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THÈME 127.

Origine du lion, du chat et du rat.

Au temps où notre seigneur Noé construisait l'arche, le sanglier vint la nuit la battre (en brèche) et enleva une planche avec ses céfenses. Lorsqu'il se réveilla, notre seigneur Noé vint travailler à son ouvrage, trouva l'arche brisée et la répara. Le lendemain, il la trouva brisée de nouveau et la répara encore. Le troisième jour, le sanglier continua d'agir ainsi. Quand notre seigneur Né s'en aperçut, il se fâcha, et voulant réparer à la hâte l'endroit brisé, il se blessa à la main. Il creisa un trou dans le sable, y fit couler son sang, le recouvrit de terre et s'en alla. Quand son sang fut éclauffé par les rayons du soleil, un lion en naquit.

THÈME 128e.

Origine du lion, du chat etiu rat (suite.)

Le lendemain, le sanglier voult agir comme précédemment, mais il trouva le lionqui veillait. Celui-ci lui dit: «Misérable, retire-toi, ouje te tue ». Le sanglier refusa: le lion se jeta sur li et le dévora; depuis ce temps le lion mange de 1 chair de sanglier. Les deux animaux étaient dan: l'arche de notre seigneur Noé, chacun à sa place; e sanglier éternua: de son éternûment sortit un rat; e lion éternua: de

son éternûment sortit un chat, c'est pourquoi le chat mange le rat.

(Extrait des Contes populaires berbères, traduction de M. René Basset.)

THÈME 129e.

Traditon de la chouette.

Autrefois, la chouette était un homme. Il avait beaucoup de fortune. Un jour des hôtes vinrent chez lui. Il prit d'abord u mouton pour l'égorger en leur honneur, mais il en eut du regret. Il prit, tour à tour, un bouc, une rebis, une chèvre, et se ravisa de même. Enfin, il saisit un chat, l'égorgea, le fit cuire pour le dîner et le leur servit avec du kous kous. Un des convives, qui était marabout, sentit la chair de chat et lui dit: «Va-t'en!» Aussitôt elle fut transformée en an chat vivant, qui prit la fuite. L'homme qui l'avait égorgé fut changé en une chouette, à cause de la ressemblance de celle-ci avec le chat. La chouette a deux ailes : une longue, l'autre courte. Cela lui provient de ce que l'homme, avant de devenir chouette, avait eu deux pensées, l'une généreuse et l'autre perverse. Il eut une pensée généreuse en songeant d'abord à bien traiter ses hôtes; il eut une pensée perverse en leur égorgeant un chat.

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THÈME 130e.

Légende sur Constantine.

Les vieillards racontent qu'avant la fondation de Constantine, une femme nommée T'ina était venue s'établir sur le rocher qui sert de base à cette ville: elle y vivait de laitage, en compagnie de son jeune enfant. Un jour, une famille de nomades vint s'établir dans le voisinage. La coutume voulait que T'ina offrît un animal pour être égorgé en l'honneur de ces nouveaux venus. Elle avait une chèvre qui la faisait vivre, elle et son fils, mais qui ne lui appartenait pas. Son embarras était extrême. Elle alla trouver ses nouveaux voisins et leur dit: «Je vous immole mon fils plutôt que de subir la honte». Refuser l'offrande traditionnelle, c'eût été un manquement à l'usage sacré et une grave injure à la pauvre veuve.

THÈME 131e.

Légende sur Constantine (suite.)

Ils acceptèrent; mais au lieu d'égorger l'enfant, ils l'élevèrent à l'insu de sa mère. Arrivé à l'âge d'homme, il fut reconnu par elle à une marque particulière. Cette femme bénit les bienfaiteurs de son fils. Dieu l'exauça et permit à ces braves gens de fonder une ville à laquelle, par reconnaissance, ils donnèrent le nom de Qcer (forteresse) Tina, qui plus tard devint Qcent'ina ou Qcemtina, par une

permutation, fréquente dans toutes les langues, de l'r en ʼn ou en m. La légende dit aussi que l'enfant, devenu homme, se fit remarquer par sa vaillance guerrière et fut proclamé roi par ceux-là mêmes qui l'avaient élevé. C'est alors qu'il songea à leur édifier la forteresse en question, qu'il appela du nom de sa mère T'ina.

(Extrait des Traditions et Légendes Kabyles, traduction de M. Belkassem ben Sedira.)

THÈME 132e.

Le Khalife Omar et la vieille femme.

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A son retour de Syrie, Omar, voulant, dit-on, avant de rentrer à Médine, se rendre compte par lui-même de la situation de ses sujets, se sépara de son escorte. Chemin faisant, il rencontra une vieille femme qui était sous une tente. Il s'approcha d'elle. La vieille lui adressa alors la parole en ces termes: « Qu'a fait Omar ?>

Le Khalife répondit: «Il est revenu de Syrie sain et sauf».

«Eh bien, que Dieu, à cause de moi, ne lui accorde aucune récompense! >>

« Pourquoi?» dit Omar.

-« Parce que », dit-elle, «depuis qu'Omar gouverne les Musulmans, il ne m'a donné ni un seul dinar ni un seul dirhem ».

THÈME 133e.

Le Khalife Omar et la vieille femme (suite.) Omar reprit: «Tu habites ici; comment veux-tu que le Khalife te connaisse?»

« Grand Dieu», s'écrira-t-elle, «je n'aurais jamais cru qu'un homme pût régner sur un peuple, et ignorer totalement ce qui se passe sur la terre!»

A ces mots, le Khalife fondit en larmes et prononça ces paroles: «Omar, Omar, tu es le plus ignorant des hommes. Les vieilles femmes elles-mêmes l'emportent sur toi!>>

Puis, s'adressant à elle: «Servante de Dieu», dit-il, <combien me vends-tu l'iniquité qu'Omar a commise envers toi; car je veux le sauver du feu de l'enfer?»

THÈME 134e.

Le Khalife Omar et la vieille femme (suite.) << Allons», dit-elle, «ne te moque pas de moi et que Dieu ait pitié de toi!»

- «Loin de moi cette pensée !» s'écria le Khalife. Puis il insista si vivement qu'il finit par obtenir, moyennant vingt-cinq dinars, la remise de l'injustice qui lui était reprochée.

A ce moment même, arrivèrent à cet endroit Ali, fils d'Abou Thaleb, et Abdallah ben Messaoud (que Dieu soit satisfait d'eux!).

«Salut sur toi, Émir des Croyants», dirent-ils.

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