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Une petite colonne, partie de Constantine sous les ordres du colonel Bouscaren le 22 juin 1846, vint s'établir à Aïn el-Bordj, punit sévèrement les Segnïa et fit disparaître toutes les irrégularités.

Les Segnïa refusèrent, en 1852, de fournir des bêtes de somme pour le service du transport des colonnes qui opéraient alors dans l'est. Un certain nombre d'entre eux s'étaient même réunis aux assaillants de notre poste d'Aïn-Beïda. Il devint nécessaire de les punir des actes de pillage, des vols, des assassinats, qu'ils commettaient depuis quelque temps. Le 15 septembre, les troupes de Constantine et de Batna pénétrèrent subitement sur leur territoire. Le combat s'engagea; 80 de leurs cavaliers furent tués, et on leur raza 7,000 moutons et 1,200 cha

meaux.

Depuis cette rude leçon, c'est-à-dire depuis bientôt vingt ans, les Segnïa n'ont plus bougé.

LES AMER CHERAGA

A peu près à 30 kilomètres de Constantine, et à l'est du village européen du Khroub, s'étend le territoire de la tribu des Amer Cheraga, occupant une superficie d'environ 16,000 hectares, sur lesquels vivent un peu plus de 8,000 indigènes. Ce pays est légèrement mouvementé; de distance en distance, s'élèvent quelques hauteurs qui

n'étant pas assez proéminents pour porter le nom de montagnes, sont seulement indiquées par celui de Koudiat, le mamelon. Il est arrosé par un cours d'eau de médiocre importance, l'oued Mehéris, qui se jette dans le Bou Merzoug. Quelques autres sources ou fontaines ont été amenagées par les soins de l'administration française. Les terres y sont d'excellente qualité pour la culture des céréales, ce qui, joint à l'élève du bétail, constitue la principale ressource des habitants de cette tribu.

Il y a environ deux siècles que les Amner Cheraga, issus des Amer R'eraba de Setif, vinrent s'établir dans la contrée à laquelle ils ont donné leur nom, et qui s'appelait alors, du moins dans la partie qu'ils occupèrent d'abord, Drâ

Mehéris.

Par suite du laps considérable de temps écoulé depuis l'arrivée de leurs pères dans le Drâ Mehéris, les Amer Cheraga ne peuvent donner que de vagues renseignements sur les causes de cette émigration. Ils croient cependant qu'elle a été produite par l'accroissement trop rapide de la tribu mère, qui détacha, pour ce motif, plusieurs de ses hommes, les plus actifs et les plus braves, à la suite des colonnes turques qui parcouraient souvent la province. C'est ainsi qu'un groupe nombreux d'indigènes des Amer, après avoir prêté son concours au bey pour assurer la tranquillité dans le pays que traverse l'oued Mehéris, obtint de lui l'autorisation d'y résider pour consolider sa domination, et d'y appeler leurs familles pour cultiver cette riche région.

Ils se trouvèrent en présence de quelques tribus fort éclaircies par les guerres incessantes qui agitaient, dans ce siècle, la province entière, et ce ne fut pas sans com

bats qu'ils parvinrent à refouler, à resserrer ou à s'assimiler ces populations.

Les Oulad Daoud, peuplade éminemment nomade, durent se retirer devant eux; une partie regagna les montagnes de l'Aurès dont ils étaient originaires; les autres reculèrent peu à peu jusqu'au Kherareb Sellaoua, où ils établirent leur campement définitif, et d'où ils inquiétèrent souvent, par la suite, les envahisseurs de leur pays. Les Oulad bou Afia furent contraints, à leur tour, de céder devant le nombre croissant des émigrants, et ils se retirèrent vers l'est, aux environs de Tiffach, où ils habitent encore aujourd'hui, soit dans le cercle de SoukAhras, soit dans celui de Guelma.

Les Oulad Delim, établis dans la zône qui forme aujourd'hui l'azel Delimia, restèrent quelque temps en paix avec leurs turbulents voisins, auxquels leur petit nombre ne portait pas ombrage; ils n'ont quitté le territoire de la tribu qu'au milieu du siècle dernier, pour aller labourer aux environs de Bône; leur fraction ne comptait plus alors que six tentes.

