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et Oulad 'Adjez, se disent originaires des Oulad Saoula, tribu arabe du Sahara. Leurs ancêtres étaient trois frères, qui abandonnèrent leur pays pour venir s'établir au pied du djebel bou 'Arif, sous la protection de Khemari, cheïkh des Haracta-Mader. A la suite d'un événement quelconque, l'un des trois Saouli fut mis à mort; ses frères, craignant le même sort, s'éloignèrent aussitôt et vinrent, ainsi que leurs familles, s'installer, avec la permission des Turcs, sur le territoire que leurs descendants occupent encore aujourd'hui.

Ces trois fractions habitent au nord de la montagne du Nif en-Neçer, dont le versant sud appartient aux Zemoul. Il y a chez elles quelques ruines romaines et plusieurs anciens puits;

2o Fraction des Oulad Zeid, qui viennent, les uns de la grande tribu des Nememcha, les autres des Oulad Cheliah, marabouts du pays de Batna.

La montagne dite Mimam, qui est au milieu de leur territoire, est entièrement dépourvue d'arbres. Ils ont deux belles sources et un puits;

3o Les Achach sont originaires des Oulad Saoula du Sahara. Ils ont une belle fontaine dite Aïn Haouch, près d'une grande ruine romaine nommée El-Ksar. Une autre ruine antique est située près d'une fontaine dite Aïn cl-Adjaïz, la fontaine des vieilles femmes ;

4o Oulad Yala. Ils proviennent d'une émigration de la tribu kabile des Beni Yala, des montagnes au-delà de Setif. Cette fraction occupe une plaine entièrement consacrée à la culture des céréales, dans laquelle sont plusieurs sources et puits auprès d'anciennes ruines.

Chez les Beni Yala, il existe une petite fraction dite les

Djellaba; ceux-ci sont en majeure partie originaires du Hamza, de la province d'Alger. Sous la domination turque, toutes les fois que, dans une razia, le bey s'emparait de troupeaux de moutons, de bestiaux ou de chameaux, il les répartissait sur le territoire des Zemoul, des Berrania, des Behira Touïla et des Haracta, et il préposait à leur garde des bergers pris un peu partout et qui s'appelaient indifféremment raïan ou djellaba, pasteurs, bergers.

Ces troupeaux, alimentés chaque année par de nouvelles razias, s'accrurent dans des proportions considérables, et, avec eux, augmenta le nombre de bergers. Il en résulta bientôt que les beys ne purent exercer aucun contrôle sur leurs bergers, et qu'ils furent même dupes de leur bonne foi. Hosseïn bey Azereg Aïnou, fut le premier qui songea à mettre fin à une pareille situation (1774). Il organisa tout un personnel administratif chargé de la surveillance et de la gestion des troupeaux et des bestiaux du beylik, ainsi que des terrains affectés à leurs pâturages, appelés Aguedel el-Beylik, réserve de l'Etat. Il eut alors des kateb, sorte de comptables, qui curent pour mission d'enregistrer les augmentations ou diminutions survenues.

Les kateb furent placés sous le contrôle d'oukala (intendants), qui, à leur tour, relevèrent d'un fonctionnaire appelé kaïd tchencheri (kaïd des troupeaux). El-Hadj Ahmed, en 1826, licencia tout ce personnel de gardiens de bestiaux. C'est alors que les Djellaba quittèrent la tribu des Zemoul pour aller se fixer aux Berrania, où ils sont maintenant;

5o Oulad 'Anan. Nous avons vu, dans l'historique des

Zemoul, que la tribu Saharienne des Oulad 'Anan, à moitié détruite par plusieurs années de sécheresse, vint se réfugier dans le Tell. Les uns s'établirent sur les bords du Roumel, à Aïn Semara, et les autres poussèrent jusqu'au Ferdjioua.

Dans cette riche contrée, ils ne tardèrent pas à se relever de leurs malheurs et à acquérir une certaine influence. Deux familles puissantes vivaient alors au Ferdjioua: les Ben Touati, qui commandaient aux Oulad 'Anan, et les Ben Achour, chefs d'une autre tribu dite les Beni Silin. L'autorité était donnée tantôt à l'une, tantôt à l'autre de ces deux familles; mais à la suite de cette rivalité de pouvoirs, une guerre acharnée éclata entre elles, et les Oulad 'Anan, vaincus, durent se réfugier à la zmala du bey, établie alors sur les bords du Roumel, devant Constantine. Le bey accueillit les Oulad 'Anan, leur donna les terres qu'ils occupent aujourd'hui encore et les admit dans son makhzen avec le titre de Mezarguia (lanciers), cavaliers auxiliaires, relevant du kaïd des Zemoul. La mission spéciale des Oulad 'Anan était de faire la correspondance, entre Constantine, Biskra et jusqu'à Touggourt. Comme salaire, on leur délivrait cinq cents charges de blé ou orge qu'ils allaient prendre au poste magasin de Sétif.

