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et Aïn Semara, et n'avaient, entre eux, d'autre lien commun que celui de servir un même maître.

› Leur nombre fût d'abord assez restreint, étant limité par les besoins mêmes du service qu'on exigeait d'eux. Mais à mesure que le pays se pacifiait, les impôts étaient perçus d'une manière plus régulière et sur un plus grand nombre de tribus; comme les troupeaux formaient une partie notable de l'impôt, leur chiffre augmentant, le nombre des gens préposés à leur garde dût être augmenté aussi: Il arriva, même ceci, qu'aux époques où se faisait la rentrée des impôts, c'est-à-dire, au printemps et à l'automne, comme la perception avait lieu sur place, tandis qu'une partie des gens de la zmala restaient dans la vallée pour surveiller les bestiaux, les autres furent détachés pour marcher à la suite de la colonne, chargée du prélèvement de l'impôt et de ramener les troupeaux en provenant. Il en fut de même quand il s'agit d'opérer une razia sur une tribu réfractaire ou en révolte, et, dans ce dernier cas, on dut songer à armer les gens de la zmala, afin de les mettre à même de pouvoir se défendre sans le secours des troupes expéditionnaires.

» Ainsi, on fut amené, peu à peu, à les organiser en soldats, de palefreniers ou bergers qu'ils étaient primitivement. Alors, on leur donna un kaïd, des cheïkhs, des chaouchs, et leur condition s'éleva de toute la considération qui s'attachait à l'homme d'armes sur l'artisan et le laboureur, dans un pays où la civilisation n'avait pas encore fait prévaloir la supériorité des forces intellectuelles sur les forces brutales. Ils furent entretenus et équipés aux frais de l'État, et s'ils ne touchaient point de somme en argent, comme les troupes régulières, où l'élément turc

était seul admis, on leur fournissait des armes, des chevaux, des bœufs pour leur nourriture, et, dans les razias, c'était à eux que revenait la plus grosse part du butin. Aussi pour ces sortes d'expéditions, les beys les employaient-ils de préférence aux Turcs, et l'acharnement qu'ils portaient dans le massacre et le pillage des malheureuses tribus désignées à leurs coups, témoignait assez combien l'instinct de la rapacité l'emporte, chez l'Arabe, sur le sentiment de la fraternité nationale, ainsi qu'on l'a d'ailleurs pu observer de nos jours, toutes les fois que, depuis 1830, on s'est servi d'une tribu pour en châtier

une autre.

› Peu à peu il se développa, parmi eux, une sorte d'esprit de corps qui leur tint d'abord lieu de lien de famille, tandis que, d'un autre côté, fiers de leurs immunités récentes, ils s'efforçaient de faire oublier leur basse origine, en affectant le plus insolent mépris pour tout ce qui était la gent corvéable et taillable. Bientôt on rechercha leur alliance, et les enfants issus de ces mariages devenant gens de la zmala, comme l'étaient leurs pères, il arriva que, quand les familles se furent multipliées, leur nombre suffit aux besoins du service qu'ils étaient appelés à faire, sans qu'il fut nécessaire, pour le recrutement, de recourir à l'élément étranger.

Disons, en terminant, que le nombre réglementaire des cavaliers armés que devait fournir la tribu était de cinq cents, et que l'année où le bey allait en personne porter le denouche ou impôt à Alger, ceux qui étaient appelés à l'accompagner et lui faire cortége, recevaient en présent des sabres à gaines d'argent, des caftans, des cachemires pour se draper la tête, et des housses de luxe

pour parer leurs chevaux. Aussi leur entrée dans la capitale attirait-elle plus particulièrement les regards des curieux, à ce point que l'auteur du manuscrit sur les Zemoul, auquel nous avons emprunté les principaux renseignements qui précèdent, nous dit que les femmes algériennes, quand elles se mariaient, exigeaient, par une clause spéciale insérée dans le contrat de mariage, que leurs maris les laisseraient sortir le jour où le bey de l'Est ferait son entrée en ville, pour se recréer par le spectacle de son brillant cortége. »

Les Zemoul firent de nombreuses expéditions; nous en trouvons l'énumération dans la notice fournie par les anciens de la tribu. C'est, en quelque sorte, un état de leurs services à diverses époques, et cet état peut avoir son utilité pour la classification des événements survenus dans la province:

