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Oulad 'Anan en qualité de mezarguia (lanciers), c'est-àdire de cavaliers auxiliaires au service du bey.

Sous la domination turque, les diverses fractions dites Berrania relevèrent, ainsi que nous l'avons vu plus haut, de chefs différents; aucun lien ne les unissait, elles étaient même souvent en guerre l'une contre l'autre. Après la prise de Constantine, le général Négrier les plaça dans les mains d'un seul chef, qui prit le titre de kaïd des Berrania. Cette organisation a été conservée jusqu'à ce jour.

Chez les Berrania, dans la fraction des Oulad Aziz, ȧ Hadjer el-Merkeb, existe une famille de marabouts jouissant d'une grande considération ce sont les Oulad Sidi bel-Kheïr. Nous allons dire ce que la légende locale raconte à leur sujet :

Sidi bel-Kheïr, leur ancêtre, venant de l'Est, s'arrêta au pied du Bou 'Arif. Non loin de là, vivait alors un autre marabout du nom de Sidi Yahia, qui vit avec déplaisir un rival s'installer au milieu de populations reconnaissant son autorité religieuse. Sidi Yahia résolut de le faire tuer; mais, dès que les meurtriers se présentèrent, Sidi bel-Kheir poussa un tel cri, que l'écho en retentit dans toute la montagne. A cet appel, les arbres, se détachant de terre, accoururent en galoppant sur leurs racines, et vinrent se ranger en bataille pour protéger le marabout. Les assassins s'enfuirent effrayés, mais les arbres prirent racine sur place, pour perpétuer le souvenir du miracle de Sidi bel-Kheir.

Dans une autre circonstance, le marabout, gardant luimême ses troupeaux, fut assailli par une bande de maraudeurs qui en voulaient à ses moutons. Mais, au mo

ment où ils allaient les saisir, le troupeau entier s'éloigna en volant comme une compagnie de perdrix. Les maraudeurs, qui appartenaient à la tribu des Achach, prièrent le marabout de leur pardonner, et, à dater de ce jour, lui payèrent l'impôt religieux.

SUR PLUSIEURS INSCRIPTIONS LIBYQUES

DÉCOUVERTES

DANS LES ENVIRONS DE CONSTANTINE

COMPLÉMENT

d'un Mémoire imprimé en novembre et décembre 1868

dans les Annales des Voyages (1)

PAR

M. le Dr A. JUDAS

En traitant récemment, dans le Mémoire rappelé cidessus, d'une nombreuse série d'épitaphes libyques recueillies dans les environs de Bône, et qui m'avaient été communiquées par M. le docteur REBOUD, j'ai cité, aux pages 7 et suivantes, 15 et 30, cinq inscriptions analogues, dont quatre figurent dans le précieux Recueil publié par la Société archéologique de la province de Constantine, et dont l'autre m'a été envoyée par M. Cherbonneau, alors secrétaire de cette société. J'en donne une copie, sous le no 1, à la planche 1.

Il y a un tirage à

(1) Sur plusieurs séries d'épitaphes libyques, etc. part chez M. Challamel, afné, libraire-éditeur, rue des Boulangers, no 30.

Le même Recueil contient six autres textes de même

espèce, savoir:

1853, planche xv, stèle du milieu, et planche xvi, stèle du milieu pareillement ;

1862, page 35, no 67; page 109, no 123; page 185, nos 155 et 156 (1).

Enfin, j'ai directement reçu de M. Cherbonneau, à des dates différentes, deux copies que je reproduis sur la planche 1.

Je me suis abstenu de faire entrer dans le travail précité l'examen de la plupart de ces monuments, parce que j'aurais cru manquer de convenance envers la Société archéologique de Constantine, en ne lui réservant pas et en ne lui soumettant pas le résultat de mes études sur des matériaux qu'elle m'avait fait l'honneur de mettre à ma disposition. C'est ce que je m'empresse de faire en ce moment, en reconnaissant que j'en dois la possibilité aux nouveaux éléments que m'a fournis la nombreuse collection de M. Reboud.

Je n'ai parlé des exemplaires de gauche des planches xv et xvi, 1853, que pour y signaler la présence du préfixe onomastique мs, mas ou mes, dont la significacation maître (2) est aujourd'hui reconnue, grâce aux renseignements recueillis par Barth et M. Hanoteau. A

(1) Le volume de 1866, planche xx, porte un fragment de plaque en marbre blanc, avec des caractères, non antiques ou libyens, mais relativement modernes, ce qui se reconnaît aux lettres représentées par des combinaisons de points: je ne m'en occupe pas ici.

(2) On a tort de citer le nom de l'ancien roi Micipsa comme un des exemples de l'emploi de ce préfixe; la prononciation différente révélait une autre racine, comme on le voit dans la transcription grecque Mikipsas.

part cette indication, la copie de la planche xv me paraît en beaucoup de points trop incertaine pour qu'il soit prudent d'en proposer une transcription complète et une interprétation. Quant à l'inscription de la planche xvi, elle est très-nette, et ne laisse de doute que pour trois figures, savoir: celle du milieu de la colonne médiane, et la première (en bas), ainsi que l'avant-dernière de la colonne de gauche. Je ne me permets aucune rectification pour la figure de la rangée médiane; les deux autres me paraissent pouvoir être ramenées aux deux barres verticalement parallèles et, au commencement, par exemple, c'est-à-dire au bas de la rangée de gauche, représenter le signe de la filiation. Il n'y a certainement aucune témérité dans cette restitution, puisque nous constatons la nécessité d'en opérer une pareille au bas de la colonne médiane de la stèle de droite, en en comparant le texte à celui du no 13 de la collection de M. Reboud. Je lis donc :

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

La stèle médiane de la planche xvi paraît très-exactement rendue, sauf pour le signe inférieur du groupe bilittère, au-dessous de la petite figure de droite, signe qui est peut-être, en réalité, un carré fermé, soit R, ou un carré ponctué, soit B.

Quoiqu'il en soit, le tableau représente une femme, pro

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