XI une critique plus avancée. En pareille matière, on ne peut trop se défier des étymologies apparentes, des coïncidences fortuites de son; il faut procéder par une méthode organique, par des lois solidement établies. Que si, pour éclairer le sujet, on y mėle la question des monuments mégalithiques, entendus au sens des celtomanes, la craniologie, la théorie, les races blondes, les origines gauloises, il est à craindre qu'on n'explique obscurum per obscurius. Mais aucun abus de méthode n'enlèvera à ces études nouvelles leur rare intérèt. A côté du monde indico-européen, du monde sémitique, du monde tartare, plaçons sans hésiter un monde africain, berbère, libyque, atlantique, comme on voudra l'appeler. Plus tard, nous verrons de quel côté il convient de chercher des congénères à cette classe nouvelle de langues et de peuples. Ce n'est pas seulement l'histoire, la philologie et l'épigraphie libyques qui parlent pour l'individualité de la race berbère. L'épigraphie latine nous rend ses dieux, doni le culte se conserva jusqu'en pleine époque romaine, sa géographie, ses noms de villes. L'archéologie nous rend ses monuments empreints d'un caractère à part, ses symboles où l'influence punique se fait sentir, mais qui ne sont pas purement puniques (1) L'exploration des ruines de Milah, de Sufévar, de Sila et de la nécropole de M. Cherbonneau (2) a fourni sur tous ces points des données importantes. Est-il un renseignement plus curieux que celui qui a été transmis à l'Académie des inscriptions par M. René Galles, et selon lequel l'usage d'élever des cercles de pierres levées en souvenir de certaines confédérations de tribus aurait duré en Kabylie jusqu'au dernier siècle ? Un tel fait prouve-t-il pas bien que ces monuments ne sont point l’apanage exclusif d'une race ou d'un siècle déterminé? Sigus par (1) Voir les bas-reliefs, publiés par M. Dewulf, Recueil de la Société de Constantine, 1867, planches 1 et 2 (texte, p. 223-224). (2) Recueil de la Société de Constaniine, 1868, p. 392 et suiv. XII Si nos travaux nous méritent des comptes-rendus et des éloges assez grands, que nous ne voulons pas reproduiré, nous devons en reporter une large part sur ceux qui nous soutiennent et nous donnent les moyens de faire face aux dépenses que nécessitent les recherches archéologiques et les frais d'impression. Nous devons remercier le Conseil général du département et le Conseil municipal de la ville de Constantine, pour les subventions annuelles qu'ils nous accordent si libéralement. Nous devons aussi témoigner notre reconnaissance aux autorités civiles et militaires qui, en toutes circonstances, nous ont aidés ct ont facilité les travaux par un concours gracieux et dévoué. Nous espérons que notre nouveau volume trouvera dans le public l'accueil bienveillant qui a été fait à ceux qui l'ont précédé. Un mol encore : Le volume de 1873 se présente sou3 de bons auspices : nous avons déjà quelques mémoires pleins d'inlérêl; d'autres nous sont promis pour le mois d'octobre prochain. Nous en commencerons la publication dès le 15 décembre suivant, afin de présenter le volume dans les conditions ordinaires des années précédentes. Nous prions nos collègues et nos collaborateurs de nous faire parvenir leurs mémoires et travaux dans le courant du mois de décembre ct, au plus tard, dans les premiers jours de janvier 1873. Constantine, Septembre 1872. LISTE ALPHABÉTIQUE DES MEMBRES TITULAIRES 1871:1872 NIM. ARNOLET, imprimeur-libraire, à Constantine. BERGOT (le docteur), médecin de colonisation, à El-Arrouch. dant du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques. Chaussées en retraite. XIV Mercier (E.), interpréle-traducteur assermenté, á Constantine. tine. tanline. VII sociétés correspondantes augmente chaque année, et les comptes-rendus des travaux scientifiques et archéologiques ont souvent mentionné avec éloges les mémoires publiés par la Société. Nous en avons été heureux, et nous avons mis nos efforts à en mériter bien plus encore dans la suite. Nous devions être modestes, et nous avons reproduit bien peu des articles qui nous concernaient. Cependant, celle année, nous voulons et nous devons faire exception à la règle que nous avions adoptée : Le rapport fait par M. Renan, å la Sociélé asiatique de France, a une importance assez grande pour excuser l'exception que nous faisons aujourd'hui. Dans ce rapport, où le savanl orientaliste résume les recherches et les travaux des dernières années, il fait une large part aux publications algériennes, et nous croyons juste d'en reproduire les passages les plus importants. Notre laborieuse et intelligente colonie algérienne continue avec l'activité la plus louable son cuvre scientifique. Un sentiment juste et fin de la critique historique caractérise tous ses travaux; on sent aussi que d'excellents maîtres ont passé là; on sent aussi l'avantage que donne à une population instruite l'avantage de vivre au milieu des restes encore parlants de l'antiquité. M. Cherbonneau a donné une notice étendue sur l'hérétique Abou-Yézid-Mokhalled-ibn-Kidad, de Tademket (milieu du dixième siècle de notre ère), qui réussit pendant longtemps à tenir tête dans l’Aurès aux khalifes obéidites (1). Un livre trèsintéressant est le Kitab-el-Adwani, traduit en abrégé par M. Féraud (2). C'est un très-curieux tableau des événements dont le a (1) Revue africaine, novembre 1869. (2) Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de Constantine, 1868, p. i et suiv, a |