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En entendant ces paroles, la vieille femme se cacha la tête dans les mains en disant: « Qu'ai-je fait, malheureuse! J'ai insulté en face l'Émir des Croyants!>>

THÈME 135e.

Le Khalife Omar et la vieille femme (suite.) «Que Dieu te bénisse»! dit Omar. «Rassure-toi, tu n'as rien à craindre >>.

Alors le Khalife voulant écrire et ne trouvant pas de parchemin sur lui, déchira un pan de sa robe blanche sur lequel il traça les lignes suivantes:

« Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Cet écrit fait soi qu'Omar a racheté de la nommée une telle, moyennant vingt-cinq dinars, l'injustice qu'il a commise à son égard depuis son élévation au Khalifat jusqu'à ce jour; injustice qui lui a été reprochée par la dite dame au moment où il s'est arrêté en ce lieu en présence du Dieu Très-Haut. En conséquence, Omar et absous. Ce fait est attesté par Ali et Abd-Allah ben Messaoud ».

Ensuite le Khalife confia cet écrit à son fils.

«Lorsque je serai mort », lui dit-il, «tu le mettras dans mon linceul pour que je puisse me présenter avec lui devant Dieu. >>

(Extrait de l'Ilam-en-Nas d'El-Atlidi, traduction inédite de l'auteur du présent livre.)

THÈME 136e.

خصيب) Histoire de Khatib

On raconte qu'un des Khalifes abbasides conçut de la colère contre les habitants de l'Égypte. Dans le but de les avilir et d'en faire un exemple, il jura de leur donner pour gouverneur le plus vil de ses esclaves et celui dont la condition était la plus infime. Or Khacib était le plus méprisable d'entre ceux-ci, puisqu'il était chargé de chauffer les bains. Le Khalife le revêtit d'un habit d'honneur et le nomma vice-roi de l'Égypte. Il s'imaginait que Khacib se conduirait mal envers les Égyptiens, et qu'il leur ferait éprouver des vexations, ainsi que c'est la coutume chez ceux qui ont été élevés à la puissance sans avoir connu précédemment les grandeurs.

THÈME 137e.

Histoire de Khacib (suite.)

Mais lorsque Khacib se vit affermi dans le gouvernement de l'Égypte, il tint envers les habitants de ce pays la conduite la plus louable, et devint célèbre par sa générosité et sa libéralité. Les parents du Khalife et d'autres personnes allaient le trouver; il leur faisait des présents magnifiques, et ils retournaient à Bagdad pleins de reconnaissance pour ses bienfaits. Sur ces entrefaites, le Khalife demanda des nouvelles d'un certain abbasside; mais celui-ci resta

quelque temps absent de sa cour. Lorsqu'il se présenta de nouveau devant le Khalife, le monarque l'interrogea touchant son absence. Cet homme l'informa qu'il était allé trouver Khacib, et lui apprit le don qu'il eu avait reçu. (C'était un présent considérable.)

THÈME 138e.

Histoire de Khacib (suite.)

Le Khalife se mit en colère; il ordonna de crever les yeux (J) à Khacib, de le chasser de l'Égypte, de le ramener à Bagdad et de le jeter au milieu des places) de cette ville. Quand l'ordre de se saisir de Khacib arriva en Égypte, on lui interdit d'entrer dans sa maison. Il avait au doigt une pierre précieuse d'une valeur considérable; il parvint à la cacher et la cousit durant la nuit dans son vêtement. Cependant on le priva de la vue, et on le jeta sur le pavé de Bagdad. Un poète vint à passer près de lui et lui dit: «O Khacib, je m'étais dirigé vers toi de Bagdad en Égypte, afin de te louer dans une qacida; mais j'ai trouvé que tu étais parti de ce pays-là. Or je désire que tu entendes ma pièce de vers».

THÈME 139e.

Histoire de Khacib (suite.)

«Comment l'écouterais-je», répondit Khacib, «dans l'état où tu me vois?»>

<< Mon seul but», reprit le poète, «c'est que tu l'entendes. Quant au cadeau (que je pourrais espérer) tu en as fait aux autres d'assez magnifiques. (Que Dieu t'en récompense!) >>

<< Fais donc », répondit Khacib. Le poète lui récita: «Tu es Al-Khacib (l'abondant) et cette ville est Fosthâth(); or répandez-vous (car, toi, par ta générosité, elle, par son immense étendue), vous êtes tous les deux une mer ».

Lorsqu'il fut arrivé à la fin du poème, Khacib lui dit: Découds cet ourlet (b)». Le poète l'ayant fait, Khacib reprit: « Prends cette pierre précieuse >>.

THÈME 140e.

Histoire de Khacib (suite).

Le poète refusa, mais Khacib l'adjura de la prendre; et il obéit. Puis il la porta au marché des joailliers.

Lorsqu'il la présenta à ceux-ci, ils lui dirent: «Certes, ce joyau ne convient qu'au Khalife », et ils firent connaître la chose au prince. Celui-ci ordonna qu'on amenât le poète, et lui demanda des explications concernant le joyau (). Le poète lui raconta

l'histoire de ce bijou. Le Khalife, ayant alors regretté sa conduite envers Khacib, commanda de l'amener en sa présence, lui fit un cadeau magnifique et lui permit de demander ce qu'il voudrait. Khacib désira

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منية ابن خصيب que le Khalife lui donnat ce village

et le Khalife y consentit. Khacib demeura en cet endroit jusqu'à sa mort, et le légua à sa postérité, qui le posséda jusqu'à son entière extinction.

THÈME 141e.

دمیاط Damiette

La ville de Damiette est située sur la rive du Nil (). Les habitants des maisons voisines de ce fleuve y puisent de l'eau avec des seaux. Beaucoup d'habitations ont des escaliers (,), au moyen desquels on descend jusqu'au Nil. Le bananier croît en abondance à Damiette, et son fruit se transporte au Caire (a) dans des bateaux. Les brebis des habitants paissent librement et sans gardiens, la nuit comme le jour; c'est pour cette raison que l'on a dit de Damiette: «Ses murs consistent en sucreries, et ses chiens, ce sont ses brebis ». Lorsque quelqu'un est entré dans Damiette, il ne peut plus en sortir, sinon muni du sceau du gouverneur. Les individus qui jouissent de quelque considération reçoivent ce cachet imprimé sur un morceau de papier, afin qu'ils

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