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en Oulad Ahmed, Oulad Maza et Oulad ben Abd Allah. Ils occupent la partie nord-ouest de la plaine de Kercha, en s'appuyant au Guerioun. Les membres de cette fraction fabriquent du charbon, font des plats à couscous, des cuillers et autres ustensiles en bois.- Plusieurs ruines antiques et plusieurs fontaines;

10o Les Oulad Achour, ne sont pas d'accord sur leur origine; néanmoins, il est démontré par leur langage même qu'ils sont d'origine berbère. Ils occupent l'ouest de la plaine de Kercha. Leur principale fraction, dite des Kouaoucha tire son origine d'une sainte femme nommée Merabta bou Saâdia el-Kouchia, qui accomplit, dit-on, plusieurs miracles. Se trouvant un jour sur le versant du Guerioun, à l'endroit dit Abechara, elle leva les mains au ciel et ordonna à la montagne de se fendre et de se séparer en deux. Un fracas épouvantable retentit, la montagne s'ébranla, et l'ordre de la maraboute s'accomplit à l'instant. Interrogée sur ce fait, elle répondit que ce rideau de montagnes l'empêchait de voir la direction. de la Mecque à l'heure de la prière. La coupure de la montagne se nomme depuis Fedj bou Saâdia. Les Oulad Achour ont, sur leur territoire, une vaste ruine romaine dite Kalaât el-Ouz;

11o Les Oulad Sebâ, originaires de l'Aurès, se subdivisent en Oulad bou Aziz et Drabla. Ils occupent le sud de la plaine de Kercha, la plus grande partie du Chebka et l'aguedel el-Beylik. Il existe chez eux une grande ruine dite Henchir Roumana, et plusieurs fontaines. Le terrain mouvementé que, dans leur langage imaginé, les indigènes appellent Chebka, le filet, est inextricable; on ne peut le traverser sans un bon guide, de peur de s'égarer;

12o Les Oulad Mahboub, originaires des Beni Oudjana de l'Aurès, se subdivisent en Oulad Ahmed, Oulad Ali, Oulad bou Tiour et Douafria. Ils s'étendent du Djebel bou Ras, chainon secondaire du Guerioun, à l'est de la tribu, jusqu'à la limite d'Aïn Beïda au sud. Leur territoire est très vaste; c'est la fraction la plus importante de la tribu. Il y a, chez eux, de nombreuses ruines romaines, près desquelles sont généralement des puits ou des fontaines.

13o Les Oulad sidi Ounis, gens de Zaouia, d'origine arabe. Leur ancêtre vint, dit-on, du Maroc, et fonda une zaouia où il enseignait le Koran; des terres furent alors affectées à cet établissement religieux. Ils occupent le pays situé à l'est, entre la Behira Touila et les Haracta d'Aïn Beïda. Leur terrain est bon; ils possèdent, comme les Oulad Mahboub, des troupeaux considérables. On trouve quelques ruines romaines sur leur territoire, et plusieurs belles fontaines, entre autres celle dite d'Aïn Fekroun, qui tire son nom du grand nombre de tortues qui vivent aux environs.

Comme on a dû le remarquer déjà par ce qui précède, on voit que le fond de la population des Segnïa se compose surtout de l'élément berbère; la langue chaouia. y est, du reste, très répandue. -Les Segnïa sont généralement pasteurs et cultivateurs. Sous les Turcs ils étaient gouvernés par un kaïd.

Les deux établissements les plus renommés de la tribu sont la djamâ Sidi cl-Abbassi, sur la limite au nord-est, chez les Oulad Djahich, et celle de Sidi Ounis, dans la fraction du même nom. Les autres sont abandonnées et n'ont plus d'école.

Le climat de la tribu est froid dans la partie monta

gneuse et sensiblement plus chaud dans les fractions de la plaine.

III.

Les Segnïa eurent de fréquentes guerres avec leurs voisins; les anciens du pays nous ont raconté celles qui éclatèrent de leur temps.

En 1808, le bey Toubbal se porta, avec une colonne légère, contre les Segnia, pour les punir de leurs brigandages sans cesse renouvelés. Dans une de leurs courses, ils avaient eu la hardiesse de voler un troupeau de chameaux appartenant au beylik. Les Segnïa se refugièrent à la hâte dans la montagne du Guerioun; mais le bey parvint à surprendre dans la plaine un de leurs principaux douar, et fit passer au fil de l'épée tous ses habitants, sans même épargner les femmes et les enfants.

