, volume 1, page 426 et suivantes, de la traduction. 2 Voyez page 30 et suivantes. 3 La tribu des Zoglib, famille soleimide, ne doit pas être confondue avec celle des Zoghba, famille hilalienne dont l'auteur a déjà parlé. Voici comment Ibn-el-Kelbi expose la généalogie de Zoghb Zoghb, fils de Nacera, fils de Khafaf, fils d'Imr - il - Caïs, fils de Bohtha, fils de Soleim; mais Abou - Mohammed - et Tidjani, docteur tunisien, dit, dans son Rihla (ou voyage)', que Zoghb était fils de Djerou-Ibn-Malek-Ibn-Khafaf; il le considère même comme le père de Debbab et de Zoghb-el-Asgher [le cadet], ancêtres de deux branches soleimides qui se trouvent actuellement en Ifrikïa. Abou-'l-Hacen-Ibn-Said dit : « Zoghb, » était fils de Malek, fils de Bohtha, fils de Soleim. Sa tribu » occupait le territoire situé entre les deux villes saintes [la >> Mecque et Médine], mais elle est maintenant en Ifrikïa avec Ꭰ ses sœurs [les autres tribus sorties de la même souche]. Deb» bab était fils de Malek et petit-fils de Bahtha. » Dieu sait lequel de ces trois auteurs a raison, mais il est évident que la généalogie donnée par Ibn-Said ressemble beaucoup à celle que nous fournit Et-Tidjani; elles seront même identiques si nous supposons qu'Ibn-Saîd ait oublié le nom de Djerou dans la sienne. Héïb était fils de Bohtha-Ibn-Soleim; le territoire occupé par ses descendants s'étend depuis la frontière de Barca qui touche à l'Ifrîkïa jusqu'à la petite Acaba, du côté d'Alexandrie. Ils se fixèrent dans cette région après que leurs frères [les autres Arabes] furent entrés en Ifrîkïa. La première branche des Héïb que l'on rencontre en partant de l'Occident est celle des BeniAhmed, peuplade qui habite Adjedabia et les environs. Sa force la rend formidable aux caravanes de pèlerins, mais elle reconnaît la supériorité des Chemmakh. La tribu des Chemmakh renferme un grand nombre de familles et tient le premier rang parmi les 1 Ce rihla renferme le récit d'un voyage entrepris dans les états de Tunis, Tripoli et Bougie, par Abou-Yahya-Zekérïa-Ibn-Ahmed-elLihyani, grand cheikh des Almohades-hafsides, sous le règne du khalife hafside Abou-Acîda. L'auteur de cet ouvrage se nomme Abou-Mohammed-Abd-Allah-Ibu-Ibrahim-et-Tidjani. Il dit être parti avec ce prince vers la fin de l'an 706 (décembre 1305). Plus tard il devint secrétaire d'Abou-Yahya-Zékérïa-el-Lihyani, proclamé khalife au mois de redjeb 744. Une traduction inédite de ce voyage a été faite par M. Alphonse Rousseau. 2 Voy. page 9, note 4. |