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et des plaisirs 'qu'il a goûtés. Je voulais le voir aujourd'hui; je ne suis sorti qu'un quart d'heure, et c'est précisément dans ce quart d'heure qu'il est venu; il partira sans que je l'aie embrassé. Croiriez-vous bien que je ne l'ai pas vu à mon aise, pendant tout son séjour? Je ne crois pas avoir eu le temps de lui montrer plus d'un acte d'Adélaïde. Ah! quelle ville que Paris, pour ne point voir les gens que l'on aime ! Quand je serai à Rouen, je jouirai de vous tous les jours; mais si vous étiez à Paris, nous nous rencontrerions peut-être une fois toutes les semaines, tout au plus. Il ne faut pas que nos amis viennent ici; il faut que nous aillions les chercher.

THÈME 234e.

(Suite de la lettre précédente.)

Jore est (aujourd'hui jeudi) à présent auprès de vous; je vous prie de lui recommander secret, diligence, et exactitude; et surtout, de ne laisser entre les mains d'une famille si exposée aux lettres de cachet aucun vestige, aucun mot d'écriture ni de vous ni de moi; qu'il vous rende exactement tous les manuscrits. Je vais lui envoyer dans peu une édition de Charles XII, corrigée et augmentée, avec les Réponses au sieur de La Motraye.

Il aura aussi Eriphyle; mais pour celle-là, j'espère la porter moi-même; je passe ma vie à l'espérer,

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par la ilosophie et u Dubreuil, cloître om et sans écrire. ista la muerte.

Voltaire.

(Correspondance générale.)

goûtés. Je voulais le vo
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départ. Je ne vois pas qu'ar

choses à voir à Rouen.
jamais, mon cher ami.
Vous aurez Jore dans,
Adieu; vous m'écri
et je ne vous répr
suis bien malade.

THÈME 235e.

(Lettre.)

A M. Thiériot

à Paris.

Lunéville, le 12 Juin 1735.

Oui, je vous injurierai jusqu'à ce que je vous aie guéri de votre paresse. Je ne vous reproche point de souper tous les soirs avec M. de la Popelinière; je vous reproche de borner là toutes vos pensées et toutes vos espérances. Vous vivez comme si l'homme avait été créé uniquement pour souper, et vous n'avez d'existence que depuis dix heures du soir jusqu'à deux

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et de faire quelque fortune, vous qui capable seulement de vous faire, dans abinet, une occupation suivie, et qui n'avez

ais pu prendre sur vous d'écrire régulièrement à vos amis, même dans les affaires intéressantes pour vous et pour eux.

THÈME 236e.

(Suite de la lettre précédente.)

Vous me rabâchez de seigneurs et de dames les plus titrés: qu'est-ce que cela veut dire? Vous avez passé votre jeunesse, vous deviendrez bientôt vieux et infirme; voilà à quoi il faut que vous songiez. Il faut vous préparer une arrière-saison tranquille, heureuse, indépendante. Que deviendrez-vous quand vous serez malade et abandonné? Sera-ce une consolation pour vous de dire: «J'ai bu du vin de Champagne autrefois en bonne compagnie?» Songez qu'une bouteille

comme vous voyez. L'abbé Linant me mande qu'il reviendra bientôt à Paris. Il m'a envoyé de beaux vers alexandrins; mais, avec ses talents, je le crois paresseux; je le lui ai dit, je le lui écris; mais il faudra que je l'aime de tout mon cœur comme il est.

Si vous voyez Jore, ayez la bonté, je vous prie, de lui dire de m'envoyer les épreuves par la poste, surtout celles où il est question de philosophie et de calcul; il n'à qu'à les adresser à M. Dubreuil, cloître Saint-Merri, sans mettre mon nom et sans écrire. Adieu; je vous suis attaché, hasta la muerte.

Voltaire.

(Correspondance générale.)

THÈME 235e.

(Lettre.)

A M. Thiériot

à Paris.

Lunéville, le 12 Juin 1735.

Oui, je vous injurierai jusqu'à ce que je vous aie guéri de votre paresse. Je ne vous reproche point de souper tous les soirs avec M. de la Popelinière; je vous reproche de borner là toutes vos pensées et toutes vos espérances. Vous vivez comme si l'homme avait été créé uniquement pour souper, et vous n'avez d'existence que depuis dix heures du soir jusqu'à deux

heures après minuit. Il n'y a soupeur qui se couche, ni bégueule qui se lève plus tard que vous. Vous restez dans votre trou jusqu'à l'heure des spectacles, à dissiper les fumées du souper de la veille; ainsi vous n'avez pas un moment pour penser à vous et à vos amis. Cela fait qu'une lettre à écrire devient un fardeau pour vous. Vous êtes un mois entier à répondre, et vous avez encore la bonté de vous faire illusion, au point d'imaginer que vous serez capable d'un emploi, et de faire quelque fortune, vous qui n'êtes pas capable seulement de vous faire, dans votre cabinet, une occupation suivie, et qui n'avez jamais pu prendre sur vous d'écrire régulièrement à vos amis, même dans les affaires intéressantes pour vous et pour eux.

THÈME 236e.

(Suite de la lettre précédente.)

Vous me rabâchez de seigneurs et de dames les plus titrés: qu'est-ce que cela veut dire? Vous avez passé votre jeunesse, vous deviendrez bientôt vieux et infirme; voilà à quoi il faut que vous songiez. Il faut vous préparer une arrière-saison tranquille, heureuse, indépendante. Que deviendrez-vous quand vous serez malade et abandonné? Sera-ce une consolation pour vous de dire: «J'ai bu du vin de Champagne autrefois en bonne compagnie?» Songez qu'une bouteille

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