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cident. Que leurs violences ne découragent donc pas notre dévouement. En vain ils s'agitent contre lui, ils ne sortiront pas de sa main souveraine, et tôt ou tard ils seront contraints de dire avec nous Gesta Dei per Francos.

Les jalouses prophéties de l'étranger n'auront pas plus d'effet que les difficultés de l'intérieur. La France retrouvera sa force et reprendra le cours de sa destinée. La sève des grands cœurs n'y tarit pas encore. Une nation n'est pas près de déchoir quand elle peut présenter en un même jour, aux hommages du monde, un poète sans égal parmi ses contemporains, un amiral qui sait mourir en exécutant des ordres désapprouvés, l'homme de génie qui a conçu et réalisé l'union des deux hémisphères, l'observateur sublime qui découvre et arrête le travail de la nature dans ses plus mystérieuses et cruelles transformations, l'apôtre et le saint qui sur les sièges de Carthage et de Paris ajoutent par le dévouement, le talent et la vertu une gloire nouvelle aux gloires de l'Église et de la France.

RELATIONS ET COMMERCE

DE

L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE

AVEC LES NATIONS CHRÉTIENNES.

AU MOYEN AGE.

Le Magreb et ses délimitations.

Les Arabes ont donné le nom de Magreb à cette large portion du continent africain, seule connue des anciens, qui fait face à l'Europe et qui comprend toute la côte méditerranéenne depuis Tripoli jusqu'au Maroc. Les navigateurs et les marchands chrétiens du moyen âge appelaient ce pays de son vrai nom, Berbérie, c'est-àdire pays des Berbères, ses premiers indigènes. Dans les temps modernes, le régime politique qu'y établirent les Turcs fit prévaloir la forme de Barbarie, en ne la justifiant que trop dans sa nouvelle acception; et ces contrées inhospitalières devinrent pour l'Europe civilisée les Côtes de Barbarie ou les États Barbaresques.

Le nom de Magreb, qui signifie couchant, s'explique par la situation occidentale de la côte d'Afrique relative

ment à l'Égypte et aux autres pays où fut le premier siège de la puissance et de la civilisation arabes. Son acception géographique a d'ailleurs beaucoup varié. Assez étendue quelquefois pour comprendre l'Espagne musulmane tout entière avec l'Afrique du Nord, elle est fort réduite aujourd'hui, et fixée dans le mot Algarves, à l'extrémité méridionale du Portugal.

Aux temps de l'empire romain, le pays avait formé cinq grandes provinces : l'Afrique proprement dite, comprenant trois subdivisions : l'Afrique proconsulaire ou pays de Carthage, avec la Byzacène, qui renfermait toute la région des emporia ou marchés à grains, du golfe de Gabès au golfe d'Hamamet, et la Tripolitaine;

puis à l'ouest, la Numidie, avec Constantine pour capitale, et les trois Mauritanies : la Sitifienne, chef-lieu Sétif; la Césaréenne, chef-lieu Cherchell, et la troisième Mauritanie ou Mauritanie Tingitane, chef-lieu Tanger.

Sans nous astreindre à une précision géographique peu nécessaire à notre objet, nous appellerons Magreb occidental ou Magreb-el-Aksa, tout le pays de l'ancienne Tingitane, formant aujourd'hui l'empire de Maroc, depuis le cap Noun jusqu'à la rive droite de la Moulouïa, qui devrait être à nous, parce qu'elle est notre limite naturelle et historique vers l'ouest; Magreb central ou Magreb-el-Aouçath, l'Algérie actuelle, répondant aux deux Mauritanies Césaréenne et Sitifienne et à la Numidie ou province de Constantine; enfin Magreb oriental, les deux anciennes régences de Tunis et de Tripoli. Les écrivains arabes ont généralement conservé à la première partie du Magreb oriental le nom romain d'Afrique, Ifrikiah; et il est à remarquer que

la régence de Tunis est encore désignée sous le nom traditionnel de royaume d'Afrique dans le traité conclu par la France avec le bey Hussein-Pacha, le 8 août 1830.

Les notions qui vont suivre ne forment qu'un exposé bien insuffisant de l'histoire de l'Afrique septentrionale et des relations que les nations européennes ont entretenues avec ce pays jusqu'à l'époque de la conquête turque. Nous chercherons du moins, en les présentant sous une forme historique et suivie, à faire connaître les faits et les institutions qui se rattachent à la négociation et à l'exécution des traités de commerce, parce que le commerce a été, en dehors de la sphère religieuse, l'objet principal de ces relations.

Avant d'arriver à l'époque où les communications pacifiques s'établissent et se régularisent entre les chrétiens et les musulmans occidentaux ou Maugrebins, nous remonterons rapidement aux événements qui amenèrent les Arabes dans le bassin de la Méditerranée. Nous aurons à montrer ainsi, sous ses deux aspects, leur attitude et leur politique vis-à-vis des nations chrétiennes équitable à l'égard de celles qui acceptèrent le joug de la conquête, impitoyable et inaccessible à celles qui résistèrent, tant qu'ils eurent l'espoir de les subjuguer. Durant les trois siècles de leur prépondérance sur mer, les Arabes ravagent les côtes et les îles de l'Europe chrétienne; puis, quand leur puissance maritime décline sur la Méditerranée et en Afrique, ils recherchent et entretiennent des relations pacifiques avec les peuples de l'Italie, de la Gaule et de la Marche d'Espagne, qu'ils avaient si longtemps combattus sans pouvoir les soumettre.

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