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VIII

Sahara de Constantine et de Tunis a été le théâtre depuis quatre siècles environ. On y voit parfaitement la vie des nomades du Souf, et surtout l'histoire de ces Troud, dont les aventures rappellent la vie des anciens Arabes décrite dans le Kitâb-el-Aghâni. Un fait bien remarquable, c'est l'indifférence religieuse où étaient tombées ces populations vers le seizième et le dix-septième siècle. Elles avaient presque cessé d'être musulmanes, et l'on comprend maintenant ce que dit Ibn-Khaldoun, quand il affirme que les populations berbères apostasièrent jusqu'à douze fois. Même depuis l'occupation française, le fanatisme semble avoir été dans ce pays le fait d'exaltés qui venaient y souffler le feu de la guerre sainte, plutôt que l'esprit même des gens du pays. M. Féraud a accompagné sa traduction d'El-Adwani de précieux renseignements sur tout le Sahara algérien et sur les forages de puits artésiens qui sont actuellement en train de le métamorphoser. Le vieil esprit africain, combiné avec l'esprit nomade des Arabes antéislamiques, vit encore dans ce pays de la façon la plus originale. L'islamisme paraît ne former dans tous ces pays qu'une couche assez superficielle. Le travail de M. Pont sur les Amamra (1) et celui de M. Mercier sur la résistance que la race berbère opposa à l'islam (2) confirment tout à fait ces aperçus. M. Vayssettes a étudié l'histoire de Constantine sous la domination turque, en partie d'après l'ouvrage arabe de Salah-el-Antéri, publié à Constantine en 1846. Cette triste période de trois cents ans est une époque de silence pour la littérature magrébine. M. Vayssettes n'a rien négligé pour sauver de l'oubli une histoire qui sera bientôt couchée dans la tombe avec les derniers restes de la génération qui en a pu garder le souvenir (3). M. Cherbonneau a donné une notice sur le célèbre

(1) Recueil, etc. 1868, p. 217-240.

(2) Même recueil, 1868, p. 241-254.

(3) Même recueil, 1867, p. 241-352; 1868, p. 255-392.

IX

Sénousi (1), dont l'influence sur l'Afrique musulmaue a été si profonde.

Mais le grand service que nous rendent nos confrères d'Algérie est d'avoir découvert tout ce monde touareg où libyque, tout ce monde qui n'est ni punique, ni romain, ni vandale, ni byzantin, ni arabe, ni turc, qui est le monde africain même, conservé jusqu'à nos jours, à travers toutes les dominations étrangères, par les idiomes kabyle et touareg, par l'alphabet tifinag, par les inscriptions libyques, par des institutions et des mœurs essentiellement aborigènes. Ce monde sort à l'heure qu'il est de terre et commence à nous apparaître avec beaucoup d'unité et de clarté. Les inscriptions dites libyques se sont depuis deux ans singulièrement multipliées, et parmi ces inscriptions, il y en a maintenant une dizaine de bilingues (latino-libyques) qui seront d'un prix inestimable pour l'interprétation des textes libyques. C'est près de Bône, dans les vieux cimetières de la Cheffia et du cercle de La Calle, que sortent ces monuments. C'est déjà un fait bien remarquable que de trouver des textes épigraphiques des troisième et quatrième siècles de notre ère (les textes latins indiquent une fort basse époque), conçus dans cet alphabet africain que ni Carthage, ni Rome, ni le christianisme n'avaient pu déraciner. Que sera-ce quand nous aurons de ces textes épigraphiques une interprétation rigoureusement philologique, quand nous saurons avec certitude à quelle langue ils appartiennent? Les principaux services pour la découverte de ces précieux textes ont été rendus par M. le docteur Reboud, qui a mis un empressement exemplaire à faire parvenir à l'Académie des inscriptions les textes par lui découverts (2). M. le général Faidherbe et d'autres encore ont rivalisé avec M. Reboud de zèle et d'ardeur (3).

(1) Revue africaine, janvier 1870.

(2) Comptes rendus de l'Acad. des inscr. 1869, p. 270, etc.

