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temps réalisés et tu goûteras le bonheur dans mes bras; si tu succombes, Dieu te réserve une récompense préférable à tous les biens de ce monde». «Eh bien», s'écria alors Ibn Moldjem, «la pensée qui t'inspire est la seule qui m'avait attiré dans cette ville d'où j'étais parti en fugitif. Ce que tu désires sera fait». Et il s'éloigna en répétant ces vers:

Trois mille dirhems, un esclave, une servante et Ali expirant sous ce glaive acéré!

Une dot, si précieuse qu'elle soit, vaut-elle Ali? Une áme, si énergique qu'elle soit, vaut-elle l'âme d'Ibn Moldjem?

THÈME 164e.

Assassinat du prince des Croyants Ali, fils d'Abou Talib (suite.)

Il rencontra un Kharidjite de la famille d'Achdja (), nommé Chébib, fils de Nedjdeh (

AȘ), et lui dit: «Veux-tu de la gloire dans ce monde et dans l'autre?» Cet homme le pressant de s'expliquer, il ajouta: «Il faut m'aider à tuer Ali».

«Que ta mère pleure ta mort!» s'écria Chébib, «c'est un projet odieux! Je connais la constance inébranlable d'Ali et je le place au-dessus de tous, côté du Prophète». - «Malheureux», interrompit Ibn Moldjem, «ignores-tu qu'il juge d'après le livre de

Dieu, et qu'il est le meurtrier de nos frères, les vrais Croyants? Le sang de plusieurs de vos frères crie vengeance: «Ali doit mourir ».

THÈME 165e.

Assassinat du prince des Croyants Ali, fils d'Abou Talib (suite)

Il conduisit son interlocuteur chez Kotam. Cette femme s'était retirée, dès la nuit du 13 ramadan, sous une tente de tissu léger (x) dans l'enceinte. même de la grande mosquée. Elle leur apprit que

récla مجاشع بن (وردان Modjaché, fils de Werdan récla(مجاشع

mait l'honneur (x) de frapper le Khalife avec eux; elle leur donna une étoffe de soie et excita leur fanatisme par ses exhortations. Ils prirent leurs épées et allèrent s'asseoir en face de la porte du vestibule par où Ali pénétrait dans la mosquée, lorsqu'il venait chaque matin, au premier appel du muezzin, réveiller les fidèles pour la prière. Ibn Moldjem rencontra dans la mosquée el-Achat (), qui lui dit: «Honte à toi devant Dieu!» «Hodjr, fils d'Adi

:surprit ce propos et dit à Achat (حجر بن عدی)

<Homme borgne, tu es l'assassin d'Ali, que Dieu te maudisse!»

THÈME 166e.

Assassinat du prince des Croyants Ali, fils d'Abou Talib (suite.)

En ce moment Ali sortait de chez lui et répétait à haute voix: « Musulmans, à la prière! à la prière !» Ibn Moldjem et ses complices se précipitèrent sur lui en disant: «Le pouvoir appartient à Dieu et non à toi». Ibn Moldjem lui porta un coup d'épée dans la tête, entre les deux yeux; l'épée de Chébib alla frapper un des jambages (sas) de la porte; le troisième conjuré Modjaché, fils de Werdan, prit la fuite. Ne laissez pas échapper l'assassin », murmura Ali. On se précipita sur les traces d'Ibn Moldjem, on lui jeta des pierres, on le saisit de main en main au milieu des cris et du tumulte. Un arabe des BenouHamdan () lui asséna un coup de pied dans la jambe; el-Mogeirah, fils de Naufel, fils d'el-Harit, fils

المغيرة بن نوفل بن الحرث بن عبد المطلب) d'Abdel-Mottalib

le frappa au visage, le terrassa et le conduisit ensuite en présence de Haçan (...).

THÈME 167e.

Assassinat du prince des Croyants Ali, fils d'Abou Talib (suite.)

Ibn Werdan, se glissant à travers la foule, avait pu se sauver. Quant à Chébib, il prit la fuite et courut se réfugier dans sa demeure. Abd Allah, fils de

Nedjdeh, son frère consanguin, y pénétra en même temps que lui. Voyant le meurtrier arracher de son sein l'étoffe de soie (que Kotam lui avait donnée), il lui demanda ce que cela signifiait; Chébib lui rẻvéla tout. Abd Allah courut chez lui, prit son sabre, se jeta sur. Chébib et le frappa jusqu'à ce qu'il le laissât expirant.

THÈME 168e.

Assassinat du prince des Croyants Ali, fils d'Abou Talib (suite.)

On rapporte qu'Ali avait veillé toute cette nuit-là et qu'il répétait en se promenant de la porte au fond de sa chambre: «Dieu sait que je n'ai jamais menti ni été taxé de mensonge; cette nuit est bien celle où ma destinée doit s'accomplir». Au moment où il sortait, des oies appartenant à de jeunes enfants se mirent à pousser des cris; un de ses serviteurs voulait les chasser: «Laisse-les crier», lui dit Ali, «ce sont les pleureuses de mes propres funérailles ». Ali vécut encore le vendredi et le samedi et n'expira que dans la nuit (veille) du dimanche.

(Extrait des Prairies d'or de Maçoudi, vol. 4, traduction de M. Barbier de Meynard.)

THÈME 169e.

Gourmandise du Khalife Suleiman, fils d'Abd el-Mélik. Il lui fallait chaque jour pour satisfaire son appétit cent ritles (b) d'aliments, poids d'Irak). ritles() Quelquefois, ses cuisiniers lui apportaient des broches garnies de poulets rôtis. Dans sa voracité et sa gourmandise, ce prince, qui était vêtu d'une robe de soie peinte surchargée d'or, rentrait une de ses mains sous sa manche, saisissait un poulet tout brûlant et le déchirait à belles dents. Voici ce que ra). «Je à

(الرشيد) Je parlais a Rachid الاصمعی) conte Asmani

de la voracité de Suleïman et de la façon dont il tirait les poulets de la broche, par-dessous sa manche: <<<<< Maudit homme»», «me dit-il», ««comme tu connais leur histoire! Apprends que, lorsqu'on me fit examiner les robes (djubbeh) () des Omeyades (x), je remarquai sur chaque manche des robes portées par Suleïman une tache qui ressemblait à une tache d'huile.

THÈME 170e.

Gourmandise du Khalife Suleiman, fils d'Abd el-Mélik (suite.)

«<«Je ne pouvais comprendre ce que c'était avant l'histoire que tu viens de me raconter. Qu'on m'apporte les robes de Suleïman»». «On les lui présenta; nous les examinâmes ensemble et y trouvâmes la

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