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THÈME 254.

Le pays des Berbères (suite).

Le Molouïa, une des limites du Maghreb-el-Acsa, est un grand fleuve qui prend sa source dans les montagnes au midi de Téza et va se jeter dans la Mer-Romaine, auprès de Ghassaça (1), après avoir traversé le territoire appelé autrefois le pays des Miknaça (xulixo), du nom de ses anciens habitants. De nos jours, cette région est occupée par d'autres peuples de la race des Zenata (x); ils demeurent dans des bourgades qui s'étendent en amont, sur les deux bords du fleuve, et qui portent le nom d'Outat (blbg). A côté d'elles, ainsi que dans les autres parties du même pays, on rencontre plusieurs peuplades berbères dont la mieux connue est celle des Betalça (xml), frères des Miknaça.

De la montagne qui donne naissance au Molouïa sort un autre grand fleuve appelé, encore aujourd'hui, le Guir), qui se dirige vers le midi, en dérivant un peu vers l'Orient. Après avoir coupé l'Areg et traversé successivement Bouda (8) et Tementit cubi), il se perd dans les sables, auprès de quelques autres bourgades entourées de palmiers, à un endroit nommé Regan (). C'est sur cette rivière que s'élèvent les bourgades de Guir.

(1) Il est probable que l'auteur aura voulu écrire Djeraoua, ville située près de l'embouchure du Molouïa. (Note de M. de Slane.)

THÈME 255e.

Le pays des Berbères (suite).

Derrière l'Areg, et à l'Orient de Bouda, se trouvent

qui font partie de ceux du Sahra. Au nord-est de

(قصور) Ksours تسابيت les bourgades de Teabit

تیگورارین (Tegabit sont les bourgades de Tigourarin

dont on compte plus de trois cents; elles couronnent le bord d'une rivière qui coule de l'ouest à l'est. Ces localités renferment des peuplades appartenant à dif

قبائل (زنانة férentes tribus zenatiennes

Le Maghreb central, dont la majeure partie est maintenant habitée par les Zenata, avait appartenu aux Maghraoua et aux Beni-Ifren), tribus qui y demeuraient avec les Mediouna (), les Maghila (x), les Koumïa (x), les Matghara (e) et les Matmata (xble). De ceux-ci le Maghreb central passa aux Beni-Ouémannou (i) et aux Beni-Iloumi (), puis à deux branches

بني) les Beni-Abd-el-Ouad بنی (بادین) des Beni-Badin Tlemcen en est توجين et les Toudjin (عبد الواد

maintenant la capitale et le siége de l'empire.

THÈME 256e.

Le pays des Berbères (suite).

Immédiatement à l'Orient de cette contrée, on rencontre le pays des Sauhadja, qui renferme Alger,

Metidja (), Médéa (A) et les régions voisines jusqu'à Bougie. Toutes les tribus (berbères) qui occupent le Maghreb central sont maintenant soumi

مغلبون للعرب من غية ses aux Arabes zoghbiens

Ce pays est traversé par le Chélif des Beni-Ouatil (Jubly iş ėlü), grand fleuve qui prend sa source dans la montagne de Rached, du côté du Désert. I entre dans le Tell en passant par le territoire des Hosein (), et se dirige ensuite vers l'ouest, en recueillant les eaux du Mina (L) et d'autres rivières du Maghreb central; puis il se jette dans la Mer-Romaine, entre Kelmitou (l) et

(مستغانم) auprès de Mostaganem

De la même montagne qui donne naissance au Chélif, c'est-à-dire du mont Rached, une autre rivière descend vers l'Orient et traverse le Zab pour se jeter dans la célèbre sibkha () (marais salé), située entre Touzer (5) et Nefzaoua (8). Cette rivière

وادی شدی) s'appelle le Cheddi

THÈME 257e.

Le pays des Berbères (suite).

Les provinces de Bougie et de Constantine (bim3) appartenaient autrefois aux tribus de Zouaoua (,), Ketama (x), Adjiça (m) et Hoouara (,), mais elles sont maintenant habitées par les Arabes,

qui en occupent toutes les parties, à l'exception de quelques montagnes d'accès difficile où l'on trouve encore plusieurs fractions de ces tribus.

Toute l'Ifrikïa, jusqu'à Tripoli, se compose de vastes plaines, habitées, dans les temps anciens, par des Nefzaoua, des Beni-Ifren, des Nefouça (w), des Hoouara et d'une quantité innombrable d'autres tribus berbères. La capitale en était Cairouan. Cette province est devenue maintenant un lieu de parcours pour les Arabes de la tribu de Soleim (). Les Beni-Ifren et les Hoouara sont soumis à ces Arabes et les accompagnent dans leurs courses nomades; ils ont même oublié la langue berbère pour celle de leurs maîtres, desquels ils ont aussi adopté tous les caractères extérieurs.

.(سلیم)

THÈME 258e.

Le pays des Berbères (suite).

Tunis (3) est maintenant la capitale de l'Ifrikïa et le siége de l'empire. Ce pays est traversé par un grand fleuve appelé le Medjerda (_ sulg), qui recueille les eaux de plusieurs autres rivières et se décharge dans la Mer-Romaine, à une journée de distance de Tunis, vers l'Occident (1). Son embou

(1) Notre auteur aurait dû écrire: vers le nord (Note de M. de Slane.)

Je dois ajouter que le texte porte, come (à l'ouest de Tunis) ce qui est exact. (Note de l'auteur.)

chure est auprès d'un endroit nommé Benzert (~¿¿)(1). Quant à Barca, tous les monuments de sa gloire ont disparu; ses villes sont tombées en ruines et sa puissance s'est anéantie. Ce pays sert maintenant de lieu de parcours (i) aux Arabes, après avoir été la demeure des Louata (x), des Hoouara et d'autres peuples berbères. Dans les temps anciens, il possédait des villes populeuses telles que Lebda (s), Zouïla (x), Barca (), Casr-Hassan (

قصر)

m), etc.; mais leur emplacement est maintenant un désert, et c'est comme si elles n'avaient jamais existé.

(Extrait de l'histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale par Ibn-Khaldoun tome 1, traduction de M. le baron de Slane.)

THÈME 259e.

Caractère des Berbères.

Nous croyons avoir cité une série de faits qui prouvent que les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux; un vrai peuple comme tant d'autres dans ce monde, tels que les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains

العرب والفرس ويونان والروم)

Telle fut en effet la race berbère; mais, étant tom

(1) Bizerte.

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