Nâman bey, en 1811, marcha aussi contre eux pour les forcer à payer l'impôt qu'ils avaient refusé de verser entre les mains de leur kaïd. L'expédition du bey échoua, les récalcitrants s'étant retranchés au sommet du Djebel Tarf, d'où ils repoussèrent avec avantage les assauts dirigés contre eux. Enhardis par ce succès, ils se maintinrent en rebellion pendant deux années, et Tchakar bey, en 1813, fut obligé de faire appel aux tribus des Oulad Abd en-Nour et des Telar'ma pour se joindre aux Zemoul et détruire, par un suprême effort, ce foyer de résistance qui, par ses brigandages, portait le désordre dans toute la contrée environnante. Les Segnïa, avertis de la prise d'armes qui se préparait contre eux, se re

fugièrent dans le Djebel Fedjoudj; mais, pressés de toutes parts, impuissants contre leurs nombreux assaillants, ils demandèrent grâce, payèrent un impôt et promirent de vivre désormais d'une manière plus régulière.

A peine les contingents amenés par l'agha de la déira avaient-ils quitté leur territoire, que les Segnïa furent attaqués par un autre ennemi auquel ils ne s'attendaient pas. C'était les Beni Oudjana, qui, de leurs montagnes de l'Aurès, avaient guetté le moment propice pour les accabler. Le désespoir donna de nouvelles forces aux Segnïa, et ils repoussèrent victorieusement les agresseurs.

Du temps d'Ahmed bey Mamelouk, en 1817, les Sahari vinrent razer les troupeaux des Segnïa. Ceux-ci se mirent à la poursuite des ravisseurs et les atteignirent à Teniet-el-Mendri, où se livra un combat sanglant, ce qui n'empêcha pas les nombreux cavaliers des Sahari d'emmener le produit de leur razia. Mais, peu après, les Segnïa, rassemblés à la voix de Ben Mzian, cheïkh des Oulad Mahboub, attaquèrent à l'improviste les Sahari et, à leur tour, leur enlevèrent de nombreux chameaux. L'année suivante, les deux partis ennemis, marchant l'un contre l'autre, se rencontrèrent au pied du Djebel bou 'Arif. Il y eut beaucoup de cavaliers tués de part et d'autre.

Cependant les Segnïa continuaient à vivre en vagabonds et å se soustraire à toute autorité. Braham bey marcha contre eux en 1818, et leur prit quelques troupeaux; mais les pertes en hommes qu'il éprouva firent considérer cette expédition comme désastreuse pour l'armée du bey. Néanmoins, l'année suivante, Braham Bey écrivit

aux Segnïa pour les engager à éviter une nouvelle effusion de sang. Ceux de la tribu qui désiraient vivre en bonne intelligence avec l'autorité, conseillèrent au bey de faire arrêter à l'improviste quelques-uns des leurs, et de les garder en otage pour forcer leurs frères à traiter à l'amiable. Les arrestations eurent lieu, en effet; mais au moment où, sous une faible escorte, on conduisait les otages à Constantine, une bande de cavaliers Segnïa vint les délivrer, blessa et mit en fuite les cavaliers du bey.

Braham bey, furieux de cette mésaventure, prescrivit aux contingents de toutes les tribus soumises de se rendre aux Segnia et de ravager leurs cultures. Se mettant Jui-même à la tête d'une colonne de troupes turques, il alla camper à Fesguia. Les Segnia, attaqués de toutes parts, se défendirent avec le courage du désespoir; il y eut beaucoup de morts de part et d'autre. Toute résistance devenait impossible; il fallait trouver son salut dans la fuite ou succomber. Quelques-uns se refugièrent chez leurs amis des tribus voisines; d'autres, moins heureux, se cachèrent dans les bois du Guerioun, alors très touffus. Les troupes du bey mirent le feu à ces bois et commencèrent à traquer les fugitifs comme des bêtes fauves. C'en était fait des Segnia, sans un bouleversement politique qui changea les dispositions prises à leur égard. Le massacre durait déjà depuis deux jours, quand Braham bey fut supplanté par le bey Mamelouk. Celui-ci fit grâce aux rebelles, se borna à leur infliger une amende et mit fin ainsi à cette guerre d'extermination.

Les Segnïa, s'étant refaits de leurs pertes, échangérent encore des coups de fusil avec leurs voisins des

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