Les Oulad Yahia ben Idir et les Guerfa se maintinrent plus longtemps que les autres populations expulsées, en raison de leur nombre et des secours qu'ils tiraient parfois des Haracta. Ils furent cependant refoulés aussi, et gagnèrent la partie orientale de la province, où ils s'établirent définitivement.

Les autres tribus autochtones ou nomades que les Amer trouvèrent en jouissance du sol, furent peu à peu annexées aux principales familles de la tribu setifienne; elles ont perdu le souvenir de leur origine.

Les familles qui ont été la souche de plusieurs des

sous-fractions actuelles des Amer Cheraga, sont: les Oulad Abd en-Nebi, les Oulad Chergui, les Oulad Soultan (qui se divisèrent en Oulad Soultan Mehéris du nom de la rivière qui traverse le pays, et Oulad Soultan Seraouïa, du nom des plateaux qu'ils cultivaient); les Oulad Djilila, les Oulad Nacer, les Oulad Ouar et les Oulad Embarek; les Oulad Bechebtia s'allièrent bientôt aux tribus de l'Oued Zenati, et accueillirent de nombreux indigènes de cette région, ce qui les fait considérer par leurs frères. comme originaires de ce pays.

Ainsi s'établirent dès l'origine, pour se perpétuer jusqu'à nos jours, ces relations constantes entre les Amer Cheraga, habitant un pays éminemment et presque exclusivement propre à la culture des céréales, et les gens de l'Oued Zenati, chez qui les premiers trouvaient, en échange de leurs grains, du bois et des pâturages.

LES BEHIRA TOUILA

Cette tribu, ainsi que son nom arabe l'indique (Behira Touïla, la longue plaine), occupe un vaste plateau qui s'étend des confins des Segnïa jusqu'à la limite des tribus des Haracta et des Kherareb, et dont la superficie est d'environ 17,000 hectares de très bonne terre, occupée par une population de 4,000 habitants, divisés en quatre fractions dont nous indiquerons les noms et l'origine.

Dans cette tribu, que traverse la route de Constantine

à Aïn Beïda, on trouve quelques puits ou fontaines, la plupart auprès de ruines romaines, tels que:

Biar el-Eugla, Biar el-Mordja, Henchir ben Dér'ar, Henchir Amar, Henchir el-Ksar, Henchir Oulad Abbas, Bir er-Raïn, Aïn el-Bordj, Aïn Sefah, etc.

Les habitants de Behîra Touïla n'ont d'autre histoire que celle qui remonte à leur origine, à laquelle se rattachent les causes qui les amenèrent dans la contrée où ils sont établis aujourd'hui. Leurs quatre fractions sont:

1o Les Oulad Dreïd, originaires de la grande tribu des Dreïd tunisiens. Il y a un peu plus d'un siècle, une discussion s'éleva entre les Dreïd Djouïn et les Dreïd Badia, à l'occasion de la nomination du cheïkh. Ces derniers se séparèrent de leurs frères, pénétrèrent sur le territoire algérien et campèrent autour d'Aïn Khiouti, dans le djebel el-Ouach, près de Constantine. Salah Bey plaça les émigrants sur les terres, alors disponibles, de Behîra Touïla; mais, au moment où cette nouvelle installation définitive se régularisait, deux fractions des Dreïd se séparérent du noyau principal; l'une d'elles se dirigea du côté de Bône, où on les retrouve encore aujourd'hui, et l'autre vers le Sahara.

20 et 3 Les fractions des Oulad Aziz et Oulad Mahouch sont originaires de l'Aurès. A la suite d'une querelle survenue entre les habitants du village de Menâ, dans l'Aurès, et leurs voisins, les Oulad Zïan, deux frères, Aziz et Mahouch, furent forcés de s'expatrier. Suivis de leurs familles, ils descendirent dans la plaine de Behira Touïla, se placèrent sous la protection des beys, et s'établirent définitivement sur le territoire que leurs descendants occupent

encore.

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