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la maçonnerie, et qui constitue, dans les nefs de Kairouan, les sommiers interposés entre la colonne et l'imposte.

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Matières et techniques décoratives. La pierre et le marbre. La mosaïque et la céramique. ratives. Les arcs. Les chapiteaux.

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Les grandes formes décoConsoles et corbelets.

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gouilles. Composition des ensembles décoratifs. La façade des Trois portes. La niche et le cadre du mihrâb de Sîdî 'Oqba. Les éléments du décor. L'élément épigraphique. L'élément floral.

Motifs en cercle et en carré.

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Rosaces.

Le bois.

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Matières et techniques décoratives. La pierre et le marbre. La décoration musulmane s'affirmant dès le principe comme une décoration plaquée, les matériaux qui y sont mis en œuvre ne sont pas forcément ceux qui entrent dans la construction et que nous venons de passer en revue. Et certes, on y rencontre la pierre sculptée c'est, à la Grande Mosquée de Kairouan, celle qu'on connaît sous le nom de pierre de Sallakta mais on y trouve aussi le marbre, qui ne figure pas dans l'anatomie des édifices. Ce marbre a été emprunté aux édifices antiques; les reliefs qu'il affecte sont, à la Mosquée de Sîdî 'Oqba, d'une facture lourde et molle. Il serait aisé d'en trouver le modèle dans les sculptures romaines de basse époque, dont certaines ont été incorporées à la construction de la mosquée même. Une comparaison entre la porte de la bibliothèque, faite de fragments antiques, et le cadre tout voisin du mihrâb, œuvre musulmane, révélerait cette étrange contamination.

Le plâtre. Le plâtre sculpté n'était pas inconnu des décorateurs du 1x siècle. Un modeste débris tombé du revêtement d'un mur et portant un motif qu'on ne peut attribuer à une autre époque a été exhumé du tell de 'Abbâssiya. On sait que l'art du gypsoplaste, qui devait fournir une si brillante carrière, tant en Berbérie qu'en Espagne, apparaît de très bonne heure dans l'Islam. I concourt à la décoration des monuments de Samarra. L'art byzantin ne l'a pas ignoré; mais nous n'en connaissons pas d'exemples algérien ou tunisien datant de l'époque chrétienne. Il est permis de voir, dans les décors de plâtre de 'Abbassiya, un apport de la Mésopotamie.

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La mosaïque et la céramique. Je ne m'attarderai pas à étudier les pavages mosaïques de Raqqâda; ils ne nous intéressent que comme survivance d'un art périmé, attestant l'emploi d'une main-d'œuvre locale, d'ateliers ou d'artisans isolés ayant conservé la tradition d'une vieille technique.

Pour d'autres raisons, je laisserai de côté les admirables plaques à reflets métalliques qui, venues de Baghdâd au Ix° siècle,

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furent appliquées sur le cadre du mihrâb de la Grande Mosquée de Kairouan et sur l'intrados de son arc. Ce sont là des documents de premier ordre pour l'histoire de la céramique mésopotamienne, non pour celle du décor aghlabite. Toutefois leur disposition dans le mur est pour nous à retenir.

La polychromie de placage, à laquelle concourent ces faïences importées, est représentée à Kairouan par quelques incrustations de marbre au pavage de la cour. On connaît cette technique, que l'art byzantin a couramment employée. On note aussi,

dans le même édifice, un petit disque découpé dans l'émail vert et incrusté dans la pierre au cadre de l'ancienne mîdhâ. Si ce motif, d'ailleurs unique, est bien contemporain du décor qui l'entoure, on peut y voir l'ancêtre modeste des marqueteries de terre émaillée, qui joueront un rôle considérable dans l'art musulman occidental.

