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puissent le faire voir aux gardiens de la porte. Quant aux autres, on imprime le sceau sur leur bras, qu'ils montrent (aux surveillants).

THÈME 142e.

Damiette (suite)

Les oiseaux de mer sont très-nombreux à Damiette, et leur chair est extrêmement grasse. On y trouve aussi du lait de buffle qui n'a pas son pareil pour la douceur de son goût et sa bonté. Enfin, on y prend le poisson appelé boury (le muge), qui est exporté de cet endroit en Syrie, en Asie Mineure () et au Caire. Près de Damiette se trouve une île située entre la mer et le Nil, et que l'on ap

البرزخ

pelle Alberzakh (la barrière). Elle renferme une mosquée et une zaouïah, dont je vis le cheïkh, appelé Ibn Kofl, près de qui je passai la nuit du jeudi au vendredi. Il avait avec lui une troupe de fakirs, hommes vertueux, pieux et excellents. Ils consacrèrent la nuit à la prière, à la lecture du Coran et à la commémoration des louanges de Dieu. La ville actuelle de Damiette est d'une construction récente; l'ancienne ville est celle qui a été détruite par les Francs ), du temps d'Almélik assalih (j),

.(الملك الصالح)

(Extrait des Voyages d'Ibn Batoutah, traduction de M.M. Defrémery et Sanguinetti.)

THÈME 143e.

Générosité de Yahya, fils de Khaled, vizir de Raschid

(الرشيد)

Lorsque Raschid renversa la famille des Barméki (X), et entreprit d'anéantir jusqu'à leur nom, il fit, dit-on, défense à tous les poètes de composer des élégies sur leur disgrâce, et ordonna que l'on punît ceux qui y contreviendraient. Un jour, comme un des soldats de la garde du prince passait auprès de quelques édifices ruinés et abandonnés, il aperçut un homme debout qui tenait en main un papier (x): c'était une complainte () sur la ruine de la maison des Barméki, que cet homme récitait en versant des larmes. Le soldat l'arrêta, et le conduisit au palais de Raschid; il compta toute l'aventure au Khalife, qui se fit amener le coupable; et après s'être convaincu, par son propre aveu, de la vérité de la dénonciation: << Ne savais-tu pas », lui dit-il, «que j'avais défendu de réciter aucune complainte sur la famille. des Barméki? certes, je veux te traiter comme tu le mérites ».

THÈME 144e.

Générosité de Yahya, fils de Khaled, vizir de Raschid

(suite.)

- «Prince», repartit cet homme, «si tu le permets, je te conterai mon histoire; quand tu l'auras enten

due, agis comme bon te semblera v. Raschid lui ayant permis de parler, il lui dit: «J'étais un des

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), fils de Khaled (); un jour il me dit : «<«< Il

faut que tu me donnes à manger chez toi.»»>

«<<< Seigneur»», «lui répondis-je », ««je suis bien audessous d'un si grand honneur (), et ma maison n'est pas propre à vous recevoir»». «<<< Non»>»>, <«<dit Yahya», «<«il faut absolument que cela soit ainsi »». - «<«En ce cas»>», «repris-je», ««vous voudrez bien m'accorder quelque délai pour que je prenne les arrangements convenables et que je dispose ma maison; après quoi vous ferez ce qu'il vous plaira »».

THÈME 145e.

Générosité de Yahya, fils de Khaled, vizir de Raschid (suite).

Là-dessus il voulut savoir quel délai je désirais; je lui demandai d'abord un an, et ce délai lui ayant paru excessif, je le priai de m'accorder quelques mois. Il y consentit, et aussitôt je m'occupai à disposer ma maison et à préparer tout ce qui était nécessaire pour le recevoir. Quand tous les préparatifs furent achevés, j'en fis part au vizir, qui me promit de venir le lendemain même. Retourné chez moi, je m'empressai de préparer à boire et à manger, et de tenir prêt tout ce dont on pouvait avoir besoin ».

THÈME 146e.

Générosité de Yahya, fils de Khaled, vizir de Raschid

(suite).

«Le lendemain le vizir se rendit effectivement chez moi avec ses deux fils Djafar (2) et Fadhl (J), et un petit nombre de ses plus intimes amis. A peine fut-il descendu de cheval, ainsi que ses fils, qu'il m'adressa la parole, et, m'appelant par mon nom, il me dit: «« Un tel, dépêche-toi de me faire servir quelque chose, car j'ai grand appétit »». «Son fils Fadhl me dit qu'il aimait beaucoup les poulets rôtis, et m'engagea à lui faire présenter ceux que j'avais préparés; je le fis; et quand le vizir eut mangé, il se leva, se mit à parcourir la maison, et me demanda de la lui faire voir toute entière».

<«<«<Seigneur»», «<lui dis-je », ««vous venez de la voir; je n'en ai point d'autre que cela», — «« Vraiment si »», « me répondit-il »; «<«< tu en as une autre »>».

- ·

THÈME 147e.

Générosité de Yahya, fils de Khaled, vizir de Raschid

(suite.)

« J'eus beau l'assurer au nom de Dieu que je n'en possédais point d'autre; il fit venir un maçon, et lui ordonna de percer une porte dans le mur. Le maçon se mettant en devoir d'exécuter cet ordre, je dis au vizir: «<«<Seigneur, peut-on se permettre (

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de faire une ouverture pour pénétrer dans la maison de ses voisins, après que Dieu a commandé de respecter les droits du voisinage?»» — ««N'importe»>», «dit-il (); et quand le maçon eut fait l'ouverture, il y passa avex ses fils. Je les suivis, et nous entrâmes dans un jardin délicieux, bien planté, et

في

dans ce : (وَالْمَاء يَتَدَقَّقُ فيه arrosé par des jets d'eau

(

):

jardin étaient des pavillons et des tables ravissantes ornées de toutes sortes de meubles et de tapis, et . servies par des esclaves de l'un et de l'autre sexe, le tout d'une beauté parfaite».

THÈME 148e.

Générosité de Yahya, fils de Khaled, vizir de Raschid (suite.)

«<«Cette maison»>», «me dit alors le vizir», ««et tout ce que tu vois, est à toi»». «Je m'empressai de lui baiser les mains, et de faire des vœux pour lui; et je compris alors que du jour même où il m'avait parlé pour la première fois de le recevoir chez moi, il avait fait acheter le terrain voisin de mon logis, y avait fait construire une belle maison, et l'avait fait garnir et orner de toute sorte de choses, sans que j'en susse rien. Je voyais bien que l'on y bâtissait, mais je croyais que c'était quelqu'un de mes voisins qui fai

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