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casions, elles assistent les Riah, parce que ceux-ci sont leurs voisins; et alors elles se joignent aux tribus rìahides nomades, telles que les Mosellem et les Said. De temps à autre, quand elles ont à venger la mort d'un parent, elles se font la guerre les unes

aux autres.

Telles sont les tribus descendues de Zoghba et tels sont les renseignements que nous avons pu recueillir à leur sujet.

HISTOIRE DE LA TRIBU D'EL-MAKIL ET DES FAMILLES DONT ELLE

SE COMPOSE.

Les Makil forment une des plus grandes tribus arabes de la Mauritanie occidentale et habitent les déserts du Maghreb-elAcsa. Le territoire qu'ils occupent touche à celui que possèdent les Beni-Amer, au sud de Tlemcen, et s'étend de là vers le couchant, et jusqu'à l'Océan. Ils forment trois tribus : les DouiObeid-Allah, les Doui-Mansour et les Doui-Hassan.

Les Doui-Obeid-Allah sont voisins des Beni-Amer et occupent dans le Tell tous les territoires situés entre Tlemcen et Taourîrt. La région qui s'étend vers le midi, depuis Taourîrt jusqu'au Derâ appartient aux Doui-Mansour, de sorte qu'[à eux deux] ils possèdent le pays du Molouïa, le [Désert] qui se prolonge de là jusqu'à Sidjilmessa et la province de Derâ. Ils occupent aussi cette portion du Tell qui correspond par sa position à la partie du Désert que nous venons d'indiquer, de sorte qu'ils dominent en maîtres sur les campagnes de Téza, de Ghassaça, de Miknaça, de Fez, de Tedla et d'El-Måden.

Les Doui-Hassan possèdent les contrées situées entre le Derâ et l'Océan. Leurs chefs habitent la ville de Noul, capitale de la province de Sous. Bien qu'ils soient maîtres du Sous-el-Acsa et des pays voisins, le besoin de trouver des pâturages suffisants pour leurs troupeaux les oblige à parcourir les sables du Désert,

Le mot doui, forme vulgaire de douou, signifie possesseurs. DouiObeid-Allah veut donc dire des gens qui possèdent Obeid-Allah, c'est-àdire qui l'ont pour ancêtre.

jusqu'aux lieux qu'habitent les tribus porteurs du litham1, telles que les Guedala, les Messoufa et les Lemtouna.

Les Makil vinrent en Maghreb avec les tribus descendues de Hilal; et l'on dit qu'à cette époque, leur nombre n'atteignit pas deux cents. Repoussés par les Beni-Soleim, et trop faibles pour leur résister, ils s'attachèrent de bonne heure aux Beni-Hilal et se fixèrent sur l'extrême limite du pays habité par leurs protecteurs. Ils occupèrent ainsi la région qui s'étend depuis le Molouïa jusqu'aux sables de Tafilelt. Établis dans le Désert occidental et devenus voisins des Zenata, ils se multiplièrent au point de peupler les plaines et les solitudes du Maghreb-el-Acsa. Ayant soumis ces vastes contrées, ils formerent, avec les Zenata, une confédération qui ne se brisa jamais.

Un petit nombre d'entre eux resta en Ifrikïa, et après s'être fondu dans la masse des Beni-Kab-Ibn-Soleim, il leur servit d'intermédiaire toutes les fois qu'il s'agissait d'entrer au service du sultan ou de faire la paix avec les autres Arabes.

Lorsque les Zenata s'emparèrent du Maghreb et en occupèrent les villes, leurs anciens alliés, les Makil, restèrent seuls dans le Désert; et s'y étant multipliés d'une manière vraiment extraordinaire, ils soumirent les bourgades que ce peuple berbère y avait construites.