Les terres des Oulad 'Anan sont fertiles; un petit ruisseau dit Oued Ras 'Arousi les arrose. On y trouve plusieurs ruines antiques. L'une d'elles se nomme Gue ber el Yhoudia, parce que, dit la légende, on y enterra jadis une juive;

6o Les Oulad 'Aziz sont originaires des Oulad Moussa Achach, berbères de l'Aurès. Ils occupent une contrée

montagneuse et quelque peu boisée. Ils ont plusieurs puits à côté de ruines romaines;

7o Les 'Atatfa viennent des Oulad Saoula du Sahara; ils ont également un territoire mouvementé où se trouvent des puits et des ruines;

8° Oulad Sellam. Ils sont originaires des Oulad Sellam du Hodna. Leurs ancêtres s'étant battus avec leurs frères de tribu, vinrent se placer sous la protection des Turcs qui les installèrent à Bekikia, où nous les retrouvons encore aujourd'hui. Leur territoire est partic en plaine, partie en montagnes couvertes de bois, où abonde le gibier. Ils ont de l'eau en grande quantité, dans les ravins et les puits. Ruines romaines;

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90 Beni Imeloul. Cette fraction vient du Ahmar Kheddou de l'Aurès; manquant de ressources dans leurs montagnes, ils obtinrent du bey l'autorisation de s'établir à l'endroit où ils vivent actuellement. Ils ont des terres de culture et des parties montagneuses, très-boisées en essences résineuses; on y voit beaucoup de puits et de ruines antiques. Sous les beys, ils étaient spécialement chargés de fabriquer du goudron pour enduire les chameaux du gouvernement (1);

10 Oulad Sidi Hamla. Le territoire de cette fraction est constitué azel. Ils sont d'origine religieuse et viennent des Oulad Sidi Hamla du Hodna.

D'après la tradition locale, les marabouts de Sidi Hamla seraient les premiers que les Beys placèrent sur le territoire des Berrania. Peu de temps après on leur adjoignit les Oulad Adjaz, à la tête desquels se trouvait

(1) On sait que les chameaux sont enduits de goudron pour être guéris ou préservés de la gale.

un nommé Ahmed ben Trad que les Turcs investirent du titre de cheïkh.

Les tribus voisines, telles que les Telar'ma, Oulad Abd-en-Nour et Oulad bou 'Aoun, assaillirent à plusieurs reprises le nouveau groupe de population pour l'expulser du pays; mais elles ne réussirent qu'à lui enlever quelques bestiaux. Ahmed ben Trad, homme de grande énergie, avait réuni autour de lui une troupe de solides cavaliers, et repoussa avec avantage les agressions de ses ennemis. On se souvient encore des exploits d'Ahmed ben Trad, et les bardes de la tribu, dans leurs chants de guerre, lui font tenir ce langage :

« Les Ouerzifa et les Bou Haoufan (fractions des Abden-Nour) se sont ligués contre moi.

« Il n'y a pas jusqu'aux Telar'ma qui se sont mis de la partie pour m'accabler.

« Quant à toi, Telr'emti, je connais ta valeur.

« Tu nages comme un poisson entre les deux montagnes de Tekouia et de Meziout.

«Mais si tu oses sortir de tes limites, tu succomberas comme meurt le poisson hors de l'eau. »

Les marabouts de Sidi Hamla et les Oulad Adjaz restèrent forts contre leurs ennemis tant que l'union exista entre eux; mais les marabouts ambitieux voulurent renverser le cheikh ben Trad, dont l'autorité et la valeur leur portait ombrage. « Un soldat, disaient-ils, ne doit pas commander à des hommes de religion. » Les marabouts, plus nombreux que leurs rivaux, les dépouillèrent de ce qu'ils possédaient. Ahmed ben Trad et ses gens se virent donc forcés de demander la protection du kaïd de la zmala. Celui-ci employa alors les Oulad Adjaz et les

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