1667. Sous Redjeb Bey, ils accompagnent une colonne turque allant châtier les Oulad bou 'Aoun.

1668. Sous Châban Bey, nouvelle expédition contre les Oulad bou 'Aoun.

1700. Sous Ali Khoudja Bey, ils combattent contre l'armée tunisienne venue assiéger Constantine. Les gens de la zmala abandonnent leurs campements habituels et prennent position au Ras el-Hamma; leurs principaux guerriers pénètrent dans la ville assiégée, et aident les habitants à se défendre contre les Tunisiens. Quand l'armée de secours venue d'Alger a forcé les Tunisiens à lever le siége, les cavaliers de la zmala, se mettant à leur poursuite, leur font éprouver de grandes pertes.

1705. Sous Ibrahim Bey, expédition contre les Rir'a

de Setif, les Oulad Sellam et les Oulad Soultan, qui font acte de soumission. Expédition contre Tunis.

1707. Sous Hamouda Bey, expédition contre les montagnards de l'Aurès.

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1708. Sous Ali ben Hamouda Bey; expédition contre les tribus habitant les contreforts des montagnes du Babor. 1709. Sous Hosseïn chaouch Bey, expédition contre les montagnards des environs de La Calle.

1710. Sous Abd er-Rahman ben Ferhat Bey, expédition contre les Hanencha.

1720. Sous Kelian Hosseïn Bey, dit bou Kemia, campagne contre les Hanencha, puis contre les Oulad Abd en-Nour et les montagnards de l'Aurès. Expédition contre Tunis.

1746. Sous Hassen Bey bou Hanak, expédition contre les Oulad Saoula.

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1754. Sous Hosseïn Bey, dit Zereg 'Aïnou, expédition contre Tunis. Pendant cette campagne, la zmala fut spécialement chargée de faire l'arrière-garde de la colonne algérienne.

Les drapeaux de la zmala et du contingent des Hanencha pénétrèrent les premiers dans Tunis.

Pendant l'absence des cavaliers Zemoul, leurs familles, restées sans défense, furent attaquées et pillées par la tribu des Segnïa. Les femmes et les enfants de la zmala furent forcés de se réfugier au Gourzi, près des sources du bou Merzoug; traqués de nouveau par les Segnïa, ils vinrent sur le bord de l'oued Roumel, aux arcades romaines, se placer sous la protection de la ville.

Les cavaliers de la zmala informés des malheurs de leurs familles, demandèrent au bey à en tirer ven

geance. Le bey quitta Tunis et vint camper avec sa colonne sur l'emplacement de Sigus. Les Segnïa commencèrent à être poursuivis à outrance; mais malheureusement, la mort subite du bey fit suspendre les hostilités. Hosseïn Bey fut pris d'une lèpre; son corps se couvrit de pustules, et il mourut à Aïn Gouça, près Sigus, en l'année 1756. 1756. Sous Ahmed Bey el-Colli, expédition contre les Kabiles des Flissa. Parmi ceux qui succombèrent dans cette campagne, on compta Bel-Kacem ben Merah, l'un des chefs des Zemoul; El-Hadj ben Gana, cheïkh el-Arab, l'agha el-Our'lissi; Ferhat ben Ali, cheïkh des Oulad bou 'Aoun, et enfin vingt cinq cavaliers des Zemoul.

Le Bey fit une nouvelle expédition contre les Oulad Soultan; Kermiche, kaïd de la zmala, et quinze de ses cavaliers, furent pris et brulés par les rebelles.

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1771. Salah Bey s'occupa beaucoup de l'organisation intérieure de la zmala; il réglementa ses campements de Aïn Fourchi, Mlila, Djied el-Mal, Kercha, Fesguïa et Sidi Halilif. Expédition contre les Oulad bou 'Aoun, les Oulad Naïl et les Segnïa.

Les Zemoul accompagnèrent Salah Bey à Alger pour repousser l'attaque de l'armée espagnole (1775, attaque d'O'Reilly). Expédition contre Touggourt et autres oasis du Sahara. Vingt cavaliers Zemoul furent tués pendant la campagne.

1794. Moustapha bey el-Ouznadji. Expédition contre les habitants du djebel Mestaoua; douze cavaliers Zemoul furent tués; nouvelle expédition contre la tribu des Zerdaza.

1797.

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Ingliz Bey. Les Hanencha s'étant révoltés, le bey ordonna à Si Amar ben Cherif, kaïd des Zemoul, de

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