(3) Comptes rendus de la Société française de numismatique et d'archéo

M. Reboud (1) et M. Faidherbe (2) ont publié en même temps les textes connus jusqu'ici. M. le docteur Judas a collaboré activement à ces belles investigations, en mettant son érudition au service des chercheurs et en publiant quelques textes pour la première fois (3). M. Reboud se borne, avec une discrétion des plus louables, à publier des représentations exactes des monuments et à raconter les circonstances matérielles des découvertes. Nous craignons que les interprétations qu'y joint le docteur Judas (4) et les considérations ethnographiques où entre le général Faidherbe (5) ne tiennent pas devant

Logie, 1869, p. 249, 250, 251 (découvertes de MM. Dubourg et Letourneux), 1870 (découvertes de M. Faidherbe); Revue africaine, janvier 1870 (Faidherbe).

(1) Recueil d'inscriptions libyco-berbères, avec 25 planches et une carte de la Cheffia. Paris, Adrien Leclère, 49 pages, in-4o, 25 pl. (Extrait des Mémoires de la Société française de numismatique et d'archéologie 1870.) M. Reboud a en outre dessiné et autographié les monuments sur une plus grande échelle que celle de la publication; ces autographies ne sont pas dans le commerce. Enfin, M. Reboud a bien voulu donner ses empreintes, dessins originaux, photographies, à la commission des inscriptions sémitiques de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qui possède aussi l'original de quelques monuments. Le recueil de M. Reboud contient 153 textes, sans compter les inscriptions de Duveyrier.

(2) Collection complète des inscriptions numidiques (libyques), avec des aperçus ethnographiques sur les Numides, par le général Faidherbe, Lille, Danel, in-4o, 79 pages, 6 planches. La collection de M. Faidherbe a quelques textes de plus que celle de M. Reboud (en tout environ 170). Il y a une planche d'additions

(3) Revue africaine (70 cahier, juillet 1868) et Annales des voyages (1868.) Sur quelques épitaphes libyques et latino-libyques, pour faire suite à mes trois mémoires sur des épitaphes libyques et à ma Nouvelle analyse de l'inscription de Thugga. Paris, Klincksieck, in-8°, 14 pages, 1 planche, 1870.

(4) Nouvelle analyse de l'inscription libyco-punique de Thugga, suivie de nouvelles observations sur plusieurs épitaphes libyques. Paris, Klincksieck, 76 pages, in-8', 2 planches, 1869.

(5) Op. cit. et dans la Revue africaine, janvier 1870; Comptes rendus de l'Académie des inscriptions, 1868, p. 241-243.

XIX

SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES

Institut archéologique de Rome.

Société nationale des Antiquaires de France.

Société historique d'Alger.

Société archéologique de l'Orléanais.

Société d'études scientifiques et archéologiques de Draguignan.

Société nationale d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes.

Société archéologique de Cherchel.

Institut égyptien.

Société des Antiquaires de Picardie.

Société nationale d'agriculture, sciences et arts d'Agen.

Académie d'Hippone.

Société archéologique de Sens.

Société des Antiquaires de l'Ouest.

Société des Antiquaires de la Morinie.

Comité flamand de France.

Académic nationale des sciences, inscriptions et belles

lettres de Toulouse.

Société d'émulation de Montbéliard.

Société historique et archéologique de Langres.

Académie du Gard.

Société des sciences naturelles et archéologiques de la

Creuse.

Société des Antiquaires de Normandie.

Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle.

Société d'ethnographie orientale et américaine.

Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise.

XX

Société d'archéologie et Comité du musée lorrain, à Nancy.

Société historique de Castres.

Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d'Aix.

Société d'émulation des Vosges, à Épinal.

Institut de France.

Société de climatologie algérienne.

Union des Arts, à Marseille.

Revue de l'art chrétien, à Paris.

Société académique du Maine-et-Loire.

Société archéologique, historique et scientifique de

Soissons.

Société médicale d'Amiens.

Société archéologique et historique de la Charente.

Société scientifique et littéraire de Castres.

Société des Antiquaires de Londres.

Société archéologique, à Paris.

Société des sciences, belles-lettres et arts du Var, å

Toulon.

Société archéologique et historique du Limousin.

Société archéologique de la Touraine.

Société de géographie, à Paris.

Société polymathique du Morbihan,

Société savoisienne.

Société éduenne.

Société impériale archéologique de Saint-Pétersbourg.
Société d'archéologie, sciences et arts de Melun.

Société industrielle de Mulhouse.

Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne.

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