De cette manière ils devinrent maîtres des Cosour2 de Sous, du côté de l'Occident, et de ceux de Touat, de Bouda, de Tementît, de Regan, de Teçabît et de Tigourarîn, du côté de l'Orient. Cha

1 Le litham est un voile d'étoffe bleue qui couvre toute la figure de l'homme, à l'exception des yeux. Encore aujourd'hui les Touarek et d'autres peuples du Désert le portent constamment, même en mangeant, et ils se croiraient déshonorés s'ils se montraient la figure découverte. Chez tous ces nomades les femmes ne doivent pas se voiler. On donue aux peuples porteurs du litham le nom générique d'El-Moleththemin (les voilés), mot dérivé de la même racine que litham. Les historiens arabes désignent très-souvent les Almoravides par le nom de Moleththemin,

2 Cosour ou Ksour, peut se rendre en français par bourg, bourgade. Il est le pluriel de casr, mot qui signifio château, pa’ais.

cun de ces lieux forme un séjour à part et possède de nombreux bourgs, des dattiers et des eaux courantes. La population de ces localités se composait principalement de Zenata, et dans chacune d'elles l'on se disputait le commandement par l'intrigue et par les armes. En poussant vers ce côté leurs expéditions nomades, les Makil y établirent leur autorité et imposèrent aux habitants un tribut et des contributions dont ils se firent un revenu et un moyen d'agrandir leur puissance.

Pendant fort longtemps, les Makil payaient au gouvernement zenatien un impôt à titre de dîme; ils lui remettaient aussi le prix de sang [quand ils avaient tué un sujet de l'empire], et ils avaient même à supporter une taxe appelée port de bagage 1 dont le sultan réglait le montant à son gré.

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Jamais ces Arabes ne commirent des brigandages sur les limites du Maghreb ni sur les plateaux; jamais ils n'interceptèrent les caravanes qui se rendaient en Soudan de Sidjilmessa et d'autres lieux le gonvernement du Maghreb, sous les Almohades, et, ensuite, sous les Zenata, était non-seulement assez fort pour les châtier, mais il avait soin de tenir fermés les défilés qui mènent dans le Tell et de préposer de forts corps de troupes à la défense des frontières. En récompense de leur conduite paisible, les Makil obtinrent quelques concessions; mais ces icta 2 étaient considérés moins comme un droit que comme une faveur.

On trouve parmi eux plusieurs familles appartenant aux tribus de Soleim et de Saîd, fractions de la grande tribu des Rîah. On y rencontre aussi quelques Amour, descendants d'El-Athbedj; mais tous ces étrangers y sont en petit nombre, comme nous l'avons déjà dit. Il en est autrement à l'égard des tribus

Ils payaient cette taxe en reve

1 C'est-à-dire droit de transit. nant du Tell avec leurs provisions de blé.

2 Icta, mot dérivé de la racine cata (couper), désigne la concession, faite par le sultan, d'une de ses sources de revenu à un sujet, moyennant une redevance annuelle. Une terre, une ville, les impôts d'une localité, les pâturages d'un territoire, etc., peuvent être concédés en ictd. Ces apanages doivent être accordés pour un temps limité; mais elles finissent généralement par rester en la possession de l'usufruitier et par devenir héréditaires.

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qui proviennent d'une autre souche que les Makil, car plusieurs peuplades descendues de Fezara et d'Achdja se sont réunies à eux. On y remarque aussi des Chedda, branche de la tribu des Kerfa; des Mehaïa, fraction des Eïad, des Chârâ, fraction des Hosein, des Sabbah, fraction des Akhder, sans compter quelques familles appartenant aux Beni-Soleim et à d'autres tribus.

2

Selon l'opinion la plus répandue, l'origine des Makil est inconnue, et c'est à tort que les personnes de laftribu de Hilal qui se sont occupées de généalogies arabes les ont considérés comme un peuple hilalien. Les Makil eux-mêmes prétendent se rattacher à la famille de Mahomet, en se donnant pour ancêtre Djâfer, fils d'Abou-Taleb; mais il est impossible que cela soit vrai parce que les descendants d'Abou-Taleb et de Hachem n'ont jamais formé un peuple nomade. S'il m'est permis d'énoncer une conjecture à ce sujet, je dirai qu'ils descendent des Arabes du Yémen, car, parmi ceux-ci on trouve deux tribus qui portent le nom de Makil et auxquelles Ibn-el-Kelbi et d'autres généalogistes ont accordé une mention spéciale. L'une de ces tribus sort de CodâaIbu-Malek-Ibn-Himyer, et son aïeul, Makil, était fils de Câb-IbnOlaïm-Ibn-Djenab-Ibn-Hobel-Ibn-Abd - Allah-Ibn-Kinana-Ibn