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Fig. 29. Chapiteaux coptes (les numéros sont ceux du catalogue de Gayet) et chapiteaux musulmans du Ix siècle figurant à la coupole en avant du mihrab (Grande Mosquée de Kairouan).

composition des plafonds, des portes ou des clôtures, ont disparu. Seul un linteau de Sîdî 'Oqba, garni de palmes sculptées assez analogues à celles de la chaire, semble bien dater de l'époque aghlabite. De cette chaire elle-même, de celle que conserve la Grande Mosquée de Tunis, œuvres splendides d'art mobilier, je n'ai pas à m'occuper dans cette étude du décor architectural.

Je ne leur demanderai qu'un complément d'information sur le style ornemental. Enfin il convient de signaler que le bois revêtu d'un enduit épais portait parfois un décor peint, et qu'un fragment assez considérable nous en est parvenu '.

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Les grandes formes décoratives. Les arcs. Si l'on s'est occupé plus haut des arcs qui figurent dans les nefs de la Grande Mosquée de Kairouan, c'est qu'il a paru avantageux de rapprocher l'examen de ces grandes silhouettes de celui des organes constructifs qui y étaient associés, pour marquer l'analogie de ces ensembles avec ceux de la mosquée de 'Amr. En fait, la découpure des arcs musulmans n'a rien à voir avec la construction; elle relève essentiellement du décor. Aucun calcul de force et de résistance ne détermine leur tracé; c'est la tradition ou la fantaisie qui les a fait adopter, et, si quelque logique se remarque dans leur évolution, c'est la logique spéciale de l'ornemaniste.

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Au reste, aucun changement radical ne renouvellera le choix primitif; dès cette première étape, l'art musulman occidental dispose des arcs qu'il gardera avec une remarquable constance. En Tunisie notamment, on con

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naît encore l'arc outrepassé dit « en fer à cheval » (menfoûkh= gonflé). Il est parfois en plein cintre, tracé au moyen d'un seul coup de compas et autour d'un centre unique. Tel il nous apparaît au Ix siècle, dans les portes de dimensions réduites et dans quelques fenêtres ou arcatures décoratives. Plus souvent, l'arc outrepassé, pour lequel s'imposent des proportions plus amples, est brisé (mahmoûz poussé, allongé en pointe). Fréquemment, à l'époque qui nous occupe, la pointe est remplacée par une

1 Je l'examinerai infra, p. 78.

portion de cercle de rayon plus petit: il est déformé au sommet. Ainsi nous l'avons trouvé dans les nefs de Kairouan, dont l'ordonnance entière s'affirme comme un bloc importé d'Egypte. Pour les larges baies, notamment dans les constructions militaires, l'Ifriqya aghlabite pratique encore l'arc romain, en plein cintre non outrepassé. Pour les fenêtres et les arcatures décoratives de petite dimension, elle fait usage de l'arc découpé en lobes circulaires. L'origine de ce tracé ne laisse pas d'être obscure. Il n'est pas absolument étranger au style chrétien

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d'Afrique1. On peut supposer toutefois que l'Orient, qui l'avait transmis au pays à l'époque byzantine, le lui a fait parvenir de nouveau à l'époque musulmane. Il semble que l'introduction de l'arc lobé soit liée à celle de la coupole et de la demi-coupole en coquille, dont les niches si caractéristiques de Kairouan attestent l'origine mésopotamienne. J'ai indiqué que le relief des trompes en avant du mihrab et la découpure de leur arc de tête avaient déterminé la découpure des arcatures qui les séparent. On notera d'autre part qu'un rapport analogue unit les défoncements verticaux en coupolettes côtelées aux oculi lobés. Cette forme si curieuse de la cou

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pole en coquille et des tracés qui la circonscrivent connaîtra une fortune remarquable dans l'art d'Andalousie et survivra jusqu'en notre art chrétien français. Tout nous incite à y voir un legs de l'Asie.

Les chapiteaux.

L'art tunisien du 1x siècle, qui dispose

1 Cf. GAUCKLER, Basiliques chrétiennes de Tunisie (Sbiba). Paris, Picard, 1913, pl. IX.

2 Supra p. 32.

3 Cf. E. Måle, Les influences arabes dans l'art roman, in Rev. des deux Mondes, 17 nov. 1923, p. 317.

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