Bekr-Ibn-Aouf-Ibn-Ozra-lbn-Zeid-el-Lat-Ibn-Rofeida-Ibn-Thaur

Ibn-Kelb-Ibn-Québera-Ibn-Taghleb - Ibn-Holouan-Ibn-EimranIbn-el-Haf-Ibn-Codâa. La seconde de ces tribus descendait d'ElHareth-Ibn-Kab: le Makil dont elle tirait son origine et auquel on donnait aussi le nom de Rebiâ, était fils de Kâb-Ibn-Rebià-IbnKab-Ibn-el-Hareth-Ibn-Kàb-Ibn-Amer-Ibn-Eïlla-Ibn-Djeld-IbnMalek-Medhedj-Ibn-Oded-Ibn-Zeid-Ibn-Yechdjob-Ibn-Arîb-IbnZeid-Ibn-Kehlan. Des deux généalogies que nous venons de rapparter celle qui s'appliquerait avec le plus de probabilité aux Makil serait la seconde, celle qui remonte à Medhedj; car le Makil dont on y trouve le nom, s'appelait aussi Rebiâ, et les collecteurs de renseignements historiques comptent précisément les

La majeure partie de ces deux tribus ne sortit pas de l'Arabie.

2 Abou-Taleb était oncle de Mahomet; son grand-père, Hachem, était bisaïeul de Mahomet.

descendants de ce Rebiâ au nombre des tribus qui entrèrent en Ifrikïa avec celles de Hilal. D'ailleurs, la tribu d'El-Hareth-IbnKab habitait auprès du Bahrein, aux mêmes lieux où les Carmats et les Arabes hilaliens se tenaient avant l'émigration de ceux-ci en Afrique. Une observation faite par Ibn-Saîd vient encore à l'appui de cette opinion: en parlant des Medhedj, il dit que ce peuple se trouvait éparpillé dans les montagnes du Yémen, et qu'au nombre des tribus dont il se compose, on comptait les Ans, les Zobeid et les Morad; puis, il ajoute ces mots : « Il s'en trouve aussi en Ifrîkïa une fraction qui vit sous la tente <«<et qui s'adonne à la vie nomade. » Ceux dont il parle ici ne peuvent être que les Makil de l'Ifrikïa, peuplade détachée de la grande tribu du même nom qui habite le Maghreb-el-Acsa.

Selon les renseignements fournis par les généalogistes makiliens, leur aïeul Makil eut deux fils, Sakil et Mohammed. De Sakil naquirent Obeid-Allah et Thâleb; d'Obeid-AHah sortit la grande branche des Doui-Obeid-Allah, et de Thâleb provinrent les Thaleba, peuple qui habite la Metidja, dans le voisinage d'Alger. Mohammed, fils de Makil, eut cinq fils: Mokhtar, Mansour, Djelal, Salem et Othman. De Mokhtar naquirent Hassan, et Chebana. Hassan était l'aïeul des Doui-Hassan, tribu célébre qui habite le Sous-el-Acsa.

De Chebana sortirent les Chebanat, tribu établie à côté des Doui-Hassan. Les Chebanat forment deux branches : les BeniThabet et les Al-Ali [famille d'Ali]. Les Beni-Thabet demeurent au pied du Sekcîouï, une des montagnes qui composent la chaîne de l'Atlas [Edren], et ils ont, ou avaient, pour chef Yaïch-Ibn-Talha. Les Al-Ali habitent le désert de Henguiça, au pied du mont Guezoula, et ont, ou avaient, pour chef Horeiz-IbnAli. Les familles descendues de Djelal, de Salem et d'Othman s'appellent collectivement les Rocaitat et vivent en nomades avec les Doui-Hassan. Mansour-Ibn-Mohammed eut quatre tils: Hocein, Abou-'l-Hocein, Amran et Monebba. Leurs descendants se distinguent collectivement par le nom de Doui-Mansour et forment une des trois grandes branches dont nous avons donné l'indication.

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